Josep Borrell : « Il faut continuer de parler avec la Russie »

Soutenir la défense de l’Ukraine ou l’aider à gagner la guerre : le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, évoque les risques de division au sein de l’UE. L’artisan de la définition et de la mise en œuvre des sanctions contre Moscou évalue leur impact sur Vladimir Poutine.

Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. (Reuters)

Tandis que la guerre continue de faire rage dans le Donbass , la diplomatie européenne accélère les préparatifs du dernier Conseil sous présidence française des 23 et 24 juin. Dès ce mercredi, les ministres de la défense de l’Otan se réuniront à Bruxelles et d’ici le week-end prochain, la Commission européenne devrait rendre son avis sur la candidature ukrainienne d’adhésion à l’UE. L’Espagnol Josep Borrell, également vice-président de la Commission européenne, fait le point sur ces rendez-vous clefs avec le JDD.

Entre le discours très offensif des Baltes et de la Pologne et celui plus mesuré de la France, de l’Allemagne ou de l’Italie, y a-t-il selon vous un risque de voir les Européens se diviser sur les objectifs militaires de l’Ukraine ?
Le risque existe toujours. Mais, depuis le début de la guerre, je n’ai jamais vu l’Union européenne aussi unie pour aider l’Ukraine. Il peut y avoir des sensibilités différentes entre les Baltes, par exemple, qui sont aux premières loges de ce conflit, qui vivent depuis longtemps avec la menace russe et s’en inquiètent, et l’Espagne ou le Portugal. Mais c’est dans l’unité que nous venons d’adopter tous ensemble un sixième train de sanctions contre la Russie en décidant de réduire de 90 % nos importations de pétrole russe .

Faut-il juste aider l’Ukraine à se défendre ou, comme le souhaitent ouvertement la Pologne ou même les États-Unis, l’aider à gagner la guerre ?
Je ne fais pas de théologie. Notre aide militaire doit arriver au plus vite aux forces ukrainiennes, car elles ne font pas la guerre avec des billets de banque mais avec des canons qui lui permettent de résister à l’agression russe. Une fois qu’on a dit cela, toutes les guerres finissent par un cessez-le-feu et une négociation et il est nécessaire que l’Ukraine puisse aborder cette phase en position de force afin que la Russie ne puisse plus occuper le territoire qu’elle a gagné et occupé depuis le 24 février.

Autrement dit, l’objectif des Européens est d’aider l’Ukraine à reprendre les territoires qu’elle a perdus depuis le début de la guerre ?
Oui, cela me paraît raisonnable.

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