Carlos Ghosn encense le Maroc et la voiture électrique

27.10.2018

Mehdi Mahmoud, Telquel

Le 25 octobre, le constructeur français a annoncé que son usine de Casablanca, qui produit les Logan et Sandero Dacia, va doubler sa capacité de production. Son PDG, Carlos Ghosn, l’a réaffirmé lors de la World Policy Conference soulignant « être satisfait » de son activité au Maroc.

Entre le Maroc et Renault, c’est une affaire qui roule et plus encore. Invité lors d’une session plénière de la World Policy Conférence (WPC), qui a lieu en ce moment à Rabat, le PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsishi, Carlos Ghosn est revenu sur son plan au Maroc. Le 25 octobre, le ministre de l’Industrie Moulay Hafid Elalamy et le PDG de Renault ont annoncé devant le roi Mohammed VI du projet d’extension de la Société marocaine de constructions automobiles (SOMACA) qui prévoit de doubler sa production d’ici 2022.

« Il y a deux jours, nous avons annoncé le doublement de la capacité de production de la Somaca, qui passera de 75 000 à 150 000 voitures », a expliqué le PDG du constructeur automobile. Reconduit à la tête de Renault par l’État-actionnaire français le 15 février, Carlos Ghosn s’est dit « satisfait » des retours de sa coopération avec le Maroc.

« Lors de la discussion que j’ai eu avec Mohammed VI, et certains officiels, j’ai cru comprendre que le Maroc était très content d’avoir développé un pôle industriel qui contribue à sa balance commerciale », a expliqué le PDG de l’Alliance automobile.

L’occasion aussi pour Carlos Ghosn de retracer rapidement l’aventure de Renault au Maroc. D’abord en évoquant l’implantation à la Somaca, « il y a plus de cinquante années » jusqu’à sa prise de participation dans le capital, permettant de faire passer les capacités de production de 10.000 initialement, à 75.000 aujourd’hui. Mais le PDG de Renault a surtout insisté sur l’installation du site tangérois, dont l’hypothèse, « au départ, n’était pas une planification de Renault ».

Il explique alors que l’idée à été glissée en 2006. Au départ, Renault prospectait du côté de la Roumanie, de la Turquie ou encore de la Slovénie pour trouver un site afin d’augmenter ses capacités de production. Mis au courant par cette démarche, l’ancien Premier ministre, Driss Jettou, l’avait alors sollicité, écrivait TelQuel en 2015. « Il m’avait alors confié que lui, et le roi, pensaient que le Maroc pouvait prendre cette augmentation de capacité, » raconte aujourd’hui Carlos Ghosn. L’idée germe pendant « cinq, six mois », Tanger sort de terre en février 2012 et est désormais « la première usine d’Afrique, exportant 80 % de sa production », poursuit-il.

Exemple d’une bonne coopération

« Désormais l’Usine Renault-Nissan de Tanger produit 340 000 voitures et on espère une progression de 500 000 à l’avenir », explique le PDG qui souligne que le site tangérois est devenu « l’un des principaux pôle de production de Renault ».

Un message qu’il place en exemple, alors qu’il était invité à parler de la stratégie de l’AllianceRenault-Nissan-Mitsishi et des prochains défis du secteur automobile et industriel. « Quand il y a une bonne coopération entre un groupe industriel, qui assure les investissements et l’emploi, et un pays, dans un sens où ce dernier assure la compétitivité, on peut faire beaucoup de bonnes choses. Nous sommes très contents d’être au Maroc, » déclare-t-il.

Une partenariat que le PDG explique ne pas retrouver entièrement au Brésil par exemple : « Au Brésil, ça fait longtemps qu’on se plaint de nombreux murs de protection dans l’industrie. Il faut ouvrir les portes et permettre à la concurrence mondiale de jouer son rôle. » Entre 2010 et 2015, le groupe a investi l’équivalent de près de 39 milliards de dirhams au Brésil et prévoit d’en investir 1,3 autres de plus avant 2019.

Autrement, au cours de cette discussion, qui a duré quarante-cinq minutes avec le directeur de l’Institut français des relations internationales Thierry de Montbrial, le PDG de Renault a apporté son regard sur la mondialisation. À contre-courant de ce qui s’est dit durant ce sommet, il explique que la « mondialisation ne risque pas de s’arrêter sur le long terme », malgré les incertitudes liées au duel économique États-Unis-Chine ou encore au Brexit britannique.

Cependant, cette « globalisation n’est pas quelque chose de facile pour les entreprises, car elle les met en compétition sur tous les marchés ». Enfin, il a souligné que Renault allait se positionner pour porter « la révolution des automobiles électriques ». Rappelant qu’il a été un précurseur dans ce secteur, la voiture électrique constitue selon lui l’une des réponses au réchauffement de la planète :  « Ce qui va avoir un impact sur le changement climatique, c’est la masse des voitures qui seront produites ».