World Policy Conference/Gouvernance mondiale : Les défis des 5 prochaines années

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L’économiste.com

Par Amin Rboub | Le 29/10/2018 |

Rabat a accueilli la 11e édition de l’un des 3 meilleurs think tank au monde!

Révolution numérique, protectionnisme US, monde bipolaire, populisme… les menaces

L’Afrique : Au-delà des idées reçues

Les cinq prochaines années s’annoncent pleines de défis majeurs, tant sur le plan économique que géopolitique et technologique, qui mettent à mal la gouvernance mondiale. Dans ce même contexte, la révolution technologique apporte dans son sillage de nombreuses promesses, des opportunités mais aussi des menaces multiples.

«L’automobile autonome, la circulation 3D à l’intérieur des villes, les maisons et les cités dites intelligentes, l’omniprésence des robots et des objets connectés, la perspective d’une agriculture verticale et florissante jusque dans le désert, ou encore l’homme augmenté, la fracture digitale…. Voilà quelques exemples parmi d’autres de ce monde de demain», analyse Thierry De Montbrial, président-fondateur de la World Policy Conference (WPC). L’événement s’est tenu du 26 au 28 octobre, à Rabat, en partenariat avec OCP Policy Center.

Défis économiques, migrations, multiculturalisme, montée des populismes et des extrémismes, les conséquences de Trump, la Corée du Nord, la Chine, énergie & climat, l’Afrique ou encore l’impact d’un monde hyperconnecté sur la gouvernance mondiale… Ce sont là autant de thématiques débattues par des experts de haut niveau venus déconstruire le discours pour repenser et analyser les bouleversements incessants que traverse le monde actuel.

Plus  de 250 personnalités, experts, ministres, chercheurs, hommes politiques, académiques, leaders d’opinion, grands patrons… issus de plus de 40 pays ont contribué au débat et enrichi l’analyse. Ce qui a permis une diversité, voire un décryptage pluriel de la 11e édition de la World  Policy Conference, initiée par De Montbrial, qui plus est président de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Protectionnisme, unilatéralisme US ou encore les sorties tonitruantes de Donald Trump -alimentées d’insultes et menaces tant vis-à-vis de ses alliés que de ses adversaires- auront fait l’objet de critiques virulentes de l’ensemble des débats de ce think tank sur la gouvernance politique mondiale.

«Qui aurait imaginé que les leviers de l’économie seraient détournés pour devenir des armes à des fins politiques», s’interroge De Montbrial. «S’il me fallait caractériser le phénomène géopolitique dominant des 30 prochaines années, je dirais sans hésiter la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis», pronostique-t-il.

Mais pourquoi 30 ans?, s’interroge le président du think tank. Parce que la direction actuelle de l’Empire du Milieu n’hésite pas à affirmer haut et fort ses objectifs de croissance contre vents et marées. Des ambitions motivées par la célébration du centenaire de la victoire de Mao Zedong en Chine, analyse le président de WPC.

Pour lui, tous les enjeux géopolitiques des prochaines années tourneraient autour de ce phénomène qui prend des allures de «méga guerre froide» avec le risque de retour à un monde bipolaire. D’autant plus que la Russie et l’Iran se jettent dans les bras de l’hyper-puissance montante (la Chine). De surcroît, ils favorisent l’extension de l’influence chinoise en Europe, Afrique et au Moyen-Orient voire ailleurs. Du coup, de nombreux experts n’écartent pas le scénario d’une guerre atypique entre la Chine (2e puissance mondiale) et les Etats-Unis (numéro 1).

D’autres encore estiment qu’une telle guerre est peu probable en l’absence d’une détérioration massive de la gouvernance économique mondiale. De toute façon, même si les instances du multilatéralisme résistent encore aux attaques du 45e Président américain, la question de survie du dollar en tant qu’unique monnaie de réserve mondiale est désormais posée. C’est dire l’urgence de «construire une gouvernance mondiale» qui ne soit pas soumise aux caprices d’une puissance dominante, quelle qu’elle soit.

Industrialisation accélérée de l’Afrique

L’Afrique a réalisé des efforts considérables avec une croissance qui oscille autour de 7 et 10% ces dernières années. Les IDE sont en nette croissance (42 milliards de dollars en 2017). Le taux de pauvreté a reculé (43% en 2012 à 35% en 2015), avec une baisse significative des conflits armés et une montée des libertés et réformes.

«C’est une Afrique montante et aspirante», analyse Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre de la Côte d’Ivoire. Selon ce politique, certes le continent est sorti des conflits, mais il va falloir consolider cette stabilité politique. Aux yeux de Coulibaly, le continent noir a besoin de 100 milliards de dollars par an pour répondre à ses besoins d’infrastructures. L’Afrique possède 60% des terres arables non exploitées au monde. Plus encore, d’ici 2050, 1 personne sur 4 sera africaine, avec la plus importante main d’œuvre au monde!

«Des fondamentaux solides certes, car le continent dispose des fortes bases de la croissance et la prospérité mondiale, mais il y a encore des faiblesses, des risques et des limites. D’où des politiques et une meilleure gouvernance pour relever les défis d’un monde de moins en moins prévisible», insiste le Premier ministre.

Parmi les priorités du continent, il cite la stabilité politique, la paix et la sécurité. S’ensuit la réduction du gap en infrastructures en mobilisant davantage les ressources. Autre priorité, selon Coulibaly, l’éducation et la formation des jeunes de 6 à 16 ans, en mettant le focus sur la formation professionnelle et la technologie, le digital. Bien entendu, l’amélioration du climat des affaires est un préalable pour attirer les IDE. Enfin, le salut viendrait de l’industrialisation du continent. «La transformation économique du continent passe par l’industrialisation. Ce qui permettra de créer des emplois et monter dans la chaîne des valeurs».