Gabriel Valentin Comanescu

PDG et président du conseil d’administration de Grup Servicii Petroliere, première société de construction et de forage offshore en mer Noire. M. Comanescu a créé Grup Servicii Petroliere en 2004 et occupe depuis le poste de président du conseil d’administration. Sous sa direction, la société s’est transformée en un holding complexe, qui fournit un système intégré de services, couvrant tous les aspects majeurs d’un projet, de l’ingénierie à la planification, en passant par l’approvisionnement, la fabrication, l’installation et le démantèlement. GSP possède et exploite le plus grand nombre d’actifs spécialisés de la région, des navires AHTS et PSV aux grues flottantes offshore, en passant par les barges de construction offshore, les ROV et les plateformes de forage offshore, adaptés aux eaux peu profondes et profondes. L’empreinte de GSP est devenue mondiale. GSP Holding a mené à bien divers projets EPCI de construction et de forage offshore dans le monde entier, pour une valeur de plus de 4 milliards de dollars. Actuellement, GSP développe d’importants projets EPCI en Mer Noire, et développe ses capacités pour s’engager dans le forage en eaux profondes, le forage à terre et la construction à terre.

Comanescu est diplômé en ingénierie électromécanique navale de l’Académie navale « Mircea cel Bătrân », à Constanta, en Roumanie. Peu après avoir obtenu son diplôme, en 1992, M. Comănescu a entrepris de devenir l’un des hommes d’affaires les plus prospères du secteur industriel. Tout au long de sa carrière, il a reçu divers prix et reconnaissances, maintenant une présence constante dans la liste des Roumains les plus riches. 

Mohamed Ibn Chambas

Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) du 12 septembre 2014 au 7 avril 2021. Il possède une vaste expérience et une longue carrière remarquable dans des organismes internationaux et gouvernementaux. Avant de rejoindre l’UNOWAS, M. Chambas était Représentant spécial conjoint Union africaine-ONU pour le Darfour et Chef de l’Opération hybride Union africaine-ONU au Darfour. 

Ancien député du Ghana, M. Chambas a été vice-ministre des Affaires étrangères du Ghana en 1987 et vice-ministre de l’Éducation chargé de l’enseignement tertiaire de 1997 à 2000.

Yorizumi Watanabe

Professeur d’économie politique internationale et doyen de la School of International Communication à la Kansai University of International Studies depuis avril 2019. Avant cela, il a enseigné à l’Université de Keio (2005-2019). Il a également été directeur-général adjoint du Bureau des Affaires économiques au ministère des Affaires étrangères du Japon (2002-2004), et assistant spécial du ministre des Affaires étrangères japonais en 2004. Il a joué un rôle majeur dans l’application de différents accords de partenariat économique (APE) tels que les APE Japon-Mexique, Japon-UE et Japon-Inde. Prof. Watanabe fait actuellement partie du Groupe de discussion sur la question du Brexit, mis en place par le KEIDANREN (la Fédération des organisations économiques du Japon).

Memduh Karakullukçu

Vice-président fondateur du conseil exécutif et président fondateur du Global Relations Forum. Il est associé à D4 Ventures (Royaume-Uni) et se focalise sur l’e-commerce et les investissements en technologie financière, IA et deep learning. Il conseille des entreprises technologiques sur des problématiques complexes liées à leur inscription au NASDAQ. Il a été le directeur général fondateur du parc scientifique ARI de l’Université technique d’Istanbul (ITU). Pendant son mandat à l’ITU, il a été conseiller principal du président, coordinateur du programme d’études supérieures en droit, technologie et politique, et conseiller stratégique au Centre de communications par satellite de l’université. Il a été membre du personnel académique de l’ITU et de la London School of Economics and Political Science (LSE). Plus tôt dans sa carrière, il a travaillé comme spécialiste en financement structuré à Londres et à Istanbul. Il est titulaire d’une licence en génie électrique et en économie du Massachusetts Institute of Technology, d’une maîtrise en finance de la LSE et d’un doctorat en droit de l’université de Columbia. Il a récemment co-écrit un livre sur la politique étrangère turque, Değerler, Çıkarlar ve Dönüşüm (Valeurs, Intérêts et Transformation), avec deux anciens sous-secrétaires turques des Affaires étrangères et du Renseignement. Il est membre de l’Association du barreau de l’État de New York.

Naoki Tanaka

Président du Center for International Public Policies Studies (CIPPS) et critique économique indépendant spécialisé dans divers domaines tels que l’économie, la politique et l’industrie japonaises et internationales. Auparavant, il a été président du 21st Century Public Policy Institute. Il est diplômé de la faculté de droit à l’Université de Tokyo, et a achevé des études au département de recherche économique pour obtenir un doctorat. Parmi ses publications, on peut citer The Great Stagnation of China (2016) et Japan’s Growth Strategy (2013, co-écrit avec le CIPPS).

Shibley Telhami

Shibley Telhami est le professeur Anwar Sadat pour la paix et le développement et directeur des sondages d’opinion sur les questions critiques à l’Université du Maryland, et senior fellow non résident à la Brookings Institution. Il a joué un rôle important dans le domaine de la politique étrangère, en tant que conseiller dans toutes les administrations américaines de George H. W. Bush à Barack Obama. Parmi ses publications, on peut citer son best-seller The Stakes: America and the Middle East (2003) ; Power and Leadership in International Bargaining: The Path to the Camp David Accords (1990) ; The Peace Puzzle: America’s Quest for Arab-Israeli Peace, 1989-2011, co-écrit avec Dan Kurtzer, et al. (2013) ; et The World Through Arab Eyes: Arab Public Opinion and the Reshaping of the Middle East (2013). Il a été sélectionné par la Carnegie Corporation of New York avec The New York Times comme l’un des « Great Immigrants » de 2013 et a été nommé “Distinguished Scholar-Teacher” (éminent universitaire-enseignant) de l’Université du Maryland pour l’année 2018-2019.

Andrés Rozental

Ambassadeur éminent du Mexique et président de Rozental & Asociados. Andrés Rozental est également membre des conseils d’administration de plusieurs grandes multinationales en Europe et au Mexique. Il a été diplomate de carrière pendant plus de 35 ans, après avoir servi son pays comme ambassadeur du Mexique au Royaume-Uni (1995-1997), secrétaire d’État au ministère des Affaires étrangères (1988-1994) et ambassadeur en Suède (1983-1988). Il a été représentant permanent du Mexique auprès des Nations Unies à Genève (1982-1983), et a occupé des postes à hautes responsabilités au ministère des Affaires étrangères du Mexique et à l’étranger. Andrés Rozental est le président fondateur du Conseil mexicain des relations étrangères et depuis 1994, a le rang à vie d’ambassadeur éminent du Mexique.

Enrico Letta

Président de l’Institut Jacques Delors. Ancien doyen de l’École des Affaires internationales de Sciences Po Paris (Paris School of International Affairs, PSIA). Il a été président du Conseil italien d’avril 2013 à février 2014 avant d’être le secrétaire général du Parti démocrate italien (PD) de 2021 à 2023. Auparavant il a exercé la fonction de ministre pour les Politiques communautaires (1998-1999), ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur (2000-2001), entre autres, puis sous-secrétaire d’État à la Présidence du Conseil de Romano Prodi (2006-2008). Enrico Letta a été député italien (2001-2015), à l’exception de la période 2004-2006, où il exerce le mandat de député européen. Il a également occupé la fonction de vice-secrétaire du Parti Démocrate (2009-2013). Enrico Letta est diplômé en Droit international de l’Université de Pise (sa ville d’origine) et titulaire d’un doctorat de Droit des communautés européennes de l’École supérieure Sainte-Anne de Pise.

Kim Jong-Seok

Membre de l’Assemblée nationale coréenne depuis mai 2016, et ancien président de l’Institut Youido, un think tank du Parti de la liberté de Corée. Il est actuellement membre du comité de politique national et du comité spécial sur le budget et les comptes de la 20ème Assemblée nationale. Il est vice-président du comité de politique au Parti de la liberté de Corée. Il a occupé le poste de président à l’Institut de recherche économique de Corée (KERI) (2007-2009), un think tank économique, et a été membre du Conseil national des conseillers économiques au bureau du Président (2011-2013). Avant cela, il a enseigné en tant que professeur d’économie à l’Université de Hongik (1991-2016). Dr Kim a écrit de nombreux articles pour des revues académiques et les médias. Il a obtenu son doctorat en économie à l’Université de Princeton et a enseigné au Dartmouth College avant de retourner en Corée en 1988.

Gabriel Felbermayr

Directeur de l’Institut autrichien de recherche économique (WIFO) et professeur à l’université d’économie et de commerce de Vienne depuis octobre 2021. Après avoir travaillé en tant que consultant associé chez McKinsey & Co à Vienne de 2004 à 2005, il a occupé divers postes d’enseignant en économie de 2005 à 2009 à l’Université de Tübingen puis à l’Université de Hohenheim à Stuttgart. De 2010 à 2019, il a dirigé le ifo Center for International Economics de l’Université de Munich. Il a été président de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale (Institut für Weltwirtschaft – IfW) entre 2019 et septembre 2021. Ses activités de recherche et de conseil se concentrent sur les questions de gouvernance économique mondiale, d’intégration économique européenne et de politique économique allemande. Il a publié un grand nombre d’articles dans des revues scientifiques internationales, des notes d’orientation et des journaux. Il est titulaire d’un doctorat en économie de l’Institut universitaire européen de Florence en Italie.

Othman Al-Omeir

Éditeur et rédacteur en chef chez Elaph. Il a commencé sa carrière de journaliste en tant que jeune correspondant sportif pour un journal saoudien. Il s’est rapidement fait un nom et est devenu correspondant à Londres pour le journal Al Jazirah, basé à Riyadh. Il a également été rédacteur en chef d’Al Majalla, à Londres, ainsi que du journal Asharq Al Awsat, à Londres (le principal journal international en langue arabe). Il crée Elaph Publishing Limited en 2001 au Royaume-Uni et sa société associée en Arabie Saoudite pour publier www.elaph.com, qui devient rapidement le premier portail d’information arabe. En 2021, Elaph signe un accord avec le Financial Times pour produire, sous licence, le magazine de luxe du FT, How To Spend It en arabe. Othman Al-Omeir a obtenu des interviews exclusives de nombreux leaders mondiaux et s’est vu décerner le Prix des nouveaux médias pour l’avenir par la Fondation Anna Lindh en décembre 2009.

The politics of the globalization backlash: Sources and implications

Logo of the Global Reasearch Unit

Abstract

A backlash against globalization has led to widespread political movements hostile both to economic integration and to existing political institutions throughout the advanced industrial world. Openness to the movement of goods, capital, and people has had important distributional effects. These effects have been particularly marked
in communities dependent upon traditional manufacturing, some of which have experienced a downward spiral from the direct economic effects of foreign competition through broader economic decline to serious social problems. Those harmed by globalization have lashed out both at economic integration, and at the elites they hold responsible for their troubles. Political discontent is in part due to failures of compensation – insufficient provision of social safety nets for those harmed by economic trends. It is also due to failures of representation – the belief that prevailing political parties and politicians have not paid adequate attention to the problems faced by large groups of voters. Countries vary on both dimensions, as do national experiences with the populist upsurge. Previously dominant socio-economic interests and political actors may act to try to address this dissatisfaction, but the path faces serious economic and political obstacles.

© 2018 by Jeffry Frieden, Harvard University. All rights reserved.

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Le monde n’a plus le temps

World map

WASHINGTON – En 2015, la communauté internationale a redoublé d’efforts pour relever les défis posés à la planète, avec, notamment, deux grandes avancées des Nations Unies : le Programme de développement durable à l’horizon 2030 [voté en septembre 2015] et la Conférence des parties de la Convention cadre sur le changement climatique de Paris (COP 21 [qui s’est tenue du 30 novembre au 11 décembre 2015]). Passé un premier mouvement d’enthousiasme, l’élan imprimé vers la réalisation des objectifs de développement durable et dans la lutte contre la dégradation du climat s’est pourtant essoufflé. Il semble que les mises en garde de plus en plus alarmées lancées par l’ONU ou par d’autres organismes concernant l’accélération des extinctions d’espèces, l’effondrement des écosystèmes et le réchauffement de la Terre suscitent de nombreuses réactions allergiques.

Il n’est plus temps de nous demander si le verre, eu égard aux progrès réalisés, est à moitié plein ou à moitié vide. Il n’y aura bientôt plus de verre du tout. Malgré l’attention portée par les médias aux initiatives civiles et politiques pour faire face aux crises qui s’annoncent, les tendances à long terme sont inquiétantes. Voici quelques mois, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a rassemblé les preuves écrasantes des conséquences dévastatrices qu’aura sur des milliards d’humains dans le monde un réchauffement global supérieur à 1,5° C au-dessus des niveaux préindustriels.

Un récent rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques lance un autre coup de semonce. L’activité humaine, conclut ce rapport, met en danger d’extinction un million d’espèces – chiffre sans précédent. Les océans, qui fournissent à plus de quatre milliards d’humains nourriture et moyens de subsistance, sont menacés. Si nous ne prenons pas immédiatement des mesures pour renverser ces tendances, il sera probablement impossible de rattraper le retard que nous aurons pris.

Pendant des décennies, la plupart des grandes économies se sont appuyées sur une forme de capitalisme qui assurait des bénéfices considérables. Mais nous sommes aujourd’hui les témoins des conséquences de la célèbre formule de Milton Friedman, lauréat en son temps du Nobel d’économie : « La [seule] responsabilité sociale de l’entreprise est d’accroître ses profits. » Un modèle de gouvernance d’entreprise fondé sur la maximisation de la valeur actionnariale a longtemps dominé notre système économique, déterminant nos cadres comptables, nos régimes fiscaux et les programmes de nos écoles de commerce.

Mais nous atteignons un point où de grands penseurs de l’économie remettent en question les fondements mêmes du système dominant. The future of Capitalisme [non traduit] de Paul CollierPeople, Power and Profits [à paraître en français] de Joseph E. Stiglitz et The Third Pillar [non traduit] de Raghuram G. Rajan examinent en détail le problème. Le système capitaliste actuel, déconnecté de la plupart des gens et sans attaches dans des territoires où il opère, n’est plus acceptable. Les systèmes ne peuvent fonctionner dans l’isolement. À la fin, la réalité s’impose : les tensions commerciales mondiales resurgissent, les nationalistes populistes arrivent au pouvoir et les catastrophes naturelles se multiplient et gagnent en intensité.

Pour le dire simplement, notre façon d’envisager le capitalisme a aggravé des problèmes sociaux et environnementaux auparavant solubles et semé de profondes divisions sociales. L’explosion des inégalités et l’intérêt exclusif donné aux résultats de court terme (c’est-à-dire aux gains trimestriels) ne sont que deux symptômes d’un système brisé.

Maintenir en état de fonctionnement une économie qui puisse soutenir les intérêts de toutes ses parties prenantes requiert que nous portions notre attention sur le long terme. D’une certaine façon, nous le faisons déjà. Mais nous devons rassembler les efforts entrepris en une campagne concertée qui engage des réformes systémiques au-delà du point critique. Ainsi seulement aurons-nous atteint une boucle de rétroaction récompensant des philosophies à long termes, des conceptions durables de la vie économique.

Le plus important est que nous ne succombions pas à la complaisance. Les tensions à court terme concernant le commerce et d’autres questions ne manqueront pas d’attirer l’attention de l’opinion et des gouvernements. Mais permettre aux premiers gros titres de nous distraire du souci de catastrophes environnementales et sociales serait manquer la forêt pour l’arbre.

Cela dit, l’élan qui conduira l’avènement d’un changement positif ne peut se fonder sur la peur. Les crises qui menacent sont aussi réelles que terrifiantes, mais les cris d’alarme semblent faire de moins en moins recette. Les gens s’immunisent contre la réalité. Le changement à long terme doit donc provenir d’un réajustement du marché et de nos structures de régulation. Si consommateurs, investisseurs et autres acteurs du marché doivent continuer de s’instruire et de se former, partant, de pousser au changement, nous devons aussi réexaminer rapidement et en profondeur les règles et les normes qui régissent aujourd’hui le capitalisme.

Les acteurs du marché qui ne changent pas de comportement doivent en assumer les coûts réels. Discours, commentaires et rapports annuels ne suffiront pas. L’économie de marché est une force puissante, qui nécessite une direction ; le compas est entre les mains des régulateurs et des acteurs du marché. Il est temps de passer aux choses sérieuses et de mettre en place les incitations et les sanctions financières qui présideront à une évolution systémique. Ce n’est qu’après les avoir instituées que nous pourrons débattre pour savoir si le verre est à moitié vide ou à moitié plein.

Traduit de l’anglais par François Boisivon

Bertrand Badré
Publié le 17/06/2019 dans Project Syndicate

Bertrand Badré, a former Managing Director of the World Bank, is CEO of Blue like an Orange Sustainable Capital. He is the author of Can Finance Save the World? 

« Sur le budget de la zone euro, le compte n’y est pas ! »

Portrait de Jean Pisani-Ferry à Rome, Italie

Après des mois de négociations, les ministres des Finances de l’Eurogroupe ont donné leur feu vert vendredi dernier à un budget de la zone euro. Doté d’une mission de « convergence et de compétitivité », il est loin de l’ambition initiale de la France de disposer d’un outil de stabilisation. L’économiste Jean Pisani-Ferry estime cette réponse très insuffisante.

Est-ce que le budget de la zone euro acté en fin de semaine par les ministres des Finances européens valait le capital politique que la France y a placé ?

Tout l’enjeu de ces discussions portait sur la création d’un instrument budgétaire commun de stabilisation de la zone euro en cas de choc important sur une économie. Ce n’est pas une lubie française, c’est la position du FMI, de l’OCDE, ou de la BCE. Un tel instrument a été proposé par la Commission et une large majorité d’économistes le soutiennent y compris des Allemands orthodoxes.  Le résultat des négociations  est que le nouvel outil exclut cette fonction de stabilisation. Il est consacré à l’appui aux réformes et aux investissements. Le glissement s’est fait par compromis successifs entre la proposition française initiale, l’accord franco-allemand qui soutenait l’objectif de stabilisation, et le résultat final où ce dernier a été abandonné.

Ce n’est donc pas une bonne nouvelle ?

Non. L’aspect positif c’est qu’on soit parvenu à consacrer un instrument pour la seule zone euro. C’est symboliquement important, comme l’a été  il y a 20 ans la création de l’Eurogroupe.

Comment expliquer la modestie du résultat ?

Par la mollesse de l’Allemagne à défendre ce projet et  la forte résistance de la coalition emmenée par les Pays-Bas avec des pays, dont la Suède et le Danemark, qui ne veulent ni financer des dépenses supplémentaires, ni laisser se créer un vrai budget pour la zone euro.

Est-ce que ce n’est pas une première étape utile ?

Je me demande s’il ne vaudrait pas mieux avouer que le compte n’y est pas. D’une certaine manière, le budget de stabilisation Macron s’est transformé en « contrat de réforme Merkel ». La ministre espagnole des Finances, Nadia Calvino a dit sans ambages qu’il vaudrait mieux en rester sur un désaccord. Le risque, c’est de cocher la case budget pour mieux oublier la stabilisation.

Vidéo intégrée

Ministerio de Economía y Empresa

@_minecogob

📽️@NadiaCalvino Estoy convencida de que un día habrá un presupuesto para la zona euro. Es imprescindible tener un instrumento fiscal que complemente la Unión Monetaria y garantice verdaderamente una estable y sólida de cara al futuro

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Pourtant, il y a en Allemagne des responsables politiques qui défendent une assurance chômage européenne qui est un instrument de stabilisation ?

Le ministre des Finances Olaf Scholz l’a suggéré sans aller bien loin dans sa démarche. Les Néerlandais sont contre cette idée mais en revanche ils sont favorables à un système bancaire et financier intégré sur lequel on ferait reposer cette capacité d’absorption des chocs, sur le modèle américain. C’est insuffisant mais cohérent. La réticence allemande à l’égard d’un système financier intégré, doublée d’une absence d’engagement sur la stabilisation budgétaire ne l’est guère. Toutes ces divisions envoient un mauvais signal, y compris aux marchés, car ils indiquent qu’on veut l’euro mais sans se donner les moyens d’un système robuste.

Que manque-t-il d’autre à la zone euro pour fonctionner plus efficacement ?

Il faudrait réformer les règles du Pacte de stabilité et de croissance qui sont aujourd’hui illisibles. Sanctionner un Etat au prétexte qu’il affiche un déficit budgétaire structurel dont le mode de calcul est opaque et controversé serait politiquement périlleux. Il y a un consensus pour dire que ces règles ne fonctionnent pas.  Notre groupe d’économistes franco-allemand propose de les redéfinir et de se fonder sur un objectif d’évolution des dépenses publiques . Et puis, il devient indispensable de faire progresser le rôle international de l’euro qui stagne. Le dollar n’est pas un bien public mondial, c’est un instrument de la politique de puissance américaine et les Chinois accélèrent l’internationalisation du renminbi. Deux conditions sont nécessaires pour cela : créer un actif sûr propre à la zone euro, des obligations qui pourraient être émises par le MES en contrepartie de lignes de crédit aux différents Etats de la zone euro. Et, en situation de stress, il faut prévoir que la BCE puisse fournir de la liquidité en euro à des banques centrales partenaires, ce qui n’est pas dans son mandat actuel.

Tout cela veut-il dire que la zone euro n’est toujours pas hors de danger ?

Oui, même s’il y a eu des progrès avec la supervision des banques, et  le renforcement du Mécanisme européen de stabilité (MES) créé pour assister les Etats qui perdent l’accès au marché. L’accord sur les facilités de liquidité proposées aux pays de la zone euro en difficulté passagère est utile.

Comment évaluer le risque du retour d’une crise financière spécifiquement européenne, sur les dettes publiques ?

Il y a clairement un risque italien. Les Italiens veulent rester dans l’euro, mais la dette italienne ne sera plus soutenable si les taux d’intérêt s’éloignent de leur plancher actuel et que la croissance reste extrêmement faible.  La Commission a raison d’alerter mais il ne faut pas se tromper de diagnostic : C’est vraiment la croissance qui lui a fait défaut depuis vingt ans, pas la discipline budgétaire. J’ai fait le calcul : si la France avait suivi depuis 1999 la politique budgétaire de la Péninsule, notre dette serait de 45 % seulement du PIB ! La France, elle, a eu la croissance.

Avec les taux d’intérêt actuels, est-ce le moment d’investir massivement, par exemple dans la transition énergétique ?

Oui. Le bas niveau des taux a une forte composante structurelle, en raison de l’importance de l’épargne et d’une demande soutenue d’actifs sûrs. On peut en déduire qu’ils vont rester bas un certain temps. Que faire de cette fenêtre ? La réponse économique est claire : Il faut s’en servir pour des dépenses d’investissement, comme l’écologie et les réformes – pas des dépenses courantes. Malgré son niveau d’endettement, c’est également vrai pour la France, à condition de réduire les dépenses courantes.

Mais aucun gouvernement européen ne défend cette ligne…

C’est vrai. Mais nous avons un problème « intertemporel » massif auquel il faut bien réfléchir. Rien ne justifie de faire financer notre consommation par les générations futures. Mais nous allons leur laisser une dette financière et une dette climatique. Laquelle est la plus importante ? Celles et ceux qui ont aujourd’hui 15 ans préféreront sans doute l’amélioration du climat à la réduction de la dette. L’argument traditionnel sur le fardeau aux générations futures se renverse.

Les tractations s’intensifient sur la distribution des postes en Europe. Le choix pour la BCE est-il important ou secondaire ?

Il est important. Angela Merkel poussera-t-elle la candidature de Jens Weidmann (le dirigeant actuel de la Bundesbank, NDLR) ? Je me demande s’il considère toujours que le programme d’Opérations Monétaires sur Titres (OMT) de la BCE est contraire au Traité, comme  il est allé le plaider devant la cour constitutionnelle de Karlsruhe . Si oui, cela le disqualifie. Au-delà, ce n’est pas une question de nationalité mais de qualité personnelle. En cas de crise financière, il faut réagir, et bien réagir, en quelques heures. Ben Bernanke, le président de la Fed, a eu les bons réflexes en 2008 parce qu’il avait étudié les années trente. Il serait grave que le choix pour la BCE apparaisse principalement comme une question de nationalité ou que le poste serve de variable d’ajustement secondaire par rapport au choix du président de la Commission européenne.

Catherine Chatignoux et Dominique Seux
Publié le 17/06/2019 dans Les Echos

Mme Assia Bensalah Alaoui s’exprime à l’ouverture du Forum de Tunis

Tunis – Mme Assia Bensalah Alaoui, ambassadeur itinérant de SM le Roi, a souligné, mardi à Tunis, la convergence de vue entre le Président de la République française, Emmanuel Macron et Sa Majesté le Roi Mohammed VI sur l’importance du dialogue multilatéral initié dans le cadre du Sommet des deux Rives de la Méditerranée.

«Sa Majesté le Roi a une ambition immense pour la région méditerranéenne et pour les populations et particulièrement les jeunes pour leur redonner espoir et rechercher un meilleur-vivre ensemble dans le respect des diversités», a déclaré Mme Bensalah Alaoui à l’ouverture du Forum de Tunis, l’un des cinq Forums régionaux thématiques préparatoires au Sommet des deux Rives prévu le 24 juin courant à Marseille.

Elle a qualifié d’«inédit» ce projet, initié par le Président français, puisque, dit-elle, «c’est pour la première fois que des politiques acceptent de se dessaisir du contrôle d’un processus».

«C’est un projet qui donne les premiers rôles à la société civile non pas pour faire de la figuration, mais pour porter et incarner des projets qui sont concrets et qui seront mis en œuvre», a-t-elle soutenu.

Et d’ajouter qu’au fil des forums, «nous avons été extrêmement surpris par l’avalanche des projets que nous avons reçu et par la créativité de ces jeunes qu’on nous dit qu’ils sont blasés, qu’ils ne veulent pas faire de la politique, qu’ils ne s’intéressent à rien, mais nous avons eu la démonstration du contraire, un dynamisme, une énergie et un engagement sans précédent avec des centaines d’initiatives».

La méditerranée est portée par ces jeunes talents qui ont un espoir et qui ont confiance dans l’avenir et dans le «faire ensemble», a affirmé Mme Bensalah Alaoui qui a travaillé pendant plus d’un quart de siècle sur la Méditerranée, arguant que «faire ensemble est la garantie d’une meilleure intégration basée sur le concret, la communauté de vue et l’harmonisation des approches».

Notant que les projets présentés répondent aux aspirations des jeunes et ambitionnent, notamment, d’éliminer toutes les disparités entre femmes et hommes, l’ambassadeur itinérant de SM le Roi a estimé que la méditerranée a aujourd’hui besoin de changements de paradigmes et d’une économie innovante basée sur un nouveau modèle de développement inclusif.

Intervenant pour la même occasion, la présidente du Comité de pilotage du Sommet des deux Rives et chef de file pour la Tunisie, Mme Ouided Bouchamaoui, a déclaré que l’Assemblée des Cent planche sur l’examen de plusieurs projets innovants et concrets visant à transformer la méditerranée et à créer des opportunités pour les jeunes.

Elle a précisé que les projets identifiés couvrent pratiquement tous les secteurs et sont portés par la société civile. «Les projets validés lors de l’assemblée des Cent seront présentés aux ministres des affaires étrangères des Etats membres de ce dialogue multilatéral initié par le Président de la République française», dit-elle, expliquant qu’il s’agit de projets qui répondent aux objectifs de développement durable et qui tiennent compte de l’importance de la digitalisation, de la formation et de l’employabilité des jeunes.

L’Assemblée des Cent, un Comité de pilotage regroupant neuf pays de la Méditerranée occidentale de la rive Nord et de la rive Sud, s’est réuni aujourd’hui dans la capitale tunisienne pour une large consultation des représentants de la société civile des pays du bassin occidental de la Méditerranée, correspondant dans son expression politique à l’espace du Dialogue 5 +5.

Ce dialogue multilatéral initié par le Président de la République française, Emmanuel Macron, réunit le Portugal, l’Espagne, la France, l’Italie et Malte de la rive nord et le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie, la Libye et la Tunisie de la rive sud. Il inclut par ailleurs des partenaires européens et internationaux, à savoir l’Union Européenne, l’Allemagne, la Banque Mondiale, la Banque Européenne d’Investissement (BEI), la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) ainsi que l’Organisation de Coopération et de Développement Economique, l’Agence Française du Développement, La Fondation Anna Lindh et l’Union pour la Méditerranée.

Les forums qui ont eu lieu dans 5 pays des deux rives ont vu une large participation de la société civile méditerranéenne encourageant la mise en œuvre de projets concrets, faisables et repliables basés non seulement sur l’initiative économique, mais également et essentiellement sur le respect de l’humain et le développement durable. Ils ont traité de sujets divers et variés mettant l’accent sur l’innovation, le partage des bonnes pratiques, l’inclusion et la complémentarité. Il s’agit du Forum «Énergie» (Alger 8 avril 2019), Forum «Jeunesse, éducation, mobilité» (La Valette 24 et 25 avril 2019), Forum «Économie et compétitivité» (Rabat 29 avril 2019), Forum «Culture, médias, tourism» (Montpellier 2 et 3 mai 2019) et Forum «Environnement et développement durable» (Palerme 15 et 16 mai 2019).

À travers 5 tables rondes correspondant aux 5 thématiques déjà mentionnées, Le Forum de Tunis fera la synthèse de cette large consultation et présentera la Déclaration de Tunis qui marquera l’aboutissement de cet exercice sans précédent.

Superpower scrutiny at Shangri-La

The Interpreter – The Chinese are finding they are now subject to the Spiderman rule: with great power comes great responsibility.

For the past two years, the highlight of the annual IISS Shangri-La Dialogue in Singapore was the keynote speech by the sadly departed former US defence secretary Jim Mattis. This year the task of speaking on behalf of America to the leading forum of Asian defence ministers fell to Mattis’s successor, acting defence secretary Patrick Shanahan. The American was conciliatory towards China, a message that would have been welcome to a region that generally prefers not to have to choose between Washington and Beijing.

But Shanahan doesn’t have Mattis’s authority or backstory, and his delivery was poor too (although he made a good stab at pronouncing the name of the Australian frigate HMAS Toowoomba). Watching on with several Lowy Institute colleagues, I thought it was revealing that Shanahan intervened several times to limit the number of questions put to him by delegates through the IISS director-general John Chipman. It’s always better to show confidence by taking all the questions, as Mattis did – even hard questions put by blunt Australians.

The message matters, but so does the messenger. Mattis casts a long shadow and it will be a while before Shanahan escapes it.

SINGAPORE, SINGAPORE – MAY 31: (CHINA OUT, SOUTH KOREA OUT) U.S. Acting Secretary of Defense Patrick Shanahan attends the Shangri-La Dialogue on May 31, 2019 in Singapore. (Photo by The Asahi Shimbun via Getty Images)

Shanahan wasn’t the only one to miss a note. British Secretary of State for Defence (and possible Tory leadership candidate) Penny Mordaunt was underwhelming later in proceedings. For some reason, perhaps to compliment the Chinese, she characterised the United Kingdom as a “win-win” nation, like Singapore. In fact, the UK’s strategic circumstances and foreign relations are very different from Singapore’s, and the Brits know from centuries of diplomacy that relations between great powers rarely play out on a win-win basis.

In an effort to downplay British bellicosity, Mordaunt compared future British Freedom of Navigation Operations (FONOPS) in disputed Asian waters to a ship visit to Manhattan. The only effect of this comment will be to undercut the impact of future British ship movements on the minds of those in Zhongnanhai. These are the fruits of Brexit.

The best performer on the same panel – indeed the star of the Dialogue – was French defence minister Florence Parly. Parly slayed. She was plain-spoken, tough-minded and funny. It helped that she was accompanied to Singapore by an aircraft carrier strike group: the magnificent Charles de Gaulle, which was berthed at Changi Naval Base over the weekend. Parly had some fun with Mordaunt on this point. Thank goodness for France, I thought at the end of Parly’s speech. True, the French can be frustrating – but they are also magnificently obstinate, to use Parly’s own word. These days, the West sorely needs some obstinacy.

The star of the Dialogue, French defence minister Florence Parly (Photo: International Institute for Strategic Studies/Flickr)

asked Parly about Michael Kovrig – the Crisis Group analyst from Canada who was a delegate to last year’s Dialogue but who is now in detention in China. This has had terrible consequences for Kovrig and his family – but it has also affected China, dampening intellectual exchange and making it much harder for outsiders to visit China and meet with Chinese policymakers. My question was a tough one for defence ministers, and Parly chose not to respond, but I felt it was important to say Kovrig’s name aloud.

That same afternoon there was a packed session on strategic interests and competition in the South Pacific. Australia’s Department of Foreign Affairs and Trade Secretary Frances Adamson performed impressively on the panel. When asked to comment on the likelihood of the People’s Republic of China establishing a military base in the Pacific, she deftly invited Senior Colonel Zhou of the People’s Liberation Army to answer instead – no doubt the last thing the colonel was expecting or hoping for. Zhou’s careful response – along the lines of “there is no military base” – reminded me of former US president Bill Clinton’s expert use of the present tense back in the day.

Australia has a good story to tell about its contribution to the Pacific, but our weakness is our policy on climate change – an existential issue for some Pacific island nations. Adamson put the best case she could, defending the government’s position and talking up the practical results being achieved. But Pacific discontent with Australia’s climate stance was apparent throughout the whole session. New Zealand’s Defence Minister Ron Mark made a point of praising France’s approach to the issue, for example, while remaining silent on Australia’s approach. The Fijian military chief Admiral Viliame Naupoto said that there are three strategic competitors in the Pacific – the United States, China and climate change – and climate change is winning.

This week Scott Morrison went to the Solomon Islands bearing gifts and the PM won terrific press coverage as a result. But our climate policy limits Australia’s influence and prestige in the region. It is hard to step up when our climate policy keeps pulling us down.

The following morning, China’s defence minister Wei Fenghe had his star turn at the IISS lectern – the first time in eight years that that PRC had been represented at Shangri-La at defence minister level. Whereas Shanahan had dialled the volume down on US-Chinese rivalry, Wei dialled it up – to 11. He was forthright and uncompromising, making it clear that in China’s eyes accommodation is a one-way street.

Wei took questions from the delegates with confidence. But it was also notable that his questioners piled on, raising awkward topics that the Chinese prefer not to address in public, including Xinjiang and the militarisation of the South China Sea. Often this sort of treatment is reserved for Americans; not this year. The Chinese are finding they are now subject to the Spiderman rule: with great power comes great responsibility – and great scrutiny.

Kudos to IISS for providing the forum at which power in Asia can be scrutinised.

Michael Fullilove

5G : la confrontation sino-américaine

« Technologie clé », la 5G va permettre, à brève échéance, des débits de télécommunication mobile de plusieurs gigabits de données par seconde, c’est-à-dire cent fois plus rapides que les réseaux 4G. Sa maîtrise représente donc un enjeu majeur dans la mesure où l’Internet des objets en dépend directement. De la voiture autonome à la domotique en passant par la médecine, la 5G est appelée à renforcer l’intégration et l’interopérabilité des réseaux. De nombreux essais sont actuellement à l’œuvre : le déploiement de la 5G à grande échelle pourrait commencer à horizon 2020. Compte tenu de sa dimension systémique, la 5G n’est pas une technologie comme les autres. Si un réseau 5G venait à être compromis, les effets en cascade pourraient être dévastateurs.

La Chine occupe d’ores et déjà une position dominante. Ce sont deux fournisseurs chinois – Huawei et ZTE – qui se montrent les plus innovants sur le plan technologique et les plus agressifs sur le plan commercial. Pour les États-Unis, la 5G se situe désormais au cœur de la confrontation technologique qui les oppose à la Chine. De son issue dépend le contrôle du système international. Ils mettent en garde leurs alliés contre les équipementiers chinois. L’Australie a annoncé bannir Huawei et ZTE de son marché 5G, suivie par la Nouvelle-Zélande. À l’inverse, et à l’instar de l’Union européenne, la Grande-Bretagne a indiqué qu’elle ne fermerait pas son marché à Huawei après avoir fait expertiser les systèmes par ses services de renseignement. Cette expertise a donné lieu à un « désaccord technique » entre Washington et Londres qui s’est transformé en « désaccord politique », selon la formule d’un diplomate américain. Le Conseil national de sécurité britannique, la plus haute instance en la matière, s’est profondément divisé sur ce dossier, ce qui a notamment entraîné la démission du ministre de la Défense, Gavin Williamson, soupçonné d’avoir commis des indiscrétions au sujet de cette décision, début mai. En toile de fond, l’arrestation au Canada, en décembre dernier, de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille du fondateur, fait l’objet d’intenses tractations.

Cette situation invite à rappeler l’importance que les États-Unis ont toujours accordée aux Five Eyes, c’est-à-dire à leur alliance, en matière de renseignement, avec l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni. Bénéficiant d’un consensus bipartisan, l’administration Trump est décidée à contenir la montée en puissance de la Chine. Et décidée, si nécessaire, à le faire seule. Selon un diplomate américain, Huawei « n’est pas un fournisseur de confiance », ce qui pourrait conduire les États-Unis à « réévaluer leur capacité à partager des informations et à être interconnectés » avec les pays y ayant recours. Avec une vigueur sans précédent, l’administration Trump dénonce les vols de propriété intellectuelle et l’espionnage numérique à laquelle la Chine se livre. Si un accord avait été trouvé par l’administration Obama, le déploiement de la 5G fait aujourd’hui figure de casus belli pour Washington.

La diplomatie américaine défend désormais l’argumentaire suivant auprès de ses alliés tentés de céder aux propositions commerciales de Pékin. Premièrement, en raison de leur subordination aux services de renseignement chinois, Huawei et ZTE proposent des services nullement sécurisés. Aux risques d’espionnage s’ajoutent surtout ceux d’interruption partielle ou complète en cas de tensions ou d’affrontement. Deuxièmement, Huawai et ZTE ont organisé la transmission des données à travers des serveurs directement contrôlés par le Parti communiste chinois. Troisièmement, les entreprises chinoises se livrent à une concurrence déloyale, dans la mesure où elles bénéficient d’aides publiques massives. En outre, elles proposent des contrats de long terme destinés à construire des monopoles de fait capables d’imposer leur prix. Quatrièmement, à la différence de la 4G, la 5G, une fois déployée, menace la stabilité de l’ensemble du système en raison du pouvoir de réseau qu’elle impose.

La diplomatie américaine prend soin de préciser qu’il ne s’agit pas d’une guerre commerciale : mis à part les acteurs chinois, les autres solutions ne sont pas américaines mais coréenne (Samsung) ou européenne (Nokia, Ericsson). Il se pourrait bien que la 5G offre aux Européens une occasion unique d’agir sur le plan stratégique global, à condition de se coordonner et d’investir. Encore faut-il le vouloir.

La dimension humaine doit être placée au centre de la gouvernance mondiale

La dimension humaine doit être impérativement placée au centre de la gouvernance mondiale, a indiqué, dimanche à Rabat, l’ambassadeur itinérant de SM le Roi, Assia Bensalah Alaoui.

« La dimension humaine est souvent ignorée sinon bafouée face à la montée de la violence notamment chez les régimes autoritaires et les réseaux internationaux de criminalité », a insisté Mme. Bensalah Alaoui, qui intervenait lors d’un débat à l’occasion de la 11ème édition de la World Policy Conference (WPC).

« La violence est également devenue une violence verbale voire factuelle chez certains leaders », a-t-elle déploré, notant que cette violence engendre des divisions au sein de la nation, mais également entre les nations.

Qualifiant d’inadmissible toute forme de violence, notamment celle faite aux femmes, Mme Bensalah Alaoui s’est par ailleurs félicitée de l’attribution du prix Nobel de la paix à des femmes, la Yézidie Nadia Murad et la gynécologue congolaise Denis Mukwege, y voyant une manière de réparer les injustices subies par les femmes.

D’autre part, l’ambassadeur itinérant de SM le Roi a mis en avant le lien entre la migration, l’identité et la diaspora, soulignant la nécessité de capitaliser la richesse de la diversité des cultures, qui peut être bénéfique non seulement aux pays d’accueil, mais également à ceux d’origine, comme c’est le cas avec la diaspora marocaine.

Pour sa part, le directeur de l’Observatoire « Pharos », Pierre Morel, a jeté la lumière sur l’interaction directe entre la mondialisation et la réflexion identitaire.

→Lire aussi: Nomination de Assia Bensalah Alaoui au Conseil de l’ONG «Leaders pour la paix»

L’identité est un concept complexe qui évolue avec le temps en fonction de multiples contextes, a précisé l’ancien représentant spécial de l’Union européenne pour l’Asie centrale et la crise en Géorgie, appelant à ne pas radicaliser l’identité et la ramener à une seule dimension.

La religion est un élément mobilisateur de la réflexion identitaire mais ne la définit pas à elle seule, a-t-il ajouté, préconisant « le pluralisme cultuel et religieux face à l’approche réductrice de l’identité et aux réductions auxquelles sont sujets les minorités religieuses ».

Ont notamment participé à ce débat, qui a été consacré à diverses thématiques allant de la conjoncture internationale à la globalisation des firmes internationales, le senior fellow à l’OCP policy center et ancien ministre de l’Economie et des finances, Fathallah Oualalou, le vice directeur de l’Institut d’Etat des relations internationales de Moscou (MGIMO), Artem Malgin, le Doyen de l’École d’affaires publiques et internationales d’IE University, Manuel Muñiz, et le Président émérite de la Fondation McCall MacBain, ancien Secrétaire général de l’OCDE, Donald Johnston.

La 11ème édition de la World Policy Conference a réuni plus de 250 personnalités de haut niveau, de plus de 40 pays et de divers horizons, en vue d’échanger les réflexions, préoccupations et solutions autour des bouleversements incessants que connaît le monde.

Les travaux de cette onzième édition ont porté sur les enjeux du commerce international, l’éducation, le développement de l’Afrique, les questions énergétiques et le climat, l’état de l’économie mondiale et d’autres sujets.

Fondé en 2008 par Thierry de Montbrial, président de l’Institut français des relations internationales (Ifri), cet événement international a été classé 3ème meilleure conférence de think tank au monde en 2017, d’après le Global Go-To Think Tanks Index de l’Université de Pennsylvanie.

Ambassadeur itinérant de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Assia Bensalah Alaoui donne une déclaration à la MAP, dimanche (28/10/18) à Rabat, en marge de la clôture de 11ème édition de la World Policy Conference

Quelle influence en Afrique pour la France ?

REPLAY 28′. La Tribune publie chaque jour des extraits issus de l’émission « 28 minutes », diffusée sur Arte. Aujourd’hui, la France a-t-elle perdu son influence en Afrique ?
Lionel Zinsou et Marie-Roger Biloa répondent aux questions d’Antoine Glaser pour Arte

Emmanuel Macron a débuté lundi 11 mars une tournée en Afrique de l’Est où il souhaite mettre en avant la prestance des entreprises françaises afin de contrer l’influence croissante de la Chine, mais aussi de l’Allemagne, de l’Inde et de la Russie. Depuis plusieurs années, la France semble perdre son influence sur le continent africain, au point de se tourner vers des pays d’Afrique anglophone comme l’Éthiopie et le Kenya, où le président français se rendra après sa visite à son partenaire économique historique : Djibouti. Quelle stratégie la France doit-elle adopter pour rester en course ?

On en parle avec Antoine Glaser, journaliste, écrivain et spécialiste de l’Afrique, Lionel Zinsou, économiste et ancien Premier ministre du Bénin, et Marie-Roger Biloa, éditorialiste et directrice du groupe Africa International.

 

L’IMPUISSANCE STRATÉGIQUE DES OCCIDENTAUX AU MOYEN-ORIENT

Beyrouth, janvier 2019

Commencé au début de la présente décennie, le mouvement dit « des printemps arabes » a vu, au Moyen-Orient, l’affrontement entre deux idéologies, l’idéologie libérale occidentale et l’idéologie islamiste issue du mouvement des Frères musulmans. C’est une guerre dont aucune des deux idéologies n’est sortie vainqueur. C’est une guerre qui a pavé la voie au retour du fait national. Loin d’être oblitérées, les frontières sont plus marquées que jamais. Les citoyens ne croient plus à un monde arabe globalisé et modernisé par la libre expression sur les réseaux sociaux. Le rêve islamiste d’un califat réunissant tous les pays musulmans de la région est également évanoui. Le mouvement du retour à la nation continue au Moyen-Orient. Quand on regarde la région de l’intérieur, on constate que les nations ne cessent de s’y renforcer. Elles le font dans leurs rivalités comme dans les alliances qu’elles nouent entre elles ou à l’étranger.

Quand on contemple la région de l’extérieur, un phénomène est frappant en ce début d’année 2019. C’est l’impuissance stratégique de l’Occident au Moyen-Orient. Elle se voit partout, dans tous les pays.

En Syrie, l’Occident n’a pratiquement plus son mot à dire ; tout se passe au sein du club d’Astana, c’est-à-dire entre les Turcs, les Iraniens et les Russes. Les Syriens, appuyés par leurs alliés iraniens, voudraient reconquérir immédiatement la poche d’Idlib (nord-ouest de la Syrie), les Turcs eux ne veulent pas toucher au statu quo pour garder leurs alliés rebelles en place et les Russes sont favorables au contrôle par Damas de cette portion de territoire syrien, mais ils obtiennent actuellement des délais afin de privilégier une voie négociée avec les rebelles.

En Turquie, les Occidentaux n’ont pas réussi à convaincre le Président Erdogan de maintenir la trêve qu’il avait instituée avec les Kurdes en mai 2013. Les Kurdes syriens ont été les principaux supplétifs des Occidentaux dans leur guerre contre les djihadistes. Parce qu’ils sont liés aux Kurdes turcs révolutionnaires du PKK, les Kurdes syriens sont aussi devenus une cible stratégique du président turc. Ankara voit rouge dès qu’on évoque la possibilité d’un territoire autonome kurde, même en Syrie, où il existe de facto depuis 2011, sous le nom de Rojava (bande de terre courant au nord du territoire syrien, le long de la frontière turque). En mars 2018, les Occidentaux n’ont pas réussi à dissuader les Turcs de prendre aux Kurdes le contrôle du canton d’Afrin (nord-ouest du territoire syrien), et d’y installer leurs supplétifs arabes islamistes. Le 19 décembre 2018, le président Trump a annoncé qu’il allait retirer du Rojava les forces spéciales américaines (2000 soldats stationnés à Manbij, sur la rive droite de l’Euphrate). Abandonnés par les Occidentaux, les Kurdes syriens (qui sont laïcs) se tournent désormais vers le régime de Damas pour trouver une protection efficace face à l’armée turque.

Au Liban, pays créé par les Français en 1920, les Occidentaux n’ont désormais pas plus d’influence que l’Iran, dont le fils spirituel (le Hezbollah) détient un droit de veto sur toutes les décisions stratégiques du gouvernement.

Au Yémen, l’Occident s’est montré incapable d’empêcher la catastrophe humanitaire née de l’intervention, à partir de mars 2015, de ses alliés saoudiens et émiratis contre les rebelles nordistes houthis, qui tiennent toujours la capitale Sanaa.

Dans le Golfe, les Occidentaux n’ont vu qu’un réformateur dans le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed Ben Salman (MBS), aveugles quant à son aventurisme militaire et à son cynisme politique. De 2012 à 2016, le Royaume wahhabite a commis trois grosses bévues de politique étrangère. Il s’est immiscé en pure perte dans la guerre civile syrienne, y finançant et y armant les rebelles les plus djihadistes, sur lesquels il a perdu tout contrôle aujourd’hui. Il s’est également immiscé dans la guerre civile yéménite, alors qu’il n’était nullement menacé par les montagnards houthistes (de confession zaïdite, proche du chiisme) qu’il combat aujourd’hui. Enfin, en juin 2017, il a imposé au Qatar un embargo terrestre, aérien et maritime, sans parvenir à faire fléchir le moins du monde le petit émirat gazier. En l’espace d’un an et demi, les Occidentaux n’ont même pas réussi à obtenir une réconciliation au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG), institution de coopération entre monarchies sunnites, dont ils avaient facilité la création en 1981, afin d’endiguer l’expansion de la révolution islamique iranienne.

En Palestine, les Occidentaux ne sont pas parvenus à faire prévaloir leur solution des deux Etats, dont ils ne cessent de parler depuis 30 ans. On n’a jamais été aussi éloigné de cette solution des deux Etats et la colonisation israélienne en Cisjordanie est si avancée aujourd’hui qu’on ne voit pas très bien comment on pourrait encore y créer un Etat viable pour les Palestiniens.

En Libye, qu’on peut rattacher au Moyen-Orient tant les intérêts égyptiens, émiratis, turcs et qataris y sont importants, l’Occident a créé un chaos qu’il n’est pas capable de gérer. Les efforts de conciliation de la France, entamés par le Président Macron à La Celle Saint-Cloud le 25 juillet 2017, n’ont toujours rien donné de concret sur le terrain.

En Afghanistan (on peut mettre l’Afghanistan dans le Moyen-Orient puisque l’ONU le fait), après 17 ans de présence, les Occidentaux sont impuissants à faire prévaloir leurs vues. Les Talibans, soutenus en sous-main par les services militaires de renseignement pakistanais, font plus que jamais la loi dans les campagnes.

En Iran, malgré toutes les sanctions unilatérales supplémentaires décrétées par Trump en mai 2018, les Américains ne vont pas réussir à faire changer le régime. Les Britanniques et les Français, alliés de l’Amérique, mais favorables au maintien de l’accord nucléaire du 14 juillet 2015 avec l’Iran et à la suspension des sanctions commerciales, sont dans une position d’impuissance stratégique caractérisée, car leurs banques suivent le diktat américain, par peur de représailles du Treasury de Washington. Pour survivre, l’Iran va se tourner massivement vers la Russie et vers la Chine.

Lorsque les Occidentaux expriment des vœux sur le devenir du Moyen-Orient, plus personne ne les écoute, que ce soit à l’intérieur de cette région ou à l’extérieur. Comment en est-on arrivé à une telle impuissance stratégique ? L’Occident a commis trois fautes principales.

La première est le néo-conservatisme, ce mouvement qui croit que l’on peut imposer la démocratie à des peuples étrangers par la force des armes. Quel terrible gâchis que celui de l’invasion de l’Irak en 2003, certes courageusement dénoncée par la France ! Le retrait prématuré des Américains en 2010 a été une erreur stratégique aussi profonde, parce qu’ils n’auraient dû se retirer qu’une fois l’Irak stabilisé.

La seconde faute des Occidentaux est la soumission de leurs politiques étrangères à leurs impératifs électoraux intérieurs. Des considérations de politique intérieure ne sont pas étrangères à la décision de Nicolas Sarkozy, un an avant la présidentielle, d’intervenir militairement en Libye, et à la politique de Trump avec l’Iran, pays détesté depuis quarante ans par sa base électorale. Les exemples désastreux de l’Irak et de la Libye ont convaincu les peuples orientaux que l’Occident était en définitive assez indifférent à leur bien-être, lorsqu’il intervenait militairement chez eux.

La troisième faute est l’indécision des Occidentaux. Combien de fois les Occidentaux se sont-ils montrés incapables de prendre une décision ! La proposition Tchourkine de février 2012 en donne un bon exemple. En février 2012, l’ambassadeur de Russie aux Nations Unies Vitali Tchourkine fait une proposition aux Occidentaux, c’est-à-dire aux membres du P3 (les Américains, les Français et les Anglais) parce qu’il a bien compris que le régime de Damas vacillait et qu’il fallait peut-être trouver une solution, c’est-à-dire faire partir, avec les honneurs, le Président Bachar al-Assad, afin de constituer un gouvernemment de transition. Les trois Occidentaux ensemble lui ont répondu : « Non, ce n’est pas la peine de négocier car, de toute façon, Bachar sera chassé par son peuple d’ici quelques semaines ! » Au Moyen-Orient, le wishful thinking a souvent tenu lieu de politique chez les Occidentaux.

La conséquence de ces fautes est l’effacement des Occidentaux, qui furent aussitôt remplacés par la grande puissance opportuniste de la région qu’est la Russie. La Russie a deux bases souveraines en Syrie, mais au-delà, elle a réussi le prodige de faire venir à Moscou en 2017 le Roi d’Arabie saoudite qui l’avait combattue en Syrie. Le réchauffement russo-saoudien est tel que Vladimir Poutine a apporté son soutien à MBS après l’affaire Khashoggi (opposant saoudien sauvagement assassiné le 2 octobre 2018 au Consulat saoudien d’Istanbul). « Il n’y a pas d’affaire, laissons la justice saoudienne traiter cet incident ! », a dit le maître du Kremlin. La Russie a réussi à améliorer ses relations avec un autre grand allié des Américains : Israël. On a vu Netanyahou arborer le ruban de St Georges sur la Place Rouge à côté de Poutine. La Russie est aussi en force en Egypte, où elle va construire une centrale nucléaire. Et le Général Haftar en Libye est devenu une carte russe autant qu’elle était autrefois une carte américaine.

Cet effacement de l’Occident au Moyen-Orient n’est pas une bonne nouvelle pour la région. Car les Occidentaux y ont aussi, par le passé, apporté de très bonnes idées. Pour libérer le Koweït, envahi par l’Irak le 2 août 1990, les Américains avaient constitué une large coalition militaire, comprenant de nombreux pays arabes. En octobre 1991, ils convoquaient à Madrid une vaste Conférence de paix où les Palestiniens furent invités. Moins de deux ans plus tard, le Palestinien Arafat et l’Israélien Rabin se serraient la main sur la pelouse de la Maison Blanche. Seul l’assassinat, en novembre 1995, du premier ministre israélien (par un extrémiste religieux juif) allait réussir à enrayer un processus de paix qui avait été enclenché grâce à l’impact de la Conférence de Madrid.

L’Amérique, qui n’a plus besoin du pétrole moyen-oriental, a décidé de diminuer son implication militaire et politique dans la région, où sa stratégie se limite à asphyxier les Iraniens, pour les faire changer de régime. La Grande-Bretagne et la France sont trop faibles militairement pour prétendre y rejouer un rôle important. L’impuissance stratégique de l’Occident au Moyen-Orient est donc un phénomène qui a toutes les chances de se poursuivre…

Renaud Girard

Amid Brexit Chaos, E.U. Sees a ‘Catastrophic Success’

BRUSSELS — Some of the smugness here is gone.

The European Union took a tough line in negotiating its divorce with Britain, wishing to preserve its unity and discourage other countries from wanting to leave the bloc. But now officials worry that what they have achieved may be “a catastrophic success.”

British politics is in meltdown after Parliament’s crushing defeat of Prime Minister Theresa May’s carefully negotiated plan for Brexit, as the process of withdrawal is known. And no other compelling alternative plan for an orderly exit is in sight, with just 10 weeks to go until Britain is set to exit the bloc.

European Union officials are now worried that Britain could leave without any agreement — a so-called “hard exit” that analysts warn could trigger a recession in Britain, causing huge backlogs, delays and shortages of goods, and badly hit the European economy, too, since more than 40 percent of Britain’s trade is with the bloc.

Yet they see no point in making any concessions now, since Mrs. May has lost control of the process.

“Catastrophic success is accurate, in that the general meltdown of the British political system highlights to everyone what a bad idea it is to leave the European Union,” said Nathalie Tocci, director of Italy’s Institute of International Relations. “That is success, but catastrophic because at this point there’s no obvious way out of this.”

Some in Britain are urging a delay in its scheduled March 29 departure, to allow time for a new consensus, a leadership change or even a second referendum. But even a delay, which the bloc would probably grant if a deal seemed imminent, has its own complications.

Postponing Britain’s departure, while avoiding chaos, “could still have bad and even catastrophic consequences for the E.U., given the delays involved and the imminence of the European elections,” Ms. Tocci said.

Those elections for a new European Parliament, set to begin May 23, are considered a crucial test of populist and euroskeptic sentiment on the Continent.

An extended Brexit debate and the subsequent uncertainty “would be spun in different national contexts, creating risks and unpredictability that most incumbent governments don’t want to raise,” Ms. Tocci said.

But European leaders seem united in rejecting any renegotiation of the withdrawal agreement, or divorce deal, which they believe already goes a long way toward meeting British demands.

For now, the Europeans will wait to see what emerges from Britain’s lawmakers. At the same time, they are preparing for a “no-deal” exit and consider March 29 to be a pressure-cooker deadline for Britain.

“Nobody wishes to end up with a complete breakdown, which would be bad for both sides, even if worse for the U.K.,” said Mark Leonard, director of the European Council on Foreign Relations. “But the other E.U. states are reasonably confident Britain won’t do that, since there is no parliamentary majority for a no-deal.”

Once a divorce deal is finally done, Britain’s future relationship with the bloc can be negotiated in many ways, European officials consistently say. But most of the likely options would require retaining the primary sticking point in Britain: the guarantee that no hard border will be created on the island of Ireland.

President Emmanuel Macron of France has been particularly tough on the issue, partly because France sees a larger role for itself once Britain leaves.

But now that he is so unpopular at home and challenged by the anti-Europe “yellow vest” protesters, “the more macabre and gruesome the British situation is, the better given his domestic situation,” Mr. Leonard said.

France will not accept any dilution of the single market, said Christian Lequesne, a professor of political science at Sciences Po in Paris. In regard to the European Parliament, France also wants to avoid “an ongoing negotiation with a new Parliament without Britons, while the British are not officially out of the E.U.,” he said, adding, “That’s just too complicated.”

Even Chancellor Angela Merkel of Germany, who has been eager to keep close ties with Britain, has said that “it is clear that there cannot be any renegotiations” of the current deal, although she is open in principle to extending the deadline for departure.

From the perspective of the European Union, the whole exercise has been something of a nightmare, said Fabian Zuleeg, chief executive of the European Policy Center, an independent think tank in Brussels.

“The E.U. would say it made a number of concessions to the U.K. but preserved its principles, making the best deal possible given British red lines,” he said.

The bloc deals only with governments, not with parliaments or the public, and the European Union was eager to help Mrs. May get her deal through.

“But if it now looks like that is not in her power, no matter what the E.U. puts on the table, the inclination is not to put anything more out there,” Mr. Zuleeg said. “And some still feel that the closer the U.K. gets to a no-deal, the more likely it is that they will compromise.”

There is little regret among European officials about their role in the talks. As Mr. Leonard said, the European Union’s primary goal from the start has been to preserve the single market, get money from Britain, preserve the rights of European Union citizens, make sure that Ireland was protected and make leaving look unattractive to other countries.

The member states held together, Mr. Leonard said, adding, “Brussels never sold out Ireland, as much as the U.K. may have wished it to.”

Governance lags behind youth expectations and needs

The 2018 Ibrahim Index of African Governance (IIAG) measures performance of the provision of political, social, and economic public goods and services that every citizen has the right to expect from their state, and that a state has the responsibility to deliver to its citizens. In the IIAG, country performance in delivering governance is measured across key dimensions that effectively assess a country’s Overall Governance performance (see Figure 1.1).

Over the past decade, public governance in Africa remains on average on a moderate upward trajectory, mainly driven by progress in Gender, Health, and Infrastructure. The 2018 IIAG shows that approximately three out of four African citizens live in a country where public governance has improved over the past 10 years. Many positive trends emerge from this year’s index. Thirty-four out of 54 African countries have improved in Overall Governance over the past decade, with 15 of these having accelerated their pace of improvement in the past five years. Among those, Côte d’Ivoire, Morocco, and Kenya display the most impressive progression, stepping up from 41st, 25th, and 19th ranks out of 54 countries to 22nd, 15th, and 11th over the past decade, respectively. On the continent, improvements stand out in indicators related to Health, the most improved of the 14 sub categories of the IIAG over the past decade, as well as in Gender and Infrastructure. There are also recent and welcome improvements in Rule of Law and Transparency & Accountability, even if scores in the latter are still low.

But despite these improvements, needs and expectations of the continent’s youth are not met. Faced with unprecedented demographic growth, key governance areas are not progressing fast enough to keep up with rising demands, and more specifically to answer the growing expectations of Africa’s youth (under 25 years old), who now represent more than 60 percent of our continent’s population and are still expected to increase their number by almost 20 percent in the next decade.

Considering Africa’s youth population growth, it is concerning to see the recent downturn of the African average score for Education. For 27 countries—half of African countries—Education scores registered deterioration in the past five years, meaning that education outcomes are worsening for more than half (52.8 percent) of Africa’s youth.

Though enrollment levels are higher, this concerning drop is driven by a fall in the indicators measuring whether education is meeting the needs of the economy, as well as education quality and citizens’ expectations of education provision.

In a world of globalized information and multiplying social networks, Africa’s growing number of young citizens also ask for better rights and participation.

Progress in Participation & Human Rights has been registered, and almost four out of five of Africa’s citizens (79.6 percent) live in countries that have progressed in this dimension over the past decade.

However, the increased number of free and fair executive elections does not necessarily translate into a better participatory environment. Alarmingly, citizens’ political and civic space in Africa is shrinking, with worsening trends in indicators measuring civil society participation, civil rights and liberties, freedom of expression, and freedom of association and assembly.

Also, strong macroeconomic growth over the past decade has failed to translate into progress in Sustainable Economic Opportunity for citizens, namely the extent to which governments enable their citizens to pursue economic goals and provide the opportunity to prosper. While Africa’s combined GDP has increased by almost 40 percent over the past decade, average progress has been almost null for citizens in Sustainable Economic Opportunity. Even if some countries do manage to register progress, almost half (43.2 percent) of Africa’s citizens live in one of the 25 countries where Sustainable Economic Opportunity has declined over the past 10 years.

The almost stagnant trend then strikes a concerning contrast with demographic growth and youth expectations. Africa’s population has increased by 26 percent over the past 10 years and 60 percent of the continent’s 1.25 billion people are now under the age of 25 years old. A deteriorating business environment and high unemployment, among others, are a huge missed opportunity that could become a recipe for disaster even for the largest African economies. Large unemployed populations are bound to fuel further migration flows or political unrest and shake the stability of countries for years to come.

The IIAG results confirm that governance must be citizen-centered. Common factors among the best-performing countries in Overall Governance are relatively higher scores in the provision of property rights, civil rights and liberties, government accountability, and social welfare policies to their citizens.

The index also confirms that Rule of Law and Transparency & Accountability are key pillars of good governance. These two sub-categories show the strongest relationships with Overall Governance scores. Transparency & Accountability is also key for progress in economic opportunity, being strongly correlated to the Sustainable Economic Opportunity category and the Business Environment sub-category. However, even if recent improvements here are encouraging, Transparency & Accountability performance is still low and needs to be further strengthened.

Africa is at a tipping point. We welcome progress in Overall Governance, but the lost opportunity of the past decade is deeply concerning. Africa has a huge challenge ahead: Its large and youthful potential workforce could transform the continent for the better, but this opportunity is now close to being squandered. Young citizens of Africa currently lack hope, prospects, and opportunities. Their leaders need to invest in education and speed up job creation to sustain progress and stave off potential deterioration, as well as to make sure the voice and expectations of the youth are included in policymaking. The time to act is now.

Younes Maamar

Co-fondateur du Quattro Group et associé de eONE Global Investments LLP (société de conseil et d’investissement dans le domaine de l’énergie en Afrique). Il a débuté sa carrière en 1995 au sein du Groupe de la Banque mondiale à Washington DC, où il a occupé le poste d’agent d’investissement au sein du département pétrolier et gazier de la SFI. Il a rejoint l’AES Corporation en 2001, le plus grand producteur indépendant mondial, travaillant sur le développement des affaires et la restructuration dans la région EMEA. En 2006, il a été nommé Directeur Général de l’Office National de l’Electricité. En 2009, il a démissionné et a lancé une équipe de conseil et d’investissement basée au Royaume-Uni et au Maroc. Il est ingénieur électricien de formation, diplômé de l’Ecole Centrale de Nantes et titulaire d’une thèse en économie du Commissariat à l’Energie Atomique.

Marie Françoise Marie-Nelly

Directrice du Département Maghreb et Malte, Moyen-Orient et Afrique du Nord. Elle a rejoint la Banque mondiale en 1994 et exercé plusieurs fonctions dans les domaines de la restructuration des entreprises publiques, de l’aide au développement du secteur privé, de l’intégration régionale et de la gestion du secteur pétrolier. Avant d’occuper son poste actuel, elle a été directrice pendant quatre ans du bureau de la Banque mondiale au Nigeria et a occupé un certain nombre d’autres postes. Elle est diplômée de l’École supérieure de commerce de Nantes et de l’université de Bowling Green dans l’Ohio (Etats-Unis). Elle a également suivi différents programmes de management à l’Université d’Harvard, travaillé pour de nombreuses entreprises internationales et a été conseillère pour plusieurs gouvernements avant d’intégrer la Banque mondiale.

Larbi Belarbi

Larbi Belabi est nommé par S.M le Roi Président Directeur Général de la SOMACA en 2001. En 2008, il a été nommé Conseiller du Président de la région EUROMED Afrique du groupe. Il a participé en tant que membre du comité stratégique et réalisation  du projet de Renault Tanger. Il a assuré la présidence de L’Association Marocaine de l’Industrie et le Commerce de l’Automobile (AMICA) durant 8 ans .Il est aujourd’hui président  du Comité Académique de l’Université Al Akhawayn Ifrane, membre du conseil d’administration de l’École centrale Paris à Casablanca et Vice Président de l’Association marocaine d’intelligence économique. Il est membre de la commission des  affaires économiques et projets stratégiques du CESE .Il est membre de deux groupes de réflexion stratégique Nord américain et Européen.

Driss Ouaouicha

Président de l’Université Al Akhawayn. Il a également été vice-président des affaires académiques et doyen de la faculté des sciences humaines et sociales. Il est Secrétaire général de la Moroccan-British Society et a été Secrétaire de l’EuroMed Permanent University Forum. Il est titulaire d’un Ph.D en linguistique et éducation de l’Université du Texas à Austin, d’un master en linguistique appliquée et enseignement des langues de l’Université du pays de Galles, et d’une  licence en langue et littérature anglaises de l’Université Mohammed V.

Anouar Benazzouz

Directeur Général de la Société Nationale des Autoroutes du Maroc. Il a commencé sa carrière en tant qu’ingénieur chef de projet et a occupé plusieurs postes chez UNILEVER, à Casablanca, Londres et Singapour, avant d’être nommé directeur financier d’Unilever en Egypte. Il a également été directeur général de Savola Morocco. En 2012, il est revenu au Maroc pour occuper le poste de chef de cabinet du ministre de l’équipement, du transport et de la logistique avant d’être nommé directeur général de la Société Nationale des Autoroutes du Maroc en janvier 2014. Ingénieur de l’Ecole Centrale Paris. M. Benazzouz est également diplômé de l’Imperial College Business School de Londres où il a préparé un MBA, en Finance et Stratégie.

Othman El Ferdaous

Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, chargé de l’investissement, Royaume du Maroc. Il a entamé sa carrière en tant qu’auditeur conseil à PricewaterhouseCoopers – Paris, entre 2003 et 2006, avant d’occuper le poste de Directeur chargé de mission à Mena Media Consulting- Rabat entre 2008 et 2016. Il est depuis juillet 2016 gérant d’Europa Conseil-Casablanca. Depuis janvier 2017, il est président de clubgibraltar.org, think tank visant à promouvoir l’ancrage du Maghreb dans le projet européen. Il a occupé également le poste de Secrétaire général de Sciences Po Alumni Maroc entre 2012 et 2016. Il est titulaire d’un Master en journalisme de l’Institut des Etudes Politiques de Paris et d’un Master exécutif de l’Ecole Nationale d’Administration, cycle des hautes études européennes, et d’un diplôme de l’Ecole de management ESC Nantes-Atlantique (Audencia).

Brahim Bouabid

Membre de la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel. Avocat de profession, il a exercé successivement les fonctions de conseiller du Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre chargé de la Poste et des Technologies de l’information et conseiller du ministre de la Justice, chargé de la coopération internationale. À ce titre, il a participé à plusieurs négociations internationales avec les Etats-Unis et l’Union européenne. Il est l’auteur d’études et articles spécialisés, publiés dans diverses revues juridiques.

Fatima Harrak

Historienne et politologue. Professeur-chercheur à l’Institut d’études africaines de l’Université Mohamed V, dont elle a été la directrice de 2003 à 2008. Elle est membre actif du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), dont elle a été vice-présidente et présidente de 2009 à 2015. Elle a été chercheur invité dans de nombreuses universités africaines, européennes et américaines et a publié plusieurs ouvrages et études sur des thèmes tels que la réforme de l’islam en Afrique du Nord et de l’Ouest, les femmes et la transmission du savoir islamique en Afrique, l’esclavage transsaharien et l’Afrique dans le monde. Elle est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Paris et de la London School of Oriental and African Studies (SOAS).