World Policy Conference 2019 : quel bilan ?

18.10.2019

Moëz Bhar, La Revue de L’Afrique

Les travaux de la 12e édition de la World Policy Conference 2019 (WPC) se sont déroulés, du 12 au 14 octobre à Marrakech, avec la participation d’importantes personnalités du monde de la politique, des médias et de l’économie.

Placée sous le Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, ce forum a pour mission de contribuer à promouvoir un monde plus prospère et plus ouvert, ce qui impose un effort permanent pour comprendre la réalité des forces en jeu et leurs interactions, et réfléchir à l’adaptation pacifique de l’organisation des rapports interétatiques à tous les niveaux, dans le respect des intérêts fondamentaux de chaque Nation et de la culture. La WPC est aussi un espace de dialogue et de réflexion autour des enjeux de la gouvernance mondiale, et ce pour un développement durable des liens internationaux.

S’exprimant à cette occasion, le Président et Fondateur de la World Policy Conference, Thierry De Montbrial, a souligné la nécessité pour les puissances moyennes de comprendre la réalité internationale telle qu’elle est, afin de mieux prendre en main leur destin. Il a notamment étalé la situation géoéconomique et géopolitique actuelle dans le monde, en affirmant le rôle essentiel de l’Union Européenne, dépassant celui de ses membres : « seule une Europe solide pourra peser face aux deux puissances impériales en compétition pour les prochaines décennies, ou aux autres mastodontes comme l’Inde ou le Japon ». « La sécurité de l’Europe est intimement liée à celle de ses flancs, et je suis de ceux qui se félicitent à cet égard de la perspective d’un rapprochement possible avec la Russie » poursuivit M. De Montbrial.

Paul Kagamé appelle les africains à plus de responsabilités

Le forum WPC était aussi marqué par la visite du président rwandais, Paul Kagamé. Selon lui, l’Afrique ne doit plus être considérée comme la récompense d’une lutte d’influence entre les puissances étrangères. En prononçant un discours fort, il a appelé les chefs d’États africains à prendre leurs « responsabilités ». « L’Afrique n’est le prix à gagner ou à perdre pour personne. Pas du tout. Il est de notre responsabilité, en tant qu’africains, de prendre en charge nos propres intérêts et de développer notre continent à son plein potentiel. En fait, cela a toujours été le principal problème. Nous attendons depuis bien trop longtemps, en fait depuis des siècles », a-t-il dit.

Indiquant que le commerce contribue fortement à la performance de l’économie de chaque pays, le président Paul Kagamé a cité que la recherche d’un avantage comparatif conduit généralement à des bénéfices en termes de richesses et de compétitivité. C’est pourquoi, poursuivit-t-il, « il est si important pour l’Afrique de s’unir en tant que région. Les obstacles internes aux voyages et au commerce en Afrique continuent de diminuer, bien qu’il reste encore beaucoup à faire ».

DSK est Brexiteur

Par ailleurs, la WPC a été marqué par le passage habituel de Dominique Strauss-Kahn. Dans une déclaration au JDD, présent au forum, l’ancien directeur général du FMI a déclaré qu’« une bonne part des difficultés de construction de l’Europe depuis quarante ans est liée à la présence de nos amis britanniques ». « Je crains que l’Europe aujourd’hui ne soit en train de passer en seconde division », poursuivit-il. D’où être favorable à ce que « les anglais fassent leur chemin de leur côté ». DSK se déclare Pro-Brexit. « Une bonne part des difficultés de construction de l’Europe depuis quarante ans est liée à la présence de nos amis britanniques, qui n’ont jamais voulu véritablement jouer le jeu, explique-t-il. Alors s’il reste une chance de faire quelque chose en Europe, c’est avec les Anglais (sic) comme partenaires à l’extérieur », explique-t-il.

Les travaux de cette 12e édition de la WPC ont porté sur la cybermenace, les cyberpuissances, l’énergie et l’environnement, les enjeux de la technologie dans la politique et la société, ainsi que sur le commerce, l’investissement direct, les perspectives économiques et politiques, mais notamment sur l’avenir du système monétaire international.

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