Une politique économique de guerre

Aucune guerre n’est gratuite. Pour l’Europe, l’invasion de l’Ukraine est un choc économique de premier ordre. Dans cette pièce de doctrine, Olivier Blanchard et Jean Pisani-Ferry articulent une réponse macroéconomique.

Personne ne peut prédire avec certitude comment évoluera la guerre en Ukraine et quelles seront ses conséquences géopolitiques sur les prochains mois, a fortiori sur les prochaines années. Néanmoins, les responsables politiques doivent dès aujourd’hui penser les conséquences de la guerre et les réponses à y apporter, en sachant qu’elles devront être adaptées au fil des évolutions de la situation. Par ailleurs, ils doivent réfléchir à la cohérence de leurs actions conjointes, qu’il s’agisse des sanctions contre la Russie ou des subventions et transferts à leurs propres citoyens. C’est ce que nous essayons de faire dans ce texte, en nous concentrant sur les problèmes macroéconomiques les plus pertinents pour l’Europe.

Nous commençons par envisager les implications potentielles de la guerre et passons en revue les différents canaux par lesquels elle affecte les perspectives macroéconomiques. Il en ressort essentiellement que, même si les canaux de la demande et de la finance entrent tous en jeu, et même si les implications budgétaires directes de la guerre sont importantes – en raison de l’augmentation des dépenses de défense et du coût de la protection des réfugiés -, l’impact le plus fort de la guerre en Europe se fera probablement sentir sur les prix de l’énergie et, dans une moindre mesure, sur les prix des denrées alimentaires.

Nous analysons ensuite les déterminants du prix de l’énergie. Tout dépend à la fois des décisions de la Russie, quand bien même il n’y aurait pas de sanctions, et de l’effet de potentielles sanctions sur ses décisions. À cet égard, il faut distinguer pétrole et charbon d’une part, et le gaz d’autre part. Concernant le pétrole et le charbon, la Russie doit plus ou moins aligner son prix sur celui du marché mondial et concurrentiel, sur lequel elle est confrontée à une demande très élastique. Pour le gaz, dont le commerce repose sur des infrastructures spécifiques faisant de l’Union européenne un marché à part, la demande est plutôt inélastique et la Russie peut donc être considérée comme en quasi-monopole.

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