Sommet franco-allemand : un budget de la zone euro pour 2021

Publié le 19/06/2018

Virginie Robert, Les Echos

Français et Allemands sont tombés d’accord sur la création d’un budget pour les dix-neuf. Des changements de traité sont indispensables.

C’est historique. Le deuxième pilier de l’Union économique et monétaire comme l’avait rêvé Jacques Delors devrait voir le jour.  Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont mis d’accord sur un budget qui va promouvoir la compétitivité, la convergence et la stabilisation dans la zone euro. Ce projet, qui montre à la fois de la solidarité et la volonté de croître ensemble, doit encore être approuvé par les dix-sept autres membres.

« C’est un premier pas important pour l’Europe […] Nous nous engageons pour un budget de l’euro », a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel lors de la conférence de presse mardi au château de Meseberg. Il s’agit d’une étape significative pour l’Allemagne, très longtemps réticente à doter la zone euro d’une capacité de financement propre tant elle craignait de devoir financer des pays moins vertueux qu’elle. Cette avancée majeure est  le fruit du travail acharné des ministres des Finances, Bruno Le Maire, et Olaf Scholz, ces trois derniers mois.

Objectif : investissements dans l’innovation et le capital humain

« Le but du budget de la zone euro est la compétitivité et la convergence », stipule la déclaration franco-allemande. Cela nécessitera des « investissements dans l’innovation et le capital humain ». Sur la fonction de stabilisation de l’un des Etats de la zone en cas de récession, le document indique que sera « étudiée la question d’un Fonds européen de stabilisation de l’assurance-chômage, pour l’éventualité de graves crises économiques », mais « sans transferts ». La France et l’Allemagne « mettront en place un groupe de travail en vue de faire des propositions concrètes pour le Conseil européen de décembre 2018 ».

Une enveloppe à décider

Aucun montant n’a été encore défini pour ce budget qui doit voir le jour en 2021. Il appartiendra aux Etats membres de discuter des modalités lors des négociations du prochain cadre financier pluriannuel (2021-2027), et cela avant la fin de l’année. Si  Emmanuel Macron avait évoqué plusieurs points de PIB et par là des centaines de milliards d’euros, la chancelière avait de son côté préféré évoqué des montants à deux chiffres.

A défaut d’être d’accord sur le montant, les deux dirigeants se sont accordés sur des pistes de ressources qui « proviendraient à la fois des contributions nationales, de l’affectation de recettes fiscales et de ressources européennes. » Angela Merkel a mentionné une taxe européenne sur les transactions financières.

 Ce sont des réformes importantes, des engagements politiques que nous prenons ensemble.

« Ce sont des réformes importantes, des engagements politiques que nous prenons ensemble […] qui supposent un travail technique au niveau ministériel jusqu’à la fin de l’année, ensuite, sans doute l’année suivante, des changements de traités qui sont indispensables », a ajouté Emmanuel Macron.

Selon le projet franco-allemand, ce sont les dix-neuf pays de la zone euro qui assureront la gouvernance de ce budget et assumeront les décisions stratégiques. Et c’est la Commission européenne qui en assurera l’exécution.

Virginie Robert