Josep Borrell répond à Donald Trump : l’Otan ne peut être une « alliance à la carte »

L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) ne peut-être « une alliance à la carte », a affirmé ce lundi le chef de la diplomatie européenne. Josep Borrell a réagi aux propos tenus ce week-end par Donald Trump, qui a évoqué la possibilité de ne plus défendre les pays de l’Alliance dont la contribution financière est insuffisante.

Deux jours après les propos chocs de Donald Trump sur l’arrêt de la protection américaine aux pays de l’Otan qui ne payaient pas leur part, s’il était réélu à la Maison Blanche, les réactions se poursuivent. Ce lundi, c’est le chef de la diplomatie européenne qui s’est exprimé avant une réunion ministérielle de l’UE à Bruxelles.

« Soyons sérieux ! Soyons sérieux ! L’Otan ne peut être une alliance à la carte », a lancé Josep Borrell.

« À l’époque où nous vivons, une alliance militaire ne peut fonctionner au gré de l’humeur du président des États-Unis, ce n’est pas : “Oui, non, demain, non, ça dépend”. Allons ! l’Otan existe ou bien n’existe pas », s’est-il agacé.

Pour rappel, lors d’un meeting en Caroline du Sud samedi dernier, Donald Trump a rapporté une conversation qu’il aurait eue avec un des chefs d’État de l’Otan, (sans le nommer). « Un des présidents d’un gros pays s’est levé et a dit : “Et bien, monsieur, si on ne paie pas et qu’on est attaqué par la Russie, est-ce que vous nous protégerez ?” », a raconté le milliardaire, avant de révéler sa réponse : « Non, je ne vous protégerais pas. En fait je les encouragerais à vous faire ce qu’ils veulent. Vous devez payer vos dettes ».

Or, selon l’article 5 de l’Alliance, si un pays de l’Otan est victime d’une attaque armée, chaque membre considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué.

Vraie menace ou simple provocation de la part de l’ex-président, habitué aux sorties tonitruantes ? Le fait est que, pour Josep Borrell, il ne vaut pas la peine de s’y attarder.

« Durant cette campagne (électorale américaine), nous allons voir et entendre beaucoup de choses (…). Ne comptez pas sur moi pour commenter toutes les idées stupides qui s’exprimeront lors d’une campagne nationale aux États-Unis », a-t-il averti.

Indignation de Biden, mais aussi de certains républicains

Reste que les propos de l’ancien président n’ont pas manqué de faire réagir, à commencer dans son propre pays. La Maison Blanche avait répliqué dès samedi en vantant les efforts déployés par Joe Biden pour renforcer les alliances dans le monde entier. « Encourager l’invasion de nos alliés les plus proches par des régimes meurtriers est consternant et insensé », avait déclaré samedi soir Andrew Bates, un porte-parole de la Maison Blanche.

Le président américain a ensuite lui-même pris la parole dimanche. Pour le démocrate, les propos de l’ex-président républicain ont signifié clairement « sa volonté d’abandonner les alliés de l’Amérique membres de l’Otan en cas d’attaque russe ».

« Le fait que Donald Trump avoue qu’il compte donner le feu vert à Poutine pour davantage de guerre et de violence, pour continuer son assaut brutal contre une Ukraine libre et pour étendre son agression aux peuples de Pologne et des États baltes est affligeant et dangereux », a affirmé Joe Biden dans un communiqué.

Le président américain n’est cependant pas totalement surpris. « Malheureusement », ces propos « sont prévisibles venant d’un homme qui a promis de gouverner comme un dictateur, comme ceux dont il fait l’éloge, dès le premier jour de son retour dans le Bureau ovale », a regretté Joe Biden.

Les propos de Donald Trump ont même indigné dans son propre camp. Sa dernière rivale aux primaires républicaines, Nikki Haley, a ainsi dénoncé la rhétorique de l’ex-président.

« Nous voulons que les alliés de l’Otan paient leur part, mais il y a des moyens d’obtenir cela sans (…) dire à la Russie : “Faites ce que vous voulez avec ces pays-là” », a-t-elle déclaré.

Le sénateur républicain Marco Rubio a, de son côté, tenté de minimiser les déclarations de Donald Trump, arguant qu’il ne parlait jamais « comme un politicien traditionnel ». « Je n’ai aucune inquiétude », a ajouté l’élu de Floride à propos de l’avenir de l’Alliance en cas de victoire de Donald Trump à la présidentielle.

Réactions en chaîne aussi côté européen

Outre Josep Borrell, les propos de Donald Trump ont bien évidemment provoqué aussi l’indignation et la consternation d’autres hauts responsables en Europe et au sein de l’organisation.

Pour le président du Conseil européen Charles Michel, « des déclarations imprudentes sur la sécurité de l’Otan et la solidarité de l’article 5 ne servent que les intérêts de Poutine » et « n’apportent ni plus de sécurité ni plus de paix dans le monde ».

De son côté, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a lui mis en garde contre des propos qui « sapent notre sécurité ». « Toute suggestion selon laquelle les Alliés ne se défendront pas les uns les autres sape notre sécurité à tous, y compris celle des États-Unis, et expose les soldats américains et européens à un risque accru », a-t-il déclaré.

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