USA-Chine : un sommet virtuel entre Joe Biden et Xi Jinping pour la fin de l’année

06.10.2021

Deux émissaires des gouvernements américains et chinois se sont rencontrés mercredi à Zurich pour la première fois depuis le dialogue glacial en Alaska en mars dernier. Les positions se durcissent sur le commerce aussi bien que sur Taïwan. Mais un sommet virtuel entre Joe Biden et Xi Jinping est désormais prévu pour la fin de l’année.

La secrétaire au commerce, Katherine Tai, dénonce le peu d’avancée de la Chine sur ses réformes commerciales. (Pete Marovich/Pool via REUTERS)

Le commerce et Taïwan. Trois jours après que l’administration Biden a dévoilé sa nouvelle stratégie commerciale face à la Chine, et alors que les avions chinois survolent par dizaines la zone d’identification taïwanaise, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a discuté mercredi en Suisse avec le chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi. C’était la première rencontre de haut rang depuis l’échange téléphonique du 9 septembre entre Joe Biden et Xi Jinping, les équipes des deux chefs d’Etat ne s’étant pas parlé depuis la rencontre glaciale en Alaska il y a sept mois. Et elle a abouti sur un accord de principe pour un sommet virtuel entre Joe Biden et Xi Jinping à la fin de l’année.

Durcissement sur la Chine

Les tensions sont aussi fortes que lors de la précédente administration Trump. « Sur la Chine, notre approche va se durcir. Depuis la conclusion d’un accord bilatéral entre nos deux pays, les engagements chinois n’ont pas cessé de se réduire », a indiqué la représentante américaine au Commerce, Katherine Tai, lors d’une rencontre mercredi avec la presse française. Présente à Paris dans le cadre d’une réunion sur le commerce à l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), elle espère pouvoir s’entretenir bientôt avec ses homologues chinois.

Lundi, lors d’un discours devant le Center for Strategic and International Studies (CSIS), elle avait donné le ton : « Nous continuons d’avoir de sérieuses inquiétudes concernant les pratiques commerciales centrées sur des entreprises d’Etat et non sur l’économie de marché. […] Pendant trop longtemps, le manque d’adhésion de la Chine aux normes commerciales mondiales a sapé la prospérité des Américains […] Il est de plus en plus clair que les plans de la Chine n’incluent pas de réformes significatives pour répondre aux préoccupations » des Etats-Unis.

Un exemple ? L’acier. La Chine assure près de 60 % de la production mondiale d’acier. Elle en produit plus en un seul mois que les Etats-Unis et la plupart des autres pays du monde n’en produisent en une année entière. « Nous voulons construire sur notre collaboration du sommet Etats-Unis-UE qui a donné un cadre au différend Boeing-Airbus. Le sommet de Pittsburg (TTC) montre que nous pouvons travailler ensemble. C’est dans ce même esprit que nous voulons répondre aux surcapacités de production d’acier et d’aluminium », affirme Katherine Tai.

Exemptions

La fermeté n’empêche pas un certain pragmatisme américain. Mardi, l’administration Biden a indiqué qu’elle allait octroyer au cas par cas des exemptions de droits de douane frappant des produits chinois s’il n’existe aucune alternative aux importations. Sous l’administration Trump, plus de 2.200 exemptions avaient été accordées puis 549 avaient été prolongées. « La plupart de ces exemptions ont expiré au 31 décembre 2020 », a indiqué l’USTR, d’où un nouvel examen des demandes des entreprises. Ces dernières disposent de 50 jours à compter du 12 octobre pour justifier leur demande.

Pour faire de la Chine une superpuissance en 2049, « Xi Jinping mène une politique de développement économique d’Etat de plus en plus marquée à gauche tandis que sa politique étrangère vire sur la droite », constate Kevin Rudd, directeur de l’Asia Society. « Le nationalisme chinois devient plus important au fur et à mesure que la croissance ralentit », a-t-il expliqué lors de la World Policy Conference à Abou Dhabi samedi dernier. « Si Xi Jinping est reconduit, on verra une Chine de plus en plus ferme vis-à-vis de Taïwan, de la mer de Chine orientale, envers ses voisins et les institutions multilatérales. » L’ancien Premier ministre australien ne prévoit pas de mouvement vers Taïwan « avant la fin de la décennie, quand la Chine estimera qu’elle aura alors l’avantage du rapport de force sur les Etats-Unis ». Mais il est clair, pour beaucoup d’experts, que Xi Jinping souhaite parvenir à réintégrer Taïwan et que cela doit être sa marque dans l’histoire.

L’invasion redoutée de Taïwan

Mercredi, de retour du Michigan, Joe Biden a affirmé devant la presse que lui et Xi Jinping étaient convenus de respecter « l’accord de Taïwan ». La Maison-Blanche a par la suite précisé qu’il s’agit d’une série de communiqués échangés au cours des quarante dernières années qui reconnaissent la République populaire de Chine comme le seul gouvernement légal du pays sans toutefois jamais préciser la question de la souveraineté taïwanaise. Mardi, la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a redit dans « Foreign Affairs » que la chute de l’île « serait catastrophique pour la paix régionale et le système démocratique d’alliance » en acceptant la victoire de l’autoritarisme. Son ministre de la Défense prédit que Pékin aura les moyens de monter une invasion dès 2025.

Virginie Robert et Richard Hiault

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