Débat hallucinant

24.11.15

Par SAMIR CHAOUKI

Les travaux de la World Policy Conference à Montreux (Suisse) ont, une nouvelle fois, été à la hauteur des attentes, mais de tous les panels qui étaient à la fois riches en débats d’idées et même en propositions, celui sur l’immigration a bien retenu l’attention. Normal, puisque les récents événements ont tendance à pousser vers un amalgame facile entre immigration et terrorisme. Cependant, ce qui a retenu mon attention, c’est l’audace inégalable avec laquelle le cousin de Bachar Al-Assad était venu défendre un régime sanguinaire. Ribal Al-Assad, présenté comme le directeur de l’Organisation démocratie et libertés, a fait des raccourcis hallucinants. Il n’a ni plus ni moins appelé à des sanctions à l’égard de l’Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie ! Il défend une thèse qui plaide pour une implication de ces trois États dans l’émergence du phénomène Daech, et saisit l’occasion pour revendiquer l’éradication des groupes armés en Syrie, les qualifiant de terroristes. En d’autres termes, Al-Assad junior est venu dire au monde : «Ratissez tout ce qui bouge en Syrie et épargnez Al-Assad, c’est le sauveur !». Je voulais l’interpeller sur trois points, mais le modérateur a précipité la fin des débats, faute de temps. J’avais envie de lui dire, lui qui dirige une organisation au nom de la démocratie et des libertés que, premièrement, si démocratie il y avait en Syrie, ce pays n’en serait pas arrivé là. Deuxièmement, si Al-Assad avait choisi de se retirer, il aurait épargné son pays, son peuple et plusieurs siècles de civilisation. Troisièmement, avec 200.000 morts, des millions de réfugiés et un pays en ruine, le régime syrien continue à se comporter comme si de rien n’était. Hallucinant !