Brexit : perdu d’avance ?

14.10.2019

Claude Leguilloux

Boris Johnson joue ses dernières cartes en vue du 31 octobre…

Crédit photo © Reuters

(Boursier.com) — A seulement deux semaines de la date-butoir du Brexit, fixée le 31 octobre, la dernière proposition du Premier ministre britannique Boris Johnson considérée comme l’ultime chance de parvenir à un accord, semble de plus en plus fragile.

Boris Johnson devrait s’entretenir d’ici ce lundi soir avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Emmanuel Macron et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker afin de plaider sa cause selon le “Sunday Times”.

Johnson voudrait ainsi offrir deux options à ses interlocuteurs : l’aider à parvenir à un nouvel accord cette semaine ou convenir d’une“version amicale” d’un Brexit sans accord d’ici au 31 octobre, date à laquelle Boris Johnson veut coûte que coûte quitter l’UE…

Les négociateurs de Londres et de Bruxelles ont intensifié ce week-end les discussions dans l’optique de réaliser une avancée avant le sommet européen prévu en fin de semaine à Bruxelles, alors que la date du divorce approche à grands pas ! Optimiste, le Premier ministre irlandais Leo Varadkar avait estimé à l’issue d’un entretien avec Boris Johnson en fin de semaine dernière que le Royaume-Uni et l’UE étaient capables de sceller un accord avant la fin du mois…

Le sort de l’Irlande reste en effet plus que jamais au coeur des discussions. Les deux camps butent sur la définition d’un dispositif permettant d’éviter le rétablissement d’une frontière physique, susceptible de réveiller les tensions communautaires en Irlande du Nord, alors que cette province n’est plus censée appartenir à l’union douanière au-delà du 31 octobre.

Londres semble désormais exclure le rétablissement d’une frontière douanière à travers l’Irlande et propose de la remplacer par des contrôles douaniers et réglementaires en mer d’Irlande entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-uni… Un Brexit sans accord pourrait fragiliser les accords de paix de 1998 (Good Friday) et raviver les affrontements en Irlande du Nord ont prévenu de nombreux experts du dossier ces derniers mois.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a pour sa part lancé la semaine passée une mise en garde au Premier ministre britannique via un message publié sur Twitter, accusant Boris Johnson de jouer avec “l’avenir de l’Europe” en se livrant à un “jeu stupide” sur les responsabilités d’un échec des négociations sur le Brexit.

Angela Merkel juge un accord “extrêmement improbable”

En outre, après un récent entretien téléphonique entre Boris Johnson et Angela Merkel, une source à Downing Street a jugé un accord “pratiquement impossible”… La chancelière allemande a prévenu le chef du gouvernement conservateur qu’un accord était “extrêmement improbable“, faute de nouvelles propositions de Londres prévoyant un maintien de l’Irlande du Nord britannique dans l’union douanière européenne.

Le gouvernement allemand s’est refusé à tout commentaire sur le contenu de cette conversation…

DSK préfère les Anglais “out” !

Un rien provocateur, Dominique Strauss-Kahn, interrogé en marge de la World Policy Conference à Marrakech, a estimé que le départ des Anglais était une bonne chose pour l’Europe car ces derniers sont à l’origine d’une “bonne part des difficultés de l’Europe depuis 40 ans parce que nos amis britanniques n’ont jamais voulu jouer le jeu”. Et de conclure : “je suis un brexiter !

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