Philippe Baptiste

Président Directeur Général du Centre National d’Etudes Spatiales (CNES). Précédemment, il a été le directeur de cabinet de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation puis conseiller du Premier ministre Édouard Philippe. Scientifique venant du numérique, Philippe Baptiste est un spécialiste d’algorithmique, d’optimisation combinatoire, de recherche opérationnelle et d’intelligence artificielle. Il a participé à la création et au développement de plusieurs startups et mené de nombreuses collaborations avec des industriels du numérique, de l’aéronautique et de la défense. Il a été « Partner and Director » au sein du Boston Consulting Group, et CTO du groupe Total. Avant cela, il a mené une carrière académique comme chercheur au CNRS, au Watson Research Center d’IBM, et comme professeur chargé de cours à l’École Polytechnique. Il a dirigé le laboratoire d’informatique de l’École polytechnique, créé l’Institut des sciences de l’information et de leurs interactions avant de devenir Directeur Général Délégué du CNRS. Il a aussi siégé au CA d’INRIA. Docteur de l’Université de Technologie de Compiègne et ingénieur civil des Mines de Nancy, il détient également un MSc de l’Université de Strathclyde à Glasgow et un DEA de Sorbonne Université. 

Louise Mushikiwabo

Secrétaire générale de la Francophonie depuis 2019. Ancienne ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de la Communauté de l’Afrique de l’Est de la République du Rwanda, elle a été auparavant ministre de l’Information du gouvernement du Rwanda. Après avoir vécu aux États-Unis pendant une vingtaine d’années, elle a rejoint la Tunisie où elle a travaillé à la Banque africaine de développement au sein de la direction de la communication. En mars 2008, elle a été appelée par le président de la République du Rwanda à rejoindre l’équipe gouvernementale. Fortement marquée par le génocide contre les Tutsi en 1994, elle coécrit le livre Rwanda Means the Universe (2006, Saint Martin’s Press), un mémoire socio-historique intergénérationnel et autobiographique ; elle a également rédigé de nombreux articles de presse. Femme politique africaine aux multiples facettes, elle a participé à de nombreuses émissions télévisées et radiophoniques sur des sujets rwandais et panafricains, et collaboré à de nombreux films documentaires primés. Elle est également récipiendaire du Outstanding Humanitarian Award 2004 de l’American University & School of International Studies. En mai 2018, le magazine Jeune Afrique l’a présentée comme l’une des plus influentes personnalités africaines sur le continent. Louise Mushikiwabo, diplômée en langues et en interprétation de l’Université du Delaware aux États-Unis, maîtrise à la perfection le français et l’anglais, en plus de sa langue maternelle, le kinyarwanda.

Gilles Kepel

Directeur de la chaire Moyen-Orient-Méditerranée de l’École normale supérieure. Spécialiste du monde arabe contemporain et de l’Islam en Occident, il est professeur à l’Université Paris Sciences & Lettres. Il est aussi directeur de la plateforme de libre pensée sur le Moyen-Orient à l’Université de la Suisse italienne. Il est l’auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages, dont le dernier, paru en février 2021, dans la collection Esprits du Monde qu’il dirige aux éditions Gallimard : Le Prophète et la Pandémie. L’année 2020 du Moyen-Orient aux banlieues de l’Europe. Son précédent ouvrage Sortir du chaos. Les crises en Méditerranée et au Moyen-Orient, traduit dans huit langues, vient également de sortir au format Poche.

Victor Richon

Adjoint de chef de bureau à la direction générale du Trésor, Victor Richon est en charge des relations économiques avec la Russie et l’Union économique eurasiatique. Très intéressé par les relations internationales, il a auparavant travaillé comme investment analyst à la Société financière internationale (Banque mondiale). Victor Richon a également officié comme bras droit du CEO de Jumia Global, une branche du leader de l’e-commerce en Afrique. Diplômé de l’École des mines de Paris, il est également ingénieur du Corps des mines.

Clément Tonon

Membre du Conseil d’État français. Il est diplômé d’HEC Paris, Sciences po Paris, de la Johns Hopkins University et de l’École nationale d’administration. Il a commencé sa carrière au Sénat français sur les questions de politique internationale. Il est l’auteur de plusieurs publications sur les enjeux géopolitiques de l’économie numérique.

Lucia Sinapi-Thomas

Directrice exécutive de Capgemini Ventures depuis le 1er janvier 2019, Lucia Sinapi-Thomas est diplômée de l’ESSEC (1986). Elle a débuté sa carrière en tant qu’avocate en droit des affaires et fiscalité et a été reçue au barreau de Paris en 1989, avant de rejoindre Capgemini en 1992. Au sein du groupe Capgemini, elle a successivement assuré la direction fiscale groupe (1992) puis été directrice corporate Finance, trésorerie et Relations Investisseurs (1999), périmètre par la suite étendu à la gestion des risques et aux assurances (2005). Nommée directrice financière adjointe du Groupe Capgemini de 2013, elle a pris les fonctions de directrice exécutive Business Platforms en janvier 2016. Lucia Sinapi-Thomas est membre des conseils d’administration de Bureau Véritas depuis mai 2013 et de Dassault Aviation depuis mai 2014, et l’a été de Capgemini de 2012 à 2024.

Paul Sheard

Paul Sheard est chercheur au Mossavar-Rahmani Center for Business and Government de la Harvard Kennedy School. Auparavant, il était vice-président de S&P Global, après avoir été vice-président exécutif et économiste en chef. Auparavant, il a occupé des postes d’économiste en chef chez Standard & Poor’s, Nomura Securities et Lehman Brothers. M. Sheard a fait partie de la faculté de l’Université nationale australienne (ANU) et de l’Université d’Osaka, et a été assistant professeur invité à l’Université de Stanford et chercheur invité étranger à la Banque du Japon. M. Sheard est membre du Global Future Council du Forum économique mondial sur le nouvel ordre du jour de la politique budgétaire et monétaire, et il a siégé à deux reprises à des comités du Conseil de délibération économique du gouvernement japonais. M. Sheard fait partie du conseil d’administration de la Foreign Policy Association et il est membre du Bretton Woods Committee et de l’Economic Club of New York. M. Sheard a obtenu un doctorat en économie japonaise et un Master en économie à l’ANU. En 2019, son alma mater de premier cycle, l’Université Monash, lui a conféré un doctorat honoris causa en droit.

Nabil Fahmy

Doyen émérite à l’American University in Cairo. Il a fondé la School of Global Affairs and Public Policy en 2009 mais il est aussi un diplomate de carrière. Il a été ministre des Affaires étrangères de l’Égypte de juillet 2013 à juin 2014. Au cours de sa carrière diplomatique, longue de plus de trente ans, il a été ambassadeur aux États-Unis entre 1999 et 2008 et au Japon entre 1997 et 1999 et il a occupé de nombreux postes au sein de gouvernements et d’organisations internationales. Son travail porte essentiellement sur la sécurité internationale et régionale, le désarmement et la non-prolifération, la résolution des conflits et la diplomatie arabo-israélienne. Il a été président du Conseil consultatif des Nations Unies chargé des questions de désarmement et vice-président de la première commission de l’Assemblée générale des Nations Unies chargée du désarmement et de la sécurité internationale. Actuellement président de LYNX Strategic Advisors, un cabinet qui accompagne des entreprises locales et internationales dans la poursuite de pratiques commerciales meilleurs, il publie également des articles hebdomadaires sur les affaires internationales, mondiales, et régionales (Moyen-Orient).

Serge Ekue

Président de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), l’institution de développement de la finance des États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Avant son arrivée au sein de la BOAD, ce célèbre expert avec plus de vingt ans d’expérience internationale en finance mondiale, financements structurés et marchés de capitaux, dirigeait les activités de la Banque de financement et d’investissement (BFI) de Natixis pour le Royaume-Uni à Londres. Il a cumulé cette responsabilité avec celle des Solutions de marchés pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (EMEA). M. Serge Ekué a par ailleurs été responsable des Départements Afrique et Russie de Natixis. Entre 2010 et 2016, il a dirigé les Activités de marchés de Natixis pour la zone Asie-Pacifique avant d’assumer la Direction générale de la banque basée à Hong-Kong. Il est détenteur d’un Executive MBA d’HEC Paris, d’un DESS Banques-Finances de Paris V et d’un diplôme de l’institut d’études politiques de Bordeaux.

Rola Dashti

Rola Dashti est une éminente économiste koweïtienne connue pour son engagement en faveur des droits des femmes, de l’égalité des sexes et de la réforme démocratique. Elle est actuellement secrétaire générale adjointe et secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO). Elle a été membre du Conseil suprême de planification au Koweït. De 2012 à 2014, elle a été ministre de la planification et du développement et ministre d’État aux affaires parlementaires. Mme Dashti a joué un rôle central dans la promotion d’un décret permettant aux femmes koweïtiennes de voter et de se présenter aux élections parlementaires. En mai 2009, elle est devenue, avec trois autres personnes, la première femme à être élue au parlement koweïtien. Elle a occupé des postes clés dans des institutions de recherche et de développement, comme l’Institut koweïtien de recherche scientifique, et a travaillé pour de grandes institutions financières et de développement nationales et internationales, comme la Banque nationale du Koweït et la Banque mondiale. Elle a également géré des contrats pour le programme koweïtien d’urgence et de reconstruction pendant la période d’invasion et de libération. Elle figure parmi les 150 premières femmes dirigeantes selon Business Week, parmi les 20 premières femmes d’affaires de la région arabe selon le Financial Times, et parmi les 100 Arabes les plus puissants du monde selon Arabian Business.  Mme Dashti est titulaire d’un doctorat en dynamique des populations de l’université Johns Hopkins de Baltimore, d’une maîtrise en économie et finances de l’université d’État de Californie à Sacramento et d’une licence en économie agricole de l’université d’État de Californie à Chico.

Michel Kazatchkine

Conseiller spécial du Bureau de l’OMS pour l’Europe, le professeur Kazatchkine a plus de 35 ans d’expérience dans le domaine de la santé mondiale en tant que médecin, chercheur, administrateur, défenseur, décideur et diplomate de premier plan. Il est professeur émérite d’immunologie à l’Université Paris Descartes, Senior Fellow au Centre de santé mondiale du Geneva Graduate Institute, et membre de la Global Commission on Drug Policy. Il a été directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, directeur de l’Agence française de recherche sur le sida, ambassadeur de France chargé du VIH/sida et des maladies transmissibles, et envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le VIH/sida en Europe orientale et en Asie centrale. Il a été, en 2021, l’un des membres du Panel indépendant d’évaluation de la réponse mondiale à la Covid.

Jacques Biot

Administrateur de sociétés et consultant senior dans le domaine de l’IA et de la transformation numérique. Jacques N. Biot jouit d’une expérience professionnelle internationale dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche (premier Président exécutif de l’Ecole polytechnique, 2013-2018), des sciences de la vie (Roussel Uclaf et Pasteur Mérieux, maintenant intégrées dans Sanofi ; JNBD, cabinet de conseil en stratégie dans le domaine des technologies de santé, intégré dans le groupe ICON ; et Guerbet, GBT, Euronext), du financement de l’industrie et de l’innovation, et de l’administration publique (conseiller industrie et technologie à Matignon). Le fil conducteur de sa carrière a visé à dégager la valeur sociétale et économique de l’innovation scientifique et technologique. Il est actuellement membre du conseil d’institutions académiques internationales et il enseigne l’entrepreneuriat en qualité de Professeur associé à l’Université de Tianjin (Chine). Il est président (non-exécutif) du Conseil d’administration de Huawei Technologies France et conseille par ailleurs à titre personnel des projets d’intelligence artificielle en santé. Il est Officier de la Légion d’Honneur et de l’Ordre du Mérite, chevalier de l’Ordre du Lion du Sénégal et Commandeur de l’Ordre de l’Education Nationale de Côte d’Ivoire.

Jean Kramarz

Actuellement directeur des activités Santé du groupe AXA Partners, Jean Kramarz est spécialiste du développement de services en santé en France et dans le monde. Avant de rejoindre le groupe AXA au sein duquel il a lancé la téléconsultation grand-public en France, il a notamment été directeur des nouveaux services du groupe Malakoff-Médéric, directeur du développement d’Europ Assistance, directeur des filiales internationales de santé du groupe Gras Savoye. Il a aussi travaillé dans le secteur public notamment à la direction des hydrocarbures et à la direction automobile du ministère de l’industrie, ainsi qu’à la direction du Trésor du ministère des finances. Jean Kramarz est un ancien élève de l’IEP de Paris et de l’Ecole nationale d’administration.

Daniel Andler

Professeur émérite de Sorbonne Université et membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Il a débuté sa carrière comme mathématicien, spécialiste de logique, enseignant notamment à Paris 7. Il a ensuite été professeur de philosophie des sciences à Lille, Nanterre et Paris IV. Il s’intéresse particulièrement aux sciences cognitives et à l’intelligence artificielle et à leurs retombées dans différents domaines, dont l’éducation, la décision collective et les politiques publiques. Il a fondé et dirigé le Département d’études cognitives de l’Ecole normale supérieure. Ses derniers ouvrages sont La Silhouette de l’humain, quelle place pour le naturalisme aujourd’hui ?,  La Cognition, du neurone à la société (en collaboration) et Intelligence artificielle, intelligence humaine: la double énigme

Godefroy Galas

Directeur adjoint du cabinet du DG de la direction générale des entreprises (DGE), administration française rattachée au ministère de l’Économie et des Finances, Godefroy Galas contribue à la conception et de la mise en oeuvre des politiques publiques concourant au développement des entreprises. Il était précédemment analyste technique au sein de la Sous-Direction Opérations de l’ANSSI, l’agence nationale française de cybersécurité. Auparavant, il a travaillé pour les groupes industriels General Electric, Alstom, TotalEnergies et Vesuvius, ainsi que pour le fonds d’investissement Astorg à Paris. Haut fonctionnaire français, Godefroy Galas est ingénieur du Corps des mines. Il est également ingénieur diplômé de Télécom Paris, diplômé du programme Grande École d’HEC Paris et titulaire du master Affaires publiques (Prép’ENA) de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Quitting coal power ‘single most important’ step in six months before Cop26, says IEA chief Dr Fatih Birol

Exclusive: World must ‘drastically’ cut back on fossil fuels if serious about meeting climate goals, says Dr Fatih Birol

CO2 emissions are set for their second-largest annual increase in history this year as the world increasingly turns to coal-fired power
CO2 emissions are set for their second-largest annual increase in history this year as the world increasingly turns to coal-fired power

 

Quitting coal-fired power is the “single most important” step the world must take as it gears up for a crucial set of UN climate talks taking place in six months’ time, an energy expert has said.

At the start of November, world leaders are due to meet in Glasgow for Cop26, a climate summit that will be key for getting countries on track for the global aspiration of limiting temperatures to 1.5C above pre-industrial levels by the end of the century.

Dr Fatih Birol, chief of the influential International Energy Agency, said ending coal, the dirtiest of the fossil fuels, should be the top priority for countries in the run-up to the talks.

“I think it is for me the single most important issue today,” he told The Independent.

He pointed to a recent analysis by the IEA which found that CO2 emissions are set for their second-largest annual increase in history this year as the world increasingly turns to coal-fired power in the second year of the Covid-19 pandemic.

“I was disappointed that despite all the rhetoric and expectations that the world would come out of Covid in a more sustainable manner, we see that the economic recovery colour is brown, not green,” he said.

The Independent’s Stop Fuelling the Climate Crisis campaign calls for more action to stop support for fossil fuel projects, including from the UK’s financial and political systems.

“Coal plants are today responsible for about one-third of all emissions and it is therefore important to do two things when it comes to coal,” said Dr Birol. “One, to not build new coal plants and second – maybe more critically – to come up with a plan for dealing with existing coal plants, especially in Asia.”

He added that richer nations needed to come up with more incentives to encourage lower-income countries to shut down their existing coal power plants.

“In Europe and the US, we have coal plants but they are on average about 40 to 43 years old, which is close to the retirement age of about 45 years. But in Asia, the average age is about 11 years old – they are far from retirement,” he said.

“How are we going to provide incentives for early retirement for those coal plants, especially in countries with lower income levels? For me, this is a burning question.”

IEA chief Dr Fatih Birol said quitting coal power was the ‘single most important step’ in the six months before Cop26
IEA chief Dr Fatih Birol said quitting coal power was the ‘single most important step’ in the six months before Cop26

The UK, along with Canada, is leading a global effort to try to get countries and businesses to commit to phasing out the use of coal-fired power ahead of Cop26.

However, a report published earlier this month by the NGO Reclaim Finance said the initiative, known as the Powering Past Coal Alliance, was compromised by serious loopholes – rendering it “not fit for purpose”.

In addition to phasing out coal, countries must also “drastically” scale back on oil and fossil gas production if the planet is to meet its climate goals, Dr Birol added.

“If the world is serious about reaching its net-zero target, we need to see the use of all fossil fuels going down drastically – or we need to find new technologies to use them in a carbon-free manner,” he said.

« Alok Sharma … made me believe that the UK can pull off an excellent outcome for the world from Cop26 » – Dr Fatih Birol, International Energy Agency chief

He added that he hoped to see more countries coming forward with short-term emissions goals in the run-up to the conference.

“We have to see countries who have not yet come up with pledges to reduce emissions to net-zero by 2050 come forward with this commitment,” he said.

“But more importantly, countries who have made that pledge must explain how they are going to halve their emissions this decade and the critical energy policies they are going to put in place to make those reductions happen.”

Despite the ongoing need for more progress, he remains optimistic that the UK-led conference could prove a historic moment in the fight against the climate crisis, he added.

“Two things make me optimistic,” said Dr Birol. “Firstly, I was very impressed with the recent climate leaders summit, which boosted international climate momentum.

“And, secondly, I recently had a long and comprehensive meeting with Alok Sharma – [the UK minister appointed Cop26 president] – and his plans and ambitions made me believe that the UK can pull off an excellent outcome for the world from Cop26, and that Glasgow will go in the history books alongside Paris.”

Daisy Dunne, Climate Correspondent
2 May 2021

Read the original article on The Independent website

The demise of liberal democracy

Prince Michael of Liechtenstein at 2015 WPC

Big government, high taxes, massive debt, political polarization and social crises have become the norm throughout Western Europe and North America. But it is high time for leaders and citizens to take a look at the lessons history has to offer. Only then could the region avoid going down the same path as Rome and other fallen empires

Cartoon of a sinking ship

Western governments appear to have thrown caution to the wind. Higher taxes are financing massive spending campaigns that have no clear implementation strategy (source: GIS)

 

Both the Biden administration and the European Union have announced unprecedented spending programs, $1.9 trillion and 1.8 trillion euros respectively, to fight Covid-19 and kickstart the green economy. There is no clear concept on how these funds will be spent or financed. But this kind of spending could serve as a pretext for a sharp tax increase in Washington. It appears that on both sides of the Atlantic, governments see the pandemic and the green economy as ideal excuses to keep overspending and increasing the role of the state and the administration.

This is alarming, given what took place in past societies and states that resorted to overspending and degrading the worth of their currency.

In ancient Rome, during the late years of the empire, internal turmoil had disturbed trade flows and the government had become bloated and inefficient. Rulers had to find ways to appease rising discontent. So they tried to buy off the population with gifts. To find the necessary funds, they increased taxes, implemented aggressive tax controls and began debasing silver coins by adding copper (a method strikingly reminiscent of today’s quantitative easing).

« So-called liberal democracies have become crippled by huge debts »


With these new measures came a tangle of laws that opened the door to corruption. The people of Rome began demanding 
panem et circenses as their due. The regime had to feed and entertain the population to survive, to the detriment of a sustainable common good. These welfare handouts from the state created rivalry between different social groups who felt they were disadvantaged compared to others, further poisoning the political situation. As a result, the formidable Roman Empire, once an efficient and well-functioning system, decayed and collapsed. Still, the principle of redistribution by taxing the rich to feed the poor remained popular. But this created the wrong incentives, punishing the hardworking on one side and encouraging idleness on the other.

Likewise, Spain was once the dominating power in Europe. In the 16th century, its European territories included not only the Iberian peninsula, but also large parts of Italy and the Netherlands. Its overseas lands stretched from the southern tip of Tierra del Fuego up to modern-day Colorado and California in the Americas, and also included the Philippines in Asia and territories in Africa. But the Spanish state expanded so much that it required higher taxes, which in turn led to inflation. The defeat of the Armada around the British Isles was not the cause of this decline, but a symptom.

There are several such instances in history, as the disintegration of the Ottoman Empire in the 19th century and the ebb of British power in the late 19th and 20th centuries. And we could soon witness yet another example.

The fall of Western democracy

In the last 20 years, Western democracies have entered a similar phase of decay. So-called liberal democracies have become crippled by huge debts. Tax systems have become byzantine, opaque and contradictory, allowing arbitrary decision-making. Tax collection is increasingly aggressive. The right to personal privacy is undermined under the pretext of tax justice. The productive spheres of the economy decline while the administration and auditing sectors grow.

Under the pretext of political correctness, public debate is being narrowly restricted. Established politicians and NGOs, for the sake of redressing inequalities – some of which are inevitable – have created new forms of discrimination. It has become customary to ban words, rename streets, remove monuments, curb traditions and marginalize the role of the family, all for fear of offending. This results in heightened polarization, making citizens more vulnerable to propaganda and manipulation.

« Lately, the spending spree to fight Covid-19 and climate change has gone into overdrive »

More and more financial information on private persons is being exchanged between authorities under the pretext of tax collection and the fight against money laundering and terrorism. Sensitive data is shared with highly corrupt countries, including some that sponsor terrorism. It is necessary to fight financial crimes, but it is highly doubtful that cooperating with untrustworthy and subversive countries will serve this purpose.The best way to fight fraud would be to drastically simplify tax systems and limit the size of public administration. But there will always be those who answer that this is not realistic.

Accepting the end?

Lately, the spending spree to fight Covid-19 and climate change has gone into overdrive. All limitations on spending were removed. Quantitative easing, i.e. money printing, has reached unprecedented levels – much like when Romans mixed copper with silver to keep the people happy. And like in ancient Rome and other empires, the liabilities resulting from this strategy will burden future generations.

Fighting Covid-19 and environmental damage are worthy causes. But there is no transparent plan to use the money that is now earmarked for these purposes. The only certainty is that the influence of the state and the size of the administration will grow. The quest for sustainability needs to include not only ecological concerns, but also economic and social ones.

The United States is in a situation similar to that of Europe. In order to allow additional spending, Washington is now sharply raising taxes and, like European countries, has joined the OECD’s campaign for minimum tax rates worldwide. This would allow the creation of a global cartel that could impose excessive taxation at will. Within the G20, democratic countries are in agreement with authoritarian ones on this matter. Like in the Roman empire, the wrong incentives are applied and taxes are being used as a way to pursue equality. The real winner here is the privileged bureaucracy.

The control that parliaments exert over budgetary matters is being eroded even in liberal democracies. Most MPs are dependent on the state for employment, and loyally follow their party leaders who sit in government – a vicious circle.

Looking at history and the present fiasco, we can conclude that real democracies are in danger. They are threatened not by the so-called populist movements, but rather by overspending and the disproportionate power given to administrations.

« In a functioning state, taxes are never used as a political tool »

This all results in a switch from a decentralized democracy to a centralized technocratic bureaucracy. The benefits of digitization will be overshadowed by its misuse as a tool to control citizens.Liberal democracy is legitimized by individual freedom. And now the only way to restore it would be to radically reduce the size of the administration, simplify systems and return to a reasonable, pragmatic and equitable taxation by focusing on common sense and the long-term public good. In a functioning state, taxes are meant to cover the necessary expenses of the administration and are never used as a political tool.

If we believe that reducing the size of public administration – and therefore expenses – is impossible, then we also implicitly accept the end of true liberal democracies based on freedom and the rule of law.

Prince Michael of Liechtenstein
29 April 2021

 

Read the original article on the GIS website.

Kemal Dervis: Can Multilateral Cooperation Coexist with Great-Power Rivalry?

Project Syndicate – 21.04.2021

Recent US initiatives concerning new IMF special drawing rights, corporate taxation, and climate change highlight America’s renewed support for global cooperation. The big question now is whether multilateralism can work – and how China will respond to these proposals, given rising bilateral tensions.

WASHINGTON, DC – Three important recent initiatives from US President Joe Biden’s administration illustrate America’s  with the world and support for inclusive global multilateralism. The big question now, with the United States again seeking to play an international leadership role, is whether such cooperation can work – and how China will react to the US proposals, given rising bilateral tensions.

The first major initiative was US Treasury Secretary Janet Yellen’s call for a new $650 billion issuance of special drawing rights (SDRs, the International Monetary Fund’s reserve asset) – something that President Donald Trump’s administration had blocked.  

Details of the plan, which has been endorsed by the G20 finance ministers and central bank governors and the International Monetary and Financial Committee, are still to be worked out. It would not only involve a record new $650 billion SDR issuance to countries in proportion to their IMF quotas. It also calls on countries not needing these SDRs to reallocate them voluntarily to countries in need. For example, the US has suggested lending some of them to the IMF’s Poverty Reduction and Growth Trust to boost the Fund’s concessional lending capacity.

This is a big deal in at least two ways. A new $650 billion allocation would more than double the existing stock of SDRs, boosting global liquidity and freeing up resources for much-needed investment. And it could lead to large support from advanced economies to developing countries.

While any SDR reallocation would be voluntary, countries could go beyond a piecemeal approach to develop a more coordinated mechanism. For example, the US proposal could be extended to routinize donor governments’ contributions to institutions such as multilateral development banks to finance concessional loans to developing economies. In addition, the plan could involve the establishment of a new special purpose vehicle to attract private-sector resources.

China supports the proposed new SDR allocation, but it remains to be seen whether it will agree with the US and other advanced economies on the implementation details and reallocate some of its own SDRs in a coordinated multilateral manner. It will also be interesting to see what role the Chinese-led Asian Infrastructure Investment Bank may play in such a scheme.

A second major US proposal would allow countries to tax the largest and most profitable multinational corporations (many of which are American) based on their sales in each country, regardless of physical presence, and would set a global minimum corporate-tax rate of 21%. The Financial Times reported on April 8 that the US Treasury floated the idea with the 135 countries involved in OECD/G20 discussions on so-called base erosion and profit shifting.

The proposed regulations would be binding for large companies in all sectors, depending on their level of revenue and profit margins. Reaching a global agreement will be difficult, but it would allow Biden to  to pay for planned infrastructure investments without being undercut internationally and end the race to the bottom that has characterized corporate taxation for decades. The OECD framework provides another opportunity for US-China multilateral cooperation on one of the most important and sensitive global economic policy issues.

Lastly, Biden has invited 40 world leaders to a virtual climate summit on April 22-23, which will be streamed live to the public. The attendees include the leaders of 17 major greenhouse-gas (GHG) emitters, as well as those from other countries that are “demonstrating strong climate leadership” and innovative approaches or are especially vulnerable to climate change. A small number of business and civil-society leaders will also participate.

The Biden administration endorses the goals of achieving global net-zero GHG emissions by 2050 and limiting global warming close to 1.5 degrees Celsius relative to pre-industrial levels, while emphasizing the need for more ambitious emission-reduction targets by 2030 than what countries pledged under the 2015 Paris climate agreement. Most advanced economies, now including the US, are preparing strategies aimed at meeting global climate goals, although Biden’s ambitious plans will face stiff Republican opposition.

But the world will not achieve net-zero emissions, or close to it, by 2050 without China and the emerging economies as a whole immediately embarking on similar trajectories. They currently account for almost two-thirds of global CO2 emissions from fuel combustion, with China alone responsible for almost 30%. Last year, Chinese President Xi Jinping pledged that China would become carbon neutral before 2060, but did not outline a concrete strategy for achieving that goal. Most analysts agree that the country’s current policies and plans (especially regarding coal production and expansion of its oil and gas pipeline network) are inconsistent with this target.

Biden has invited Xi to the upcoming summit. US Special Presidential Envoy for Climate John Kerry, who has said he is “hopeful [but] not confident” of Chinese cooperation in tackling climate change, recently visited China in an attempt to enlist the country’s support for a successful April summit. Both countries issued a joint statement that, while positive in tone, is short on detailed commitments.

Youssef Amrani : « L’émergence continentale exige une union africaine plus inclusive et plus organisée »

Libération Maroc – 25 avril 2021

Youssef Amrani, ambassadeur du Maroc en Afrique du Sud

L’ émergence du continent africain dans le contexte de la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de Covid-19 exige une Union africaine plus inclusive et plus organisée, estime Youssef Amrani, ambassadeur du Maroc en Afrique du Sud, pour qui les idéologies révolues doivent laisser place au pragmatisme en faisant prévaloir le droit et l’action sur toute autre considération politicienne.

Dans une tribune publiée par le magazine Jeune Afrique, le diplomate marocain questionne les enjeux autour des systèmes de santé sur le territoire africain et suggère des actions mieux coordonnées entre les différentes chancelleries du monde afin de mieux contrer les effets de la crise sanitaire. Selon Youssef Amrani, la Covid-19 a mis à nu des manquements institutionnels d’une gouvernance multilatérale alourdie par des redondances bureaucratiques et des défaillances opérationnelles. Dès lors, il apparaît clairement qu’une refonte est nécessaire, en vue d’un renforcement des mécanismes et des procédés des institutions internationales, affirme-t-il, plaidant pour « inscrire l’action diplomatique dans le cadre d’un multilatéralisme de complémentarité qui se fonde sur un socle commun de valeurs, de visions et de stratégies ».

Aux yeux de l’ambassadeur du Maroc, la gouvernance mondiale doit gagner en flexibilité sans perdre en crédibilité: « Il ne s’agit pas d’imposer la volonté du plus fort au plus faible, mais de trouver les consensus d’une cohérence globale où chaque partie assumerait ses obligations ». Il a souligné, à cet égard, que les rapports de force doivent laisser place au « rapport d’interdépendance », car « l’unilatéralisme n’a aucune cohérence dans un monde d’intervulnérabilité ». Dans ce contexte-là, souligne Youssef Amrani, « tout l’enjeu pour la diplomatie africaine sera d’outiller ses mécanismes de déploiement à l’international pour porter un même message et poursuivre une même ambition ». Pour cela, « l’Union africaine de demain doit être plus inclusive, plus cohérente et plus organisée », et sa diplomatie plus forte et plus compétente. Pour lui, la diplomatie de demain ne s’exercera pas uniquement dans les couloirs des ministères des Affaires étrangères, mais également dans ceux des grandes multinationales, des laboratoires, des think tank sans oublier les plateaux de télévision et les universités. Et « si le diplomate déserte ces couloirs, il déserte le terrain et l’objet même de son action », prévient-il, assurant que « face à un spectre élargi d’acteurs de la société internationale, le diplomate s’impose comme un pivot qui transmet l’information et négocie la décision ».

Alors que l’innovation deviendra un outil et une finalité dans les jeux géopolitiques et géostratégiques, le diplomate doit gagner en expertise et en réactivité pour évoluer dans un environnement qu’il doit être en mesure de transformer au gré des exigences du moment, préconise-t-il. « La capacité à s’appuyer efficacement sur les réseaux sociaux et les nouvelles technologies de communication constituera les attributs obligatoires des futurs diplomates », affirme Youssef Amrani, soulignant que la dématérialisation et la digitalisation progressives du travail du diplomate sont inéluctables, à tel point qu’on observe aujourd’hui l’émergence d’une forme de diplomatie virtuelle. Et de souligner, dans ce contexte, que « l’importance du ‘soft power’ dans la diplomatie augmentera, particulièrement dans ses déclinaisons scientifique et technologique. L’innovation deviendra un outil et une finalité dans les jeux géopolitiques et géostratégiques. Le diplomate devra élargir le spectre de ses interlocuteurs en engageant de façon plus efficiente la communauté scientifique, les multinationales, la société civile et les ONG qui sont, désormais, des acteurs incontournables et souvent déterminants dans les relations internationales ».

Dans cette tribune, l’ambassadeur du Maroc a également plaidé pour une approche solidaire et responsable, comme celle prônée par le Maroc. « A l’échelle africaine, il nous appartient de toujours regarder vers l’avenir de cette émergence continentale, qui fédère les identités et mobilise les forces d’une nation africaine aux forces vives inégalées », affirme-t-il, soulignant que  » le leadership de S.M le Roi Mohammed VI a fait de l’avènement africain une perspective non seulement voulue mais tracée à la faveur d’une vision globale, d’une action inclusive et d’une approche solidaire et responsable ». « En interne comme à l’international, la vision de S.M le Roi Mohammed VI est celle qui érige la dimension humaine au cœur des priorités, en conditionnant toutes les perspectives de développement d’abord et avant tout au bien-être, à la santé et à la sécurité du citoyen africain », note Youssef Amrani. D’ailleurs, a-t-il dit, « la décision historique de généraliser la couverture sociale, pour tous les Marocains, préside en réalité de cette même culture d’altruisme, de cette même démarche de responsabilité et de cette même conviction humaniste ».

 

Lisez l’article sur le site de Libération Maroc.

Kishore Mahbubani : La volonté de Washington de contenir la Chine est « une erreur stratégique »

French.china.org – 25.04.2021

La Chine n’est pas une puissance expansionniste et la volonté de Washington de contenir la Chine est une erreur stratégique, a estimé l’universitaire singapourien Kishore Mahbubani.

Lors d’un entretien avec le quotidien français Le Figaro publié début avril, M. Mahbubani, chercheur émérite à l’Institut de recherche sur l’Asie de l’Université nationale de Singapour, a déclaré que la volonté de contenir la Chine était une erreur stratégique.

Les Etats-Unis « ont lancé une compétition géopolitique contre la Chine sans élaborer au préalable une stratégie cohérente », a constaté l’universitaire.

« Les Chinois sont très prudents et pragmatiques, et très stratégiques dans leur pensée », a-t-il noté, ajoutant que « les Américains se mettent en péril en partant du principe qu’il leur est impossible de perdre puisqu’ils ont gagné toutes les compétitions depuis 130 ans ».

Ce diplomate chevronné et écrivain a estimé que « nous assistons à une compétition géopolitique majeure, pas une Guerre froide ».

Il a rappelé que la Chine était l’un des premiers partenaires commerciaux de l’Amérique. « Et en même temps la Chine est plus intégrée avec le reste du monde que les Etats-Unis », a-t-il ajouté.

« Il s’agit d’une compétition géopolitique classique qui se produit lorsque la première puissance mondiale prend peur et tente de contenir la puissance émergente. Cela se produit depuis 2.500 ans, depuis l’époque d’Athènes et Sparte », a-t-il observé. « Cela n’a rien à voir avec le communisme ».

Aux yeux de M. Mahbubani, la Chine deviendra de plus en plus sûre d’elle-même à mesure qu’elle deviendra plus puissante. Mais « elle n’est pas expansionniste », a-t-il souligné.

« Lorsque les Etats-Unis sont devenus une grande puissance, dans les années 1890 – la situation équivalente de la Chine aujourd’hui -, la première chose qu’ils ont faite a été de déclarer la guerre à d’autres pays et de saisir des territoires comme les Philippines à l’Espagne », a-t-il remarqué.

« Si Teddy Roosevelt (président américain 1901-1909) était le dirigeant de la Chine aujourd’hui, il prendrait tous les îlots contrôlés par le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei », a supposé l’universitaire.

« La Chine possède la puissance militaire pour le faire. Mais elle ne l’a pas fait. Elle revendique des territoires qui, historiquement, ont été sous son contrôle », a-t-il conclu.

Accédez à l’article sur le site de French.china.org

Miguel Angel Moratinos : Le Maroc, un «modèle» en matière de dialogue interreligieux

La Matin – 26.04.2021

Le Maroc reste un «modèle» en matière de tolérance et de dialogue interreligieux, a affirmé le haut-représentant de l’Alliance des civilisations des Nations unies, Miguel Angel Moratinos, au cours d’un webinaire organisé, jeudi, par le Centre marocain pour la tolérance et le dialogue interreligieux, à l’occasion du 62e anniversaire de la disparition de Feu S.M. Mohammed V.

M. Moratinos a mis en avant l’exemplarité du Royaume en matière de préservation des droits des croyants, de coexistence et de pluralité, rappelant la grande symbolique de la visite du Pape François au Maroc, il y a deux ans, et sa rencontre avec S.M. le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine.
«Cette visite démontre la ferme volonté du vivre-ensemble et de cohabitation entre les religions abrahamiques», a insisté l’ancien chef de la diplomatie espagnole, relevant que les religions n’existent pas uniquement pour la tolérance, mais aussi pour prôner le dialogue et l’action commune.

M. Moratinos a aussi souligné le rôle d’avant-garde qu’accomplit S.M. le Roi, Amir Al Mouminine, dans la consécration du respect des religions et le libre exercice du culte, dans le cadre des traditions marocaines ancestrales. Introduisant cette rencontre, le président du Centre, Mohamed Aabidou, a rappelé l’importance qu’accordait feu S.M. Mohammed V aux valeurs de cohabitation et de tolérance, assurant que «le défunt souverain était un roi exceptionnel non seulement dans le monde arabe, mais aussi au niveau islamique dans ce domaine». «Nous savons tous comment le regretté Souverain a sauvé la vie de milliers de juifs lors de la Seconde Guerre mondiale», a-t-il commenté, notant que le Maroc est le seul pays arabe à intégrer la culture juive dans le cursus scolaire.

L’ancien ministre tunisien des Affaires étrangères, Mohamed Khalil, a salué les actions et les initiatives entreprises par feu S.M. Mohammed V, tout au long de sa vie, afin de donner sens à la communion et à l’altérité entre les adeptes des différentes religions. «Face à la conjoncture actuelle marquée par la division et les guerres, la voix du Maroc émerge, à nouveau, pour plaider le dialogue interreligieux et bâtir une nouvelle ère», soutient le diplomate tunisien. En initiant ce débat de haut niveau, le Centre marocain pour la tolérance et le dialogue interreligieux voulait, ainsi, rendre hommage au père de la Nation, Feu S.M. Mohammed V, héros de la lutte anticoloniale qui a posé les jalons du Maroc indépendant.

 

Retrouvez l’article original sur le site du Matin.

Thierry de Montbrial : « Face à la volonté américaine de contrer la Chine, l’Allemagne devra faire de vrais choix »

Le Monde – 16.04.2021

Tribune de Thierry de Montbrial

Entre élargir ses relations avec Moscou et Pékin ou, au contraire, renforcer sa dépendance à l’égard de Washington, l’Allemagne est confrontée à un dilemme déterminant pour l’avenir de l’Europe et du système international, analyse, dans une tribune au « Monde », le président de l’Institut français des relations internationales.

 Les seize années du règne d’Angela Merkel ont été marquées par une transformation du monde à laquelle la chancelière allemande s’est adaptée au jour le jour, mettant en œuvre son exceptionnel talent pour recoller les morceaux après chacune des crises qui ont déferlé depuis son accession au pouvoir. Ce fut le cas de la crise financière des années 2010 consécutive à la débâcle des subprimes aux Etats-Unis, avec le sauvetage de la zone euro. Ce fut le cas, quoique d’une manière plus discutable (montée de l’AfD), avec la crise migratoire consécutive à la débâcle du « printemps arabe ». Ce fut encore le cas avec le Brexit et même avec la pandémie de Covid-19.

Autant de circonstances mettant à l’épreuve l’Union européenne, qui, à chaque fois, est sortie plutôt renforcée – du moins si l’on s’en tient à une vision court-termiste. En même temps, la chancelière a fait le dos rond face aux coups de boutoir de Donald Trump, restant fidèle à sa manière d’être : attendre, voir et faire les bons gestes le plus tard possible.

A-t-elle compris que l’élection de Trump en 2016 ne fut pas un accident de parcours mais le signe le plus visible à la fois d’une évolution profonde de la société américaine et celui d’un basculement du monde au profit de l’Asie, d’abord de la Chine ? Croit-elle qu’avec l’élection de Joe Biden on en reviendra au rassurant protectorat américain d’antan – au-delà de ses rites, comme la conférence annuelle de Munich sur la sécurité ? C’est maintenant aux candidats à sa succession que ces questions se posent et leurs réponses engageront, pour une large part, l’avenir de l’Europe et au-delà.

Redéfinir l’avenir de sa sécurité

Avec la crise financière de 2007-2008 et l’éclatement de la rivalité sino-américaine, le monde est véritablement entré dans le XXIe siècle. La doxa atlantiste du temps de la guerre froide est périmée, qu’on le veuille ou non. Les rapports de puissance de la géopolitique classique n’ont rien perdu de leur pertinence, mais la géoéconomie en a accru considérablement la complexité. Le combat contre le réchauffement climatique bouleverse les politiques énergétiques et soulève de nombreux défis technologiques. Les grandes puissances jouent de plus en plus avec l’arme des sanctions.

La tendance manifeste à la démondialisation est moins une réduction radicale de l’interdépendance qu’un combat sans merci en vue du contrôle de nœuds critiques liés à l’accès aux matières premières, aux produits stratégiques (comme les semi-conducteurs) et, plus généralement, aux chaînes d’approvisionnement.

Plus fondamentalement encore, la redistribution de la puissance politique et économique se décidera autour de la maîtrise de l’acquisition et de l’utilisation des données, à l’échelle planétaire. Chaque pays pèsera ce que vaudra son complexe militaro-numérico-industriel. Chaque pays, mais aussi l’Union européenne, si on la prend au sérieux en tant qu’unité politique en voie de construction.

Or, depuis la seconde guerre mondiale, l’Allemagne (comme, d’ailleurs, le Japon) a bâti sa puissance en bénéficiant à plein du protectorat américain pour sa sécurité et d’un commerce international dépolitisé qui a notamment fait la fortune de son économie en général et de son industrie automobile en particulier. Cette ère-là est terminée. C’est dire que le futur chancelier ne pourra pas éviter d’aborder comme un ensemble indissociable la question de la redéfinition de son modèle économique et celle de l’avenir de sa sécurité. Les mots font parfois peur. C’est le cas de l’expression « autonomie stratégique » pour l’Europe.

La dernière chancelière du XXe siècle

Mais, face à la volonté américaine de restructurer l’Alliance atlantique pour contrer la Chine, l’Allemagne devra faire de vrais choix. Nul ne peut indéfiniment se cacher derrière le paravent d’un vocabulaire désuet. Ces choix seront à la fois sécuritaires, économiques et technologiques. En théorie, l’Allemagne pourrait rêver de devenir une grande Suisse ou de briser le tabou du Sonderweg, en s’engageant dans une « voie particulière », qui la pousserait à élargir ses relations avec la Russie et la Chine, déjà bien avancées sur le plan proprement économique. Le gazoduc Nord Stream 2 en est le symbole pour la Russie et l’importance de ses exportations, notamment automobiles, pour la Chine.

Mais jusqu’où peut-elle aller seule dans cette voie ? A l’inverse, jusqu’où peut-elle accepter de renforcer encore sa dépendance vis-à-vis des Etats-Unis ? Jusqu’à quel point peut-elle éviter d’affronter directement la question de l’accroissement de ses capacités militaires et celle de la suspicion qu’un tel accroissement ne manquerait pas de susciter ? Jusqu’où peut-elle et veut-elle aller dans ce domaine, à l’intérieur du cadre européen ?

Les réponses à ces questions passeront nécessairement par des discussions approfondies entre l’Allemagne et ses partenaires européens, à commencer par la France, avec laquelle elle forme une communauté de destin. Le débat public jouera un rôle déterminant, car derrière tous ces sujets il y a tant de tabous. Après Helmut Kohl, qui marqua de son sceau les conditions de la réunification allemande, puis Gerhard Schröder, qui eut à en gérer le coût en évitant les dérapages, Angela Merkel hérita d’une Allemagne forte. Une Allemagne vouée à s’affirmer comme la première puissance d’une Union européenne métamorphosée par la fin de la guerre froide et plus atlantiste que jamais, en un temps où le monde pouvait encore être qualifié d’unipolaire.

Celui d’aujourd’hui est un océan d’incertitudes, mais une vérité se dégage : bien qu’ayant exercé son mandat entre 2005 et 2021, Angela Merkel restera comme la dernière chancelière allemande du XXe siècle. Le XXIe siècle politique a vraiment commencé et, parce que l’Allemagne est effectivement devenue la première puissance européenne, ses choix dans les années à venir seront déterminants pour l’avenir de l’Europe et, en ce sens, pour celui du système international dans son ensemble, à l’horizon des trente prochaines années.

Lire la tribune sur le site du Monde
Cette tribune est une traduction de l’article paru dans la revue allemande Internationale Politik Quaterly, n°2, Printemps 2021, voir l’article en anglais ici

François Barrault : IOT, 5G, IA, Processeurs Quantiques, tout s’accélère… en route vers le futur

Les Cahiers du Cercle des Economistes – La France est-elle toujours dans la course technologique ?

Article de François Barrault, président Idate DigiWorld

Pendant des années les innovations technologiques ont été rythmées et cadrées par les fameuses ‘lois de Moore’ : à savoir, on double la puissance informatique des processeurs tous les 18 mois. Cette référence, admise par tous les professionnels, a ainsi cranté le développement des systèmes et leur financement tout en permettant de budgéter l’évolution du parc informatique d’ailleurs souvent orchestrée par les géants américains de l’époque au rythme de leurs annonces.

Mais les choses changent et s’accélèrent à une vitesse folle : on parle de facteur 10 000 voire d’un million pour les 8-10 prochaines années. Nous sommes à l’aube d’une révolution industrielle sans précédent qui va bouleverser le monde moderne déjà fortement ébranlé depuis plus d’un an maintenant par la Covid 19. La 5G en est un des piliers, mais pas le seul.

Tout d’abord, la nouvelle la Loi de Moore 2.0 va s’appliquer à l’ensemble de la chaine de création et de traitement des données : ‘sensors’, caméras, ‘Edge Computing’ ou informatique embarquée localement, stockage infini et gratuit et enfin processeurs quantiques. Bien sûr chaque maillon se verra enrichi par de l’IA – Intelligence Augmentée et non Artificielle – qui traitera un nombre croissant d’opérations localement sans avoir à faire appel à des ressources décentralisées : les chips seront de plus en plus miniaturisés avec de grandes capacités
de stockage et traitement et, enfin, une très faible consommation énergétique et une connectivité en continu entre eux (IOT, internet des objets) et avec le cloud.

Les objets de la vie courante, nos environnements personnels ou professionnels seront des machines à collecter des données, à les traiter, les comparer et a priori à nous fournir une meilleure qualité de vie, une sécurité renforcée et pourquoi pas une porte d’entrée au ‘bonheur numérique’ ? Les nouveaux processeurs quantiques développés notamment grâce au plan ‘Quantique’ du gouvernement français avec 1,8 milliards d’Euros investis, vont augmenter considérablement les vitesses de calculs dans un rapport jusqu’alors jamais égalé.

La deuxième révolution est portée par les données et leur traitement : ‘Data is the new Gold’ !. Le premier pilier technologique va créer des trillions de données tous les jours et pour qu’elles soient vivantes et exploitables, il faut les rendre pertinentes, intelligentes, corrélées et surtout prédictives. Cela vaut non seulement pour les comportements des consommateurs mais aussi par exemple pour la maintenance qui se
doit de ne plus être seulement curative mais aussi prédictive comme pour les centrales nucléaires ou les robots des marchés financiers.

Enfin, le troisième pilier, le lien essentiel entre la technologie et les données, la 5G dont les enchères de la première allocation de fréquences en 3,5 et 3,71 Ghz ont été attribuées aux 4 opérateurs français. Il était temps car la 5G est déjà opérationnelle dans 60 pays et territoires depuis 2018 ! Quel bonheur d’avoir vu s’allumer le petit icone ‘5G’ sur nos smartphones dernier cri.

Ce triptyque, technologique, données et 5G va transformer notre quotidien et la compétitivité des entreprises et l’IA au coeur de notre vie.

Les exemples sont nombreux ; l’un d’entre eux est particulièrement pertinent pour illustrer cette accélération : la voiture connectée ou bientôt autonome.

Les ‘sensors’ ou caméras embarquées pourront identifier instantanément les obstacles rencontrés (piétons, voitures, vélos..), iront chercher dans l’ordinateur embarqué (Edge Computing) les données manquantes (tracteurs, side-cars) et, si aucun élément n’est répertorié – un éléphant rose par exemple – chercheront dans le Cloud (grâce à la 5G) et ainsi contextualiseront, analyseront puis renverront à la voiture un ordre validé par tous les spécialistes ou leurs avatars (avocats, assureurs, vétérinaires, dresseur d’éléphant etc..). La voiture s’arrêtera ou contournera l’obstacle en fonction des milliards d’opérations effectuées et ce, en quelques millièmes de seconde.

C’est exactement ce qui se passe avec l’être humain : en 4 itérations notre oeil voit un éléphant rose (au lieu de 4000 pour la machine) analyse la situation et prend la bonne décision instantanée (reflexe) ou réfléchie si le temps le permet.

Sommes-nous égaux avec la machine ?… Pas vraiment ! Nous avons 5 sens, la machine 2, la captation visuelle des évènements se fait à 300 000 Km/s et auditive à 340 m/s mais une fois dans notre cerveau, la transmission ralentit à.. 100 m/s et nos capteurs transmettent à 60 m/s les informations ou les ordres physiques à nos muscles.

Certes nous avons 3 ‘sensors’ en plus (gout, odorat, toucher) mais dans ce cas de figure notre temps de réaction à l’évènement va de 50 ms à 300 ms (de l’activité neuronale visuelle à la réponse motrice). Ce qui explique le faux départ au 100 m qui est déclaré en dessous d’un temps de réaction de 100 ms. Pendant ce temps-là, l’information dans la voiture et dans le cloud se déplace à des vitesses allant jusqu’à 300 000 km/s.
Cette accélération technologique basée sur la vitesse et la puissance, souvent assimilée à tort à l’IA, est en fait un temps de traitement de l’information très accéléré qui vient concurrencer l’être humain dans des taches d’abord basiques puis très sophistiquées ou critiques au fur et à mesure du déploiement de ces technologies.

Or la 5 G est vitale avec son débit (X5) et son temps de réaction (latence) divisé par 100.

Le déploiement de la 5G sur notre territoire suscite beaucoup de questions et réactions anxiogènes.

On lui reproche des impacts environnementaux, sanitaires et comportementaux. Si on exclut la théorie conspirationniste qui accuse la 5G de diffuser le covid-19, trois thématiques sont au cœur des débats, en plus de celui de la souveraineté nationale et de la cyber-sécurité.

• Une exposition aux ondes électromagnétiques (comme avec la 3G ou 4G) plus importantes avec l’utilisation des bandes millimétriques et une multitude d’objets connectés
• Une consommation énergétique importante (objets, capacité de stockage et de transmission)
• L’obsolescence prématurée de milliards de terminaux 4G

Ces annonces perturbent fortement les citoyens et nos élus : il faut faire preuve de beaucoup de prudence et surtout de pédagogie plutôt que de se livrer à des joutes verbales stériles sur les plateaux TV : ‘tough with fact, nice with people’

Concernant l’aspect sanitaire et pendant les 3 prochaines années, les fréquences utilisées sont très proches des existantes (3G,4G, Wifi) voire au-delà (Wifi 2,4 Ghz, 5 Ghz) à la maison. Donc pas de panique. Il nous reste 5 ans pour étudier l’impact des très hautes fréquences déjà utilisées dans certains pays.

Sur le terrain très glissant de la consommation énergétique, de nombreux efforts ont été demandés aux constructeurs, équipementiers et operateurs pour la réduire de manière très significative (facteur 100 à débit égal). L’apport de l’Intelligence Augmentée (IA !) à chaque niveau de la chaine de valeur, la miniaturisation des éléments vont contribuer à ces économies vertigineuses. Les constructeurs de mobiles travaillent
aussi d’arrache-pied sur l’obsolescence prématurée et programmée des milliards de terminaux 4G et 3G notamment sur leur recyclage ou de leur mise à jour.

En 2020, la Commission Européenne a publié une boite à outils « cyber sécurité » : son objectif est de définir une approche européenne coordonnée, fondée sur un ensemble commun de mesures qui visent à atténuer les principaux risques en matière de cyber sécurité des réseaux 5G.

La cyber sécurité doit aussi être prévue dès la conception des systèmes, des objets connectés qui coexisteront par milliards et encadrée pour assurer la sécurité des réseaux. La France a répondu aux inquiétudes par une loi (« Loi Huawei ») qui prévoit que toute entreprise qui veut mettre en place un réseau 5G devra obtenir une certification validée par l’ANSSI.

En parallèle de ces 3 révolutions technologiques concomitantes, phénomène unique depuis le début des technologies de l’information, s’accélère le cercle vertueux de l’innovation ou plus exactement du progrès. : la technologie change les usages qui changent les business models et les vecteurs d’investissement.

Le premier confinement a été d’une grande brutalité et vécu par beaucoup comme un traumatisme (on change d’état quasi instantanément). Avec le confinement forcé et grâce aux Zoom, Teams et autres outils collaboratifs, nous avons pu continuer à travailler, produire, échanger, vendre… et comme toujours, l’adaptabilité du genre humain a été remarquable. Si de nouveaux usages se sont installés très rapidement, de nouvelles questions ont émergé.

Le bureau, sanctuaire physique du travail (« je vais au bureau ! ») a été dématérialisé, les réunions « distancielles » sont devenues plus courtes, plus percutantes, les décisions plus rapides. Dès lors, dans l’après pandémie, pourquoi aller au bureau, qu’y faire ? Un grand patron du CAC 40 m’a confié que désormais les 6000 employés de leur siège à la
Défense qui arrivent dans une tranche de 45 mns, qui suivent les mêmes rituels (pauses cigarette, déjeuners…) et qui augmentent les transhumances pendulaires du matin, soir, weekends et vacances, tout cela était devenu absurde même si bien sûr demeure l’immense besoin de contacts et de liens physiques.

Tout un pan de l’économie s’est trouvé arrêté – les services divers à l’entreprise (cantines, nettoyages, transports…)- et en même temps, grâce à la technologie, on découvre une nouvelle forme de liberté où le bureau se déplace à la campagne, au domicile … De nouveaux concepts, comme les ’15 minutes cities’ émergent pour que les personnes puissent choisir entre leur maison, le ‘bureau’ et une structure hybride
près de chez eux (15 mns à pied ou à vélo) où se conjuguent convivialité et environnement de travail. Après quelques cafouillages, un nouvel ordre s’est établi. Ce nouvel ordre laissera des traces indélébiles dans nos modes de fonctionnement professionnels et privés.

Une réflexion s’impose donc sur l’organisation des grandes sociétés où le courant mondialiste a entrainé un découpage géographique/taylorien des activités en fonction des seuls critères de coût : production en Chine, centre d’appels en Inde, ingénierie en Europe..

Aujourd’hui s’ajoutent de nouveaux critères de choix, qu’ils soient écoresponsables, souverainistes ou encore cloisonnement et indépendance des sites de production. L’augmentation très significative des coûts des terres rares, chips, acier etc… va d’ailleurs accélérer la refonte du modèle : je produis où je consomme. Et en même temps, le nouvel ordre géopolitique mondial suppose que la communauté européenne se consolide afin de rester dans la compétition internationale.

Se pose aussi la question de l’organisation du travail : comment mettre en place des nouveaux modes d’organisation apprenantes, des nouveaux modèles de soutien et d’accompagnement managériaux à distance, quel rôle pour le management intermédiaire… ? Ce sujet prend d’autant plus d’acuité qu’il se conjugue avec l’irruption de la data, de l’IA, de la robotisation qui entraine une substitution des machines à l’homme pour les taches à faible valeur ajoutée ou encore dangereuses. La compétitivité économique repose sur la capacité des nations ou régions à embarquer les apports des nouvelles technologies pour bâtir une industrie 4.0 plus agile, plus fiable, plus productive. Dès lors la question de l’accompagnement du développement des compétences, de la formation aux métiers de demain est cruciale. L’Allemagne qui veut garder son industrie lourde compétitive et haut de gamme a investi massivement dans les outils 4.0 pour produire moins cher, avec la qualité que l’on connait tout en accompagnant et formant le personnel de son industrie.

Ce pivot ou le coût n’est plus le seul critère de choix est une chance pour l’Europe et en particulier la France pour nous permettre de ré-industrialiser intelligemment notre pays.

La fusée à 3 étages est partie et nous allons être les témoins vivants d’une révolution technologique et industrielle sans précédent où j’en suis sûr, l’homme trouvera sa place … ‘Stay tuned ‘ !!

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Nicolas Barré : États-Unis : le « boom du vaccin » fait repartir l’emploi

Europe 1 – 05.04.2021

Nicolas Barré

Grâce à la vaccination massive et à la réouverture progressive du pays, les États-Unis voient le taux de chômage chuter de 6% et 900.000 emplois se créer en seulement un mois. Nicolas Barré fait le point sur une question d’actualité économique.

On surnomme cela le « boom du vaccin ». Aux Etats-Unis, l’emploi repart très fort et les effets de la crise du Covid seront bientôt effacés.

Le Wall Street Journal, la bible des affaires, note dans un éditorial que, le même jour, ont été annoncés un nombre record de créations d’emploi et la fin des restrictions de voyages pour tous les Américains vaccinés. Plus la campagne de vaccination avance, plus les Américains retrouvent une vie normale et l’économie se redresse. Les stigmates de la crise disparaissent. En un mois en mars, l’économie américaine a créé plus de 900.000 emplois et le taux de chômage est retombé à 6%.

En fait, le retour à la normale s’accélère.

Ça va très vite, oui. Nicolas Barré invite ceux que ça intéresse à aller faire un tour sur le site de l’université du Maryland qui a mis au point un « indice de la distanciation sociale » en compilant les données personnelles fournies par Google et par les téléphones portables. On s’aperçoit que l’on est revenu pratiquement aux mêmes comportements qu’avant la pandémie, les gens se déplacent, se croisent, bref l’économie s’est littéralement remise en mouvement comme avant.

Au fond, le meilleur plan de soutien de l’économie, c’est le vaccin.

C’est exactement ce que disent les opposants à Joe Biden qui pensent qu’en fait, ça ne sert plus à rien d’injecter des centaines de milliards d’argent public dans l’économie. Vous allez voir, ça va être LE débat politique des prochains mois entre ceux qui diront : laissez faire l’économie, regardez, vous voyez bien, ça repart tout seul dès qu’on réouvre tout. Et les chiffres de l’emploi leur donnent partiellement raison. Et en face les démocrates qui voudront dépenser encore plus d’argent public, ce qui veut dire aussi alourdir les taxes sur les entreprises. Si l’économie américaine continue d’accélérer, paradoxalement, ça ne va pas faire les affaires de Joe Biden. Il aura du mal à justifier de dépenser encore tant d’argent public alors que le chômage sera bientôt retombé à son niveau d’avant crise. Il risque de se retrouver politiquement en difficulté quand l’économie ira beaucoup mieux. L’histoire est ironique…

Visualisez l’émission dans son intégralité sur le site d’Europe 1.

Jean de Kervasdoué – La fuite des cerveaux

Portrait de Jean de Kervasdoué. Crédit photo : Hannah Assouline/Opale/Leemage

Le Point – 05.04.2021

Par Jean de Kervasdoué

Pourquoi donc, en économie ou en sciences, nos plus grands talents partent-ils exercer ailleurs ? Notre chroniqueur nous livre quelques explications.

Àl’instar des milieux artistiques, le monde de la recherche est sans pitié, le classement y est permanent et l’élitisme, la culture commune. En France toutefois, si l’entrée dans la carrière est très sélective, car il n’y a, chaque année, qu’un ou deux postes dans une discipline donnée[1], la quête s’arrête là et la carrière devient du jour au lendemain toute tracée. Comme sous l’Ancien Régime, le jour où un chercheur du CNRS ou de l’Inserm est titularisé, il a acquis pour la vie un statut, une « charge ». Elle le protégera, mais ne lui donnera plus aucune stimulation financière ou symbolique […]

Retrouvez l’article complet sur le site du Point.

Renaud Girard: «Le défi migratoire de Joe Biden»

Par Renaud Girard

L’élection du 46e président des États-Unis a créé un immense appel d’air pour les migrants. Surtout pour ceux d’Amérique centrale fuyant la misère, les désastres naturels et la violence des gangs.

À la frontière entre le Mexique et les États-Unis, les trafiquants d’êtres humains se sont adaptés, avec le cynisme qui les caractérise, à la nouvelle donne administrative prévalant à Washington. Joe Biden a conservé la directive sanitaire – dite Title 42 – prise par son prédécesseur qui autorise les gardes-frontières américains à reconduire immédiatement les personnes ayant franchi illégalement la frontière. Mais il a fait une exception pour les mineurs non accompagnés. Alors, on a vu des trafiquants – filmés la nuit par une caméra de surveillance – jeter des enfants par-dessus un mur frontalier de 4,2 mètres de haut. Beaucoup se blessent en tombant, mais ils sont toujours, plus tard, soignés par les gardes-frontières.

L’élection de Joe Biden, candidat qui avait vertement critiqué l’inflexibilité de Trump en matière migratoire et dénigré son projet d’un mur courant tout le long de la frontière, a créé un immense appel d’air pour les migrants. Surtout pour ceux d’Amérique centrale fuyant […]

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Samir Saran: Enough Sermons on Climate, It’s Time for ‘Just’ Action

ORF online – 31.03.2021

by Samir Saran

As Britain readies to host the 26th UN Climate Change Conference of the Parties (COP26) in Glasgow in November this year, there is a concerted effort to push countries towards publicly endorsing and adopting ‘Net Zero’—a carbon neutral emission norm—as policy. This is a demand for an inflexible, near-impossible, time-bound agenda to achieve what is no doubt a noble goal. And, as is often the case with climate-related issues, the nobility of intent is at risk of being overwhelmed by sanctimonious hectoring that raises hackles instead of ensuring meaningful participation.

On 3rd March, UN Secretary-General Antonio Guterres took to Twitter to call on governments, private companies and local authorities to immediately initiate three measures to mitigate climate change: Cancel all coal projects in the pipeline; end coal plant financing and invest only in renewable energy; and, jumpstart a global effort to a ‘just transition’ from carbon to non-carbon energy sources.

On the face of it, this was an unexceptionable call from the high priest of the UN to the global laity to rise in support of an important cause. But if we were to scratch the surface of the Secretary-General’s words, we would see that his call was little more than virtue-signalling.

For, there is nothing ‘just’ about the transition that he has sought without delay. Implicit in his call is the immoral proposition to disregard poverty, despair and the yawning development deficit between nations as he places them all on the same plane. Inherent in this approach is the unedifying complicity of global institutions in foisting an arrangement founded in the belief that the poor in the developing world should underwrite the climate mitigation strategy of the developed world. The climate high priests need to realise that depriving the world’s poorest of their aspirations can never be ‘just’ climate action. It can be convenient and, hence, it has much appeal in many quarters.

The climate high priests need to realise that depriving the world’s poorest of their aspirations can never be ‘just’ climate action. It can be convenient and, hence, it has much appeal in many quarters

An Alternative Script

A waffle-free alternative script for those given to sermonising to the world would focus on three other aspects that may actually lead to faster transitions and more justice. First, an impassioned call to those who control capital—managers of pension, insurance and other funds—to ensure larger amounts of money leave the country of origin and flow to countries of deficit for building sustainable, climate resilient infrastructure of the future. The Climate Policy Initiative has calculated that less than a quarter of climate finance flows across national boundaries; in other words, the overwhelming majority of climate finance is raised for domestic projects. The states expected to disproportionately do more to battle climate change are located in Asia, Africa and Latin America. Yet, they are inadequately funded and financed and cost of capital in these places dampens the scope of action. It would be stressing the obvious to say that the frontline states cannot be expected to engage in this battle without adequate inflow of climate capital at the right price for climate action.

Second, the assessors of risk—the intractable credit rating agencies, the cash-rich central banks and the big boys of New York, London and Paris—who decide how much capital should flow in which direction, should be called upon to recalibrate their risk assessment mechanism. Let it be said, and said bluntly, that objective ‘climate risk’ outweighs subjective ‘political risk’ which prevents the flow of capital to key climate action geographies. Risk must be reassessed objectively. Till then, the highfalutin sermons of the Pontiffs of Climate would be mere lip service, which none among the Climate Laity would bother to take seriously.

Third, and, perhaps, the most ‘just’ proposition the Secretary-General could make, would be a moral directive to all Western nations to shut down coal plants and fossil fuel- based enterprises immediately and entirely abandon carbon-fuelled energy for any purpose. After all, green energy sources need room to grow and space to mature and the OECD nations must allow this at warp speed. It is farcical to deny coal plants to countries that are still struggling to claw their way up the development ladder and demand that they turn carbon neutral while thousands of units and homes belch and blow climate emissions every day in rich economies. What is good for the rich cannot be bad for the poor.

Rich countries have failed to reduce their share of fossil fuel emissions. CSEP’s Rahul Tongia has calculated that the top emitting countries in terms of per capita emissions (nations above the global average emissions) still account for about 80 per cent of global Fossil CO2.  He further explains that the absolute emissions of these countries are rising even when measured in 2019. The rich took more than their fair share historically, and are still doing so. Any ‘Just Transition’ must involve evicting the squatters occupying carbon space to the detriment of others. Buying this space from the poorer is not ‘just’; it is another perverse business model based on extraction and mercantilism of centuries past.

Any ‘Just Transition’ must involve evicting the squatters occupying carbon space to the detriment of others. Buying this space from the poorer is not ‘just’; it is another perverse business model based on extraction and mercantilism of centuries past

In the run-up to COP26 at Glasgow, we are witnessing a new passion play of countries making a dramatic show of embracing the idea of Net Zero economies in the coming decades. The script of this passion play draws on starkly evocative narratives that seek to catalyse action through theatrical terms such as ‘climate emergency’. From appropriating the voice of the powerless to acquire legitimacy and crafting compelling narratives through a new cohort of well-funded ambassadors to push the envelope on climate change policy approaches, we are seeing varied actors engaging with climate issues in different ways. These different efforts have a common design, the economic objective of socialising the cost of climate action and making the poor carry the can for the rich.

That said, some facts are irrefutable. The last decade has been the warmest in recorded human history and its effects are visible to all. In February this year, an iceberg larger than New York City broke off the frozen Antarctic  and my just be a prelude to what lies ahead. Indeed, the possibility of the Arctic turning into a benign waterway in the near future can no longer be ruled out. It would require extraordinary un-intelligence to argue that global warming and its fallout can be mitigated by business-as-usual decision-making. But even as there is trans-world consensus on climate change and its impact, many would and must disagree on the proposed burden-sharing and distribution of responsibilities as we respond as a collective.

The India Imperative

India will be significantly affected by climate change in the coming decades. It is already feeling the heat and is combatting challenges from its mountains to its coasts due to shifting weather cycles and changing climate. It needs clearheaded policies, backed by political will, on this single most important issue that will impact its growth, its stability and the very integrity of its geography comprising a multitude of topographies.

This is happening at a moment when India is poised to exit the low-income orbit and take off on a trajectory towards becoming a middle-income country. Its journey from a US $3 trillion economy to a US $10 trillion economy coincides with ongoing climate action, polarising climate debate and climate-impacted economics. India can neither isolate itself from this reality, nor can it be reticent or timid in making its choices known to the world. India cannot be a receiver of decisions made elsewhere; it has to be on the high table, co-authoring decisions implicating its future.

For India, the moment offers three opportunities in these challenging times. First, India has to prepare itself through its policies, politics and internal rearrangements to seize and realise the single biggest global opportunity of leading a global effort to mitigate emissions of the future. The IEA, in its India Energy Outlook 2021 Report, estimates that India’s emissions could rise as much as 50 percent by 2040—the largest of any country, in which case India would trail behind only China in terms carbon dioxide emissions. This need not happen and is an opportunity for India and the World.

India must grab this chance to lower its future emissions through the right investments, technologies and global partnerships. The developed world, too, must make a matching response: Just like the Marshall Plan invested billions to rebuild post-War Europe with Germany at its heart, a new age Climate Marshall Plan must see India at its core. India must prepare and offer itself as the single biggest climate mitigation opportunity for the world and the most important green investment destination.

The developed world, too, must make a matching response: Just like the Marshall Plan invested billions to rebuild post-War Europe with Germany at its heart, a new age Climate Marshall Plan must see India at its core

Second, neither the world nor India should forget the dictum that on climate, India solves for the world. The solutions that India experiments with and implements successfully will be fit to be repurposed for other developing countries with similar geo-topographical conditions and economic sensitivities. Many of them are frontline countries in the climate battle.

India can and must become the hub of climate action for this decade and beyond, offering services, technology and infrastructure through climate supply chains that span the developing world. The International Solar Alliance is just a modest beginning. The future holds multiple opportunities. The country must lead the charge through building financial institutions that will support and sustain green transitions and helping create green workforces fit for purpose for the coming decades, amongst others.

Third, as India celebrates 75 years of its independence in 2022 and leads the G20 in 2023, it has the chance to make its most significant identity shift. India moved from being a British colonial state to a free nation in 1947, and then moved from being perceived as a land of snake-charmers to becoming an internationally acknowledged technology hub at the turn of the century. This decade offers the chance for it to emerge first as aUS $5 trillion and then as aUS $10 trillion economy that will be green and low carbon in its evolution – the first large green economy of the fourth industrial revolution.

India’s expectations from Glasgow COP26 should be uncluttered—its single purpose must be to catalyse global flows and investments to India and other emerging economies. If India fails to attract investments, the markets will clearly have not signed on to the climate agenda. In this effort, India needs a leg-up from the Climate Pontiffs.

Perpetuation of global poverty and low incomes cannot be the rich world’s climate mitigation strategy. ‘Net Zero’ should not seek this end state. On the contrary, investing in the emerging world’s green transition is the only way to build a ‘just’ world. The UN Secretary-General could help ensure that the largest pool of new money flows to where the climate battle will be fought—in India and in the emerging world. That would be a just transition and an efficient one.

 

Read the original article on ORF online’s website.

Masood Ahmed: IMF’s spring meetings lack ambition for a world in crisis

Countries risk a ‘dangerous divergence’ in economic fortune unless more is done to help.
Mark Lowcock & Masood Ahmed – Financial Times – 5 April 2021
IMF managing director Kristalina Georgieva.
IMF managing director Kristalina Georgieva. The fund’s projections show a prolonged and stumbling recovery for developing countries © Samuel Corum/Getty

At the spring meetings of the IMF and World Bank this week, we can expect measures to support low- and middle-income countries’ pandemic recovery that are laudable but fall well short of what is required.  One likely outcome will be an allocation of up to $650bn in IMF special drawing rights, the fund’s reserve currency that is used to supplement members’ official reserves. An extended pause on debt service payments for the poorest countries and a commitment from wealthy nations to help finance the global distribution of Covid vaccines will probably also be agreed. All these measures will be welcome. But they will be only marginally helpful for countries where the end of the pandemic remains far off. They certainly will not prevent IMF managing director Kristalina Georgieva’s warning of a “dangerous divergence” between economies from becoming a reality.  The IMF’s projections show a prolonged and stumbling recovery for developing countries. Most are unlikely to vaccinate enough people to achieve herd immunity until 2023. Their financial buffers are near depleted, threatening the first rise in global poverty since 1990. Already 270m people face starvation.  It is not too late to raise the ambition for the spring meetings. They could be used to trigger immediate action and set the agenda in a way that recognises the long-term impact of this crisis and matches it in scale, scope and duration. The IMF and the World Bank increased their lending last year. They now need to publicly commit to at least sustain their flows at this elevated level for the next five years. This will require an agreement between the institutions and their shareholders on more creative use of their balance sheets combined with commitments for new shareholder financing as needed.  Second, a fundamental restructuring or writedown of debt is required for a significant number of developing countries. The common framework for debt treatments agreed by the G20 last November has potential but has achieved little so far. Shareholders should ask the IMF and World Bank to apply the framework and more actively address the debt issue, for instance by bringing recalcitrant private creditors to the table. Third, neither future pandemics nor climate change can be managed unless developing countries are engaged in the process. International financial institutions need to adapt their historical country-focused business model. Now is the time for shareholders to ask the leadership of the IFIs to produce ambitious proposals to address these global challenges.

Finally, international support for countries trapped in economic fragility and conflict remains fragmented and has yielded mixed results. The meetings should set out how IFIs and the UN can better co-ordinate on fragile states socially, politically and economically. During the pandemic there have been examples of solidarity and smart collaboration; the development of vaccines is perhaps the finest. As rich countries move from crisis management to shaping the recovery, it would be a mistake to think of the continuing crisis in the world’s poorest countries as someone else’s problem. Some will say these proposals extend the mandate of the IFIs. But maintaining the weak response we’ve seen so far would be a moral failure, and one lacking foresight. Aside from the obvious risk of leaving the virus free to circulate, it opens up the possibility of secondary crises — hunger, conflict and displacement — spilling over into the lives of everyone, everywhere. The spring meetings have the potential to determine whether this autumn is the beginning of the end of the pandemic, or the start of a more complex and dangerous phase for the world.

 

The writer is the UN under-secretary-general for humanitarian affairs.

Masood Ahmed, president of the Center for Global Development, co-authored this article.