« La réponse au choc inflationniste est aujourd’hui prioritaire »

Pour limiter les effets pervers de l’inflation, les deux économistes, Olivier Blanchard et Jean Pisani-Ferry, proposent, dans une tribune au « Monde », d’établir une tarification duale de l’énergie et de suspendre certains mécanismes d’indexation des prix et des salaires.

La hausse des prix de l’énergie et la guerre en Ukraine imposent de poursuivre simultanément trois objectifs individuellement clairs mais contradictoires entre eux : protéger le pouvoir d’achat des ménages, contenir l’inflation et accentuer la pression économique sur la Russie.

Le premier objectif s’impose, si l’on sait qu’entre 2019 et aujourd’hui le poids de la facture énergétique dans le revenu national est passé d’un peu moins de 2 % à plus de 4 % du PIB. C’est un prélèvement très lourd, particulièrement pour les faibles revenus (l’énergie pèse directement ou indirectement pour un peu plus de 10 % du budget des 20 % de ménages les plus modestes).

Le deuxième objectif résulte de ce que plus l’inflation monte, plus elle s’enkyste et plus il est socialement coûteux de la réduire. Si, demain, les anticipations de hausse des prix s’ancrent sur 5 % d’inflation, nous serons obligés de passer par un douloureux épisode de hausse du chômage pour la ramener à 2 %. La France, heureusement, connaît aujourd’hui une inflation nettement plus basse que ses partenaires de la zone euro. Mais du fait de mécanismes d’indexation (smic, minima sociaux, retraites) plus protecteurs, elle n’est pas à l’abri d’une spirale inflationniste.

Le troisième objectif est de diminuer les recettes d’exportation de la Russie. L’Union européenne a fait le choix de riposter prioritairement à l’agression sur le terrain économique, et ses sanctions – gel des réserves de change et restrictions aux exportations, notamment – ont eu des effets puissants. Jour après jour, cependant, la hausse des prix de l’énergie finance la guerre de Moscou.

Un contexte extrêmement incertain

Toutefois, les moyens mis au service de ces objectifs se contredisent entre eux. Les mesures de transfert sous condition de ressources, comme le chèque énergie ou l’indemnité inflation, améliorent le pouvoir d’achat des bénéficiaires, mais n’abaissent pas le prix des consommations énergétiques. Elles sont donc traitées par l’Insee comme de purs transferts.

 

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