Sept ans de réflexion : Dominique Strauss-Kahn prépare-t-il son retour en politique ?

5.11.2017
by Alexane Pelissou

Voilà presque sept ans que DSK a quelque peu disparu des radars. Tandis qu’Emmanuel Macron vient tout juste d’entamer son mandat présidentiel, l’ex-patron du FMI serait-il en train de mijoter son grand « come-back » ?
Depuis l’affaire du Sofitel, en 2011, Dominique Strauss-Kahn s’est fait plutôt discret. Très pointilleux sur ses apparitions publiques, ses déclarations et interviews se font rares. Pourtant, le 4 novembre 2017, l’ancien président du Fond Monétaire International n’a pas hésité à se rendre à la World Policy Conference [qui s’attarde sur les solutions à mettre en place concernant la gouvernance mondiale, ndlr]. S’il a serré quelques mains, il n’a pas hésité à répondre à quelques questions d’un journaliste anglais – tout en retenue, mais sans langue de bois. En moins de trois minutes, le Français a donné son avis sur la politique actuelle, en France et aux États-Unis. Comme pour préparer le terrain à un potentiel retour en politique.

« LE PARTI SOCIALISTE N’A PAS D’AVENIR »
Interrogé sur le futur du PS, son parti politique, Dominique Strauss-Kahn a été clair : « Je crois qu’il n’y en a pas, et je crois que c’est une bonne chose. Le temps est venu de renouveler le centre-gauche de la France. Ce parti, qui est le mien, […] n’a pas su accompagner la mondialisation. » Depuis quelques années, le Parti Socialiste a pourtant opéré quelques changements. L’arrivée de Benoît Hamon en tête des primaires n’aura pourtant pas suffit : pour Strauss-Kahn, le tout est passé de mode. « Il est temps qu’il disparaisse et qu’une autre force, peut-être avec une partie des même membres, apparaisse », a-t-il précisé. Le message est clair : il n’est plus vraiment en accord avec le parti qui l’a autrefois accueilli. Le changement, c’est maintenant.

VIVE LE PRÉSIDENT
DSK n’a pas toujours complimenté le travail d’Emmanuel Macron – comme en octobre dernier, lorsqu’il avait envoyé quelques piques au futur président de la République, lors de l’hommage à Nicole Bricq. Mais il semblerait qu’il soit prêt à changer d’avis, même s’il garde quelques réserves : « Macron, il n’est ni gauche, ni droite », a-t-il déclaré, un sourire à peine gêné jusqu’aux oreilles. « Je voudrais qu’il soit gauche et droite. Je crois que la gauche et la droite, ça continue d’exister, on peut appeler ça comme on veut. » Dominique Strauss-Kahn a également précisé qu’il n’était pas contre une cohabitation, mais uniquement lorsque c’est l’intérêt du pays. Subtile manière de dire que, en temps qu’homme de gauche, il serait prêt à travailler pour un gouvernement de droite ? « C’est la période des grandes transformations. Si Emmanuel Macron saisit bien sa chance, il peut faire en cinq ans beaucoup de changements en France, qui n’ont pas existé dans les 30 précédentes années. »

L’ÉQUATION TRUMP
Dominique Strauss-Kahn a été beaucoup moins généreux avec Donald Trump, actuel président des États-Unis. Lorsqu’interrogé sur sa politique, il répond : « C’est toujours délicat pour un étranger de faire un commentaire sur un chef d’État qui n’est pas le sien ». Langue de bois ? Pas le moins du monde. Il poursuit : « Mais je suis inquiet de la façon dont les États-Unis ont élu un homme qui me semble pas adapté à cette tâche. » Le problème ne vient pas du fait que Trump, avant de gouverner un pays, n’ait jamais mis de pied dans la politique. Le souci viendrait de ses valeurs à lui, en tant qu’homme : « Il peut y avoir des gens qui viennent de la société civile pour gouverner un pays. Mais à ce moment-là, il faut quand même respecter les règles, les codes, le fonctionnement de la vie politique. Ce que Trump ne fait pas. Et je pense que ça peut finir de façon assez dangereuse. » Pessimiste, il l’est. Un peu. Parce que les « États-Unis jouent un rôle majeur dans le monde ».
Si DSK n’a évidemment pas explicitement exprimé son désir de revenir sur le devant de la scène politique française, ces déclarations laissent penser que son avis compte, et que les grands de ce monde auraient tout intérêt à ne pas l’ignorer. Affaire à suivre, donc.