Ukraine : hésitations sur la tenue de l’élection présidentielle

03.11.2023

Par Virginie Robert

En pleine guerre, l’Ukraine hésite à préparer une élection présidentielle en mars prochain. Elle doit mobiliser tous ses efforts diplomatiques auprès des Etats-Unis, dont elle attend une aide cruciale, et de l’Union européenne, qu’elle souhaite rejoindre.

Alors que l’Ukraine continue de subir les attaques soutenues de drones et de missiles russes, la tenue d’une élection présidentielle, prévue en mars 2024, semble de plus en plus difficile à organiser. Le président Volodymyr Zelensky s’y était dit favorable il y a quelques semaines.

Interrogé lors de la World Policy Conference, organisée par l’Institut français de relations internationales (Ifri) à Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis, Dmytro Kubela, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, a expliqué en visioconférence les « énormes difficultés » que représente la mise en place du scrutin. Il faudrait notamment changer la législation, la loi martiale, en cours depuis l’invasion russe, interdisant toute élection.

Avec une population partie en exil depuis le début de l’invasion russe, 5 à 6 millions d’Ukrainiens – surtout des femmes et des enfants – sont maintenant partiellement ou complètement domiciliés à l’étranger. Il faudrait installer des centaines de milliers de bureaux de vote en Europe, et les pays étrangers ne sauraient accepter des bureaux hors des consulats ou ambassades. Ensuite, « comment éviter que ces bureaux ne deviennent des cibles pour les drones russes ? » observe Dmytro Kubela.

Autres difficultés : faire voter les Ukrainiens encore localisés dans le Donbass, en plein coeur du champ de bataille, ou encore les soldats, dans les tranchées. Rien n’est décidé : « nous réfléchissons à la tenue de ces élections », commente le ministre des Affaires étrangères. « Nous sommes une démocratie et nous voulons nous développer en tant que telle, mais vous devez comprendre les énormes difficultés que cela pose », poursuit-il.

Diplomatie

L’urgence est pour l’instant ailleurs. Il s’agit de « persuader le Congrès américain, qui doit allouer des fonds, de continuer à soutenir l’Ukraine », explique Dmytro Kubela. Un impératif, avant la tenue de l’élection présidentielle américaine en novembre prochain. L’administration Biden propose un « package » de 92 milliards de dollars pour soutenir ses alliés. Il y aurait 61,4 milliards dévolus à l’Ukraine – dont 30 milliards d’équipements et 14,4 milliards pour le renseignement et le soutien militaire par le biais du département de la défense.

Des fonds sont aussi destinés à Israël (14,3 milliards de dollars) et à Taïwan (7,4 milliards). Mais le nouveau « speaker » de la Chambre des représentants, Mike Johnson, propose de découpler l’aide à l’Ukraine et à Israël, et lie la première à des économies sur l’administration fiscale.

[…]

Retrouvez l’intégralité de l’article sur les Echos.