Dr Sékou Koureissy : «la prévention des conflits doit être une matière fondamentale»

10.11.2017
by Mady Bangoura

Du 3 au 5 novembre dernier, s’est tenue à Marrakech la 10e édition du Forum mondial sur la gouvernance intitulé ‘‘World policy conference’’. Une rencontre à laquelle le directeur exécutif d’African Crisis Group a pris part, avec d’autres leaders, au nom de la société civile africaine. Ce, pour concevoir sur un mécanisme qui permet à la société civile africaine, regroupée en synergie, de s’impliquer dans la résolution des conflits, la gestion des crises, la lutte contre le terrorisme et toutes autres formes de violences.

De retour au pays, Dr Sékou Koureissy Condé s’est évertué à faire la restitution des travaux de ce Forum mondial auquel African crisis group a été associé pour représenter la société civile africaine. L’ancien ministre de la Sécurité et ancien médiateur de la République a organisé une conférence à cet effet, à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia.

« Nous avons dressé le constat selon lequel les organisations de la société civile en Afrique sont rarement impliquées ou peu impliquées dans la gestion des crises en Afrique. Ce qui veut dire que les populations sont exclues des mécanismes de résolution des conflits. Donc, nous avons lancé un appel au regroupement et au rassemblement des organisations de la société civile, des populations d’une manière générale, pour que des mécanismes informels, des mécanismes de proximité, des mécanismes pratiques et sociaux, que l’énergie sociale qui est la principale force de la tradition africaine soit déployée dans la prévention pour éviter les crises », a indiqué M. Condé.

Poursuivant, il a informé l’assistance de la tenue très prochaine d’une rencontre de la société civile africaine dénommée ‘‘Rencontre africaine des organisations de la société civile’’ et qui aura certainement lieu en 2018.

« Nous avons souhaité que cette grande rencontre ait lieu en Guinée au moment où le président de la République de Guinée est président en exercice de l’Union africaine. Qu’à cela ne tienne ! Le fondement est parti. Le concept est lancé en ce moment. Nous voulons que les organisations de la société civile en Afrique puissent dépasser les frontières, dépasser les clivages entre projets et créer les mécanismes transfrontaliers, transnationaux contre la violence, contre le terrorisme et pour la sécurité humaine », a indiqué Dr Koureissy Condé.

La société civile africaine et guinéenne face aux enjeux de la gouvernance, de la prévention des conflits et de la sécurité humaine. C’est le thème que le président de la Convention des acteurs non étatiques de Guinée (Caneg) a développé au cours de sa conférence.
Répondant à la question relative au rôle de la société civile guinéenne particulièrement, le conférencier a rappelé que le rôle premier d’une société civile est d’abord d’exister en tant qu’outil de gestion de crise.

« Et pour ce faire, il faut être conscient de la nature des conflits et du rôle que nous devons jouer. Chaque africain est membre de la société civile africaine. Il ne faut pas attendre que ce soit le gouvernement, et que le gouvernement attende que ce soit la communauté internationale, que cette communauté internationale attende que ce soient les Etats-Unis pour résoudre nos problèmes. D’ici là, il y aura eu des centaines et des centaines de morts. On peut les éviter à proximité, village par village, case par case, dans les familles, dans les entreprises, dans les écoles, il faut enseigner la paix, la citoyenneté, la tolérance, le pardon et la convivialité quotidiennement ».

Pour Dr Sékou Koureissy Condé, la prévention des conflits doit être une matière fondamentale à enseigner. En ce sens que celle-ci génère la paix, le bonheur et le développement.
« Le pardon a des conséquences économiques favorables. Il est porteur de cohésion sociale. Il ne faut attendre des gouvernants notre bonheur. C’est nous qui devons amener les gouvernants à faire notre bonheur. On le fait dans l’entente, pacifiquement et légalement. La justice sera indépendante. Et le développement économique sera possible, parce qu’une culture de travail va s’installer dans notre pays. Mais cela ne se fera pas sans l’appui et l’engagement des gouvernants », a-t-il conclu.