Moscou et Téhéran, indéfectibles soutiens de Bachar Al Assad

24.11.15

Vladimir Poutine a rencontré hier le Guide suprême iranien. Ensemble, ils refusent qu’un règlement politique soit dicté à Damas.

Moscou et Téhéran maintiennent un front uni qui risque d’altérer la grande coalition voulue par François Hollande contre l’Etat islamique (EI) en s’opposant à la mise en oeuvre d’une transition politique à Damas. Vladimir Poutine a rencontré lundi le Guide suprême de la révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei. « Personne ne peut et ne doit imposer de l’extérieur au peuple syrien des formes quelconques de gouvernance de leur Etat ou dire qui doit le diriger. Ce n’est qu’au peuple syrien d’en décider  » a affirmé le président russe à l’issue de l’entretien. Cette position est éloignée de celle défendue par les Etats-Unis et désormais par la France – dont la première priorité a longtemps été l’éviction du président syrien, mais qui est désormais prête à accepter un régime de transition pourvu que l’EI soit éradiqué. Barack Obama a été très clair sur les enjeux du ralliement des Russes et des Iraniens à la coalition lors du sommet de l’Apec à Manille. « A un moment donné, il va falloir que les Russes et les Iraniens prennent une décision fondamentale. Est-ce qu’ils croient qu’ils peuvent soutenir Assad et gagner militairement sur le terrain en Syrie contre toutes les oppositions ?  » Ou vont-ils comprendre qu’il « vaut mieux sauver l’Etat syrien et travailler avec la communauté internationale et les Nations unies pour trouver un gouvernement qui soit véritablement légitime ?  »

Or le Guide suprême a affirmé lundi que Bachar Al Assad« est le président légal et élu par le peuple syrien  » et que « les Etats-Unis n’ont pas le droit d’ignorer ce vote et ce choix ». Si « les terroristes ne sont pas anéantis […], ils vont étendre leurs activités destructrices en Asie centrale et dans d’autres régions ».

Vision très vindicative

Les Iraniens ont une vision du conflit syrien à la fois plus large et plus vindicative que d’autres. Elle est plus large, car il s’agit à leurs yeux d’une crise régionale qui inclut tout à la fois la Syrie, l’Irak mais aussi le Yémen. Elle est aussi très vindicative, puisque leurs critiques sont dirigées contre leur principal ennemi, Riyad.

Le vice-ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, principal négociateur iranien à Vienne, l’a redit dimanche à Montreux lors de la World Policy Conference :« L’Arabie saoudite a utilisé des terroristes pour renverser Bachar Al Assad, elle a donné des moyens militaires en Libye et met la pression sur le Yémen depuis sept mois. » Il a dénombré une quarantaine de groupes armés en Syrie, comme s’il fallait souligner l’impossibilité, pour l’heure, d’aller vers une solution politique.

Même en soutenant Assad, l’Iran laisse entendre qu’il pourrait trouver sa place dans la coalition à partir du moment où elle lutte sur le terrain contre l’EI. Le général Qasem Soleimani, à la tête des forces spéciales Al Qods, a en effet supervisé leurs manoeuvres dans le pays, comme il a aidé dès cet été à préparer l’offensive russe sur le territoire syrien. Celle-ci a d’abord visé les groupes rebelles opposé à Bachar Al Assad, mais, depuis l’attentat contre un avion de ligne russe, l’EI a été ciblé. Les militaires russes, américains et français se sont même coordonnés, faisant croire à un rapprochement plus serré entre les parties. C’est le défi de la semaine diplomatique de François Hollande.

Virginie Robert, Les Echos