Dominique Strauss-Kahn loue Macron et étrille le PS depuis Marrakech

5.11.2017
by Europe 1 – Le JDD

En marge de la World Policy Conférence, l’ex-directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, très rare depuis 2012, a distillé quelques commentaires. Parfois acerbes.

Ses sorties publiques sont plutôt rares. Ses expressions, encore davantage. C’est pourquoi, en estimant que « le Parti socialiste n’a pas d’avenir » et qu' »il est temps qu’il disparaisse », Dominique Strauss-Kahn ne pouvait que faire sensation… La rumeur avait couru vendredi, dans les allées de la World Policy Conference, qui se tient dans un palace surveillé de Marrakech : « DSK sera là demain! » Certes, personne n’ignorait que l’ancien directeur général du FMI possède un riad en ville. Mais personne n’imaginait qu’il passerait serrer des mains dans ce club huppé de dirigeants politiques et de chefs d’entreprise de toute la planète.

Il confirme qu’il ne veut plus s’exprimer dans les médias
Non seulement il est venu samedi matin, mais il a parlé. Deux fois trois minutes cinglantes, en anglais puis en français, enregistrées dans le studio de télévision aménagé à l’entrée de la conférence. Deux vidéos mises en ligne sur le site de la WPC et sur celui du JDD. En réponse à nos questions à la sortie du studio, DSK nous a pourtant expliqué, sourire aux lèvres, qu’il ne voulait plus s’exprimer dans les médias.
« A quoi cela me servirait-il? », demande celui qui s’est éloigné de la vie politique pour effectuer des missions de conseil auprès de nombreux pays. « Je ne peux pas publier gratuitement des analyses que je fais payer à d’autres… » Face aux caméras et à un journaliste britannique, Strauss-Kahn n’a en revanche esquivé aucune des trois questions qui lui ont été posées. Ainsi sur Donald Trump : « I don’t want to be rude [« je ne veux pas être impoli »] », ironise-t-il. Puis, dans la version française, il confie son inquiétude : « Les Etats-Unis ont élu un homme qui n’est pas adapté à cette tâche. Il peut y avoir des gens qui viennent de la société civile pour gouverner un pays, mais il faut respecter les règles, les codes de la vie politique, ce que Trump ne fait pas. Je pense que ça peut finir de façon assez dangereuse. »

Selon lui, Macron fait mieux qu’attendu
Quant aux premiers pas ¬d’Emmanuel Macron, il se montre fort positif. Plus qu’à l’occasion de l’hommage funéraire à la sénatrice Nicole Bricq, le 5 octobre, au cours duquel il avait semblé critiquer le Président. Cette fois, c’est le contraire. En anglais : « Macron is doing well, surprisingly well [« Macron fait mieux qu’attendu »], lâche-t-il. C’est un phénomène spécial dans la vie politique française. Un phénomène aussi important que celui de Trump aux Etats-Unis, même si les deux sont évidemment totalement différents. » En français, DSK détaille : « Macron n’est ni gauche ni droite, je voudrais qu’il soit et gauche et droite. » Avant d’ajouter : « C’est la période des grandes transformations. Si Macron saisit bien sa chance, il peut faire en cinq ans beaucoup de changements en France qui n’ont pas existé pendant les trente dernières années. »

Mais c’est son sentiment sur ses ex-camarades du PS qui s’est révélé le plus fracassant. « Le Parti socialiste n’a pas d’avenir, et c’est une bonne chose. Le temps est venu de renouveler le centre gauche français. L’élection d’Emmanuel Macron a créé une sorte de tremblement de terre dans la politique française. Et ce parti qui est le mien, je le dis avec un peu de tristesse mais c’est comme ça, n’a pas su accompagner la mondialisation, se transformer quand le monde se transformait. Il est temps qu’il disparaisse et qu’une autre force apparaisse, peut-être avec une partie des ses membres. » Ceux qui restent n’ont que modérément apprécié. Candidat potentiel à la direction du parti, le député de la Seine-et-Marne ¬Olivier Faure a lâché sur Twitter : « Triste de voir DSK se tromper de rancœur. Le PS n’est pour rien dans son abandon de la vie politique… »