World Policy Conference : Les principes d’une gouvernance mondiale légitime décortiqués à Marrakech

8.11.17

by Mokhtar Grioute
lematin.ma

Placé sous le Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, cet événement d’envergure a été l’occasion de plancher sur les moyens à même d’améliorer la gouvernance mondiale et d’échanger sur ce qui divise pour tenter de résoudre les crises qui secouent la planète. Les sujets abordés avaient pour finalité, comme chaque année, d’éclairer et d’accompagner l’actualité, dont le développement en Afrique, l’intelligence artificielle et l’avenir du travail humain, les tendances au Moyen-Orient et l’Amérique et le monde un an après l’élection de Donald Trump.

La cérémonie d’ouverture de ce haut lieu de débat a été marquée par le message royal adressé aux participants et dans lequel le Souverain a notamment affirmé qu’«il est temps de reconfigurer les priorités stratégiques de la communauté internationale en reconsidérant l’apport de l’Afrique. À la lumière des récents développements et des avancées reconnues de l’Afrique, il est primordial que notre continent soit au centre d’un échiquier mondial redessiné et qu’il se fasse entendre sur la scène internationale», a dit Sa Majesté le Roi.

Dans un message similaire, le Président français, Emmanuel Macron, a, de prime abord, qualifié les autorités marocaines de «partenaires solides dans cette entreprise» dans la mesure où c’est la troisième fois que la WPC se déroule au Maroc sous le Haut Patronage de S.M. le Roi. Et d’ajouter : «L’ouverture du Maroc sur le monde, et notamment à l’Afrique, se renforce chaque année, recoupant les efforts français d’un lien d’intégration plus intense entre l’Europe et le continent africain». Il a également fait observer qu’il avait fait sien l’objectif de la WPC consistant à «réfléchir aux moyens de conserver une gouvernance mondiale raisonnablement ouverte et capable d’absorber les chocs tout en facilitant les changements désirables».
Dans son allocution d’ouverture, le président fondateur de la WPC, Thierry de Montbrial, avait rappelé l’état d’esprit du lancement en 2008 de cette Conférence annuelle qui se donne pour objectif de «contribuer à améliorer la gouvernance dans tous ses aspects en vue de promouvoir un monde plus ouvert, plus prospère, plus juste et respectueux des États». À son tour, l’archevêque de Constantinople, Bartholomée 1er, s’est attardé sur le rôle des religions dans la résolution des crises qui secouent le monde, notant à cet égard que le Maroc a été précurseur en matière de dialogue interreligieux. Tout en mettant en évidence les efforts du Royaume dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et de l’instrumentalisation de la religion à des fins de destruction, il s’est réjoui de «la tenue de la WPC au Maroc, terre de paix et de dialogue interreligieux».

Le point d’orgue de cette édition, outre les 16 sessions plénières et les 4 ateliers, reste sans nul doute le débat ayant réuni la Première ministre serbe, Ana Brnabic, et son homologue albanais, Edi Rama, qui se sont retrouvés sur scène où ils ont abordé ce qui les divise dans la très sensible région des Balkans. L’autre point chaud qui fait sans arrêt débat à la WPC était la question du Moyen-Orient. Intervenant lors d’une session plénière consacrée à cette question, Youssef Amrani, chargé de mission au Cabinet Royal, a estimé que «le Moyen-Orient est appelé à se doter d’instruments novateurs pour pouvoir gérer cette étape charnière de son histoire, notamment en se dotant d’une véritable architecture de sécurité, et à promouvoir une intégration régionale efficiente et constructive pour un meilleur avenir de la région et de ses populations». Pour cela, la région «devrait promouvoir une stratégie commune pour faire face aux défis multiformes à travers notamment la promotion de politiques publiques ambitieuses et mieux adaptées au contexte et aux réalités socioculturelles et environnementales», a-t-il dit. Pour sa part, la présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Miriem Bensalah-Chaqroun, a souligné que la croissance moyenne annuelle en Afrique était de 5% lors de la dernière décennie et que «le continent commence à offrir une visibilité aux investisseurs».

S’exprimant lors de la plénière intitulée «Investir en Afrique», elle a fait remarquer qu’avec «une expérience de 20 ans d’entreprises marocaines dans 30 pays africains, nous pouvons mesurer l’amélioration du paysage d’investissement (taxes et tarifs attractifs, réglementation, partenaires de co-investissement, stratégies sectorielles et administration plus réceptive)». Après avoir relevé que l’Afrique bénéficie d’un dividende démographique avec un terreau de talents et un marché de consommation intéressant, Mme Bensalah-Chaqroun a toutefois signalé que les investisseurs désireux de monter des projets dans le continent se trouvent désormais confrontés à quelques défis, dont l’absence d’un cadre législatif, le «Doing Business» ou la bureaucratie et le manque de ressources humaines qualifiées. Lui succédant, le PDG du Groupe OCP, Mostafa Terrab, a plaidé pour une corrélation en Afrique entre le développement de l’agriculture et la protection de l’environnement, comme c’est le cas pour le Maroc, estimant que l’un des problèmes majeurs du continent réside dans le financement de l’agriculture.