L’Iran doit accélérer les réformes

6 mai 2018

Virginie Robert, Les Echos

En cas de retrait américain de l’accord nucléaire, Téhéran devra compenser l’incertitude créée en réformant son économie selon le FMI.

« Si les Etats-Unis quittent l’accord nucléaire, l’Iran doit accélérer le rythme de ses réformes et notamment le toilettage de son système bancaire », a prévenu Jihad Azour, directeur du Moyen-Orient et de l’Asie centrale au FMI, dans une interview à Bloomberg. Le pays est en effet toujours sur la liste du GAFI pour financement du terrorisme et blanchiment d’argent. Mais pour l’institution, qui a publié en mars s on rapport de l’article IV sur l’Iran , « il faut un paquet de réformes complet qui ancre la stabilité macro-économique, développe le secteur privé et s’assure que les ressources bénéficient à tous les citoyens ».

Malgré les incertitudes posées par le contexte international, le président iranien Hassan Rohani conserve des objectifs élevés. « La croissance économique atteindra l’an prochain 6,5 %, secteur pétrolier inclus, et 7 % sans le pétrole », a-t-il déclaré en présentant le projet de loi de finances pour le prochain exercice fiscal qui court de mars 2018 à mars 2019. Le FMI estime pour sa part que l’économie iranienne devrait croître de 4,3 % sur l’exercice 2017-2018 et de 4 % l’exercice suivant.
Le secteur du bâtiment repart

Le fort rebond de l’économie en 2016 avec la reprise des exportations de pétrole s’est étendu l’an dernier au-delà du secteur énergétique. Pour la première fois en six ans, le bâtiment a renoué avec la croissance, et le dynamisme du secteur des services s’est confirmé. En 2017, « la stabilisation de l’inflation a permis de soutenir la consommation des ménages », note la Coface . Mais la population iranienne s’impatiente du peu de fruits de la politique d’ouverture du président Rohani. Le régime a été ébranlé par les protestations du mois de janvier qui ont notamment dénoncé la corruption et le coût de la vie. Et malgré l’importance économique de Telegram – ils sont plus de 20 millions d’Iraniens à l’utiliser, y compris pour faire du commerce – une décision de la justice iranienne a fait fermer l’accès par VPN à la messagerie cryptée de peur de voir les contestations reprendre. Bien que le gouvernement iranien « n’approuve pas » ce blocage, a indiqué samedi le compte Instagram du président Hassan Rohani, se distanciant une nouvelle fois des ultra-conservateurs.

De leur côté, les entreprises étrangères sont de plus en plus réticentes à investir en raison du risque de suspension de l’accord nucléaire et par crainte de tomber sous le joug des sanctions extraterritoriales imposées par les Etats-Unis. Celles qui s’y sont aventurées se plaignent du double taux de change et souhaitent des réformes du marché du travail, du système fiscal ainsi que la mise en place d’une structure pour arbitrer les différends commerciaux.

V.R.