06.11.2023
Par Virginie Robert
Après le massacre du 7 octobre en Israël par le Hamas et les représailles sur Gaza, les pays arabes ne veulent plus que la question palestinienne reste endiguée.
Ils sont prêts à sortir du statu quo. La World Policy Conference, qui vient de se tenir à Abu Dhabi, a fait entendre un langage nouveau de la part de certains acteurs du monde arabe. L’émotion causée par le massacre du 7 octobre, les prises d’otages et la crainte pour les Gazaouis qui subissent les représailles d’Israël contre le Hamas font bouger les lignes.
« La question palestinienne est une question arabe », affirme ainsi Anwar Gargash, conseiller diplomatique de Mohammed ben Zayed, le président des Emirats arabes unis. « La stratégie d’endiguement de la question palestinienne en place depuis 20 ans a échoué », poursuit-il, alors que certains dirigeants arabes l’avaient accepté ces dernières années, allant jusqu’à signer (ce fut le cas des Emirats) les accords d’Abraham avec Israël.
La première urgence du conseiller émirati : obtenir un cessez-le-feu humanitaire, aider les civils, contribuer à faire libérer les otages via une action diplomatique et humanitaire. Les Emiratis ont accordé 45 millions de dollars d’aide aux Palestiniens, dont 20 millions depuis le 7 octobre. « Plus ce conflit durera, plus les risques qu’il s’étende augmenteront », assure-t-il.
Trouver un compromis
Une conviction partagée par les Egyptiens. « Il faut qu’on résolve la question israélo-palestinienne. Sinon le prochain bain de sang n’est qu’une question de temps », affirme Nabil Fahmi, ancien ministre des Affaires étrangères d’Egypte. Il milite pour un processus « qui mette fin à l’occupation, et donne une identité nationale à des Etats viables. On me dit qu’une solution à deux Etats est difficile, je ne vois pas une solution à un Etat où Israéliens et Palestiniens laisseraient leur identité de côté. Cela n’arrivera pas de façon pacifique. »
Ce processus « nécessite une initiative arabe, avec le soutien des Etats-Unis, de la Chine et d’autres encore… », insiste-t-il. Le résultat des négociations entre Israéliens et Autorité palestinienne lors du sommet de Taba en janvier 2001 dans le Sinaï, pourrait servir de base à un compromis, assure-t-il.
« La leçon de cette guerre, c’est qu’il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient tant qu’on n’aura pas réglé la question palestinienne », observe Volker Perthes, un grand expert de la région qui a travaillé à des hauts postes pour les Nations unies au Soudan, en Syrie et désormais en Irak, et qui s’exprimait à titre privé.
« Le problème, c’est qu’on n’a pas le bon gouvernement pour ça, constate Itamar Rabinovich, vice-président de l’Institut d’études de sécurité nationale à Tel-Aviv. Il souhaite le retour de l’autorité palestinienne à Gaza. Mais sa vraie crainte concerne l’Iran et ses affiliés (proxies).
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