Le protectionnisme américain au coeur des inquiétudes

4.11.2017
by Virginie Robert

Pour les experts réunis à Marrakech à l’occasion de la World Policy Conférence, le protectionisme américain est un risque pour l’économie mondiale.
A priori, tous les feux sont au vert. L’économie mondiale ne s’est pas aussi bien portée depuis la crise de 2008 avec une croissance moyenne supérieure à 3 % cette année, une inflation raisonnable, un chômage en décroissance et le soutien toujours appuyé des banques centrales.
Les marchés financiers sont au plus haut et battent de nouveaux records de semaine en semaine. Et pourtant, les économistes ont de nouveaux sujets d’inquiétude à moyen terme.
Dix mois après l’arrivée de Trump au pouvoir, c’est le protectionnisme américain qui suscite le plus d’inquiétude avec le retrait du Transpacific Partnership (TPP) ou la renégociation de l’Alena.

Réviser l’Alena c’est « tuer par avance son efficacité »
« Ce regain de protectionnisme est le résultat de l’échec des Américains à s’adapter à une productivité stagnante et à des salaires bas », estime Masood Ahmed, président du Center for Global development.
Mais pour l’économiste Richard Cooper, de Harvard University, « Trump n’est pas tant protectionniste que gêné par les pays qui ont de larges excédents commerciaux avec les Etats-Unis ».
Pour les entreprises mexicaines, explique Juan Gallardo, président de Organizacion Cultiba SAB de CV, cela crée « non seulement un sentiment d’incertitude mais aussi créé de la rancoeur ».
S’il existe là une opportunité de moderniser l’Alena, sa révision – prévue désormais tous les cinq ans – tue par avance son efficacité estime Marcus Noland, du Peterson Institute. Mexicains et Canadiens travaillent d’arrache pied à un plan B, quand les Japonais espèrent malgré tout à l’avènement d’un TPP à onze, sans les Etats-Unis.

Trop faible productivité
Autre motif d’inquiétude, le ratio dette sur PIB a progressé d’un tiers par rapport à 2008. «Ce n’est pas grave quand les taux d’intérêt sont bas, mais ils vont remonter», observe Kermal Dervis, de la Brookings Institution.
Il s’inquiète également de la faiblesse de la productivité, qui creuse l’écart entre les entreprises performantes et les autres. « L’innovation est là mais elle n’est adoptée que par une minorité », souligne-t-il.

Certains craignent toujours l’avènement d’une stagnation séculaire, à l’instar de Qiao Yide, vice-président de la Shanghai Development Research Foundation.
La hausse des taux d’intérêt qui ne va pas manquer d’intervenir dans les prochains mois, peut causer la chute de certains actifs, qu’il s’agisse d’actions ou d’immobilier.
« Quel sera l’impact de la sortie de programmes d’assouplissement quantitatif sur la liquidité globale ? », s’inquiète Qiao Yide. Et quelle sera la marge de manoeuvre des banques centrales en cas de nouvelles crises ?