L’Inflation Reduction Act américain pousse à s’interroger sur la stratégie de l’Union européenne en matière climatique

La politique climatique américaine (400 milliards de dollars de subventions en dix ans) pose un grave problème de compétitivité à l’Europe, qui doit éviter tout à la fois l’ornière du protectionnisme et la naïveté, analyse l’économiste dans sa chronique.

En 2019, l’Union européenne (UE) paraissait assurée de pouvoir compter pour longtemps sur un gaz russe abondant et bon marché. C’est dans ce contexte qu’elle a lancé son Pacte vert. De cette initiative, elle attendait d’abord l’affirmation d’un leadership mondial sur le climat, mais elle espérait aussi le gain d’avantages concurrentiels dans les produits et les industries de demain.

Le pari valait la peine d’être tenté, mais la stratégie de transition reposait beaucoup sur le gaz : celui-ci se substituerait, dans un premier temps, au fioul et au charbon, et, en attendant qu’hydrogène et stockage de l’électricité d’origine renouvelable aient trouvé leur modèle économique, il y serait fait appel dans les périodes sans soleil ni vent.

Mais, aujourd’hui, l’interruption des livraisons russes oblige l’UE à se passer du gaz beaucoup plus rapidement que prévu. Baisse de la demande et recours au gaz naturel liquéfié ont permis d’éviter les pénuries, mais le coût de l’énergie pour les usages industriels est aujourd’hui deux fois plus élevé qu’outre-Atlantique. L’Europe fait donc face à un problème de compétitivité aggravé et très probablement durable.

L’autre changement dans le paysage est le virage pris par les Etats-Unis avec l’Inflation Reduction Act (IRA) de 2022. Pour mettre fin au blocage qui prévalait au Congrès, l’administration Biden et la majorité démocrate ont fait le choix d’une stratégie climatique qui repose exclusivement sur les subventions. Ne sont prévus ni fiscalité carbone, ni obligations réglementaires, ni élimination des énergies fossiles. L’administration fait le pari que, si les entreprises y sont suffisamment encouragées, elles investiront dans les technologies vertes.

Ambitions revues à la baisse

L’IRA prévoit ainsi, en matière climatique, des subventions et des crédits d’impôt d’un montant de 400 milliards de dollars sur dix ans, selon les estimations du Congressional Budget Office, et peut-être du double, selon celles du Credit Suisse – le coût total dépendra du succès des dispositifs mis en place.

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