World Policy Conference: Les incertitudes au Moyen-Orient

8.11.2017

By WMNews24

La région, toujours plus divisée, peine à trouver son système de sécurité collective
La Russie veut occuper cette place de «puissant», tenue par les Etats-Unis il y a 20 ans

La monarchie marocaine, rempart contre la fondamentalisme
Incertitudes et divergences, le Proche-Orient questionne. La session dédiée aux tendances du Moyen-Orient était une des plus suivies à Marrakech lors de la 10e WPC. Depuis la chute de l’Union soviétique, cette région est entrée dans une zone de turbulences avec des conséquences dramatiques pour la plupart des pays de la zone, mais aussi pour l’Europe et pour le Monde.

Avec un plan de paix mis aux oubliettes, et de nouveaux acteurs comme l’Iran, la Russie et la Turquie, avec qui il faut aujourd’hui compter, la région, toujours plus divisée, peine à trouver son système de sécurité collective. Elle en aurait pourtant bien besoin.

Proposer un discours commun fédérateur
«Déjà, dans ce climat chaotique, nous ne devons pas dissocier le Maghreb et le Moyen-Orient», lance le chargé de mission au cabinet royal, Youssef Amrani. «Nous devons proposer un discours commun fédérateur, en particulier pour les jeunes et les femmes, et déconstruire celui du repli», ajoute-t-il.

«Ce qui passe notamment par l’emploi». Si ces pays, malgré les nombreuses crises traversées, ont montré leur résilience, ils n’ont par contre pas montrer leurs perspectives post-pétrolières, d’où les incertitudes. Le retour du fait national, soulevé par le journaliste et reporter de guerre au Figaro, Renaud Girard, pourrait à lui seul résumer la tendance actuelle au Moyen-Orient.

«Les Printemps arabes et le numérique ont fait que les populations ont été submergées par une vague religieuse sans précédent», dit-il. Du coup, deux forces se font face, celle favorable à la démocratie et celle au droit dicté par Dieu. «Mais ni l’une ni l’autre n’a gagné». Entre fracture religieuse chiite/sunnite, nouvelles alliances, unités territoriales en danger… «la grande puissance qui tire son épingle du jeu est la Russie de Poutine», insiste-t-il.

«La seule capable de mettre les rebelles syriens autour de la table. La réconciliation entre l’Arabie Saoudite et l’Iran passera par la Russie, qui occupe cette place de “puissant”, tenue par les Etats-Unis il y a 20 ans». Pour Stuart Eizenstat, associé au Covington and Burling LLP et ancien conseiller du Président Jimmy Carter et ancien Ambassadeur américain auprès de l’Union européenne, le Maroc est un des rares pays de la région à avoir accompli de grands progrès en matière de lutte contre l’extrémisme.

«La Monarchie marocaine joue le rôle de rempart contre le fondamentalisme», souligne-t-il. Il estime aussi que l’un des principaux objectifs de Trump est d’empêcher «la montée en puissance de l’armée iranienne dans la région». D’où la volonté de la Maison-Blanche de réviser les termes de l’accord sur le nucléaire iranien.

Plus de justice économique
Une des grandes difficultés de la région est le constat de perspectives économiques divergentes alors même que les besoins convergent. «Les questions économiques et financières, qui devraient être au centre des débats, sont marginalisées», estime l’ancien Ministre des Finances du Liban et actuel Directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jihad Azour. En effet, si ces pays ont enregistré des taux de croissance acceptables, ils n’ont pas réussi à opérer une vraie transformation et à diversifier leurs économies.

Assèchement des liquidités, tensions diplomatiques, taux de chômage élevés, sont autant de risques qui émergent. Alors pour initier un taux de croissance plus élevé et surtout plus inclusif, Azour a quelques pistes. «Travailler sur les compétences en passant d’une éducation école/université à une éducation sur toute la carrière. Il s’agit également d’améliorer l’accès aux marchés, à la finance. Bref travailler à plus de justice économique».

l’article apparu sur l’economiste Maroc

original article sur l’economiste Maroc