Washington fait monter la pression sur l’Iran

Publié le 01/07/2018

Virginie Robert, Les Echos

Les Etats-Unis font tout pour tarir les exportations de pétrole iranien. Téhéran se démène pour essayer de préserver ce qu’il peut l’être des sanctions américaines.

L’étau se resserre sur Téhéran alors que les Etats-Unis font tout pour réduire « à zéro » ses ventes de pétrole  -en interdisant à ses alliés d’en acheter après le 4 novembre – et en demandant à l’Arabie saoudite d’augmenter sa production (lire également page XX). A Villepinte samedi, lors d’une manifestation organisée par le Conseil national de la résistance iranien (CNRI) , Rudy Giuliani, avocat et conseil de Donald Trump a déclaré: « Quand les plus grandes puissances économiques arrêtent de faire des affaires avec vous, vous vous écroulez ». Et de prévenir: « Les sanctions ne vont faire qu’augmenter. »

Afin notamment de compenser la chute des exportations iraniennes qui pourrait peser sur les prix en raréfiant l’offre, un tweet triomphal de Donald Trump expliquait samedi   qu’il avait obtenu du roi Salman d’Arabie d’augmenter sa production jusqu’à deux millions de barils jours.

 

 

Une affirmation rapidement tempérée par Riyad et par la Maison Blanche qui a dû publier un communiqué précisant que ‘le roi Salman a soutenu que le royaume disposait de capacités de production inutilisées de deux millions de barils par jour, qu’il utilisera prudemment si et lorsque ce sera nécessaire pour garantir l’équilibre du marché’. Le 22 juin, les membres de l’Opep, dont l’Iran fait partie, sont convenus d’augmenter collectivement leur production d’un million de barils par jour.

Le régime en campagne 

A Téhéran, on tente de faire front. Dimanche, dans un discours retransmis à la télévision, le premier vice-président iranien, Eshagh Jahangiri, a affirmé que « nous serons capable de vendre notre pétrole autant que de besoin ». La veille, lors d’une conférence de presse à Téhéran, le ministre de l’Industrie iranien, Mohammad Shariatmadari avait demandé aux sociétés étrangères implantées en Iran à ne pas céder aux ‘menaces’ de sanctions américaines.

Interrogé spécifiquement sur PSA (qui a dit avoir commencé le processus de suspension de ses joint-ventures) et Renault (qui est prêt à réduire la voilure sans pour autant abandonner ses intérêts), il a assuré que « jusqu’à présent, ils ne nous ont pas dit qu’ils ne continuaient pas » leurs activités en Iran.  Pour le secteur automobile, les sanctions américaines doivent être réinstaurées le 6 août  prochain.  Les émissaires du régime font campagne: la semaine dernière à Paris Gholamhossein Shefeie, président de la chambre de commerce iranienne, expliquait que « la France est une priorité pour nous. Nos deux pays cherchent des solutions, notamment pour les petites et moyennes entreprises ».

Troubles intérieurs

Fragilisé à l’extérieur, le régime l’est de plus en plus à l’intérieur avec une succession de manifestations ou de grèves, comme celle des routiers qui a duré deux semaines. En Iran, depuis les manifestations de janvier, «il n’y a pas eu un moment de répit », assure  Afchine Alavi , porte-parole du CNRI en France. Ce week-end, plusieurs personnes ont été blessés alors des manifestants protestaient contre la pollution de l’eau à Khorramshahr, dans le sud-ouest du pays.  Quelques jours auparavant, le bazar de Téhéran avait été fermé «  c’est exceptionnel, ça a rappelé la fin du règne du shah », observe  Afchine Alavi. La chute de la devise, le manque d’eau potable, le hausse du chômage , tout cela fait que « la population a conclu que la solution n’est pas dans ce régime » appuie-t-il.

Virginie Robert