Philippe Chalmin : « Les marchés avaient anticipé la fin de cet accord »

ENTRETIEN – Alors que Moscou a mis fin à l’accord céréalier avec Kiev ce lundi, l’impact “risque d’être plus important sur le marché du maïs”, que sur celui du blé, estime ce jeudi Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières.

“Les prix augmentent un peu” mais “les marchés avaient anticipé la fin” de l’accord quadripartite qui garantit depuis un an l’exportation sécurisée des céréales ukrainiennes via la mer Noire, que la Russie n’a pas voulu prolonger lundi 17 juillet, analyse Philippe Chalmin jeudi 20 juillet sur franceinfo. Ce professeur d’histoire économique à l’université Paris-Dauphine, spécialiste des matières premières et de l’énergie, affirme que le problème du maïs en Ukraine est bien plus inquiétant pour les pays occidentaux que celui du blé.

franceinfo : Les prix augmentent déjà sur les marchés européens ?

Philippe Chalmin : Oui, un peu, mais il faut se rendre compte qu’ils avaient fortement baissé depuis un an. L’année dernière, la tonne sur le marché européen était grimpée jusqu’à 430 euros. Nous étions descendus à 220 euros ces dernières semaines. Hier, les marchés ont clôturé aux alentours de 250 euros. On reste deux fois moins qu’au pic pour deux raisons. La première, c’est que la campagne 2022-2023 a été excellente dans le reste du monde, que ce soit en Russie, en Australie, au Brésil… donc les marchés ont été plutôt bien approvisionnés. D’autre part, l’Ukraine, malgré la guerre, a quand même maintenu plus d’exportations non seulement par le corridor céréalier, mais au travers de l’Europe et au travers aussi de la petite langue de terre qui, passant sous la Moldavie, permet à l’Ukraine d’avoir un accès sur le Danube.

Le blé russe n’est pas soumis aux sanctions ?

Les produits alimentaires ne sont pas soumis aux sanctions. Par contre, les Russes se plaignent des difficultés qu’on leur met un peu, au niveau du financement de ces exportations, puisque les banques russes sont exclues du système international de paiement SWIFT. Malgré tout, il y a les banques chinoises ou indiennes qui sont moins regardantes. Et l’année dernière, là où l’Ukraine a exporté 15 à 16 millions de tonnes de blé, la Russie en a exporté 42. Pour vous donner un ordre de grandeur, les exportations mondiales de blé, c’est un peu moins de 200 millions de tonnes.

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Retrouvez l’intégralité de l’entretien avec Philippe Chalmin sur le site de Franceinfo.