Fabius appelle à une action urgente sur le changement climatique

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a souligné l’urgence d’aboutir à un accord global sur le climat lors du sommet sur la question qui se tiendra en 2015 à Paris. Eitan Abramovich/AFP

WPC

De notre envoyé spécial à SÉOUL, Michel TOUMA | OLJ

13/12/2014

La 7e édition de la World Policy Conference qui s’est tenue à Séoul du 8 au 10 décembre en présence de près de 200 décideurs, experts, universitaires et hauts responsables du monde des affaires et de la presse s’est achevée par l’exposition des rapports présentés aux congressistes concernant les ateliers de travail organisés parallèlement aux sessions plénières. Ces ateliers de travail, qui ont porté sur des sujets pointus et qui revêtent de ce fait un caractère très technique, ont permis aux participants d’échanger leurs informations, analyses et prospectives dans leurs domaines respectifs.

Il ressort de l’atelier de travail portant sur l’agro-industrie en Afrique et en Asie qu’une coopération accrue se manifeste entre ces deux continents au niveau de la production agricole, notamment en ce qui concerne la production du riz qui constitue l’un des principaux aliments nutritifs dans ces régions.
Cette coopération au plan de la production agricole s’étend également aux champs scientifique et technique dans le but d’améliorer la qualité de la production du riz. L’Afrique bénéficie sur ce plan d’une aide substantielle de géants asiatiques, tels que la Chine et le Japon, à l’évidence, mais aussi de pays bénéficiant de moyens modestes, tels que le Vietnam. La raison réside dans le fait que l’Asie perçoit l’Afrique comme une source principale de produits alimentaires de base.

Le changement climatique
Un autre atelier de travail non moins important a porté sur l’environnement, l’énergie et le changement climatique. Fait significatif, il a eu lieu au même moment que le Sommet des Nations unies sur le changement climatique, qui tenait ses travaux à Lima (voir la correspondance de Suzanne Baaklini à Lima dans L’Orient-Le Jour).
Cet atelier de travail s’est ouvert sur un message spécial, par vidéoconférence, du chef du Quai d’Orsay, Laurent Fabius, qui a appelé à une action urgente que devraient mener toutes les parties concernées afin de lutter efficacement contre le changement climatique. M. Fabius a souligné en outre la nécessité impérieuse d’aboutir à un accord global sur ce plan lors du sommet sur la question qui se tiendra en 2015 à Paris.

Au niveau des débats et des échanges qui ont marqué cet atelier de travail, le rapport présenté à ce propos aux congressistes, en séance plénière, par Marie-Claire Aoun, directrice du Centre sur l’énergie à l’Institut français des relations intérieures (Ifri), souligne notamment qu’au stade actuel, la Chine est la principale source de la croissance de la demande en énergie, mais, dans un avenir plus ou moins proche, l’Inde, l’Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique latine seront aussi à l’origine d’une demande croissante en énergie. Aujourd’hui, l’Asie est au centre des défis qui se posent en matière d’environnement et d’énergie. Si l’Asie ne parvient à faire face à ces défis, le monde entier s’en ressentira.
Le rapport de Marie-Claire Aoun souligne que les débats lors de l’atelier de travail précité ont mis en relief le fait que le changement climatique a un impact négatif sur la sécurité alimentaire et sur l’approvisionnement en eau, de même qu’il a pour effet d’accroître les maladies infectieuses ainsi que la pollution de l’air, laquelle a été identifiée comme l’un des principaux facteurs à risques pour la santé en Chine.

Les participants à l’atelier de travail ont fait état dans ce cadre d’une évolution dans l’attitude des entreprises travaillant dans le domaine de l’énergie à l’égard du problème du changement climatique, en ce sens que ces entreprises prennent des mesures pour rationaliser davantage l’utilisation de l’énergie. Il y a un an, l’ex-PDG de Total, Christophe de Margerie – tué récemment dans un accident d’avion à Moscou et auquel le président de l’Ifri, Thierry de Montbrial, a rendu un vibrant hommage à la clôture de la WPC – avait lancé une initiative visant à renforcer la coordination entre les entreprises de pétrole nationales et internationales afin de faire face au problème du changement climatique.

Il reste qu’en dépit de tous les efforts déployés, les émissions de gaz carbonique continuent de croître. Le récent accord entre les États-Unis et la Chine au sujet du changement climatique constitue, à n’en point douter, un message fort, mais tous les espoirs sont fondés sur le sommet de Paris en 2015. Dans la pratique, les experts réunis à Séoul ont mis l’accent sur la nécessité de développer les énergies renouvelables et de stimuler la production de voitures électriques, parallèlement à l’utilisation comme source d’énergie du gaz naturel, lequel est toutefois considéré par nombre de spécialistes comme une étape transitoire dans la recherche d’une solution radicale au problème de l’utilisation rationnelle des sources d’énergie sur la planète.
Quant aux perspectives du sommet de Paris de 2015, les participants à l’atelier de travail ont souligné que si un accord est réellement conclu lors de ces assises, il faudra alors passer du stade de la détermination des objectifs à celui de l’application concrète des termes de l’accord.

 

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