Founder and Director of VR Owl, Netherlands.
Alexandre Orlov
Secrétaire général du Dialogue de Trianon et ancien ambassadeur de la Fédération de Russie en France.
Fahad bin Ibrahim Al-Hamad Al-Mana
Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l’État du Qatar au Royaume du Maroc depuis août 2019. Il a rejoint le ministère des Affaires étrangères à Doha en 1987 en tant que Troisième Secrétaire. Il a été Premier Secrétaire à l’ambassade de l’État du Qatar en Italie (1997-2000). Il a également travaillé au département des organisations et conférences internationales, au département des affaires juridiques et au département des affaires européennes du ministère des Affaires étrangères. Il a travaillé dans plusieurs ambassades (Maroc, Pakistan, Emirats Arabes Unis, Espagne, Argentine). Il est titulaire d’une licence en histoire-géographie de l’Université du Qatar (1986) et d’une maîtrise en droit international de l’Institut national d’administration publique du Maroc (1991/1992).
Yun Seong-deok
Ambassadeur de Corée au Maroc. M. Yun Seong-deok a commencé sa carrière en 1989 au ministère des Affaires étrangères. En 1998, il est devenu premier secrétaire à l’ambassade de Corée en Belgique et à la mission coréenne auprès de l’UE. Il a occupé le même poste à l’ambassade de Corée au Liban. Il a été nommé ministre-conseiller de la mission permanente auprès de l’ONU à Genève. Il a été consul général adjoint à Guangzhou (Chine) et ministre à l’ambassade de Corée en Belgique et à la mission coréenne auprès de l’UE en 2013. Il a été directeur général des affaires économiques bilatérales au ministère des Affaires étrangères.
Nicolas Chamussy
Conseiller affaires spatiales chez Airbus depuis juin 2019. Il travaille chez Airbus depuis 18 ans et a occupé des postes de direction opérationnelle et de direction de haut niveau dans les activités spatiales et au bureau du PDG, notamment en tant que responsable des activités spatiales d’Airbus Defence and Space (2016-2019) et directeur de cabinet du PDG d’Airbus (2012-2016). Auparavant, il avait travaillé six ans dans l’administration publique française au sein des ministères de la Défense (notamment au cabinet du ministre de la Défense) et des Finances.
Carsten Lohn
Chef de cabinet du directeur de la stratégie, fusions et acquisitions et affaires publiques d’Airbus S.A.S. Ce département est en charge de la stratégie produits et services, renseignements, études de marché et comparaisons, fusions et acquisitions et affaires publiques. Carsten a rejoint Airbus en 1997 et a occupé diverses fonctions de management dans les départements production, chaînes d’assemblage, équipement cabine, programmes et achats sur différents sites et pays. Avant de rejoindre ce département, Carsten a dirigé le développement de l’organisation interne ainsi que d’importants projets de réorganisation et de transformation. Il a fait des études d’ingénieur aéronautique à Université de Technologie de Braunschweig en Allemagne et au Royal Melbourne Institute of Technology en Australie. Avant de rejoindre Airbus, Carsten a travaillé dans différentes sociétés aéronautiques à l’international, telles que Raytheon Aircraft aux Etats-Unis ou IPTN en Indonésie.
Soraya Hakuziyaremye
Avant sa nomination au poste de ministre du Commerce et de l’Industrie, Soraya Hakuziyaremye était première vice-présidente en charge des risques liés aux institutions financières et aux marchés financiers à la Banque ING à Londres. Elle a également occupé divers postes à hautes responsabilités au sein du groupe BNP Paribas à Paris, de Fortis Banque et de la Bank of New York Mellon à Bruxelles. La ministre Soraya Hakuziyaremye a également été conseillère du ministre des Affaires étrangères du Rwanda de 2012 à 2014. Elle a été membre du conseil d’administration de Ngali Holdings ainsi que du Brussels-Africa Hub. Elle est dotée d’une riche expérience dans le secteur bancaire et en conseil à l’échelle mondiale ainsi que d’une présence internationale, dans le but d’aider les entreprises locales à devenir plus compétitives. Elle est titulaire d’un diplôme en gestion internationale de la Thunderbird Graduate School of Global Management de I’Université d’Etat de l’Arizona aux Etats-Unis et d’un Master en Business Engineering (Ingénieur de Gestion) de la Solvay Business School à I’Université Libre de Bruxelles en Belgique.
Shambhu S. Kumaran
Ambassadeur de l’Inde auprès du Royaume du Maroc. Shambhu Santha Kumaran a rejoint le service des affaires étrangères de l’Inde en 1995. A l’étranger, il a notamment été conseiller politique à Katmandou (2007-2009) et haut-commissaire adjoint en Afrique du Sud (2009-2012). Au siège, il a été secrétaire adjoint (division de l’Europe occidentale) chargé des relations avec le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne ainsi que le Commonwealth de 2002 à 2004. De 2012 à 2016, il a été directeur (Asie de l’Est/Chine), co-secrétaire (établissement) et co-secrétaire (Eurasie) au MAE. De janvier 2016 à mai 2019, il a été détaché auprès du ministère de la Défense en qualité de co-secrétaire (planification et coopération internationale). Il est titulaire d’un diplôme en littérature anglaise de l’Université du Kerala ainsi que d’une maîtrise en études internationales et d’une maîtrise en philosophie des études diplomatiques de l’Université Jawaharlal Nehru à New Delhi.
Mathias Harebamungu
Dr. Mathias Harebamungu est l’ambassadeur de la République du Rwanda au Sénégal. Docteur en aménagement de l’espace et urbanisme de l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3, ancien secrétaire d’Etat au ministère rwandais de l’Education, ancien secrétaire général au même ministère après une carrière académique.
M’jid El Guerrab
Député de la 9e circonscription des Français établis hors de France (Maghreb et Afrique de l’Ouest). Membre du groupe « Libertés et territoires », il a siégé à la commission de la défense et des forces armées, avant d’intégrer la commission des finances de l’Assemblée nationale. Il a été membre de la commission spéciale PACTE et de la commission d’enquête relative à la lutte contre les groupuscules d’extrême-droite. Il a également été l’attaché de presse de Ségolène Royal, candidate à l’élection présidentielle de 2007 ; responsable de la communication et de la presse au sein du groupe socialiste du Sénat ; conseiller ministériel de Thierry Repentin, d’abord ministre chargé de la formation professionnelle puis de l’intégration européenne ; conseiller en communication et relations presse au Sénat et chef du service presse de la Caisse des dépôts. Il est diplômé de l’IEP d’Aix-en-Provence.
Borhann Rachdi
Directeur des affaires gouvernementales pour le Moyen-Orient et l’Afrique chez Philip Morris International, basé à Lausanne en Suisse. M. Rachdi est responsable de la direction et de la prestation de conseils stratégiques à 69 pays en matière d’affaires publiques et de politique, afin de faire progresser l’objectif de l’entreprise de concevoir un avenir sans fumée de cigarette. Il a débuté sa carrière en 2002 à Paris, en tant que spécialiste marketing pour l’Afrique chez Western Union Financial Services, le leader mondial du transfert d’argent. Au cours de ses dix années passées chez Western Union, il a occupé des postes transversaux avec des responsabilités accrues dans plusieurs marchés en Afrique, tant en marketing qu’en développement commercial. Il a dirigé la région Afrique du Nord en tant que Senior Country Manager. En 2012, M. Rachdi a rejoint Philip Morris International en tant que responsable des affaires générales pour la Tunisie et la Libye, basé à Tunis. En 2015, il est nommé responsable régional des ventes pour le Maroc, avant de s’installer à Lausanne en 2017.
Sally Eaves
Directrice des technologies émergentes, conseillère en stratégie globale, professeure en technologies avancées. Fondatrice de Aspirational Futures, elle est spécialisée dans l’application et l’intégration de Blockchain, de l’intelligence artificielle et des technologies émergentes associées pour le bénéfice des entreprises et de la société.
Zakalia Kote
Ambassadeur du Burkina Faso au Maroc. Magistrat de formation, l’ambassadeur KOTE Zakalia a occupé plusieurs fonctions dans les juridictions (procureur, président de tribunal) et dans l’administration judiciaire (direction des Etudes et de la Planification). Il a été directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères (mars 1999 – janvier 2006), secrétaire général du gouvernement et du Conseil des ministres (janvier 2006 – mai 2007), ministre de la Justice garde des Sceaux (mai 2007 – janvier 2011). Il était président de chambre à la Cour des comptes jusqu’à sa nomination comme ambassadeur à Rabat (octobre 2016).
Nadia El Mahjoubi
Nadia El Mahjoubi est diplomate et première secrétaire aux Affaires étrangères, détachée auprès du Cabinet royal en tant que collaboratrice du conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, M. André Azoulay. Auparavant, Nadia El Mahjoubi a été conseillère du ministre chargé de mission Youssef Amrani au Cabinet royal. Elle a été conseillère chargée de l’Afrique au cabinet du secrétaire général du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Maroc, et fonctionnaire chargée de l’Afrique de l’Ouest et Afrique centrale au département africain des affaires politiques. Elle est diplômée en gestion des politiques publiques de l’Université Mohammed V à Rabat et de l’Académie marocaine d’études diplomatiques.
Abla Benslimane
Directrice des affaires générales en charge des questions fiscales et réglementaires, des relations publiques et de la prévention du commerce illicite pour Philip Morris Maroc qu’elle a rejoint en 2012. Auparavant, en 2003, elle avait rejoint l’ambassade des Etats-Unis à Rabat en tant qu’analyste politique et au cours de ses huit années de carrière, elle a également travaillé avec le Bureau des affaires internationales de stupéfiants et de répression du département d’État américain. En 2002, elle a rejoint l’Agence pour l’environnement et le développement en préparation du Sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg. Elle a étudié dans les écoles américaines de Rabat, Tanger et Bonn, puis a obtenu ses diplômes à l’Université Al Akhawayn d’Ifrane en relations internationales et Women Studies. Elle est également titulaire d’un Master en éducation de l’Université Framingham.
Hélène Le Gal
Ambassadrice de France au Maroc. Diplômée de l’Institut d’études politiques, Mme Le Gal a travaillé en tant que première secrétaire dans les ambassades françaises à Tel Aviv et Madrid, puis est devenue conseillère technique au ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie. Elle a été conseillère à la Représentation permanente de la France auprès du Parlement européen à Bruxelles. Elle est retournée en Afrique pour occuper le poste de directrice adjointe pour l’Afrique centrale et orientale au ministère des Affaires étrangères et européennes. Elle a été consul général de France à Québec, puis conseillère sur l’Afrique auprès de la présidence de la République et ambassadrice de France en Israël avant de venir au Maroc. Elle est Officier de la Légion d’honneur.
Polina Vasilenko
Polina Vasilenko est une entrepreneure passionnée d’environnement, titulaire de deux Masters en chimie et en énergies renouvelables (énergie marine). En tant que grande voyageuse (68 pays) et plongeuse sous-marine (100 m), elle a vu nombre de lieux magnifiques ravagés par les effets anthropogéniques négatifs. Partant de son expérience personnelle et de son propre ressenti, elle a décidé de réorienter sa carrière, passant des combustibles fossiles aux énergies renouvelables. Après une expérience réussie de 14 ans dans l’industrie pétrolière et gazière (ancienne de Schlumberger), elle a décidé de donner un tout autre tournant à sa carrière et de se rendre utile pour la planète. Tant sa formation que sa vaste expérience professionnelle l’ont menée à fonder HelioRec, une start-up innovante dans le domaine des technologies solaires flottantes.
LES MOBILISATIONS DANS LE MONDE : UN NOUVEAU SURSAUT DES PEUPLES ?
12 novembre 2019
La World Policy Conference qui a eu lieu à Marrakech du 12 au 14 Octobre 2019 a passé en revue l’état actuel du monde. Son diagnostic est sévère et alarmant. Il est vrai que les tensions se multiplient sur la planète entre les Etats, qu’elles s’aggravent particulièrement dans le monde arabe, que l’essor du protectionnisme et le réveil de nationalismes donnent l’impression que la mondialisation est en recul.
Nous voudrions défendre ici une autre vision des choses. Depuis le début de 2019, des mobilisations populaires, jadis improbables, sont réapparues, tant dans le monde arabe qu’en Amérique latine ou à Hong Kong. A travers des manifestations répétées, les peuples montrent qu’ils ne supportent plus l’arrogance de leurs dirigeants, leur incompétence autant que la corruption dont ils sont les principaux profiteurs. Les mots d’ordre qui reviennent sont : la protestation contre la diminution des moyens de vivre ; mais, surtout, la volonté de rendre le pouvoir au peuple ; et de façon plus radicale, la dénonciation d’une classe politique, qui, selon eux, porte la responsabilité depuis de longues années, de la corruption du système. En un mot, les soulèvements populaires ne visent pas simplement à protester contre l’Etat, ou contre son incurie, mais condamnent sans appel le système dans son ensemble : ce qu’exprime la reprise du terme « dégage ».
Qu’on considère, d’abord, les énormes mobilisations qui, depuis 37 semaines, ont sans faillir occupé la rue à Alger. L’originalité de ce vaste mouvement est bien connue : déclenchée par l’insistance du Président Bouteflika à rester au pouvoir, la mobilisation a permis non seulement de l’obliger à céder la place, mais a généré de nombreux ralliements contre un certain nombre de tenants de l’ancien régime. La reprise en main par un général de l’armée qui fait office, depuis le début du mouvement, de Président par intérim, n’a pas empêché la Justice de condamner et d’emprisonner un certain nombre de responsables appartenant au « clan » Bouteflika. Chose surprenante, dans un pays jadis tenu par une main de fer, où bon nombre de généraux se partagent la richesse nationale, un pays qui était resté muet à l’époque du Printemps arabe, ces mobilisations sont vite apparues comme l’expression d’une volonté populaire inflexible (ainsi la proposition de nouvelles élections présidentielles en décembre 2019 reste récusée par les manifestants). Les foules ont choisi une conduite pacifique, sans doute aussi parce que les autorités ont, depuis le début de cette crise institutionnelle, privilégié un encadrement prudent de la protestation. Un évènement inédit, quand on se rappelle les sanglantes répressions de jadis en Algérie.
Les sursauts populaires ont, plus récemment, caractérisé deux autres pays arabes. En Irak, depuis plusieurs semaines, d’émeute en émeute, le peuple brave une répression des plus sévères de la part du pouvoir. On comptait, à ce jour, un tragique bilan de 270 tués et des milliers de blessés, la plupart victimes de tirs à balle réelle, à Bagdad et plus récemment à Kerbala. Ce mouvement est symptomatique d’un peuple en détresse, qui réclame depuis des jours, de justes moyens de vivre, et maintient une même inflexibilité à défier le pouvoir. La place centrale de Bagdad est devenue l’emblème d’une lutte opiniâtre, dont les enjeux sont avant tout le départ des dirigeants, la fin d’un régime corrompu , la reconnaissance des libertés et, plus largement la fin du système politique lui-même. Les manifestants, plus aguerris au fil des jours, ont pratiquement mis le pays à l’arrêt, et contrôlent la majorité des ressources pétrolières. Ils espèrent, en bloquant aussi les routes, forcer le pouvoir à réagir, face à une dégradation généralisée de l’activité économique.
Au Liban, pays apparemment réconcilié, après la guerre civile qu’il a traversée, le peuple, sans distinction de classe ou d’appartenance religieuse, s’est levé depuis une troisième semaine contre le pouvoir. A ce jour, il a obtenu la démission (provisoire ?) du Premier ministre, en maintenant une conduite pacifique, malgré l’hostilité du Hezbollah dans un premier temps. Le scénario est ici différent. Le Président Aoun comptant des partisans, particulièrement d’obédience chrétienne, tente d’imposer un gouvernement de technocrates. Au-delà des récriminations économiques, et de la même demande du départ de toute une classe politique, l’ enjeu plus spécifique qui rassemble le peuple, dans son immense majorité est la volonté de mettre fin au système politique confessionnel . Et ceci, au profit d’une nouvelle classe politique, où les postes ne seraient plus répartis en fonction des appartenances religieuses, chrétienne, chiite ou sunnite, mais attribués sur la base de la reconnaissance de la laicité comme principe fondateur de l’Etat.
Dans la même aire confessionnelle que l’Irak, il est surprenant aussi de voir le Pakistan saisi par des mouvements populaires qui réclament la chute du Premier ministre actuel. De longs cortèges ont traversé le pays jusqu’à Islamabad. Mais l’enjeu ici est la démission du gouvernement et son remplacement par une équipe aux ordres d’un leader politique charismatique connu, chef du parti islamiste religieux. Dans ce climat de crise de la légitimité gouvernementale, il n’est pas sûr que ce parti, qui prône la charria et interdit tout droit de manifester aux femmes sur la voie publique, atteindra ses objectifs.
Il faut aussi citer le cas des manifestants à Hong Kong, où l’enjeu des mobilisations répétées de semaine en semaine est clairement, sinon le départ des dirigeants chinois, du moins la préservation de l’autonomie de l’ancienne enclave britannique. L’étincelle qui a mis le feu aux poudres a été la volonté du pouvoir d’extrader devant les tribunaux chinois des citoyens de Hong Kong. La lutte frontale avec le pouvoir a conduit les manifestants à réclamer la démission du gouverneur de la province. Dans cet ilot de haute technologie et de salariés cultivés, le jeu du chat et de la souris avec la police a caractérisé récemment le développement là aussi inflexible des manifestants, sous l’œil attentif des autres grandes puissances.
Il pourrait superflu de mentionner les évènements du Chili, pays plus tranquille depuis la chute de la dictature de Pinochet. Depuis le 7 octobre 2019, c’est ici le thème de la révolte contre la hausse des prix qui est au cœur de l’action collective. Tout commence par la protestation contre une hausse de 3% du ticket de métro aux heures de pointe. Le pays connaît sa plus grande crise sociale, miné par des inégalités persistantes, malgré la bonne santé de son économie. Après de sérieux affrontements, qui ont fait une vingtaine de morts, et des milliers d’arrestations, le Président milliardaire Pinéra, qui dans un premier temps avait eu recours à l’armée, a promis des réformes pour lutter contre les inégalités.
Il serait hasardeux de tirer des conclusions générales de ces mobilisations. Elles témoignent tout de même de deux phénomènes, que le retour des dictatures ici où là ne peut dissimuler : face aux pouvoirs en place, on constate de nouveau un sursaut de la rue ; et ceci démontre, quelle que soit la spécificité des enjeux, que les peuples –parfois au risque de leur vie- ne sont plus enclins à se soumettre et mettent de en plus régulièrement en cause les systèmes politiques dans leur ensemble.
Dominique Martin,
Vice Président de l’IMRI
Hubert Védrine – Chute du mur de Berlin : « C’était un symbole mais tout avait commencé bien avant »
08.11.2019 – LCI
L’INTERVIEW POLITIQUE – Hubert Védrine est l’invité politique d’Elizabeth Martichoux dans la matinale de LCI ce vendredi 8 novembre. L’occasion pour l’ancien ministre des Affaires étrangères d’évoquer les trente ans de la chute du mur de Berlin mais aussi les propos critiques d’Emmanuel Macron sur l’Europe et l’OTAN.
Sur l’erreur des Occidentaux par rapport aux Russes
Sur le terme d’ »annexion de l’Allemagne de l’Est » employée par Le Monde diplomatique et applaudi par Jean-Luc Mélenchon
Sur l’avènement supposé du capitalisme après la chute du mur
Sur les propos critiques d’Emmanuel Macron sur l’Europe et l’OTAN
Josep Borrell : « C’est la désunion affichée par l’Europe qui la paralyse »
08.11.2019 – Le Monde
Josep Borrell est l’actuel ministre des affaires étrangères de l’Espagne. Ce socialiste catalan doit devenir haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires extérieures et vice-président de la Commission dirigée par Ursula von der Leyen, en principe à compter du 1er décembre.
L’OTAN est-elle en « état de mort cérébrale », comme le dit Emmanuel Macron ?
Une affirmation si catégorique doit être jugée dans le cadre d’un long entretien. Elle reflète les difficultés du contexte stratégique actuel, en particulier en Syrie. Cependant, pour la majorité des Etats européens, aujourd’hui, il n’existe pas d’alternative à l’OTAN pour leur défense territoriale. Les propos du président de la République reflètent aussi l’urgence, pour l’Europe, d’avancer avec détermination dans le développement de ses propres capacités de défense, afin de pouvoir faire face aux conflits qui la touchent au plus près.
La relation transatlantique a profondément évolué. Faut-il l’adapter ?
Les Etats-Unis d’aujourd’hui ne sont plus ceux qui nous ont offert leur parapluie protecteur. Et, dans une certaine mesure, ils ont raison de demander aux Européens de prendre leurs propres responsabilités, d’assumer leur « destin », comme l’a dit Mme Merkel.
Elle l’a dit mais elle ne le fait pas…
Elle ne peut le faire toute seule. Les Etats membres de l’UE dans leur ensemble dépensent 1,4 % de leur PIB pour la défense, soit quelque 250 milliards d’euros. Ce n’est pas négligeable ! Le problème c’est que ces montants sont mal dépensés, éparpillés, sans économies d’échelle, avec une multiplication des équipements qui sont en concurrence les uns avec les autres. Il ne peut y avoir de défense européenne, ni de volonté stratégique, sans capacité industrielle européenne.
Pensez-vous que Donald Trump œuvre à la division de l’Europe ?
Tout le monde, sciemment ou non, veut nous diviser ! Et nous sommes nous-mêmes divisés quant à la réponse à opposer aux Etats-Unis ou à la Chine, là aussi en fonction de ce que nous avons vécu historiquement. M. Trump défend ses intérêts. La seule réponse que l’on peut apporter à « America first », c’est « United Europe ».
M. Macron a lancé une initiative, critiquée en Europe, de rapprochement avec la Russie. Quelle va être votre stratégie vis-à-vis de Moscou ?
Une initiative française sur la Russie devait évidemment créer des remous, car le sujet russe divise fortement le Conseil. Je crois, d’une part, que l’on ne peut abandonner la politique de sanctions sans avoir rien obtenu et, d’autre part, que des sanctions seules ne font pas une politique. Je pense surtout que nous aurons besoin d’une plus grande coopération et de davantage de discussions au sein de l’UE si nous voulons une politique étrangère commune – et je ne dis pas « unique ».
Josep Borrell met l’Espagne et la Commission von der Leyen en difficulté
08.11.2019 – Le Quotidien
Josep Borrell a diffusé sur Twitter un document jugé confidentiel lié à une procédure judiciaire contre une indépendantiste catalane. (photo AFP)
La Commission européenne a affirmé vendredi qu’il appartenait à l’Espagne d’examiner les éventuelles suites à donner après la publication sur Twitter par son prochain chef de la diplomatie, Josep Borrell, d’un document jugé confidentiel lié à une procédure judiciaire contre une indépendantiste catalane.
La gaffe du ministre met son pays dans l’embarras. Elle pourrait également gêner la nouvelle Commission européenne à moins de trois semaines du vote d’investiture prévu au Parlement européen. “Des règles claires s’appliquent à l’utilisation du Système d’Information Schengen (SIS) et on s’attend à ce que tout le monde les respecte”, a affirmé vendredi la porte-parole de l’exécutif bruxellois Mina Andreeva.
En cause : un tweet envoyé mercredi par Josep Borrell où il montre un document envoyé par les autorités britanniques – via le système Sirene – dans lequel est demandé à Madrid un complément d’information concernant le mandat d’arrêt visant l’indépendantiste catalane Clara Ponsati, réfugiée en Écosse. Dans son message, rapidement effacé par l’expéditeur mais dont des copies ont été conservées, Josep Borrell a publié des données à caractère personnel confidentielles.
Une lettre de protestation a été adressée à Jean-Claude Juncker et à Ursula von der Leyen – qui doit lui succéder à la tête de l’exécutif européen – par l’eurodéputée catalane du groupe des Verts Diana Riba i Giner. Dans son courrier, l’élue exige “la révocation de la nomination de M. Josep Borrell au poste de Haut représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité si l’utilisation abusive d’informations confidentielles est prouvée”.
“Un comportement extrêmement inquiétant”
Selon Mina Andreeva, les données introduites dans le système Schengen ne peuvent être consultées que par certaines “autorités compétentes” dont chaque État membre doit fournir la liste. “Le tweet a été posté par M. Borrell en sa qualité de ministre des Affaires étrangères de l’Espagne et il appartient maintenant aux autorités espagnoles d’assurer le suivi de cette affaire”, selon la porte-parole. Des sanctions financières sont prévues en cas de violation du règlement, a-t-on précisé de source interne à la Commission.
Un porte-parole britannique du système Sirene au Royaume-Uni a déclaré que les informations qu’il contenait étaient destinées aux forces de l’ordre et aux juges et n’étaient “généralement pas publiques”. Josep Borrell a été désigné le 2 juillet par les dirigeants européens pour devenir le futur chef de la diplomatie de l’UE, avec le titre de vice-président de la future Commission von der Leyen. Selon Diana Riba i Giner, le fait de diffuser des données confidentielles sur Clara Ponsati relève d’”un comportement extrêmement inquiétant et inacceptable pour un commissaire désigné”.
Le Parlement européen a déjà approuvé la nomination de Josep Borrell comme remplaçant de Federica Mogherini. Mais les eurodéputés doivent encore valider la future Commission dans son ensemble. Ce vote à la majorité simple est programmé le 27 novembre lors de la prochaine séance plénière à Strasbourg.
LQ/AFP
Exclusif. Mostafa Terrab, patron de l’OCP, prépare une académie de formation des journalistes
07.11.2019
Le patron de l’Office chérifien des Phosphates (OCP), Mostafa Terrab, est aux petits soins avec les journalistes marocains. Selon nos sources, le PDG de la plus grande entreprise étatique du Maroc vient de lancer le chantier, à gros budgets, d’une académie de formation des journalistes qui verra le jour dans quelques années.
Nos sources précisent que ce projet est piloté par la journaliste Aïcha Akalay, ancienne directrice de publication de l’hebdomadaire TelQuel, engagée par Mostafa Terrab en personne. Le patron de l’OCP est derrière de nombreux projets précurseurs dans le domaine la formation comme l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguerir ou encore l’école de Codage 1337 à Khouribga. Cette dernière a été lancée en partenariat avec l’école 42, fondée par l’entrepreneur français Xavier Niel.
Mostafa Terrab – OCP rejoint les multinationales avant-gardistes du développement durable
09.11.2019 – Aujourd’hui le Maroc
Le Groupe vient d’intégrer le World Business Council for Sustainable Development
Le Groupe OCP, un des leaders mondiaux de l’industrie du phosphate et de ses dérivés, implémente une stratégie qui lui permet de renforcer son statut de producteur d’engrais parmi les plus durables au monde et ainsi, répondre aux Objectifs du développement durable (ODD) fixés par l’ONU.
OCP dans la cour des grands. Les efforts du Groupe OCP en matière du développement durable viennent d’être récompensées de la plus belle des manières. En effet, l’Office vient de rejoindre le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD, Conseil mondial des entreprises pour le développement durable), une association internationale regroupant plus de 200 multinationales avant-gardistes agissant en faveur du développement durable. L’intégration de ce réseau mondial permettra au Groupe OCP de poursuivre la réalisation de ses ambitions de développement durable en collaboration avec de grands groupes internationaux partageant les mêmes objectifs et les mêmes valeurs. A l’occasion de l’annonce de l’intégration du WBCSD, M. Mostafa Terrab, président-directeur général du Groupe OCP, a déclaré : « Nous sommes heureux de rejoindre le WBCSD et de faire partie des entreprises membres de cette organisation. Nous participons tous à cet engagement vital visant à accélérer la transition vers un avenir durable. Notre vision en la matière est profondément ancrée dans notre ADN car nous gérons consciencieusement les plus grandes réserves mondiales de phosphate, un nutriment essentiel pour nourrir de manière durable une population mondiale croissante ». Pour sa part, Peter Bakker, président directeur général du WBCSD, a déclaré : «Le WBCSD est heureux d’accueillir OCP en tant que nouveau membre. Garantir que 9 milliards de personnes puissent bien vivre dans les limites de ce que peut offrir la planète d’ici 2050 est au cœur de notre vision pour un monde durable. Cela fait d’OCP un atout précieux pour nos membres et pour plusieurs de nos projets dans un contexte de transformation du système alimentaire mondial».
Le Groupe OCP, un des leaders mondiaux de l’industrie du phosphate et de ses dérivés, implémente une stratégie qui lui permet de renforcer son statut de producteur d’engrais parmi les plus durables au monde et ainsi, répondre aux Objectifs du développement durable (ODD) fixés par l’ONU. OCP s’est fixé des objectifs ambitieux en lançant le programme «Économie Circulaire» au sein de sa «Sustainability Platform» dont l’approche vise à créer une dynamique verte, ainsi qu’à favoriser la symbiose avec l’écosystème industriel et les communautés. Cette nouvelle approche, qui consiste à passer d’un schéma linéaire de consommation des ressources à une approche circulaire, se concrétise à travers quatre axes : la préservation des ressources, la production durable, la rationalisation de la consommation et la valorisation des déchets en ressources.
Le programme « Économie Circulaire » participe à une meilleure création de valeur pour les clients et partenaires du Groupe. Il bénéficie également à ses collaborateurs et aux populations qui vivent sur ses sites d’implantation. Plusieurs objectifs sont visés: zéro consommation d’eau conventionnelle, 100% d’énergie propre, réhabilitation des mines en projets agricoles structurants au profit des communautés, maîtrise des émissions et gestion des effluents, maximisation de la valorisation du phosphate à faible teneur, implémentation d’une agriculture intelligente, etc.
La mission du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable (WBCSD) est d’accélérer la transition vers un monde durable en rendant plus performantes les entreprises qui font du développement durable leur fer de lance. Cette organisation promeut la collaboration entre les entreprises du secteur privé comme seul moyen d’obtenir l’impact et l’ampleur nécessaires pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD). Dans ce sens, il œuvre pour le développement de solutions métier et le partage de pratiques de pointe entre ses membres. Il participe également à l’élaboration des politiques publiques afin de créer le cadre approprié permettant aux entreprises de contribuer efficacement aux objectifs de développement durable. Avec près d’un siècle d’expertise et un chiffre d’affaires de plus de 55 milliards de dirhams en 2018, OCP est le leader mondial sur le marché du phosphate et le premier producteur mondial d’engrais phosphatés.
Le Groupe offre une large gamme d’engrais phosphatés enrichis en nutriments, adaptés pour enrichir les sols, augmenter les rendements agricoles et nourrir la planète de manière économique et durable. Grâce à sa stratégie de développement industriel intégrée d’envergure, OCP est présent sur toute la chaîne de création de valeur du phosphate et opère sur la totalité de ses métiers, offrant à ses 21.000 collaborateurs un parcours de développement d’excellence. Basé au Maroc, et présent sur les 5 continents, OCP travaille en étroit partenariat avec plus de 160 clients à travers le monde. Engagé à servir au mieux le développement de l’Afrique, le Groupe met l’innovation au cœur de sa stratégie, notamment pour la mise en place d’une agriculture durable et prospère. Acteur industriel responsable, OCP est aussi engagé dans le développement environnemental, social et humain du continent. Le Groupe est ainsi convaincu que leadership et rentabilité sont synonymes de responsabilité sociétale et de développement durable.
Michel Foucher – Un monde de murs : « La figure du mur est supposée colmater les angoisses »
08.11.2019 – Le Soir
WILLIAM BOURTON
1989-2019. Pour le géographe Michel Foucher, le Mur de Berlin fut un cas unique et y faire référence pour évoquer l’évolution des frontières et des migrations n’a guère de sens.
Pour Michel Foucher, la référence au Mur de Berlin n’a guère de sens lorsqu’on a affaire à des dispositifs sécuritaires ou anti-migratoires. – D.R.
ENTRETIEN – À la fin du XXe siècle, d’aucuns ont tiré des conséquences hyperboliques de la chute du Mur de Berlin et prophétisé ni plus ni moins que « la fin de l’Histoire » et la victoire planétaire de la démocratie libérale. Dans ces conditions, les « murs » entre les nations étaient progressivement appelés à disparaître… Cette utopie a fait long feu. Pour autant, les peuples se sont-ils barricadés entre eux ? Nous avons interrogé le géographe et diplomate français Michel Foucher, un des meilleurs spécialistes mondiaux des frontières.
Michel Foucher – Le mur, 30 ans après
09.11.2019 – France Culture
AFFAIRES ÉTRANGÈRES par Christine Ockrent
9 novembre 1989, la frontière de béton, qui paraissait infranchissable, finit par tomber pierre après pierre. Les théories fusent : est-ce l’avènement de l’Occident, du marché global et des démocraties libérales ? Trente ans plus tard, le paysage semble bien plus nuancé.
• Crédits : Gérard Malié – AFP
Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, alors que Gunter Schabowski, le chef du parti communiste de Berlin-Est déclare qu’à partir de minuit, les Allemands de l’Est seraient libres de quitter le pays, sans autorisation, une certaine idée du monde et de la géopolitique commence à émerger : et si cette séparation de briques et de béton, construite en août 1961, était la dernière dans ce nouveau monde promis aux démocraties libérales ?
Pourtant la célébration des trente ans de la chute du Mur de Berlin, ce samedi, trouve un écho étrange tant les clôtures, murs et autres frontières filtrées se multiplient aujourd’hui. Eriger une séparation permet aux Etats, en dernier ressort, de faire acte de souveraineté et de donner à l’opinion publique un symbole efficace. Pour la politologue canadienne de l’université du Québec à Montréal, Elisabeth Vallet, citée par Le Monde, « le mur est la réponse immédiate des politiques à l’impression des gens d’une perte de contrôle des territoires, des flux, des valeurs ». Il sert aussi d’argument électoral efficace, notamment dans la campagne électorale américaine de 2016 avec le fameux « Build that wall » de Donald Trump. Un projet dont il se félicite encore aujourd’hui :
Tidjane Thiam – Banks are staying away from bitcoin ‘bubble‘ due to money laundering, Credit Suisse CEO says
Stock Daily Dish – 09.11.2019
Banks have “little or no appetite” to get involved with bitcoin and cryptocurrencies due to fears of a bubble and illicit activity associated with it, the chief executive of Credit Suisse said Thursday.
“I think most banks in the current state of regulation have little or no appetite to get involved in a currency which has such anti-money laundering challenges,” Tidjane Thiam said at a news conference, according to .
The banking executive‘s comments came as the digital currency .
Thiam added that investors were only buying into the digital asset “to make money,” and described it as “the very definition of speculation and the very definition of a bubble.”
The chief financial officer of ING also weighed in on cryptocurrency worries Thursday, saying that, although digital assets are an effective means of exchange, the bank was not advising clients to in invest in them.
Olivier Blanchard – Les économistes français en Amérique ont la cote
08.11.2019
Confluences
Selon le journal le Monde, les économistes français et leurs travaux sont à la mode outre-Atlantique. Et leur apport pourrait révolutionner la pensée économique mondiale.
Esther Duflo, Gabriel Zucman, Emmanuel Saez, Thomas Philippon, Thomas Piketty, Philippe Aghion, Olivier Blanchard… Dans l’Amérique de Donald Trump, les économistes français sont à la mode. Ils publient des ouvrages à succès (le Capital au XXIe siècle pour Piketty, le Triomphe de l’injustice pour Zucman et Saez), enseignent dans les établissements les plus prestigieux (Philippon à New York University, Aghion à Harvard), travaillent pour les principales institutions internationales (Blanchard, ancien économiste en chef du FMI) et gagnent parfois le prix Nobel (Esther Duflo).
Mais ce n’est pas tout. Si Zucman et Saez affirment que, grâce à la réforme du locataire de la Maison-Blanche, les 400 premières fortunes américaines paient un impôt sur le revenu proportionnellement inférieur à la moyenne des Américains, Philippon dénonce « la cartellisation de l’économie ». Duflo, ancienne conseillère de Barack Obama, se dit quant à elle « mue par un désir profond d’améliorer le quotidien des populations pauvres », tandis que Piketty, cela est désormais bien connu, veut « dépasser l’hyper-capitalisme et lutter contre les inégalités ».
Les économistes français sont-ils en train de révolutionner la pensée économique mondiale ? Ce qui est certain, c’est qu’ils ont une certaine « vision du monde », explique le Monde, pour qui les Français « ne cherchent pas l’art pour l’art ». Certes, ils sont connus pour leur connaissance des mathématiques, « bien meilleure en France qu’aux États-Unis ». Mais pour les Français, « la théorie n’est qu’un instrument », précise Daniel Cohen, qui fut leur professeur à l’École normale supérieure. Selon le maître, les économistes made in France viennent à l’économie « avec un but, la compréhension du monde ».
CHANGEMENT CULTUREL
Thomas Philippon ne dit pas autre chose à propos des économistes français. « C’est notre côté Zola : nous pensons qu’un intellectuel doit être dans le débat public. Nous avons l’orgueil de penser que nous avons quelque chose à dire et qu’il faut sortir de notre tour d’ivoire », confie-t-il.
Surtout, cette génération de Frenchies arrive après la crise financière qui a ébranlé les fondements de la vision libérale de l’économie, incarnée par l’école de Chicago. Celle-ci a en effet « pris un formidable seau d’eau froide avec la crise de 2008 », souligne Daniel Cohen. Résultat : les questions liées à la lutte contre les inégalités, la croissance équitable, la flexibilité budgétaire, l’aide au développement ou encore la taxation des hauts revenus hantent les esprits. Par ailleurs, les grands patrons américains appellent les entreprises à plus de responsabilité sociale : une première et un véritable changement culturel. Ceci à un an de l’élection présidentielle américaine.
Or, si les économistes américains sont souvent « prisonniers des contraintes politiques qu’ils ont perçues à Washington », les étrangers, eux, « n’appartiennent pas à l’establishment », analyse Gabriel Zucman. Ils sont ainsi « moins imprégnés de l’idéologie dominante ».
Serait-ce l’avènement d’une nouvelle ère post-libérale ? Peut-être, et elle pourrait bien démarrer de l’autre côté de l’Atlantique.
Philippe Chalmin – L’Alsace découvre du lithium, un métal ultra-stratégique, dans son sous-sol
08.11.2019
Europe 1
L’Alsace, prochain eldorado du lithium? Au pied des Vosges, en sous-sol, des chercheurs ont découvert des ressources qui permettrait de faire de la France un pays autonome en lithium. Ce métal qu’on retrouve dans les batteries de nos ordinateurs, de nos smartphones, des voitures électriques, est hautement stratégique.
REPORTAGE | Dans vos ordinateurs ou vos smartphones, presque toutes les batteries du monde sont fabriquées avec du lithium. Ce métal hautement stratégique pour les pays vient traditionnellement de mines géantes en Australie ou en Amérique du Sud. En Alsace, où la géothermie est très développée – on y puise de l’eau chaude à 3.000 mètres sous terre pour produire de l’électricité -, on s’est rendu compte que l’eau contenait 200 mg de lithium par litre. Une découverte stratégique alors que l’Europe se prépare à bâtir un « Airbus des batteries ».
Le métal est filtré comme le café puis porté jusque dans des raffineries pour être affiné aux qualités nécessaires à la production de batteries. Les tests menés en laboratoire sont très encourageants. « L’eau chaude géothermique d’Alsace est très riche en lithium », assure Jean-Jacques Graff, président de l’Association française des professionnels de la géothermie.
« Avec dix centrales comme celles qui sont en exploitation en Asie du Nord, on couvrirait des besoins français en lithium », poursuit-il. Avant peut-être l’industrialisation, une petite usine de production pourrait vite voir le jour au Nord de Strasbourg.
« Je n’y crois pas totalement »
« C’est une bonne nouvelle mais je n’y crois pas totalement », nuance Philippe Chalmin, économiste spécialiste des matières premières et professeur d’histoire économique à l’Université Paris-Dauphine. « La question qui se pose, c’est : est-ce que dans 20 ans, le lithium Ion ne sera pas remplacé dans les batteries ? Est-ce qu’on ne sera pas passé à l’hydrogène ? »
L’universitaire estime que le lithium pourrait également poser des problèmes de rentabilité : « Ce n’est pas un métal rare », souligne-t-il. « Il y a eu d’énormes investissements et les prix se sont fortement abaissés. »
Jean-Claude Trichet – Bitcoin is not real, and any purchase amounts to speculation
10.11.2019 – South China Morning Post
By Louise Moon
- “The [crypto]currency itself is not real, with the characteristics that a currency must have,” said the European Central Bank’s former president Jean-Claude Trichet, at Caixin’s conference in Beijing
- An alternative monetary tool to existing currencies is the Special Drawing Rights (SDRs) by the International Monetary Fund, Trichet said
Stacks of computers used for mining bitcoin at the Bitfarms cryptocurrency farming facility in Farnham, Quebec, Canada, on Wednesday, January 24, 2018. Photo: Bloomberg
“I am strongly against bitcoin, and I think we are a little complacent,” Trichet said during a panel discussion at Caixin’s 10th annual conference on Sunday in Beijing. “The [crypto]currency itself is not real, with the characteristics that a currency must have.”
Buying a cryptocurrency is “in many respects pure speculation,” said Trichet, who led the ECB from 2003 to 2011, after a decade as governor of the Bank of France. “Even if [the cryptocurrency] is supposed to be based on underlying assets, I am observing a lot of speculation. It is not healthy.”
Trichet’s comment echoes the concern shared by global central banks about the threat posed by cryptocurrencies, for their decentralisation of traditional currencies, disruption of the global financial system and hindrance to monetary authorities in controlling the value of money. The ECB’s board member Benoit Soeure went as far in September as warning that cryptocurrencies could “challenge the supremacy of the US dollar,” in a report on CNBC.
European Central Bank’s former president Jean-Claude Trichet during a press conference in Frankfurt on April 7, 2011. Photo Agence-France Presse
At the summit, the 76-year-old French economist said he was also “very much against” Libra, a cryptocurrency project proposed by Facebook in June. Originally announced alongside a list of corporate backers, the social media site has faced scrutiny over entering the financial services space causing firms like Visa, MasterCard and PayPal to pull support in October.
Chinese banks are barred from handling bitcoin or any cryptocurrency, although individuals are not barred from holding them. China hosts some of the world’s largest bitcoin and cryptocurrency mines.
Bitcoin is the world’s first, and most popular cryptocurrency, founded in 2009 by an unknown developer known as – what’s commonly thought to be a pseudonym – Satoshi Nakamoto. The value of bitcoin has swung from US$0.003 in March 2010 to a record US$20,000 at the end of 2017, before crashing the following year, now trading at around US$8,800 each.
A monetary tool that Trichet prefers is the Special Drawing Rights (SDR) created by the International Monetary Fund (IMF), whose value is pegged to the US dollar, the euro, the pound sterling, the renminbi and the yen.
“I have great doubts of keeping control of monetary value in [the cryptocurrency] domain,” said Trichet. “In the so-called new stable international currencies … the SDR would be the right basket.”
The world may be moving away from physical coins and notes, but that path may not be in the direction of cryptocurrency, Trichet said.
“We are already in a domain which has much less physical currency,” he said. “Whether we are in a domain where that will be replaced with crypto? I have doubts there.”
Jean de Kervasdoué – Bio et bon ne sont pas synonymes
| Le Point.fr
Jean de Kervasdoué
CHRONIQUE. Les toxines naturelles sont parfois plus dangereuses que les produits chimiques artificiels. La DGCCRF vient de retirer du marché des produits bio.
Alors que de plus en plus de villes, grandes et petites, prétendent bannir de leur territoire des produits phytosanitaires qualifiés de « chimiques », la DGCCRF rappelle, c’est-à-dire retire du marché, des farines de sarrasin « bio » et des lots de haricots verts tout aussi « bio », car ils contiennent, les uns et les autres, des graines de datura, plante éminemment toxique. Des lots de seigle français sont refusés, notamment, par les autorités belges, car on y a trouvé de l’ergot de seigle, champignon qui contamine les céréales et qui est, à forte dose, mortel. En effet, il fut à l’origine du trop célèbre « mal des ardents » ou « feu de saint Antoine » qui tua, en France, des centaines de milliers de nos ancêtres, et cela, jusqu’à la guerre de 1914. Il demeure une préoccupation majeure des céréaliers qui s’inquiètent de leurs récoltes à venir, car, si le désherbage avant semis réduit de plus de 50 % la présence de ce champignon, ils se demandent ce qu’ils feront sans glyphosate.
Si nos enfants ont la chance de découvrir, comme à Marseille, dans leur cantine scolaire, quelques chenilles dans les brocolis, ce qui contribue à leur apprentissage de la biodiversité, ils peuvent aussi être sujets de diarrhées, car, comme les produits « bio » sont moins protégés, ils sont aussi, par nature, plus facilement infectés. Ainsi, depuis le début de cette année, la DGCCRF a retiré des « laits éveil croissance nature » pour y avoir trouvé des moisissures ou, pour la même raison, des raisins « bio ». Les autres retraits de produits alimentaires de l’année étaient dus non pas à l’existence de toxines, comme dans le cas des produits bio, mais à des étiquetages incomplets ou à quelques rares infections microbiennes dans des produits surgelés de grandes surfaces plus préoccupées, semble-t-il, par la lutte contre les OGM et la valorisation des produits bio à forte marge que par la surveillance de la chaîne du froid de leurs magasins.
À Paris, plus de 25 % des habitants ne préparent plus jamais de repas
Les humains sont des omnivores, pouvant manger de tout, ils se méfient donc de ce qu’ils mangent. Jusqu’à une date récente, la question du choix des aliments ne se posait pas ou peu, car on déjeunait en famille et on mangeait comme « avant ». L’alimentation était donc réglée par des rites et des rythmes. Or, les uns et les autres se perdent. À Paris, plus de 25 % des habitants ne préparent plus jamais de repas et, pour les plus aisés, tout est accessible. L’inquiétude augmente alors avec la richesse du choix et les faiseurs de peur prospèrent sur un terrain réceptif : personne n’a envie de mourir pour avoir ingéré des traces de produits phytosanitaires ou respiré l’air des campagnes, voire celui des jardins publics, alors que l’on y pulvérisait l’un de ces produits.
Alors se brouille le sens des termes « naturel », « biologique », « toxique », « chimique », « synthétique », « artificiel », « local », voire « cancérigène » ou « neurotoxique », et se répandent les croyances aussi simplistes qu’infondées : c’est bon parce que c’est « naturel », ou « bio », ou « local ». Participent à cette désinformation des apôtres de la décroissance, des partisans d’un retour à la nature, des gourous, des sectes pseudoscientifiques, des marchands, et tout ce monde se retrouve bon an mal an, sous la bannière de l’écologie politique et de ses slogans, faisant croire à ceux qui connaissent mal la nutrition qu’il faut entrer chez un marchand de fruits et légumes comme dans une pharmacie et que les agriculteurs les empoisonnent. La « chimie » rôde ! Mais tout est chimique : l’eau, l’air, l’huile d’olive, le sucre de canne, les antibiotiques, l’aspirine, le glyphosate, le sulfate de cuivre…
Pour se protéger de leurs agresseurs, les plantes produisent des substances toxiques, naturelles donc, et cela en quantité. Il existe ainsi des dizaines de milliers de substances naturelles qui sont cancérigènes, d’autres, tout aussi nombreuses, sont neurotoxiques et d’autres encore reprotoxiques. Ainsi, Bruce Ames, célèbre toxicologue, a pu calculer en 1990 qu’un Américain ingérait chaque jour 1,5 g de toxines naturelles, mais 10 000 fois moins de traces de produits chimiques artificiels. Il remarquait ainsi que, « dans une tasse de café, la quantité de composés naturels cancérigènes pour les rongeurs est à peu près égale en poids à la dose de résidus de pesticides absorbée par un individu en un an ». Que le lecteur se rassure : ces proportions élevées dissimulent des doses très faibles et l’auteur de cet article continue de boire environ quatre tasses de café par jour ! Néanmoins, la chimie analytique est tellement précise que l’on peut mesurer des milliardièmes de grammes de toutes substances ; les faiseurs de peur s’en donnent alors à cœur joie pour indiquer que l’on a trouvé dans les cheveux d’enfants tel ou tel produit chimique de synthèse souvent dangereux à certaines doses, mais pas à l’état de traces.
Pas plus d’agriculture sans pesticides que de médecine sans médicaments
Certaines de ces toxines naturelles ont des effets bénéfiques. Le découvrant, les hommes ont voulu les extraire, puis les synthétiser (l’aspirine, par exemple), mais ils ne sont pas arrêtés là, car ils ont aussi recherché des substances nouvelles, artificielles donc, pour soigner les malades et accompagner les agriculteurs dans leur lutte contre les mauvaises herbes, les champignons, les insectes, les bactéries, les virus et autres ravageurs des cultures. Il n’y a pas plus d’agriculture sans pesticides que de médecine sans médicaments. Ainsi, l’agriculture « bio » utilise du cuivre, produit d’autant plus écotoxicologique qu’il s’accumule dans le sol. En outre, nous venons de le voir, ce n’est pas parce qu’un produit est « naturel » qu’il n’est pas dangereux, un pesticide reste un pesticide. Il en fut ainsi de la roténone extraite de plantes tropicales. Longuement utilisée en culture bio, elle est heureusement interdite depuis 2008, car elle avait une action destructrice sur les neurones et favorisait la maladie de Parkinson. Néanmoins, les techniques de l’agriculture biologique étant moins nombreuses que celles de l’agriculture raisonnée, elles laissent passer, paradoxalement, plus de toxines naturelles.
Dans la très grande majorité des cas, les doses de ces toxines naturelles ne sont présentes dans nos aliments qu’à l’état de traces infimes (le milliardième de gramme par kilo) et si, pour d’autres raisons, je n’en achète pas (ils sont onéreux), ces aliments ne me font pas peur. Mais que l’on cesse de clamer qu’un aliment est sain parce qu’il est « bio » !
Jean de Kervasdoué est ingénieur agronome. Il a été directeur général des hôpitaux et a publié en 2016 « Ils croient que la nature est bonne » (éd. Robert Laffont).