Somaca et Tanger. Que produiraient-elles d’inédit ?

LesEco.ma

Écrit par Jalil BENNANI

Publication : 31 octobre 2018

Au-delà de l’annonce d’un doublement capacitaire à la Somaca, la forte présence industrielle du groupe Renault dans le royaume recèle un potentiel quant à la production d’autre chose que des Dacia. Sur plusieurs scénarii possibles, voici quelques pistes.

Largement couverte par les médias nationaux, la récente venue du président du Groupe Renault et de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi était motivée par plusieurs raisons à la fois. Outre qu’elle coïncidait avec la tenue du World Policy Conference et qu’elle était prévue dans son agenda (à l’instar des autres effectuées dans les filiales mondiales du groupe), la visite de Carlos Ghosn avait d’abord pour but de s’enquérir des équipes locales, de leur travail et surtout des avancées réalisées sur le plan industriel. L’homme fort de Renault est ensuite venu annoncer le doublement de la capacité de production de la Somaca qui, rappelons-le, produira non plus 80.000 unités par an (75.808 en 2017), mais 160.000 véhicules à l’horizon 2022. Au-delà de cette annonce et de ce qui en découle (viabilité du partenariat Renault-gouvernement marocain, création d’emplois supplémentaires, amélioration des exportations, avenir de l’usine casablancaise…), la forte présence industrielle du groupe Renault interpelle et suscite les interrogations. À commencer par celle de savoir si «les usines marocaines du groupe ne produiront que des Dacia ?». À cette question formulée directement à Carlos Ghosn par Les Inspirations ÉCO, celui-ci répond que «les plans de productions pour les 5 prochaines années ne sont pas encore définis». Quant à la diversification des modèles sur les lignes de montage, Ghosn tranche «la diversification, je n’aime pas trop, parce que plus l’usine est concentrée sur un petit nombre de produits, plus elle est efficace». Du coup, il est peu probable de voir à la Somaca ou à Tanger le montage d’un énième modèle de Dacia, comme le Duster par exemple. «L’augmentation des Sandero et Logan produites au Maroc permet de dégager de la capacité pour le Duster à Piteste (NDLR : l’usine-mère de Dacia)», éclaire une source interne sous-couvert de l’anonymat. Puis d’ajouter : «produire un nouveau modèle fait augmenter les risques négatifs sur la qualité, or actuellement nous sommes intransigeant sur cette question car c’est précisément la bonne qualité de nos Dacia qui leur permet de s’exporter avec succès en Europe». Du coup, comment évoluerait la stratégie industrielle du Groupe Renault ou de l’Alliance au Maroc ? Cela, d’autant plus que Tanger est encore «loin» de ses limites, estime le président de l’Alliance. Une autre question à laquelle aucune réponse claire n’est donnée pour le moment. «Tanger est d’abord un site Renault, donc il y a une priorité à ses marques Dacia et Renault, mais c’est aussi un site qui est tout à fait capable de servir à n’importe quelle marque de l’Alliance». Ghosn fait ici une allusion à Nissan mais aussi à Mitsubishi. Les deux marques japonaise de l’Alliance ont leur place au Maroc, surtout Nissan qui, au-delà de son potentiel commercial sur le marché national, pourrait profiter d’une implantation stratégique à l’aune du Brexit. En même temps, «Tanger est une usine moderne», explique Ghosn. Une façon de dire qu’elle est capable de produire des modèles de la gamme Renault et même un jour, des véhicules électriques. Qui vivra, verra !