Maroc: 50% des emplois actuels menacés par l’intelligence artificielle?

7.11.17

Par SAMIR EL OUARDIGHI
Medias24 Afrique

L’intelligence artificielle impacte de plus en plus la vie quotidienne de la planète. Si elle représente une opportunité de nouveaux emplois dans le monde développé, l’IA menace les PVD et les pays émergeants, qui n’ont pas préparé leur reconversion dans les secteurs comme le textile ou l’offshoring ….

Lors de la 10ème édition de gouvernance mondiale de la World policy conférence qui s’est tenue à Marrakech du 2 au 5 novembre, un atelier d’experts s’est penché sur l’avenir du travail face aux avancées technologiques de l’intelligence artificielle qui se substitue à la main d’œuvre humaine.

Pour Masood Ahmed, ancien directeur du département Moyen-Orient et Asie du FMI, dans moins de 10 ans, l’IA va créer beaucoup d’emplois dans les pays développés tout en détruisant 50% des emplois dans les pays en voie de développement et les nations émergentes.

Inquiet, il pense que le développement de la robotisation a été anticipé par les nations avancées alors que les autres pays vont souffrir, car ils ne se sont pas préparés à reconvertir leur population.

Ainsi le Vietnam ou la Chine qui produisent plusieurs millions de baskets par an risquent de perdre de très nombreux emplois, car ils n’ont pas formé cette catégorie d’employés à de nouvelles compétences.

Les usines de textile au Maroc qui n’ont pas anticipé la robotisation en cours pourraient donc ne pas survivre, sachant qu’elles emploient, chacune, des milliers d’employés appelés à devenir inutiles.

Un autre de ses métiers de prédilection comme l’offshoring sera aussi impacté par le chômage car les call-center ne nécessiteront bientôt plus d’intervention humaine avec le développement croissant des algorithmes de communication.

Il faut donc revoir les systèmes d’éducation et de formation pour réussir la transition industrielle occasionnée par l’IA qui sera plus importante en termes de bouleversements humains que celle des 300 dernières années.
Sans agenda politique national permettant de s’adapter aux développements inéluctables de cette technologie qui menace des millions d’emplois, les experts pensent que les pays non préparés seront confrontés à des tensions sociales chez les jeunes incapables de s’insérer dans les métiers de pointe.

Moins pessimiste, la secrétaire générale adjointe de l’OCDE pense que ces craintes sont exagérées car certains métiers pourront être automatisés et d’autres pas. L’ancienne 1er ministre de Finlande avance que cette technologie va détruire des emplois tout en en créant beaucoup d’autres.

Tout comme son collègue, Mari Kiviniemi a donc recommandé de se préparer à une croissance des inégalités sur le marché du travail en adoptant des politiques publiques pour améliorer l’éducation de base dans les pays peu avancés.