Les Etats-Unis mis en garde par la Chine et par leurs alliés

Publié le 03/06/2018

Virginie Robert, Les Echos

Les Etats-Unis sont sommés d’apaiser les tensions commerciales par Pékin, comme par ses plus proches alliés. Les chefs d’Etat du G7 se réunissent cette semaine au Québec.

Ce qui avait alors été considéré comme un armistice semble avoir fait long feu. Les Etats-Unis et la Chine négocient tout en se menaçant mutuellement. Loin de faire profil bas, Pékin a averti dimanche, à l’issue de discussions sino-américaines, qu’aucun compromis commercial ne serait possible si l’administration Trump venait à mettre à exécution ses menaces de sanctions douanières. Une façon de répondre à la Maison-Blanche qui avait ravivé les tensions mardi dernier en remettant sur la table la menace d’imposer de nouvelles taxes sur 50 milliards de dollars de produits chinois importés à la mi-juin ainsi que de nouvelles restrictions aux investissements chinois aux Etats-Unis. Le régime communiste a aussitôt dénoncé une « volte-face » de Washington et menacé de prendre des « mesures fermes » afin de protéger ses intérêts.

Pékin n’est pas le seul à s’être livré une mise en garde cinglante à Washington. Les alliés des Etats-Unis  ont unanimement protesté lors d’un G7 Finances contre la politique commerciale agressive menée par l’administration Trump.

«Complet désaccord »

Steve Mnuchin, le secrétaire au Trésor américain, a fait les frais ce week-end à Whistle, au Canada, du brusque refroidissement des relations avec les grands argentiers des six autres premières économies du monde. « Des inquiétudes ont été exprimées à propos des taxes imposées par les Etats-Unis sur ses amis et alliés au motif d’un risque à la sécurité nationale, sapant le libre-échange comme la confiance dans l’économie globale »,  résume le communiqué . A lui de faire passer le message de « complet désaccord », comme l’a qualifié Bill Morneau, le ministre canadien des finances, à l’égard des Etats-Unis. Les échanges, qualifiés de francs, vont reprendre cette semaine à Charlevoix, au Québec, lors de la réunion des chefs d’Etat du G7 (Canada, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Etats-Unis).

« La semaine prochaine dépendra de la décision que l’administration (américaine) est prête à prendre dans les prochains jours et dans les prochaines heures, je ne parle pas de semaines à venir’, pour éviter une guerre commerciale,  a ainsi estimé samedi Bruno le Maire. Ironisant sur un « G6+1 », le ministre français de l’économie a fustigé des Etats-Unis « seuls contre tous, qui font courir le risque de déstabilisation économique à la planète. »

 

 

Réactions en chaîne

La décision américaine de taxer l’acier (25%) et l’aluminium (10%) importés aux Etats-Unis « affaiblit un peu plus la relation transatlantique »,  avait affirmé en fin de semaine la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström , estimant que Washington joue à un « jeu dangereux ». Désormais, l’Union européenne va enclencher sa réponse aux attaques américaines , avec le dépôt d’une plainte et, surtout, la mise en place de mesures de « rééquilibrage » pour taxer des produits américains sur le sol européen. Le montant a été estimé pouvant aller  jusqu’à 2,8 milliards d’euros. Le Mexique a également adopté des représailles sur des produits américains. Le Canada, de son côté, est prêt à hausser les droits de douane sur 12,8 milliards de biens importés des Etats-Unis : « C’est l’action commerciale la plus forte que le Canada ait décidé depuis la guerre », a souligné vendredi Chrystia Freeland, la ministre canadienne du commerce.

Frédéric Schaeffer, Virginie Robert et Gabriel Gresillon