L’échec de la gouvernance mondiale de la santé publique : une analyse médico-légale

L’échec de la gouvernance mondiale de la santé publique : une analyse médico-légale

Cet article propose de considérer la gouvernance mondiale de la santé publique dans la perspective plus large de la réforme de la gouvernance internationale. Il distingue plusieurs phases : la phase «  amont » de la préparation à la pandémie caractérisée par « le déni et la négligence » ; la première phase (« faire face à l’épidémie ») qui a bénéficié d’une coopération scientifique immédiate, bien que la  réponse à l’épidémie se soit fait attendre et qu’elle ait souffert du manque de coordination; la deuxième phase (« répondre et contenir l’épidémie ») avec une montée en régime du dépistage, freinée par la concurrence face à la disponibilité limitée des équipements  et la mise sur le marché des tests tardive ; la troisième phase (« protéger ») marquée par le développement exceptionnellement rapide de nouveaux vaccins dans un contexte de rivalités nationales ; et enfin la dernière phase (« la sortie ») où l’accélération de la distribution des vaccins n’a pas empêché l’échec flagrant de  la vaccination dans les pays pauvres.

Par Anne Bucher, George Papaconstantinou et Jean Pisani-Ferry

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Synthèse

L’analyse de la gouvernance mondiale dans différents domaines politiques a mis en lumière six dimensions importantes. On retrouve deux d’entre elles clairement dans la santé publique : un diagnostic du problème et une expertise communs, notamment dans la réponse scientifique et institutionnelle. C’est moins le cas pour les principes d’action communs, et les mécanismes de notification et de communication transparents. Enfin, pour les deux dernières dimensions, l’absence d’un processus collectif d’évaluation et d’ajustement des instruments ainsi que le manque de confiance qui a entravé l’action de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont été très problématiques.

La décision importante qui a été prise d’explorer la possibilité d’un nouveau traité sur les pandémies doit être évaluée au regard de la réforme de la gouvernance mondiale de la sécurité sanitaire, notamment de quatre propositions qui sont à l’ordre du jour. Les deux premières concernent le renforcement de l’OMS afin d’en faire une autorité de normalisation et de surveillance forte et indépendante en matière de préparation, de prévention et d’intervention, ainsi que la rationalisation et la consolidation des institutions et initiatives existantes afin d’améliorer la fourniture de produits  médicaux essentiels dans le monde.

Un organe de type G20 devrait être créé pour assurer le leadership et garantir une approche « pangouvernementale » qui repositionne la gouvernance mondiale de la santé dans l’ordre mondial et la place au même niveau que l’interdépendance économique ou la stabilité financière en termes de gouvernance, de soutien institutionnel et de ressources. Enfin, il faudrait mettre en place un financement adéquat par le biais d’un fonds autonome pour remédier aux défaillances que la crise de la  COVID-19 a révélées en matière de préparation des systèmes de santé nationaux, de surveillance pour la détection et l’endiguement de pénuries et d’allocations erronées des produits médicaux essentiels.

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