La prochaine phase de la finance

13/03/2018

Bertrand Badré, Project Syndicate

WASHINGTON, DC – La décennie écoulée depuis la crise financière mondiale a été pour le moins agitée. Certes, aucune grande guerre n’a éclaté, et nous sommes plus ou moins parvenus à éviter les erreurs de la Grande Dépression, qui conduisit pendant les années 1930 à davantage de protectionnisme, à des faillites bancaires, à une austérité sévère, ainsi qu’à un environnement déflationniste. Pour autant, la réapparition de tensions sur les marchés démontre que ces risques ont été davantage masqués que véritablement éradiqués.

En un sens, l’histoire de la crise financière de 2008 a débuté avec la naissance de l’ordre mondial, sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs initiatives telles que les institutions de Brettons Woods (Banque mondiale et Fonds monétaire international), le plan Marshall, et la Communauté économique européenne sont venues appuyer la reconstruction de pans significatifs de l’économie mondiale. Malgré la guerre froide (ou peut-être grâce à elle), ces institutions ont également relancé la mondialisation à laquelle la Seconde Guerre mondiale avait porté un coup d’arrêt.

Ce processus de mondialisation a été interrompu à la fin des années 1960 et au début des années 1970 par la guerre du Vietnam, la suspension de la convertibilité du dollar américain en or, le choc pétrolier de 1973, et la grande stagflation. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont néanmoins vécu par la suite une forme de révolution conservatrice, ainsi qu’un renouveau des politiques économiques néolibérales, faisant intervenir une déréglementation généralisée, une libéralisation des échanges commerciaux, et une ouverture sans précédent de leur compte de capitaux.