Olivier Blanchard : « Je redoute le scénario d’une guerre commerciale »

INTERVIEW – L’ancien expert du Fonds monétaire international estime que la transition énergétique exigera de lever des impôts supplémentaires ou de couper dans certaines dépenses.

La récession dans laquelle plonge le Vieux Continent pourrait s’aggraver si un rationnement du gaz était instauré à la fin de l’hiver, s’alarme Olivier Blanchard. Ancien économiste en chef du Fonds monétaire international, coauteur de l’ouvrage Les Grands Défis économiques (PUF, 240 pages, 15 euros), avec le prix Nobel d’économie Jean Tirole, il prévient également : la tentation du protectionnisme industriel pourrait coûter cher aux pays industrialisés comme aux émergents.

L’Europe peut-elle encore éviter la récession ?

Probablement pas, et certains pays y sont sûrement déjà. D’abord, parce que le pouvoir d’achat a diminué en raison de l’augmentation du prix de l’énergie importée. Ensuite, parce que les incertitudes rendent les ménages plus prudents, et les entreprises plus frileuses. Cela pourrait être pire s’il y avait un rationnement du gaz à la fin de l’hiver. Pour le moment, la politique monétaire n’a pas encore joué un grand rôle.

Les banques centrales ne sont-elles pas en train de tuer la croissance en relevant leurs taux ?

Il faut d’abord rappeler que la zone euro importe une bonne partie de son énergie, dont les cours ont flambé. Pour faire face à cette hausse, les entreprises augmentent les prix, tandis que les salariés réclament des augmentations pour limiter leur perte de revenu. Mais les augmentations de salaire représentent une nouvelle hausse des coûts pour les entreprises, qui la répercutent en partie sur leurs prix, ce qui génère de nouvelles tensions sur les salaires, etc. C’est ce qu’on appelle « la boucle prix-salaires », qui peut conduire à une inflation plus élevée que l’inflation initiale.

Lisez l’interview d’Olivier Blanchard en entier sur le site du Monde.