Donald Trump. Facteur d’instabilité

15.11.2017
by Le Télégramme

« Trump voulait être dur avec la Chine, mais la bureaucratie l’a freiné », analyse l’ancien ambassadeur, Alexander Panov.

«L’onde de choc Trump» a rebattu les cartes à l’international. Un an après son élection à la Maison Blanche, les experts mesurent le phénomène : ce président imprévisible et volontiers provocateur ajoute au facteur d’instabilité de la planète.

Des menaces de guerre resurgissent au vu d’événements déstabilisant la gouvernance mondiale. Ces défis étaient au centre des débats réunissant début novembre, à Marrakech (Maroc), 400 experts en géopolitique, anciens ministres, conseillers ou industriels sous la houlette de Thierry de Montbrial, président de l’Institut français des relations internationales (IFRI), un « think tank » fêtant le 10e anniversaire de la World Policy Conference (WPC).

Un an après la conférence de Doha, les analystes avaient un peu plus de recul pour mesurer le phénomène Trump étrennant sa première année à la Maison Blanche. « L’élection de Trump n’a toujours pas été comprise par les démocrates aux États-Unis et les forces de gauche, en général. Lesquelles pensaient qu’il ne fallait plus s’occuper des classes moyennes mais des minorités de toutes sortes », selon l’ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, distinguant les pays qui s’en réjouissent (Chine, Iran, Israël…) de ceux qui s’en inquiètent (Corée du Sud, Japon, Europe, Australie).

Sans oublier ceux qui s’en accommodent, telles la Russie ou la France dont le président Macron y voit un moyen de se différencier d’Angela Merkel.

« Reagan, lui, écoutait »

À l’évidence, comme l’exprimait John Sawers, l’ancien patron des services secrets britanniques, le fameux MI6 : « Je suis heureux que Trump ait limité les dégâts et pas mécontent que la diplomatie ait été confiée à des généraux (appelés les « adultes », à Washington). Mais nous ne devons plus compter que sur nous pour nous défendre car la couverture américaine n’est plus garantie », a-t-il ajouté, reprenant les propos de la chancelière allemande. Et l’ancien ambassadeur américain en Allemagne, Richard Burt, de renchérir : « La différence entre Reagan et Trump, c’est que Reagan, lui, écoutait ».

Quoi qu’il en soit, si le scénario de l’impeachment paraît aujourd’hui exclu, il est peu probable que le chef de la Maison Blanche professionnalise son action d’autant que son électorat adore ses provocations. L’une des conséquences de cette évolution est résumée par l’ancien ambassadeur, Alexander Panov : « Trump voulait être dur avec la Chine mais la bureaucratie l’a freiné, du coup, il s’est retourné contre la Russie, contrainte de se rapprocher de la Chine ». La conséquence de ces maladresses est une perte d’influence de la première puissance mondiale, source d’instabilité globale.