World Policy Conference : A Rabat, l’effet Trump fait encore parler de lui

29-10-2018

Par Sara El Hanafi

Le Boursier

Les conséquences des politiques du Président américain Trump sur les relations économiques et politiques mondiales ont été discutées, ce 27 octobre à Rabat, par d’éminentes personnalités, invitées dans le cadre de la 11e édition de la World Policy Conference.

L’effet Trump sur l’économie mondiale continue à faire parler de lui. Les conséquences des décisions et politiques du Président atypique des Etats-Unis ont fait l’objet d’un panel de la 11e édition de la World Policy Conference, organisée par l’Institut français des relations internationales et OCP Policy Center à Rabat, du 26 au 28 octobre.

Parmi les décisions phares, le retrait ou la renégociation entamés par les Etats-Unis de plusieurs accords commerciaux et de libre-échange qui ont façonné le commerce international pendant des années. Des mesures qui se sont accompagnées par l’imposition de centaines de millions de dollars de droits douaniers sur des biens importés par le pays de l’Oncle Sam, dans une approche totalement protectionniste, induisant des bouleversements dans les relations économiques et commerciales internationales.

Steven Erlanger, Correspondant diplomatique en chef pour l’Europe pour le New York Times, a indiqué que “même avant d’accéder à la présidence, Donald Trump estimait que les différents accords commerciaux signés par les Etats-Unis étaient injustes pour le pays”. Un constat partagé par Michael Fullilove, ancien conseiller du Premier ministre australien, qui affirme avoir relevé une hostilité remarquée de Trump pour ces accords.

Au delà de cet aspect, Michael Fullilove dépeint un profil raisonné du président américain: “Trump n’est pas fou, ni stupide. Il a un regard cohérent sur la place que tiennent les Etats-Unis dans le monde, tout en ayant une admiration particulière pour ceux qu’il appelle les hommes forts, à savoir Vladimir Poutine ou Kim Jong-Un”.

Pour sa part, Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères, qualifie Trump de “facteur d’aggravation de la violence américaine”. Il évoque à titre d’exemple le blocus sur l’Iran, décidé avec l’Arabie saoudite de Mohammed Ben Salmane et l’Israël de Benyamin Netanyahu.

“Les sanctions unilatérales n’ont certes pas été inventées par Trump, mais lui s’en sert d’une façon très violente”, explique M.Védrine. “Dans l’état actuel des choses, un président comme lui peut prendre en otage toute l’économie mondiale dollarisée.”

Il ajoute que les actions du Président américain ont un effet de démoralisation sur les alliés du pays, aussi bien en Europe qu’en Asie: “Ils sont déboussolés et désemparés, et n’ont pas de visibilité sur ses prochaines actions”, indique M.Védrine.

Mais l’économie américaine se porte mieux

En dépit de ces conséquences négatives à l’international, Rozlyn Engel, ancienne Directrice du Bureau de l’analyse macroéconomique du Département du Trésor des Etats-Unis, affirme que le flair des affaires de Trump a eu des impacts positifs sur l’économie américaine.

“En termes de politique économique domestique, l’administration Trump a stimulé la croissance” a-t-elle indiqué, en mentionnant le dernier rapport du Département du commerce américain qui fait état d’une croissance du PIB américain de 3,5% pour le troisième trimestre de 2018; après un taux de 4,2% enregistré au trimestre précédent. Des niveaux de croissance qui n’ont pas été enregistrés depuis 2005, selon le New York Times.

Rozlyn Engel évoque également l’indice de compétitivité du World Economic Forum, qui classe dans sa dernière édition de 2018 les Etats-Unis comme l’économie la plus compétitive du monde. Une place que l’économie américaine n’a pas occupée depuis une décennie.