Mes Echos de la semaine

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Nicolas Barré
Nicolas Barré (Dessin Kim Roselier pour Les Echos)

Par Nicolas Barré

Publié le 7 mai 2022 à 10:00

Quel monde ! On se pince à la lecture des mésaventures de Disney que nous raconte notre correspondante à New York Véronique le Billon. Pour avoir osé critiquer une loi de Floride interdisant les débats sur les questions de genre à l’école, le gouverneur républicain de l’Etat menace la firme de la priver des avantages , notamment fiscaux, dont elle bénéficie dans son Etat. Un cas extrême ? Pas tant que cela ! Au Texas, le gouverneur Greg Abbott, un républicain antivax, veut priver de marchés publics les banques qui se désengagent du financement des énergies fossiles ou qui critiquent les armes à feu. Et à la Chambre des représentants, des élus s’en prennent à Citigroup parce que la banque rembourse les frais de ses salariées qui se font avorter hors du Texas où c’est interdit. Impensable clivage…

La galaxie Musk

Il en est un autre qui fait débat, liberté absolue vs régulation. Elon Musk, on l’a compris, se range du côté de la liberté absolue, un absolu qui n’est pas sans danger, remarque Jean-Marc Vittori puisqu’il débouche sur la domination de celui qui parle le plus fort, d’où l’utilité de la régulation. Notre éditorialiste note d’ailleurs que le fantasque milliardaire a un peu de mal à tolérer la liberté de parole lorsque ses propres intérêts sont en jeu… Or ceux-ci sont multiples comme le raconte notre correspondant à New York Nicolas Rauline qui a suivi toutes les étapes de la constitution de la galaxie . Une galaxie comprenant bien sûr « l’étoile filante Tesla » qui vaut 940 milliards de dollars en Bourse, rappelle Anne Feitz, mais aussi Space X, son autre pépite dont la valeur tourne autour de 200 milliards, ajoute Anne Bauer. Quant à Twitter, que va-t-il en faire ? Notre spécialiste Sébastien Dumoulin analyse les risques que prend Musk dans cette aventure .

L’âme perdue du PS

Clivage majeur, encore, que celui opposant respect du droit et désobéissance. Cette ligne-ci, brandie par Jean-Luc Mélenchon, est porteuse de désintégration de l’Union européenne, démontre avec force notre experte des affaires européennes Catherine Chatignoux. Mélenchon, comme Le Pen, c’est le Frexit sans le dire… « Curieuse convergence des deux extrêmes », relève notre éditorialiste Daniel Fortin . L’Europe, croyait-on, c’était un peu l’âme des Verts et des Socialistes. Ils l’ont perdue pour quelques circonscriptions. « La justice sociale dans l’économie de marché, l’Europe bien sûr, la défense de la République » : tous ces « points saillants de l’identité socialiste » sont atteints dans l’accord avec les Insoumis, note Cécile Cornudet qui pose la question centrale : peut-on se reconstruire en renonçant à son identité ?

Embargo russe

Il y a un sujet sur lequel les clivages sont remarquablement mis de côté, c’est l’embargo sur le pétrole russe . Pour plusieurs pays européens, c’est un sacrifice énorme et pourtant, les 27 s’y engagent, explique notre correspondant à Bruxelles Karl De Meyer. Notre éditorialiste Lucie Robequain salue ce courage de l’Europe qui avance comme un seul homme et invente même la politique énergétique des prochaines décennies. Notre mérite est d’autant plus grand que les pays de l’Opep se lavent les mains de nos difficultés et refusent de compenser la mise au banc du pétrole russe, explique Sharon Wajsbrot. L’Opep, complice de fait de Poutine !…. Mince consolation, notre correspondant en Chine nous éclaire sur les raisons pour lesquelles Pékin achète très peu de pétrole russe .

Il faut dire que la Chine rencontre d’autres difficultés. A Shanghaï où réside notre correspondant, il n’y a toujours aucun signe tangible de sortie du confinement extrême dans lequel sont tenus les 26 millions d’habitants même si certaines usines reprennent leur activité à petite vitesse. Les entreprises européennes lancent un cri d’alarme contre la stratégie « zéro covid » de Xi Jinping, sans beaucoup d’espoir d’être entendues.

L’avertissement de la CFDT

Alors que l’investiture d’Emmanuel Macron se déroule ce samedi, plusieurs signaux importants méritent d’être relevés. Dans un long entretien accordé à Alain Ruello, Leïla de Comarmond et Etienne Lefebvre, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger tire les leçons de la présidentielle et surtout explique en détail ce qu’il attend du président , en espérant cette fois être écouté. Cela vaudrait mieux car le nouveau quinquennat débute sous des vents défavorables : croissance zéro au premier trimestre, inflation à 4,8 %, rappelle Nathalie Silbert. Et c’est la même chose ailleurs en Europe où les perspectives s’assombrissent, explique Guillaume de Calignon. Dans une interview, l’économiste de BNP Paribas en charge de la France prévient : « le « reste à vivre », des Français, une fois les dépenses contraintes déduites, va baisser cette année ». C’est la raison pour laquelle il faudra encore soutenir la croissance. Rallié au président pendant la campagne, Eric Woerth plaide en ce sens et explique à Renaud Honoré et Isabelle Ficek comment il voit le prochain budget . Une offre de service ?

Dossiers chauds

Du côté des entreprises, le prochain gouvernement aura aussi fort à faire, explique Julien Dupont-Calbo qui recense les principaux dossiers chauds . A noter en particulier la réforme d’EDF que décrit Sharon Wajsbrot, l’épineuse recapitalisation d’Air France qui doit encore lever 4 milliards d’euros, indique Bruno Trévidic, le redressement de Renault et ses liens avec Nissan , la longue marche vers l’avion de combat du futur , l’avenir (le démantèlement ?) du groupe informatique Atos etc. Les banques seront également confrontées à de nombreux défis , expliquent nos spécialistes Romain Gueugneau et Thibaut Madelin. Autre gros sujet pour l’exécutif : l’environnement. Joël Cossardeaux explique comment le/la futur(e) Premier ministre va mener la planification écologique , qui doit être la grande affaire de ce nouveau quinquennat. Enfin, avant la formation du prochain gouvernement, Charlie Perreau passe en revue les personnalités susceptibles de remplacer Cédric O qui a décidé de quitter la politique et d’abandonner son portefeuille en charge du numérique. La French tech retient son souffle… et engrange de jolis succès, à l’image d’ Alan, assureur santé dont la valorisation a doublé à 2,7 milliards d’euros. Autre succès remarquable, la société Exotec qui exporte des robots partout dans le monde et dont Adrien Lelièvre nous raconte l’histoire.

La tête et le ventre

Si certains dédaignent l’Europe, notons qu’elle progresse sur la voie d’une certaine autonomie dans le domaine critique des médicaments avec l’entrée en Bourse d’Euroapi, numéro un mondial des principes actifs pour médicaments. La crise du Covid avait révélé nos défaillances en la matière. Dans une interview, son patron explique à Myriam Chauvot la stratégie de cette ex-branche de Sanofi .

Un clivage ? Non, un axe extraordinairement fertile ! Notre scientifique Yann Verdo nous fait découvrir les dernières avancées de la recherche sur les liens entre le ventre et le cerveauPreuve que la dépression vient du ventre, pas de la tête…

Nicolas Barré

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