« S’il n’y avait pas eu l’affaire du Sofitel, le sort de la gauche aurait peut-être tourné différemment »

6.11.2017
by Françoise Fressoz

Dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », revient sur les propos tenus par DSK qui a estimé qu’« il était temps » que le PS « disparaisse ».

Chronique. C’est peu de dire qu’il les a énervés. Tous ! Même la sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie, qui fut l’une de ses groupies, est sortie de ses gonds. « Etant donné la situation dans laquelle il a mis les socialistes, je lui suggère de nous dispenser de ses avis et de ne pas désespérer à nouveau ceux qui veulent reconstruire ! », s’est-elle insurgée.

Quand Dominique Strauss-Kahn se permet de faire la leçon à ses amis, lorsqu’il déclare, comme il l’a fait, samedi 4 novembre, à Marrakech en marge de la World Policy Conference, qu’« il est temps » que le Parti socialiste « disparaisse » parce qu’il n’a pas su « accompagner la mondialisation » ni « se transformer quand le monde se transformait », il est logique que lui reviennent en boomerang les accusations d’agression sexuelle à New York qui l’ont empêché de se porter candidat à la primaire socialiste, un certain 14 mai 2011.

Mais dans les règlements de comptes, rien n’est jamais simple : si la parole de DSK compte encore, malgré le lourd passif qui lui vaut aujourd’hui d’être le paria du PS, c’est précisément parce que, s’il n’y avait pas eu l’affaire du Sofitel, le sort de la gauche aurait peut-être tourné différemment.

C’est ce que l’ancien ministre de Lionel Jospin plaide en filigrane, comme une tentative de réhabilitation, et ce qu’il dit ne peut être passé sous silence tant le bilan des six années qui ont suivi son retrait est accablant pour le PS : en 2017, François Hollande, qui avait prétendu le remplacer, n’a pas été en mesure de se représenter. Benoît Hamon, qui symbolisait la fronde, a été distancé de plus de 4,8 millions de voix par Jean-Luc Mélenchon et de plus de 6,3 millions par Emmanuel Macron. Le PS a été broyé, ses députés ont été laminés.

Emmanuel Macron se situe dans sa filiation
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