La Suède vire à droite

Les élections législatives confirment la banalisation du parti d’extrême droite mené par Jimmie Akesson. Des négociations s’ouvrent pour qu’il apporte son soutien au gouvernement que va former le leader du parti conservateur des Modérés, sans être invité à y participer pour autant.

« Maintenant nous allons remettre de l’ordre en Suède ! » a promis Ulf Kristersson, chef du parti conservateur des Modérés, qui va devoir composer le futur gouvernement de droite sorti des urnes dimanche. A l’issue de ce scrutin si serré qu’il a fallu trois jours pour comptabiliser les voix, la Suède vire à droite toute. Les Démocrates de Suède, un parti d’extrême droite qui a fait toute sa campagne sur l’immigration, la violence entre gangs et le pouvoir d’achat, a gagné 11 sièges (20,5 % des voix) et devient le premier parti de droite et le deuxième parti du pays.

Magdalena Andersson, la Première ministre, en a tout de suite tiré la leçon et annoncé sa démission mercredi soir. Très populaire, elle est pourtant parvenue à faire gagner des suffrages à son parti par rapport à 2018 (30,1 % des voix et 7 sièges de plus). « Les deux premiers partis du pays, les sociaux-démocrates et les Démocrates de Suède, ont progressé. C’est assez inhabituel pour un parti de gouvernement, et cela ne l’empêche pas de perdre le pouvoir », observe Douglas Brommesson, professeur de sciences politiques à l’université de Linnaeus.

Mais le parti social-démocrate n’a pas d’alliés suffisants pour espérer monter une coalition. Ses alliés du Parti de gauche et du Parti du centre ont essayé, en vain, de nouvelles stratégies. Le Parti du centre est allé plus à gauche pour se rapprocher des sociaux-démocrates, et cela n’a pas fonctionné (6,7 %). Sa dirigeante Annie Lööf a démissionné mercredi. Le Parti de gauche a voulu atténuer son profil urbain pour aller vers de petites villes industrielles, sans grand succès non plus.

Soutien au parlement

Les Verts sont les seuls parmi les petites formations de gauche à avoir gagné deux sièges. A droite, tous les partis à l’exception des Démocrates suédois ont perdu des sièges. Les Libéraux ont tout de même fait mieux que prévu, car ils étaient à 2 % dans les sondages il y a seulement un an.

La nouvelle coalition comprendra a minima les Modérés et les Chrétiens-démocrates, l’entrée des Libéraux dépendra de l’accord passé avec les Démocrates de Suède avec qui les relations sont très tendues. Ces derniers, menés par Jimmie Akesson, devraient a priori être un soutien au parlement et s’abstenir d’entrer au gouvernement.

« La droite va négocier un accord avec les Démocrates de Suède, qu’elle a contribué à presque normaliser dans le paysage politique suédois. Cela ne devrait pas être long, il y a déjà un certain nombre de choses sur lesquelles ils se sont mis d’accord, comme le politique énergétique », indique Douglas Brommesson. La préservation de l’assurance maladie et de l’assurance chômage font partie des priorités du parti populiste qui veut être « la bonne conscience d’un gouvernement bourgeois » tandis que les Modérés militaient surtout pour des baisses d’impôts.

La majorité est très faible avec un écart de trois sièges au Parlement, ce qui rend le gouvernement très vulnérable, alors qu’il devra gérer une inflation historique et une grave crise de l’énergie. « La grosse partie des négociations va consister à cadrer le soutien des Démocrates de Suède et voir comment organiser le travail, reprend l’expert. Une façon serait de les accepter comme observateurs dans l’administration, pour qu’ils suivent bien le travail et ne s’opposent pas au Parlement. » Les Libéraux l’ont déjà fait avec les sociaux-démocrates, et les Verts aussi. En cas d’échec des négociations, Magdalena Andersson s’est dite ouverte à travailler avec la droite.

Lire l’article sur le site des Echos

https://www.lesechos.fr/monde/europe/la-suede-vire-a-droite-1788253