Olivier Blanchard : « La baisse du taux d’intérêt est un phénomène mondial. »

ENTRETIEN – À l’occasion de la parution de son nouveau livre, nous rencontrons Olivier Blanchard, Senior Fellow au Peterson Institute for International Economics (PIIE). Pour l’ancien chef économiste du FMI, la période de remontée des taux d’intérêt ne durera pas. Il faudra compter pour longtemps dans un univers marqué par les taux bas. Dans ce « monde à l’envers », il devient impératif de réinventer des solutions qui articulent les politiques budgétaires aux politiques monétaires.

Votre livre, Fiscal Policy under Low Interest Rates, vient de paraître. Si nous revenons sur ce qui vous a mené à ce sujet, y a-t-il eu un basculement dans votre réflexion sur les questions budgétaires lors de votre passage au Fonds monétaire international, et notamment lors de l’épisode de la crise grecque et du plan de soutien ? 

Oui, ma pensée a évolué au cours du temps. Je prends un exemple. Quand je suis arrivé au FMI, en 2008, j’étais très inquiet de la taille de la dette publique japonaise, très élevée déjà à ce moment-là. Je pensais qu’il n’était pas possible qu’ils arrivent à la soutenir et qu’il y aurait des problèmes. Durant les six premiers mois, j’ai dit à Dominique Strauss-Kahn, le Directeur général du Fonds monétaire international à l’époque, qu’il y avait un vrai problème au Japon. Finalement, il ne s’est rien passé, il n’y a pas eu de catastrophe — pas de ce côté-là et pas pour le moment en tout cas. Ça m’a forcé à remettre en cause ce que je pensais sur le rôle et les dangers de la dette.

Dans un texte publié en 2013 vous disiez déjà que peut-être le FMI et plus largement la communauté des économistes avaient commis une erreur dans l’appréciation des multiplicateurs budgétaires dans des situations de crise et de récession…

D’un côté, j’avais pris conscience que les taux d’intérêts évoluaient à la baisse depuis les années 1980 de manière presque séculaire. Dans ce contexte de taux faibles, la dette était moins dangereuse que la perception que j’avais pu en avoir auparavant.

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Retrouvez l’entretien complet avec Olivier Blanchard sur le site du Grand Continent.