Entretien avec Jean-Pierre Cabestan sur la situation à Hong Kong

ENTRETIEN. Hong Kong : le régime chinois cadenasse le procès de quarante-sept démocrates

Le plus grand procès intenté contre des opposants politiques par les autorités chinoises à Hong Kong s’est ouvert lundi 6 février et va durer quatre mois. Quarante-sept militants démocrates accusés d’avoir voulu renverser l’exécutif vont comparaître. Entretien avec Jean-Pierre Cabestan, chercheur à Asia Centre à Paris, en résidence à Hong Kong.

Le sort de l’opposition politique semble scellé à Hong Kong, avec l’ouverture du plus grand procès dirigé contre des militants pro-démocratie, lundi 6 février. À la barre, le gouvernement pro-Pékin du territoire ne sera sans doute pas tendre avec ceux qu’il accuse d’avoir essayé de renverser le pouvoir.

Ils sont quarante-sept dans le box du tribunal : des journalistes, des universitaires, des anciens leaders de partis démocrates… Ils ont tous été arrêtés en 2021 au motif d’avoir organisé des élections législatives officieuses, un an auparavant. Piloté par le Parti communiste chinois, le gouvernement hongkongais venait de promulguer la loi sur la sécurité nationale, qui a interdit les scrutins aux formations démocrates locales. Vingt-cinq ans après la rétrocession du territoire à Pékin par les Britanniques (1997), la diversité politique a été balayée par le régime de Xi Jinping.

Entretien avec Jean-Pierre Cabestan, sinologue et chercheur à Asia Centre à Paris, en résidence à Hong Kong depuis vingt ans.

Dans quelle atmosphère s’ouvre ce procès majeur ?

Ce procès politique suscite pas mal de réactions et il est très suivi par les diplomates qui sont en poste ici. Il n’y a pas beaucoup d’espoir, car les procureurs sont très remontés contre les accusés. Ils leur reprochent d’avoir tenté de provoquer un coup d’État alors que l’opposition essayait de rendre son pouvoir le plus visible possible dans les limites légales qui lui sont accordées.

Il y avait des militants socio-démocrates devant le tribunal. L’un d’entre eux a été repoussé par la police parce qu’il tenait une pancarte. Un autre, qui a enlevé son masque, a pris une amende. Aucune manifestation n’a été autorisée, de toute façon, depuis le début de la crise du Covid, en 2020. Apparemment, il y a aussi des personnes qui ont acheté des tickets officiels pour remplir la salle d’audience. Le gouvernement veut empêcher les opposants d’accéder à la salle. Cela a entraîné des réactions négatives de la part des membres de la Ligue des socio-démocrates (LSD), qui ont eu des problèmes avec la police à l’entrée du tribunal.

Qui va juger les quarante-sept accusés ?

Comme c’est une affaire de sécurité nationale, les juges ont été choisis par le chef de l’exécutif. C’est là que se trouve la grande entorse à l’État de droit : il n’y a pas de jury ! Les juges sont des gens qui sont prêts à travailler pour Pékin, on peut le dire franchement. C’est un tribunal politique qui pratique une justice d’exception.

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Retrouvez l’intégralité de l’entretien sur le site de Ouest France.