Les défis colossaux de la nouvelle Commission européenne

11.10.2019

Catherine Chatignoux, Les Echos

Spécial WORLD POLICY CONFERENCE – Après une conception tumultueuse, la nouvelle Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen va devoir s’attaquer à des dossiers très lourds associés à des objectifs ambitieux : le climat, l’ère du numérique et le maintien d’un modèle industriel en Europe.

Ursula von der Leyen, la présidente élue de la Commission européenne a proposé un programme très ambitieux que les Etats auront du mal à honorer.
Photo by Kenzo TRIBOUILLARD/AFP

La crise ouverte par les eurodéputés après leur rejet de la candidature de la Française Sylvie Goulard au poste de Commissaire au marché intérieur augure d’une nouvelle ère du fonctionnement du Parlement européen et de ses relations avec la Commission. En lieu et place d’un duo bien huilé entre un groupe conservateur et une gauche social-démocrate qui planifiaient leur coexistence, s’installe une compétition à quatre partis qui risquent de s’affronter violemment. Les majorités s’annoncent plus mouvantes et plus compliquées à dégager au moment où l’Europe va devoir relever les défis les plus urgents de son histoire. La Commission Juncker autoproclamée « de la dernière chance » s’en sort avec un bilan correct que les électeurs ont semblé cautionner majoritairement lors  d’élections européennes marquées par une participation plus forte et un large soutien accordé aux partis favorables à l’intégration européenne. Si les forces populistes et anti-européennes semblent plafonner sur le Vieux-Continent, la survie de l’Union européenne n’est toujours pas assurée.

Une Europe prête pour le numérique

Le plan d’attaque proposé par la présidente élue de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, couvre tous les sujets où se joue potentiellement l’avenir de l’Europe et la capacité des Etats à les mener ensemble : le climat tout d’abord érigé en priorité.  Le « green deal » sera présenté dans les 100 premiers jours de son mandat fixera le cap d’un « objectif de neutralité carbone en 2050 », un défi extrêmement ambitieux doté d’une promesse d’investissements de 1.000 milliards d’euros, qui nécessitera un engagement sans faille de chacun des Etats membres.

La future commissaire en charge du numérique, la Danoise Margrethe Vestager a promis de travailler à « une Europe prête pour l’ère numérique » . Elle présentera rapidement un programme qui mettra l’Union sur la voie de la souveraineté dans le domaine de l’intelligence artificielle. Elle a aussi dans le collimateur les géants américains du net, qu’elle entend soumettre aux règles de la concurrence et à une fiscalité plus juste. Enfin, si « Europe puissance » il doit y avoir un jour, cela passera par une politique d’innovation technologique plus intense, des projets industriels en commun et des barrières de protection plus hautes contre les concurrents déloyaux.

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