Trump. Au centre des débats mondiaux

04.12.16

HUBERT COUDURIER

L’élection de Donald Trump apparaît comme un encouragement aux mouvements populistes. Les regards seront déjà tournés, aujourd’hui, vers l’Autriche et l’Italie.

De notre envoyé spécial au Qatar. La 9e édition de la World Policy Conference lancée par Thierry de Montbrial, président de l’Ifri (lnstitut français des relations internationales), s’est achevée la semaine dernière au Qatar. Au menu des débats géopolitiques, les conséquences de l’élection de Donald Trump, tant sur les négociations commerciales que climatiques, la lutte antiterroriste, les relations avec la Russie ou la montée des périls en mer de Chine.

L’ancien ambassadeur de France à Washington, François Bujon de l’Estang, le dit : une politique de grands travaux outre-Atlantique relancera l’inflation et une hausse des taux d’intérêts dangereuse pour les pays lourdement endettés comme la France.

Au-delà d’un accord entre le chef de la Maison Blanche et la Russie sur la tête des Européens, l’élection de Donald Trump apparaît comme un puissant encouragement aux mouvements populistes. Or, plusieurs élections vont permettre de mesurer cette poussée, en particulier ce week-end, en Autriche, avec la présidentielle, et en Italie, avec le référendum. Puis, en mars, aux Pays-Bas, en mai, en France, et, en octobre, à l’occasion des législatives en Allemagne. L’ancien conseiller indien pour la sécurité nationale, Shivshankar Menon, loue l’amélioration de la relation américano-indienne et ne veut pas voir l’élection de Trump comme un défi : « La vraie menace réside dans la fragmentation des systèmes internationaux de libre-échange qui risque d’être pire que pendant la Guerre froide ». Selon lui, la situation en mer de Chine ne doit pas être réglée uniquement par Washington et Pékin, mais associer tous les pays de la région.

« On est hors jeu »

« Construire de nouvelles relations entre Trump et Poutine n’est pas forcément une mauvaise idée à court terme, et cela va engendrer un monde d’opportunités où l’équilibre des pouvoirs va s’accélérer », veut croire Vuk Jeremic, ancien conseiller du président de Serbie.

« Personne ne sait ce qui va se passer », me glisse l’ancien ambassadeur de Turquie en France, Hakki Halil, optimiste sur son pays malgré le coup d’État et les cours du pétrole erratiques : « On a quand même une croissance de 3 %, et la livre turque est stable ».

Laissons la conclusion à Hubert Védrine, l’ancien ministre des Affaires étrangères : « Obama parlait avec Merkel une fois par semaine. Hollande pas plus que Sarkozy n’ont réussi à s’entendre avec lui. Comme on a décroché économiquement, on est hors jeu, du côté de l’Italie plutôt que de l’Allemagne ».