Jusqu’où Hong Kong peut-il défier le pouvoir central de Pékin ?

11.10.2019

Michel De Grandi, Les Echos

Spécial WORLD POLICY CONFERENCE – Pendant que Hong Kong exprime violemment son refus de la tutelle de la Chine populaire, Taïwan le fait à sa manière par les urnes. En 2020, Tsai Ying-wen la présidente pro-indépendance va briguer un nouveau mandat. Au grand dam des dirigeants de Pékin dont le rêve d’une Chine unique se brise.

Manifestation à Hong Kong le 2 Octobre 2019, après qu’un élève a été blessé par balle par la police antiémeute.
HW Chan/EyePress News/AFP

Le feu couvait sous la cendre depuis quelque temps déjà. Depuis cinq ans au moins lorsqu’a éclaté la révolte des parapluies à Hong Kong . Pékin est longtemps resté sourd aux mouvements pro-démocratie qui n’ont cessé de se renforcer dans l’ancienne colonie. Le pouvoir chinois se retrouve aujourd’hui au pied du mur, confronté à un mouvement de violence sans précédent qu’il ne parvient pas à endiguer. Habituées à réprimer les mouvements populaires par la force, les autorités centrales veulent éviter une répression qui écornerait durablement leur image.

Les jeunes Hong Kongais refusent la main mise de la Chine

Mais au-delà de la protestation, le message lancé par les jeunes Hong Kongais est très clair : ils refusent la main mise de la Chine sur le petit territoire qui fut britannique jusqu’en 1997. Et trouvent un écho à Taïwan où la problématique est sensiblement la même. Certes, l’île nationaliste n’est pas encore dans la seringue de la Chine comme peut l’être Hong Kong, mais la population et sa présidente rêvent d’indépendance.

Pour le régime communiste, l’ancienne colonie britannique comme Taiwan font tous les deux partie intégrante de la Chine. Il n’y a donc pas matière à négociation. L ‘élection présidentielle dans l’île nationaliste se déroule en janvier et pourrait porter de nouveau à sa tête Tsai Ying-wen. Comme ils l’ont fait lors des municipales, à Taiwan, les ingénieurs chinois s’immiscent dans la campagne en diffusant nombre de « fake news » sur les réseaux sociaux et autant de messages de propagande. Pékin limite en même temps le rayonnement international de Taiwan en dépouillant méthodiquement l’île de ses soutiens diplomatiques et en lui interdisant de siéger dans les instances internationales.

La vraie leçon est ailleurs. Le temps de l’intimidation de part et d’autre est révolu. Les mouvements, même s’ils retombent une nouvelle fois en intensité resurgiront ultérieurement. Et plus Pékin attendra, plus le prix à payer pour retrouver une base de dialogue sera élevé.

 

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