Réchauffement climatique : la carte des risques pour la santé

VIDEO – Le World Policy Conference à Séoul s’est intéressé au réchauffement climatique. Si des solutions techniques propres sont testées pour remplacer les énergies fossiles, les risques sur la santé apparaissent bien réels.

«Un accord lors de la conférence de Paris est possible, nous allons dans la bonne direction.» Vuk Jeremic, président du Centre pour les relations internationales et le développement durable et ancien président de la 67e session de l’assemblée générale des Nations unies, est modérément optimiste. Il juge «les chances de succès raisonnables». Alors que se tient à Lima la conférence sur le climat , dernière étape avant la réunion de Paris en 2015, le World Policy Conference réuni actuellement à Séoul sous l’égide de l’IFRI a choisi d’inscrire le réchauffement climatique à son agenda.

A dessein, car les tendances ne plaident pas en faveur du respect des objectifs fixés pour limiter la hausse des températures. «Les émissions de CO2 continuent à progresser», indique William Ramsay, ancien directeur adjoint de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). C’est en effet l’un des sujets de préoccupation, l’incapacité qu’ont les principaux acteurs à transformer suffisamment rapidement le système énergétique pour limiter l’émission de gaz à effets de serre. Ces derniers, d’ici à 2040, devraient encore augmenter d’un cinquième et conduire à un réchauffement de la planète de 2° C.

L’initiative de Total avec le programme Awango

Le rapport de l’AIE publié en novembre ne dit pas autre chose. Le document s’alarme de la hausse (+37%) de la demande mondiale en énergie d’ici 2040. Faut-il pourtant voir là une bonne nouvelle ? Sur les trois énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), la demande pour deux d’entre elles – le charbon et le pétrole – devrait toutefois atteindre un plateau d’ici à 2040. Cela alors que la puissance nucléaire installée devrait faire un bond de 60%, principalement en Chine, en Inde, en Corée et en Russie. Cette échéance de 2040 est suffisante pour permettre aux technologies des énergies renouvelables de gagner en efficacité. Elles progressent rapidement grâce aux aides massives dont elles bénéficient (120 milliards de dollars en 2013). Sauf revirement, les énergies renouvelables devraient compter pour la moitié dans l’augmentation de la production énergétique d’ici 2040 et dépasser ainsi le charbon.

A moins d’un baril durablement bas, les industriels devraient continuer à investir dans ces nouvelles technologies. Parallèlement aux efforts développés pour limiter les effets du changement climatique, des initiatives sont lancées comme celle de Total. Le groupe pétrolier a ainsi lancé en 2012 le programme Awango qui propose des solutions solaires photovoltaïques innovantes et fiables pour résoudre les problèmes quotidiens de populations qui vivent sans électricité, avec de faibles revenus. En Afrique essentiellement, le groupe pétrolier a ainsi distribué 1.000 lampes solaires et considère qu’il apporte la lumière à 4.000 personnes. «L’objectif d’ici à 2020 est de toucher 50 millions de personnes» explique Bertrand de la Noue, représentant du groupe Total en Chine.

Cancer du foie, Ebola, hépatites…

Le réchauffement climatique a des prolongements sur la santé aussi. «La santé n’a jamais été autant prise en compte dans le réchauffement climatique qu’aujourd’hui», explique Christian Bréchot, président de l’Institut Pasteur, qui dresse une carte des risques en expliquant comment le climat agit sur les organismes. «Il y a une évolution importante actuellement. A côté des maladies infectieuses comme Ebola ou le VIH, les causes de mortalité sont de plus en plus liées aux maladies chroniques comme les cancers. Elles sont en train de prendre le pas partout, dans les pays développés, les émergents comme les plus pauvres.» Il y a des maladies chroniques qui ont des liens avec des agents infectieux comme en Corée le cancer du foie et l’hépatite B et C par exemple.

Si l’on schématise, on s’aperçoit que d’ici à 2050, le réchauffement climatique va exacerber des problèmes que l’on connaît déjà (problèmes de nutrition, d’incendies, etc.). Au-delà, en partant de l’hypothèse d’un réchauffement entre 4 et 7° C, les prévisions deviennent littéralement catastrophiques. «Le travail à l’extérieur devient impossible et il devient difficile à l’être humain de s’adapter», conclut le professeur. Les enjeux pour un accord à la conférence de Paris sont posés.

VIDEO Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique sur la santé ? L’interview de Christian Bréchot, directeur général de l’Institut Pasteur à Paris