Finances publiques : la dette a de nouveau un coût et le réveil va être brutal

Anesthésiés depuis des années par des taux d’intérêt négatifs, nous allons redécouvrir que la dette a un coût et des limites. Et que l’argent ne tombe pas du ciel.

Depuis deux ans, c’est la question à laquelle aucun responsable politique n’accepte réellement de répondre, mais qui les taraude tous, au fond : après les plans d’urgence, après les centaines de milliards d’euros déversés pour amortir les chocs de la pandémie hier, de la guerre en Ukraine aujourd’hui, que se passera-t-il lorsque l’argent cessera de tomber du ciel ? Lorsque, dans nos pays occidentaux trop longtemps anesthésiés par des taux d’intérêt négatifs, nous finirons par redécouvrir que la dette a un coût et des limites ?

Dans le cas français, l’interrogation est tout sauf rhétorique : voilà quarante ans, ou presque, que nous sommes dans l’illusion de l’argent magique, en vivant au-dessus de nos moyens et en creusant consciencieusement nos déficits. Et puisque les montants en jeu, stratosphériques, empêchent souvent de se représenter la menace qui se profile, en voici une traduction concrète : en dépit des discours récurrents sur la nécessité de diminuer le train de vie de l’Etat, de renouer avec une trajectoire financière “durable”, notre dette publique s’est alourdie de 1660 milliards d’euros au cours des trois derniers quinquennats, soit près de 100 000 euros par travailleur actif…

On peut, comme Jean-Luc Mélenchon et son orchestre, continuer à jouer sur le pont du Titanic. On peut aussi se dire, en voyant les taux d’intérêt européens repartir à la hausse, que la fête est bien finie et que nous n’avons plus beaucoup de temps pour éviter la catastrophe.

Voilà un peu plus d’un an, dans les colonnes de L’Express, l’ancien président de la Banque centrale suisse, Philipp Hildebrand, avait prédit l’inévitable retour à une politique monétaire plus orthodoxe. “Ce sera un rendez-vous historique, essentiel, qui nécessitera un vrai courage politique”, prévenait-il, en formulant cette mise en garde : les Etats qui auront utilisé les monceaux d’argent injectés à mauvais escient et n’auront pas profité de cette parenthèse inédite pour engager les transformations structurelles qui s’imposent “vont au-devant de grosses difficultés et seront inévitablement rattrapés par la soutenabilité de leur dette”. Ce moment crucial, presque existentiel pour notre pays, c’est maintenant.

Lire l’article sur le site de L’Express

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