Les implications économiques potentielles d’une pandémie durable

Terranova – 16.03.2021

Par Jean Pisani-Ferry et Olivier Blanchard

SYNTHÈSE

Si le COVID-19 persiste et continue de menacer des vies, deux scénarios semblent possibles. Des vagues d’infection récurrentes qui conduisent les gouvernements à osciller entre l’imposition et la levée de mesures sanitaires en fonction des hauts et des bas de l’épidémie. Ou un scénario de « zéro COVID » dans lequel des politiques d’endiguement sévères et soutenues au début, suivies de mesures sanitaires plus douces associées à un traçage et à des tests systématiques, viseraient à atteindre et à maintenir un niveau d’infection très bas. Bien que l’expérience suggère que ce deuxième scénario entraînerait des coûts humains et économiques à long terme moins élevés, les réalités géographiques, humaines et politiques au sein des pays et entre eux le rendent moins probable, du moins dans le cas d’économies ouvertes, étroitement intégrées et densément peuplées comme celles de l’Europe. Le premier semble plus probable.
Les économistes Jean Pisani-Ferry et Olivier Blanchard voient trois principales implications économiques d’un scénario d’épidémies récurrentes, qu’ils détaillent pour Terra Nova. La première est la fermeture durable des frontières, les pays essayant de se protéger des infections survenant ailleurs. La deuxième est la probabilité de confinements répétés. La troisième concerne les effets durables sur la composition de l’offre et de la demande.

Cet essai fait partie d’une série du Peterson Institute for International Economics (PIIE) sur Economic Policy for a Pandemic Age: How the World Must Prepare for a Lasting Threat.
Les auteurs remercient Michael Kister pour son excellente assistance à la recherche, Nicolas Woloszko pour ses conseils sur les données de l’OCDE et Laurence Boone, Philippe Martin, Guntram Wolff et leurs collègues du PIIE pour leurs commentaires et critiques sur une version antérieure.

Téléchargez la note sur le site de Terranova.

Philippe Chalmin : « Il y a une montée en puissance des tensions » entre Chinois et Occidentaux

  

Par 

La filière des batteries électriques, en Europe et aux Etats-Unis, est renforcée par la reprise de la production de l’Usine du Sud en Nouvelle-Calédonie. Mais le nickel illustre aussi les tensions entre chinois et occidentaux.

La ville d’Anchorage en Alaska, avec ses températures polaires, tournée vers le Pacifique, a servi de décor adapté au climat de guerre froide qui règne entre la Chine et les Etats-Unis. Les deux pays, ont conclu vendredi deux jours de discussions « dures » mais « constructives » qui ont donné lieu au déballage inédit de leurs profonds désaccords, à l’image des tensions militaires et de la confrontation commerciale sans merci entre les deux premières puissances mondiales.

Chine
Les délégations chinoises et américaines face à face à Anchorage en Alaska.  ©Fred J Brown AFP

Symbole de ces tensions, la mer de Chine où s’observent désormais quotidiennement navires de guerre chinois et occidentaux. Cette route maritime, voit se croiser les exportations chinoises d’acier ou de batteries électriques, et les importations de matières premières venues d’Australie, d’Indonésie ou de Nouvelle-Calédonie pour le nickel. « Il y a une montée en puissance des tensions militaires dans la région qui s’ajoutent aux conflits commerciaux et ce sont les matières premières qui sont en première ligne » a estimé Philippe Chalmin, économiste et historien, fondateur du cercle Cyclope.

Taiwan
Chasseur F16 taïwanais escortant un bombardier à capacité nucléaire chinois H-6K dans le détroit de Formose.  ©AFP

Jeudi soir, après les durs échanges verbaux entre les délégations américaines et chinoises à Anchorage, les cours des matières premières avaient baissé par peur du risque ; ainsi pour le nickel qui était passé sous le seuil des 16.000 dollars la tonne.

Mais vendredi, oubliant le sommet américano-chinois de l’Alaska, les analystes londoniens prenaient connaissance, positivement, de l’information publiée par Nouvelle-Calédonie la 1ère annonçant la reprise progressive de l’activité de l’Usine du Sud (Goro Resources). Le nickel hydroxyde cake produit par le grand complexe industriel calédonien, l’un des plus importants au monde, est le principal composant utilisé dans l’industrie des batteries rechargeables, celle des véhicules électriques. La production serait principalement destinée aux constructeurs occidentaux. Elle n’irait pas en Chine…« L’Usine du Sud a produit 23.400 tonnes de nickel en 2019. Elle a la capacité de produire jusqu’à 60 000 tonnes par an de NHC » a rappelé Anna Stublum, stratégiste de Marex Spectron.

« Les opérations de lixiviation du nickel à l’acide, comme à Goro en Nouvelle-Calédonie, sont toujours bien meilleures pour l’environnement que la production de nickel par une filière de fonte ».

Lyle Trytten, expert canadien du nickel (Trytten Consulting Services)

Faut-il y voir un signe ? Les tensions qui opposent d’un côté les Etats-Unis et leurs alliés, et de l’autre la Chine, ne sont pas absentes non plus de la bataille qui se livre autour du nickel de la transition énergétique. Comme en réponse à la participation de l’Américain Tesla au renouveau de l’usine calédonienne, le conglomérat chinois Tsingshan a annoncé qu’il disposait d’une alternative pour fournir du nickel au marché des voitures électriques. Du nickel de qualité batterie à partir de Nickel Pig Iron, un processus métallurgique qui est critiqué pour son impact environnemental. « C’est cette information qui a entraîné la baisse substantielle du prix du nickel », a rappelé le Metal Bulletin de Londres. Comme une illustration de la « compétition rude » qui oppose la Chine et les occidentaux, selon les termes utilisées par la délégation américaine à Anchorage.

Usine du Sud (nickel et cobalt) Vale Nouvelle-Calédonie
Usine du Sud (nickel et cobalt) Vale Nouvelle-Calédonie

Cours du nickel au LME de Londres 16.262 dollars/tonne +1,56 % (-17,24 % sur un mois)

Retrouvez l’article complet sur le site de La 1ère – France TV Info.

Bertrand Badré: Europe’s ESG Opportunity

Bertrand Badré at 2019 WPC Finance workshop

11.02.2021 – Project Syndicate

Olivia Grégoire & Bertrand Badré

Far from being a purely technical matter, assessing firms’ non-financial performance is a deeply political issue. Europe’s inclusive governance model may give it a competitive edge in shaping global environmental, social, and governance regulations for firms and investors.

PARIS – Finance is evolving in a more sustainable direction, and just in time. Pension funds, insurance companies, and sovereign wealth funds have made multiple commitments on climate change, biodiversity, and economic inclusion. In each case, the aim is to treat finance as a tool, not an end in itself, and to adopt objectives that go well beyond financial returns.

Today, more than $40.5 trillion globally is invested according to environmental, social, and governance principles. But who defines what constitutes an ESG investment, and how far can we trust ESG statements issued by corporations? We need a set of  – and Europe can, and should, play a leading role in formulating and implementing them.

Far from being a purely technical matter, assessing firms’ non-financial performance is a deeply political issue. The first step is the choice of indicators to measure a company’s environmental or social performance. Then there is the question of establishing baseline ESG standards that Europe, the United States, or China will require from all firms that want to do business in their market, as well as a frame of reference that will directly influence financial and investment flows.

Designing such indicators is an invaluable instrument for building sovereignty. Europe, in many respects a global leader in the environmental and social domains, should therefore seize the opportunity, and advance the case for a different kind of sovereignty that serves as a launchpad for global initiatives.

Since French President Emmanuel Macron advocated building European sovereignty in a 2017 speech, the European Union’s view on the issue has evolved significantly. Nowadays, member states are far less ambivalent about defending European sovereignty, whether in response to emerging digital monopolies, the economic risks of Brexit, or the public-health threat posed by COVID-19.

To safeguard its model and values, Europe can no longer just respond to events, but needs to be proactive in identifying and initiating measures that will spread beyond its borders. Assessing corporations’ non-financial performance can form part of a more assertive sovereignty that also enables Europe to address equally urgent issues such as climate change, social problems, and shifting geopolitical alignments.

For example, the EU has set itself far-reaching environmental goals, starting with achieving carbon neutrality no later than 2050. To that end, it recently developed a so-called green taxonomy, a standardized classification that enables assessment of the sustainability of 70 economic activities that together account for 93% of the EU’s greenhouse-gas emissions.

On the social front, the EU established the Charter of Fundamental Rights in 2000, and in 2017 proclaimed the European Pillar of Social Rights – granting its citizens new and more effective means of ensuring equal access to the labor market, fair working conditions, and increased social protection. And in October 2020, the European Commission proposed an EU directive to ensure adequate minimum wages for workers in member states.

But here, too, Europe is trapping itself in a defensive situation. Although Europe is protecting its sovereignty by building such an environmental and social framework, it has no desire to introduce these ideas elsewhere. But in a global economy where each country is trying to shape standards to its own advantage, the key is not merely to defend a model, but to present it to the world as a basis for further discussion.

Since its inception, the EU has frequently been criticized for its sluggishness and bureaucratic red tape. But in a union of 27 sovereign states, every decision is necessarily the result of negotiation and compromise. Moreover, decisions about what constitutes good or bad behavior relative to a norm should not be made lightly. Ironically, therefore, Europe’s inclusive governance model may give it a competitive edge in shaping global ESG standards.

With its large and prosperous single market, high savings rate, and powerful financial sector, Europe can potentially influence these standards through what Zaki Laïdi calls “norms over force.” This is the exact opposite of traditional political and military power, or, as Laïdi puts it, the “ability to produce and set up a worldwide mechanism of norms able to structure the world, to curb unruly behavior from entering players, to offer those who abide by the rules, particularly the less powerful, ample opportunity to make the norms stand against all, including the powerful.”

Furthermore, because measuring non-financial performance goes well beyond simple accounting, the transition to a more ecologically and socially sustainable capitalism through participants’ transparency and shared responsibility may become the polestar of a new European identity.

At a time when Europe is seeking to outgrow its internal political divisions, the EU has an opportunity to reiterate its environmental and social values without requiring member states to support a particular economic model, but rather by simply sticking to a results-based approach. Despite their historical and cultural differences, member states have many shared values that enable them to agree on the basics on issues such as gender equality or environmental protection.

One of the founding fathers of European integration, Jean Monnet, believed that sovereignty declines when it is entrenched in old patterns. Having designed a sovereignty that differs fundamentally from previously tested governance models, the EU must now demonstrate its vitality by extending its power beyond its single market.

More than any other jurisdiction, the EU should embrace new norms, not fear them. By requiring an evaluation of a firm’s environmental and social impact before granting access to its market, the EU would have a unique opportunity to assert both the singularity and the extent of its sovereignty.

In doing so, Europe would contribute to a necessarily global debate regarding the transition toward a sustainable, resilient, and inclusive capitalist economic model. This goal was implicit in the Sustainable Development Goals and Paris climate agreement that the world adopted in 2015. We now have a duty to make it overt.

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Quelles perspectives pour le Liban ? Analyse de la situation géopolitique par Renaud Girard

13.02.2021 – France Culture

Les Répliques, par Alain Finkielkraut

Quelles perspectives pour le Liban ? Plusieurs mois après les explosions sur le port de Beyrouth et alors que le pays connaît une grave crise financière, Renaud Girard et Karim Bitar analysent la situation géopolitique.

Le Liban, c’était la coexistence miraculeuse dans un même Etat de dix-huit communautés religieuses, allant des musulmans sunnites aux chrétiens maronites, en passant par les chiites, les druzes, les Arméniens catholiques, les Arméniens orthodoxes, les Melkites et quelques autres.

Ce vivre ensemble plusieurs fois mis à mal est-il encore possible à l’heure de la guerre civile qui dirige l’islam et du choc Orient-Occident ? Faut-il considérer la double explosion dans le port de Beyrouth, le 4 août 2020, qui a soufflé les quartiers alentours et qui a fait 204 morts et 6 500 blessés comme l’apocalypse terminale de cette exception politique dont le pacte national stipulait qu’elle devait se tenir à égale distance de l’Occident et du monde arabe ? Pour nous éclairer et nous guider avec des idées justes dans le Liban compliqué, j’ai convié ce matin Renaud Girard, chroniqueur international au Figaro et Karim Emile Bitar, directeur de l’Institut de sciences politiques à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth.

Le Liban, tel que nous le connaissions, a définitivement disparu, il ne renaîtra pas. Les contours du nouveau Liban tardent à se définir et nous sommes dans ce clair-obscur où les monstres surgissent ; les monstres se sont bien évidemment les assassins de Lokman Slim. Karim Emile Bitar

L’un des gros problèmes du Liban, c’est l’absence de démocratie intra-communautaire. Il est extrêmement difficile de faire entendre une voix qui soit contraire à celle de la majorité de sa communauté. […] Aujourd’hui, nous sommes dans cette situation où une majorité a quelque peu embrigadé la communauté chiite. Le Hezbollah n’est que l’un des avatars de ces monstres qui surgissent sur la scène libanaise. Karim Emile Bitar

Enjeux internationaux

Karim Emile Bitar et Renaud Girard esquissent une géopolitique de la région, évoquent le communautarisme et la nécessité de faire triompher cette notion de citoyenneté.

La plupart des analystes estiment aujourd’hui que cette politique de pression maximale de Téhéran qu’a menée Donald Trump a plutôt été un échec, qu’elle est plutôt venue faire le jeu des ultra-conservateurs iraniens, qu’elle n’est pas véritablement venue affaiblir l’Iran. Mais au contraire, lui donner un certain nombre d’atouts. […] Près de 70 à 80% de la communauté chiite libanaise soutient le Hezbollah. Malgré toutes ces dérives idéologiques, même ceux qui ne partagent absolument pas son idéologie islamiste le suivent dans son opposition à Israël parce qu’ils estiment qu’il constitue une force de dissuasion et qu’ils ne souhaitent pas qu’Israël puisse à nouveau envahir le Liban comme par le passé. Karim Emile Bitar

Le général Gouraud, après avoir battu les armées arabes en Syrie lorsqu’il prononce la souveraineté du Grand Liban le 1 septembre 1920, envisage déjà un système de cantons suisses. Je pense que c’est sans doute la solution pour le Liban : le fédéralisme mais pas sur des lignes ethniques, sur des lignes régionales qui existent aujourd’hui. Renaud Girard

Ecoutez l’émission sur le site de France Culture.

Renaud Girard: «Soyons réalistes face à la Russie!»

L’Europe se trompe en voulant imposer des sanctions à la Russie après la condamnation de Navalny. Elles pénalisent le commerce alors que c’est ce qui devrait les rapprocher.

Le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne (UE), qui se tiendra le lundi 22 février 2021 à Bruxelles, sera dédié aux relations qu’elle doit construire avec la Russie. C’est dans cette enceinte que le haut représentant européen pour les Affaires étrangères rendra compte des résultats de son déplacement à Moscou du vendredi 5 février. L’Espagnol Josep Borrell y était allé notamment pour demander la libération de l’opposant Alexeï Navalny, qu’un tribunal moscovite vient de condamner à deux ans et huit mois de prison ferme, sans qu’il ait commis le moindre délit réel. Devant la presse, le ministre russe des Affaires étrangères avait fait la leçon au haut représentant. Sergueï Lavrov avait fustigé l’«exceptionnalisme» des Occidentaux qui, selon lui, s’arrogent le droit de s’ingérer, comme ils veulent et quand ils veulent, dans les affaires intérieures des autres pays. Le même jour, son ministère expulsait trois diplomates européens (un Allemand, un Polonais et un Suédois) ayant […]

Retrouvez la suite de la tribune de Renaud Girard sur le site du Figaro.

Actes de conférence 2020

09:00 – 09:30 | Opening

Global Governance and Public Health

Thierry de Montbrial

Founder and Chairman of Ifri and the WPC

We are living through the greatest of all shocks since the beginning of the WPC, COVID-19, which probably belongs to the highest category of conceivable shocks. As a result, we will have to introduce health as a fundamental subject in all the discussions and reflections about the future of global governance.

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Tedros Adhanom Ghebreyesus

Director-General of the WHO

The pandemic has shown us that international cooperation is the only solution to an international crisis. Working together might not always be easy, but it is essential. We must rethink and strengthen multilateralism to address the pressing challenges of our world in a coordinated and coherent way.

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09:30 – 11:30 | Session 1

The lessons of COVID-19

Michel Kazatchkine

Special Advisor to the Joint United Nations Program on AIDS in Eastern Europe and Central Asia, Senior Fellow at the Global Health Centre of the Graduate Institute of International and Development Studies

Against a certain lack of interest in certain health issues that has prevailed in recent years, the world is now realizing how much among all global issues, it is health in the short-term that has the greatest potential for disruption in our globalized world.

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Antoine Flahault

Director of the Institute of Global Health at the University of Geneva

In a collaboration between the University of Geneva and the two engineering schools of Zürich and Lausanne (ETHZ and EPFL), we provide on a dashboard […] with daily updates of COVID-19 forecasts for 209 countries and territories.

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Debate 1

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Alexandre de Germay

Senior Vice President Global Head of Cardiovascular and Established Products at Sanofi

Overhauling healthcare systems is an onerous undertaking – and requires many actors engaging in concert behind common or complementary objectives. But the COVID-19 crisis has shown us that it is possible to effect wide and large-scale change […]

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Jean Kramarz

Head of Business Line Health at Axa Partners

The purpose of Insurance is to cover for unexpected events in a predictable, measurable environment. COVID-19 taught us in a hard way that the Health environment was less predictable and measurable than we all thought.

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Juliette Tuakli

Medical Director, Chief Executive Officer of Family, Child & Associates, Chair of the Board of Trustees of United Way Worldwide

Agile coherent leadership was noted in the most COVID-19 resilient African nations. Whilst there was some politicization of COVID-19 management, as in other parts of the world, Africa fared much better than feared.

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Elhadj As Sy

Co-chair of the WHO/World Bank Global Pandemic Preparedness Monitoring Board, Chair of the Kofi Annan Foundation Board

This time, we are being reminded that perhaps we should not go back to normal because normal has not worked.

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Debate 2

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11:30 – 13-30 | Session 2

Technology, Economics, Health Ethics

Introduction

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Jacques Biot

Board Member and Advisor to companies in the field of digital transformation and artificial intelligence, former President of the Ecole Polytechnique in Paris

Innovation in the field is still mostly science and technology driven, a favorable feature to provide disruptive remedies to some major health issues, but which allows for no reasonable marketplace to reconcile demand with supply and rationalize economic flows.

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Alexandra Prieux

President of Alcediag, Founder of SkillCell

The extensive use of technologies permanently changes medical practice as well as the role of the doctor who becomes more and more a technology user. Alongside with the progresses carried by technologies come new challenges that will need to be overcome.

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Debate 1

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Daniel Andler

Emeritus Professor at Sorbonne University, Member of the French Academy of Moral and Political Sciences

Over the last three decades health technologies have produced a steady flux of revolutionary inventions, disrupting established practices and common understandings of some basic ethical and anthropological notions. Hence the need for guidelines, which provide a legible representation of the ethical and legal issues which allows agents in the field to navigate the situations they encounter daily.

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Arthur Stril

Chief Business Officer and member of the Executive Committee of Cellectis

The 21st century will be the century of biology and medicine, fuelled by the rapid accumulation of biological engineering breakthroughs such as viral vectors, gene editing, and reproductive medicine, which are drastically reshaping human healthcare. But does the end justify such technological means?

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Debate 2

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Patrick Nicolet

Capgemini’s Group Chief Technology Officer

Information and Communication Technologies (ICT) form the backbone of our societies, but their usage so far has been centered on short-term convenience slowly taking a toll on the Earth finite resources. In this context, what if the most pressing healthcare challenge for mankind isn’t COVID-19 itself but a deeper transformation of our individual and collective practices and behaviors through planet-centric design.

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Carlos Moreira

Founder and Chief Executive Officer of WISeKey, former United Nations Expert on Cybersecurity and Trust Models

We must rethink the way the internet is built in order to unleash the potential of technology for healthcare as this sector is still mainly an analogue sector waiting to be digitally transformed.

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Conclusion

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14:30 – 16:00 | Session 3

Mental Health and Addiction

Introduction

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Michael van den Berg

Health Economist and Policy Analyst at the OECD

Slowly but surely, a paradigm shift is taking place in the way we think about healthcare, with a focus on the people who use it. Policymakers, academics, healthcare providers and patients are joining forces to make health systems more people-centered.

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Roberto Burioni

Professor of Microbiology and Virology at the Vita-Salute San Raffaele University, Milan

Together with a pandemic caused by the new coronavirus, we must face a second pandemic, made of fake news that are widely circulated and believed by the general population.

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Jean-Pierre Lablanchy

Medical Doctor and Psychiatrist, member of the Supervisory Board of Edeis

Mental health issues that have emerged for some time in the public debate are not new, but COVID-19 contributed to exacerbate some of them.

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Debate

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Conclusion

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Antoine Flahault : « On pourrait rêver d’une sorte de week-end vaccinal en juin »

03.02.2021 – Le 1 hebdo

Entretien avec l’épidémiologiste Antoine Flahault

Qu’a-t-on appris des épidémies passées ?

Toutes les épidémies de maladies émergentes nous en apprennent beaucoup. L’épidémie de VIH a montré que trouver des traitements qui modifient radicalement le pronostic vital peut changer la donne. Changer le pronostic de la maladie, notamment chez les personnes âgées et à risque, pourrait avoir un effet similaire pour le Covid. L’épidémie de chikungunya nous a éclairés sur le rôle des mutations dans l’évolution de l’épidémie. On a aussi appris à mettre en place en France des vaccinodromes avec l’épidémie de H1N1 – un modèle qui réapparaît aujourd’hui, et que les Allemands appliquent depuis décembre et nous depuis janvier. En réalité, ceux qui ont le mieux tiré les leçons des épidémies passées sont les Asiatiques, les peuples proches de la Chine continentale : toutes les connaissances accumulées sur le SRAS pour mieux juguler le SARS-CoV-2, qui ressemble à s’y méprendre à son cousin éloigné le SARS-CoV, virus du SRAS.

Sait-on combien de temps encore pourrait durer l’épidémie ?

Nos outils prédictifs ont hélas très peu progressé. On sait davantage comment se comporte une pandémie de grippe, car la grippe saisonnière nous sert de guide dans nos modèles mathématiques. Mais une pandémie de coronavirus, ça ne s’est jamais vu dans l’histoire contemporaine. Il serait hasardeux de vouloir prédire quel scénario se réalisera. Même si nous avons espoir que la vaccination accélère sa disparition, nous ne sommes pas à l’abri d’un variant qui échapperait à l’immunité et nous ferait retomber dans une nouvelle forme de pandémie.

Ces variants nous exposent-ils à une pandémie sans fin ?

De nouveaux variants seront forcément découverts, car ces virus ARN sont connus pour beaucoup muter. On a plutôt de la chance, puisque ce coronavirus mute moins que le virus de la grippe. Le virus ARN du coronavirus a un grand génome. C’est le plus grand de tous les virus ARN connus, avec ses 30 000 bases. Ses mutations ne sont pas nécessairement alarmantes. Les inquiétude que suscite un nouveau variant concernent sa transmissibilité accrue, sa virulence – la sévérité des formes cliniques qu’il génère –, le fait qu’il puisse échapper au diagnostic PCR ou antigénique ou, enfin, à la protection conférée par les vaccins. S’agissant de sa transmissibilité, le consensus est que les variants actuels sont plus transmissibles. Il faut comprendre que le coronavirus a muté plusieurs milliers de fois depuis son apparition l’an dernier à Wuhan. Les variants britannique B 117, sud-africain ou brésilien comptent 15 à 25 mutations chacun, touchant des sites parfois stratégiques du virus, comme celui qui code pour la protéine Spike, celle-là même qui permet au virus de s’accrocher à nos cellules afin d’y pénétrer. C’est en quelque sorte le trousseau de clés dont se sert le virus pour infecter l’homme. Si vous changez des constituants de la protéine Spike, soit c’est bénéfique – par exemple, si la clé ne permet plus d’entrer aisément dans la cellule –, soit cela aggrave la situation – si la clé devient un passe-partout et permet au virus d’entrer encore plus facilement dans la cellule. Aujourd’hui, des arguments laissent à penser que ces trois mutants augmenteraient la transmissibilité du virus, peut-être aussi sa virulence, et on ne sait pas encore ce qu’il en est de la sensibilité au vaccin.

Que doit-on en conclure ?

Le fait que ces variants soient plus transmissibles n’est pas une bonne nouvelle. Y compris pour la mortalité. Dans la situation actuelle, il vaudrait mieux un virus 50 % plus mortel que 50 % plus transmissible. C’est contre-intuitif, mais un virus 50 % plus transmissible tuera proportionnellement davantage, car le pourcentage de morts ne sera pas augmenté, mais le pourcentage de cas le sera largement. Ce n’est donc une bonne nouvelle ni du point de vue du taux de saturation des hôpitaux ni de celui du risque de mortalité.

Où en sommes-nous de l’épidémie ? Ne fait-elle que commencer ou en voit-on le bout ?

Nous publions chaque jour une carte réactualisée du monde, qui nous permet de dire comment la situation évolue dans les 209 pays et territoires de la planète qui enregistrent des cas et des décès par Covid. En Europe, on a connu deux vagues, en mars puis en octobre. Cette deuxième vague n’est pas terminée. Si on regarde l’hémisphère sud, l’Australie, l’Afrique du Sud ou l’Argentine, on voit qu’une vague hivernale (entre mai et septembre chez eux) a déferlé de façon brutale et s’est prolongée jusqu’à la fin de l’hiver. Fin janvier, dans l’hémisphère nord, la deuxième vague n’était pas terminée. La pression du virus pendant toute la saison froide risque de rester importante pour les Européens. Ce qui n’est pas clair, c’est de savoir s’il y aura un rebond

[…]

A Global Pandemic Alarm Bell

Jean Pisani-Ferry

The appearance of mutant versions of the coronavirus in the United Kingdom, South Africa, and Brazil has given the world no choice but to design and implement a comprehensive global strategy. So, what’s stopping that from happening?

PARIS – Seen from Europe, Asia, or even North America, Manaus, the capital of the Brazilian state of Amazonas, is as remote as can be. Yet the 501Y.V3 variant of the coronavirus recently detected there has already been identified as a global threat, because its emergence in a city where two-thirds of the population was already infected in the spring of 2020 suggests that acquired immunity does not protect against it.

Scientists speculate whether 501Y.V3 may also thwart some of the existing vaccines. Even if the RNA-based vaccines can be quickly modified, the risk of ineffectiveness just when mass vaccination is being rolled out is extremely scary.

Viruses, of course, mutate all the time. While many mutations are innocuous, dangerous ones regularly appear. The larger the population that is infected at any time, the higher the probability that a hazardous variant, or possibly a new strain, will appear. Each person is a potential lab for these mutations. With some 600,000 new coronavirus infections identified daily, there are currently several million such labs in operation around the world. So it is a certainty that more mutations will occur.

This threat confronts the international community with a stark choice: either design and implement a comprehensive global strategy, or seal borders and let countries fight it out with the virus one by one. There is no effective middle way. The prevailing combination of vaccine nationalism and half-open borders is a losing strategy. In an open world where rich countries would attempt to protect their populations while poorer countries could not, contamination would repeatedly cross borders and defeat the most sophisticated health policies. Already, the South African and Manaus variants have been found in Germany.

On paper, the choice between acting globally and closing borders is a no-brainer. The total population of countries categorized by the World Bank as low-income and lower-middle income is about four billion. Assuming a $10 unit price, vaccinating 75% of this population would cost $30 billion, a mere two-hundredth of the crisis-induced fiscal loss already incurred by advanced economies. Even from a narrow economic standpoint, and even if ten times more expensive, investment by rich countries in curbing the pandemic in poor countries would be hugely profitable. The alternative of closing borders altogether to contain contamination would send a terrible signal and destroy prosperity on a massive scale.

Conscious of the challenge, rich countries actually support a program of this sort, though on a much smaller scale. The COVAX initiative, launched in April 2020 by the World Health Organization, the European Commission, and France, is meant to help participating states jointly negotiate procurement with vaccine producers, and to donate to poor countries enough free doses to vaccinate 20% of their population. Although this is insufficient to control the virus’s spread, it would be good enough to protect the elderly and health-care workers, and it would represent a significant stepping-stone to further action.

By the end of 2020, COVAX had raised $2.4 billion and pre-ordered enough doses to vaccinate a billion people in 2021, but it was still at pains to raise the additional $5 billion needed to finance its rather unambitious program. Under President Donald Trump, the US had refused to provide support. Moreover, vaccine manufacturers favor more profitable rich-country markets, where governments are willing to pay a premium to accelerate the supply of doses.

Not surprisingly, WHO Chief Tedros Adhanom Ghebreyesus recently warned that the world was “on the brink of a catastrophic moral failure.” But, alongside the moral failure, what is puzzling is the collective action failure this behavior represents. Self-interest, not just a sense of duty, dictates that rich countries should do more. Why aren’t they?

The first reason is short-sightedness. At home, too, governments are not doing enough. In Europe, investment in vaccine research and development has fallen short of the $18 billion the US has devoted to Operation Warp Speed. Oddly, the European Union’s €390 billion ($473 billion) in grant-making resources administered by the bloc’s Recovery and Resilience Facility does not include joint funding for vaccine research.

The second reason is the traditional temptation to free-ride on others’ efforts. Rich-country governments have strong incentives to protect their citizens, but support to poor states is vulnerable to free-riding, as each player’s interest is to let others pay for the common good. For example, Trump announced that he was withdrawing the US from the WHO at the very moment when joint action was urgently needed. Add to that China’s shirking of its global responsibilities, and international leadership has been dramatically absent since last spring.

The third reason is messy governance. The global health field is complex, scattered, and characterized by institutional overlap. Because the WHO is widely regarded as an ineffective and politicized institution, initiatives have developed on the side, with private donors such as the Bill & Melinda Gates Foundation, governments, and public agencies cooperating ad hoc to develop a flurry of initiatives. The resulting funding map defies imagination. This was fine as long as tackling emerging challenges required limited mobilization and resources, but the pandemic calls for acting on an entirely different scale.

Can the world change tack? Fortunately, US President Joe Biden’s administration has already announced its intention to join COVAX. Until recently, it was assumed that the repair of international trade and renewed engagement in climate action would be its first external priorities. Events may well turn the coordination of pandemic efforts into a litmus test of Biden’s global leadership. But if US commitment is clearly needed, much broader joint action is called for to prevent a moral, medical, and economic disaster.

Read the original article on Project Syndicate.

Promoting the diffusion of technology to boost productivity and well-being in Korea

Mathilde Pak, OECD Economist at the 2019 WPC

Korea is a top player in emerging digital technologies, with an outstanding digital infrastructure and a dynamic ICT sector. The COVID-19 outbreak highlighted the importance of digitalisation to contain the spread of the virus, by allowing quick testing and tracing of infected people, and spurred the development of the « untact economy ». Remote access both facilitated physical distancing and mitigated the economic impact of the crisis by enabling more people to continue working. Digital technologies offer opportunities to raise firms’ productivity and the population’s well-being. However, wide productivity gaps between large firms and SMEs and between manufacturing and services weigh on economy-wide productivity, which is far below the OECD average. A wide skills gap between youth and older generations prevents an increasing share of the population from taking part in and enjoying the benefits from a digitalised economy. This paper suggests ways to narrow the digital divide by enhancing the diffusion of digital technologies among firms and among individuals. Increased participation in quality ICT education and training for students, teachers, SME workers and older people is key to address the lack of adequate skills and awareness of digital benefits or dangers (online security, cyberbullying, addiction). Promoting innovation networks between SMEs, academia and large firms through vouchers or platforms can support SMEs’ R&D and commercialisation of innovative goods and services. Waiving stringent regulations through regulatory sandboxes can help identify and alter regulations that hinder the adoption and diffusion of digital technologies.

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Vers la deuxième croisade ?

Portrait de Thierry de Montbrial © Bahi

Éditorial du 26 janvier 2021

Du point de vue européen, la prise de conscience d’une possible pandémie date exactement d’un an. La vague est arrivée. Elle a submergé le monde, avec beaucoup de victimes directes et plus encore de dommages collatéraux. Dans ce maëlstrom, une sorte de miracle s’est produit : la mise au point, avec une rapidité sans précédent, non pas d’un, mais de plusieurs vaccins semble-t-il efficaces. Deux d’entre eux sont basés sur des technologies certes en gestation depuis longtemps, mais néanmoins révolutionnaires. A un moment où les hommages ne pleuvent pas sur Donald Trump, rendons-lui au moins celui d’y avoir cru et de les avoir financées un bon moment. Hélas, les espoirs en une défaite rapide du virus ont été déçus, pour au moins deux raisons. D’une part, la production et la distribution des vaccins ne se font pas avec un claquement de doigt. Elles se heurtent à diverses difficultés organisationnelles, en particulier logistiques. Nous sommes là dans une logique d’économie de guerre, à laquelle peu de pays étaient préparés. Et s’il est vrai que la vaccination est un bien public dans la mesure où chaque personne vaccinée protège aussi les autres, la traduction opérationnelle de cette constatation, notamment dans les pays en voie de développement, ajoute des difficultés aux difficultés. D’autre part, et peut être surtout, l’arrivée de variants plus contagieux, voire plus dangereux, a douché les espérances d’une fin prochaine de la crise. A présent, plus personne ne s’attend à un retour à la normale avant 2022 au mieux. Et encore s’agirait-il de toute façon d’une nouvelle normalité.

C’est dire qu’au moins le premier quart de la présidence de Joe Biden aura deux toiles de fond, entremêlées comme en 2020 : le virus et la Chine. Elles sont entremêlées car la première manche de la lutte contre la pandémie a été clairement gagnée par la Chine, tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique, et cela même si le risque n’y a pas disparu. Les Etats-Unis sont encore très loin du compte. En outre, la Chine a rapidement saisi l’occasion de cette pandémie pour entreprendre tous azimuts une diplomatie sanitaire active, avec les masques d’abord, puis avec les appareils médicaux et maintenant son vaccin. Elle cherche à se présenter comme le champion de l’ouverture et du multilatéralisme à un moment où, malgré les paroles apaisantes et les appels de pied du nouveau président, les alliés et partenaires des Etats-Unis restent traumatisés par le mandat de son prédécesseur, et manifestent peu d’empressement à se rallier derrière la bannière étoilée face à la puissance montante. Biden voudrait que l’Amérique retrouve son statut de « leader du monde », mais ce n’est qu’un vœu pieux : à l’époque de la guerre froide, elle n’était que le leader du « monde libre », comme on disait alors, et c’était déjà beaucoup ; à présent, la République Populaire de Chine n’a nulle intention de se positionner en « follower » des Etats-Unis. Quand le 46e président parle d’un retour du leadership américain, comprenons que pour lui le système d’alliances élaboré au lendemain de la Seconde Guerre mondiale doit désormais se restructurer, non seulement face à une Russie toujours considérée comme menaçante ; mais encore et surtout face à la Chine, accusée de bafouer les libertés chez elle et de vouloir imposer par la force son hégémonie dans son environnement, en particulier en menaçant Taïwan. C’est d’ailleurs autour de Taïwan que tout se jouera.

Il ne faut pas s’attendre à ce que l’année 2021 soit décisive à cet égard. Les problèmes intérieurs des Etats-Unis sont trop sérieux pour que le successeur de Donald Trump – celui qui le premier a osé dénoncer à voix haute la menace chinoise – puisse se permettre de sonner immédiatement le début d’une nouvelle guerre froide. Au moins dans un premier temps, il va tenter de mettre en œuvre une stratégie de competitive rivalry, selon les termes du célèbre professeur de Harvard Joseph Nye – un démocrate très respecté – tout en essayant, sans trop montrer les muscles, d’empêcher Européens et autres de trop coopérer sur les plans économiques et technologiques avec la Chine. Les Européens, échaudés par l’expérience Trump, n’entendent pas se laisser faire, et essaient de renforcer leur marge de manœuvre. D’où, notamment, un accord sur les investissements avec Pékin, auquel on peut être certain que les Américains veulent faire obstacle. En Europe même, cet accord ne fait d’ailleurs pas l’unanimité. On lui reproche de faire la part trop belle aux intérêts allemands et d’ignorer les atteintes aux droits de l’Homme.

Les relations internationales ne se développent pas dans le monde des Bisounours. A mesure qu’elle prendra ses marques, la nouvelle administration de Washington poursuivra la politique de ses prédécesseurs en promouvant les intérêts économiques et technologiques américains par tous les moyens, parmi lesquels l’extraterritorialité juridique est le plus préoccupant pour les partenaires des Etats-Unis. A cert égard, on attend avec intérêt les conditions de leur éventuel retour dans l’accord nucléaire avec l’Iran (le JCPOA). Mais au niveau de discours ou du « narratif », les intérêts tangibles, tout en étant défendus bec et ongles, resteront plus ou moins masqués derrière les arguments idéologiques, tant à la Maison Blanche qu’au Congrès. La nouvelle croisade qui s’annonce sera, comme la première, au nom de la liberté.

Au risque de me répéter, je ne crois pas que les choses se décideront en 2021. Pour l’Europe, Trump et la pandémie ont servi la cause de l’autonomie technologique, sinon stratégique, et de leur côté les autres grands partenaires de l’Amérique en ont aussi tiré leurs propres leçons. Si l’on essaie de jeter un regard prospectif sur le mandat de Biden dans son ensemble, les questions essentielles sont l’évolution de l’image de la Chine et donc sa perception dans le « monde libre », entendu comme celui des démocraties libérales à économie de marché. Il est évident que cette image s’est dégradée depuis l’avènement du président Xi Jinping et le renforcement de son pouvoir, pour des raisons tant objectives que subjectives. Objectives, avec la montée en puissance toujours plus impressionnante de l’empire du Milieu, et une affirmation de plus en plus ferme de ses « droits » sur Hong Kong, sur la mer de Chine méridionale, ou surtout sur Taïwan ; subjectives, car pour beaucoup, à l’extérieur de l’aire culturelle chinoise, les ambitions du régime illibéral de Pékin sont perçus comme illimitées, c’est-à-dire que la Chine fait peur. Cela dit, Pékin projette aussi une face rassurante, et ne serait-ce que du seul point de vue des rapports de force, y compris sous l’angle du développement économique et social, la Chine n’est pas prête à un affrontement violent avec les Etats-Unis. Ni elle, ni quiconque d’ailleurs, en raison de l’interdépendance objective.

En 2021, donc, il faut s’attendre à des escarmouches plus ou moins sérieuses, mais dans un cadre encore davantage coopératif que confrontationnel. Les choses se décanteront sûrement dans les quatre prochaines années. On ne saura pas tout de suite, mais bientôt, si la deuxième croisade est en vue. Cela dépendra beaucoup des Chinois. Et si elle devait vraiment avoir lieu, il est hautement vraisemblable que le réflexe civilisationnel jouera à fond : le monde chinois ne se détournera pas de la Chine, le monde européen se tournera vers l’Amérique, et le reste ira où il pourra. Avec quelles conséquences ? On n’en est pas encore là.

Thierry de Montbrial

Fondateur et président dWPC
Fondateur et président exécutif de l’Ifri

The Next Frontier of Responsible Business

Bertrand Badré at 2019 WPC Finance workshop

L’Europe dans le monde : pour une refondation, modeste et efficace

Portrait de Thierry de Montbrial © Bahi

Éditorial du 16 décembre 2020

Cette triste année s’achève avec une pandémie qui continue de battre son plein sur une grande partie de la planète, en particulier aux États-Unis et en Europe, sans autre perspective rassurante que celle du ou plutôt des vaccins, ce qui est déjà beaucoup. Mais ce n’est pas sur ce sujet que je souhaite mettre l’accent dans cette huitième lettre, la dernière pour 2020.

Sur le plan international, deux autres faits ont dominé la scène au cours des derniers mois. Le premier est le tournant majeur des Occidentaux vis-à-vis de la Chine, dans le sillage de l’offensive de Donald Trump contre Xi Jinping. Encore en 2019, les Européens ne raisonnaient pas en termes d’une « menace chinoise », même si beaucoup commençaient à s’inquiéter de la mainmise de groupes chinois sur un nombre croissant d’entreprises technologiques du Vieux Continent. La dégradation des perceptions est devenue manifeste lors de la tournée du ministre Wang Yi et du conseiller d’État Yiang Jiechi à la fin de l’été. Certainement, l’émergence d’un sentiment de peur vis-à-vis de l’empire du Milieu tient aussi au changement de ton des dirigeants chinois, depuis l’avènement de Xi Jinping et la consolidation de son pouvoir. Ils n’hésitent plus à affirmer leur volonté de puissance au-delà d’un discours lénifiant sur les vertus du multilatéralisme, à un moment où les États-Unis lui tournaient le dos.

Le second fait est évidemment l’élection du tandem Biden-Harris à la présidence des États-Unis (comme dans ma dernière lettre, j’insiste sur cette notion de tandem), dont on peut attendre un retour aux bonnes manières dans la conduite de la politique extérieure américaine, mais sûrement pas un amollissement face à la Chine. Certains, comme mon illustre ami Joe Nye, grand forgeron de concepts parmi lesquels le soft power a fait fortune, veulent croire à la possibilité d’une competitive rivalry, sans dérapage majeur dans la durée autour d’enjeux dont le principal est Taiwan. Je crains que ce ne soit un vœux pieu, du moins si l’ascension technologique et économique de la Chine se poursuit au point de reléguer bientôt les États-Unis au second rang des puissances mondiales. Dans l’immédiat, le découplage technologique entre les deux superpuissances a déjà commencé.

La perspective de l’approfondissement d’une nouvelle guerre froide n’inquiète pas seulement les Européens. J’ai pu constater directement, dans de récentes rencontres à haut niveau (virtuelles, hélas), dont les participants étaient en majorité asiatiques, que beaucoup de pays de l’Asie de l’Est et du Sud-Est ne veulent pas qu’on les force à choisir entre les États-Unis et la Chine. Ils attendent la même attitude de la part de l’Europe. L’avertissement est clair, et dans les circonstances du moment il s’adresse d’abord à Washington. Les réalistes se méfient aussi du penchant, fort chez les démocrates américains mais pas seulement, à jouer avec l’idée de regime change sous le prétexte de la défense des droits de l’Homme. Du côté du continent européen, ce penchant est sans doute la raison la plus fondamentale de l’échec de la réconciliation avec la Russie après la chute de l’Union soviétique. Quoiqu’il en soit, la signature du RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership), vaste traité de libre-échange – très soutenu par les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) – entre quinze États asiatiques en tête desquels figurent la Chine, le Japon et la Corée du Sud, est un signal fort. L’absence de l’Inde affaiblit par ailleurs le concept géopolitique d’une entité indopacifique supposée contrebalancer l’espace chinois.

Mais c’est surtout au point de vue européen que je voudrais me placer. Il est tout à fait clair que les membres de l’Union européenne restent attachés à l’Alliance atlantique, même si sa finalité a perdu toute clarté depuis la chute de l’Union soviétique. Le questionnement sur l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est tabou en Allemagne, où l’on ne veut pas entendre parler d’« autonomie stratégique ». On se méfie des grands discours de la France, dont on souligne un décrochage économique qui n’a fait que s’accentuer avec la pandémie. Un État membre comme la Pologne ne voit de menace que du côté russe, et pour beaucoup la raison d’être de l’Alliance n’a pas changé avec la fin de la guerre froide. Pour autant, je ne connais encore personne parmi mes interlocuteurs européens qui ne soit conscient du risque de voir l’Alliance atlantique se transformer progressivement, sous la pression américaine, en une alliance antichinoise. Autrement dit, pas plus que les Asiatiques, les Européens dans leur ensemble ne veulent se trouver contraints à choisir d’emblée entre les deux rivaux, même s’ils ont bien des raisons de pencher du côté américain. Concrètement, nous ne voulons pas que les États-Unis continuent d’abuser de la pratique dévastatrice des sanctions secondaires. Ces sanctions visent à tordre le cou même de leurs alliés, s’ils ne s’alignent pas complètement sur leur politique, vis-à-vis de l’Iran par exemple.

La construction européenne est une œuvre de longue haleine, où l’on ne peut pas tout faire à la fois. Pour l’heure, un grand pas en avant s’effectue avec le concept de souveraineté technologique, désormais reconnu par l’Allemagne elle-même et qui me parait devoir se substituer avantageusement à celui d’autonomie stratégique, dont les connotations divisent. La souveraineté européenne ne prendra véritablement chair que si elle est soutenue par un discours partagé par tous les membres de l’Union, ce qui ne pourra pas advenir du jour au lendemain. Je suis convaincu – et là, je m’exprime en citoyen français – que le mieux que nous puissions faire à présent est de renouer avec l’esprit à la fois humble et pratique de nos compatriotes Robert Schuman et Jean Monnet dans les années d’après-guerre. Ils ont voulu poser les bases de la construction européenne, non pas avec de grandes envolées lyriques et sans lendemain, mais à partir de projets – à l’époque, la Communauté européenne du charbon et de l’acier – visant à faire émerger l’idée d’intérêts européens, transcendant la notion classique d’intérêt national. Or, n’est-ce pas exactement ce que s’emploie à mettre en œuvre la Commission présidée par Ursula von der Leyen, en promouvant le projet infiniment concret d’Europe technologique, auquel se vouent Thierry Breton et d’autres ? Il s’agit là d’une tâche bien circonscrite, qui ne fait offense à personne, qui est un préalable à toute autre ambition, certes de longue haleine. Mais son succès est à notre portée et constituera à terme notre meilleure chance collective pour contribuer à la restauration d’un équilibre mondial auquel les Européens ne sont pas les seuls à aspirer.

Je veux ainsi conclure sur une note d’optimisme, en vous adressant, à toutes et à tous mes vœux les plus chaleureux pour une année 2021 dont nous attendons tous une sorte de renaissance.

Thierry de Montbrial

Fondateur et président de la WPC
Fondateur et président exécutif de l’Ifri

L’élection de Biden-Harris : un répit en vue de quoi ?

Portrait de Thierry de Montbrial © Bahi

Éditorial du 8 novembre 2020

J’écris cette septième lettre le dimanche 8 novembre. Hier, la victoire du couple Joe Biden – Kamala Harris a été proclamée urbi et orbi par la presse mondiale. On nous dit cependant que les avocats de Donald Trump vont multiplier les recours et bien peu semblent penser qu’ils aient une chance d’aboutir. A ce stade, on doit donc prendre acte de ce que l’actuel occupant de la maison Blanche rejoint le club fort restreint des one term presidents. D’autres observations s’imposent non moins immédiatement. La vague bleue annoncée par les sondages n’a pas eu lieu, loin de là. Il s’en est fallu de peu que la balance ne penche en faveur de l’adversaire de Biden dans les Etats pivots, d’où les recours. Les démocrates n’ont pas atteint leurs objectifs au Sénat et à la Chambre des représentants. Plutôt que de la victoire d’un homme, qui s’est peu dépensé pendant la campagne, on parle beaucoup de celle d’un couple : Biden – Harris. Ce point est capital, car le nouveau président paraît fragile et l’ancienne procureure de la Californie a des chances d’accéder à la Maison Blanche dans quatre ans, sinon avant.

Or, contrairement à son ancien adversaire dans la bataille des primaires, Kamala Harris fait partie psychologiquement du nouveau monde, éloigné de l’Europe (mais proche de l’Asie), celui où se joue la compétition entre les Etats-Unis et la Chine pour l’accès à la primauté. Dans ce monde-là, les Européens sont relégués aux seconds rôles. En raison de son âge et de son expérience personnelle, le président élu (élu, sous réserve d’un coup de théâtre fort peu probable) reste attaché à l’Alliance atlantique, comme aussi certains de ses conseillers tel Anthony Blinken, bien connu en France. Mais les observateurs lucides savent que, au moins depuis le début de ce siècle, l’Europe n’a cessé de s’estomper dans l’esprit des acteurs comme des penseurs de la politique étrangère américaine. Avant d’entrer un minimum dans ce sujet, j’ajouterai encore deux remarques. D’abord, l’issue de l’élection du 3 novembre ne signifie nullement que les divisions de la société américaine vont disparaître comme par enchantement. Biden est certainement plein de bonne volonté, mais il est tout sauf un enchanteur, et les raisons des divisions américaines, dont j’ai parlé dans mes dernières lettres, sont profondes. Incidemment, le relatif échec des démocrates au Sénat et à la Chambre des représentants pourra aider le nouveau président à ne pas trop s’éloigner du centre, comme l’aurait souhaité Kamala Harris. Le point réellement important est que le trumpisme reste une force considérable dans le pays. Trump lui-même pourrait continuer de l’incarner dans les prochaines années s’il ne dérape pas dans les prochaines semaines. A ce sujet – c’est ma seconde remarque – on doit se féliciter de ce que les explosions de violence au lendemain de l’élection, prédites par nombre d’analystes, n’aient pas eu lieu. On peut penser qu’elles ne seraient pas dans l’intérêt du président sortant, si du moins celui-ci songe à préserver un capital politique dont l’ampleur est indéniable.

A l’évidence, les débuts du 46e président des Etats-Unis seront dominés par la pandémie de Covid-19 et ses conséquences de toutes sortes. Mais la politique étrangère n’attendra pas. Il est inutile de répéter ici le point de vue dominant parmi les experts reconnus sur le sujet, que l’on peut caricaturer ainsi : changement dans la forme (retour à la pratique classique de la diplomatie, à l’invocation des droits de l’homme, ou encore à une interprétation minimaliste du multilatéralisme), mais continuité dans l’objectif fondamental (America first) et dans l’attitude vis-à-vis des partenaires (« qui n’est pas pour nous est contre nous »). La culture américaine du pouvoir, au contraire de celle des Européens affaiblis par les deux guerres mondiales, est celle des rapports de force. Plutôt que d’enchaîner des lieux communs sur ces sujets, résumons à très grands traits trois points-clé amplement développés dans mes écrits depuis trois décennies. Je me limiterai ici au point de vue européen.

  1. La cause la plus fondamentale de la chute de l’URSS et donc la fin de la guerre froide fut la révolution des technologies de l’information et de la communication. On peut y voir le fruit du génie américain pour le capitalisme créatif et d’une culture unique dans son genre de soutien réciproque entre l’Etat et les entreprises quand l’intérêt national est en jeu. Cette révolution n’a cessé de s’approfondir depuis les années 1970. Elle est symbolisée aujourd’hui par les GAFA, en quelque sorte les fers de lance de l’Amérique conquérante.
  2. La vague libérale qui a submergé le monde entre la chute de l’URSS et la crise financière de la fin des années 2000 – en un temps où la Russie était hors-jeu ou très faible, et la Chine encore modeste (son PIB était à peine égal à celui de la France quand elle a rejoint l’OMC en 2001) – a d’abord profité aux Etats-Unis. L’Amérique a ainsi pu consolider sa domination sur les pays peu soucieux d’indépendance nationale. Ce fut le cas des Européens, désormais soumis à l’extraterritorialité des lois américaines. La vague libérale a également bénéficié à la Chine. Grâce à un effort extraordinaire dans le secteur éducatif, celle-ci a fort habilement utilisé sa situation de réservoir mondial de main d’œuvre à bas coût pour réaliser les gigantesques transferts de technologies grâce auxquels son accès à la primauté au cours du XXIe siècle est devenu une possibilité sérieuse.
  3. La réalité de base pour les prochaines décennies est la compétition stratégique sino-américaine, vis-à-vis de laquelle les puissances de second rang, comme l’Union européenne en tant qu’unité politique, devront prendre position. Donald Trump voulait se retirer de l’OTAN. Joe Biden voudra sans doute la renforcer, c’est-à-dire dans son esprit, rallier ses membres derrière la bannière étoilée, politiquement et économiquement, dans la lutte contre la Chine. Pour les Européens, dont l’appétit pour un rapprochement stratégique avec la Chine n’est pas débordant et qui, contrairement aux principales puissances asiatiques, n’ont pas brillé dans la course technologique, la tentation de s’en remettre encore plus que pendant la guerre froide au protectorat américain pourrait être irrésistible. Mais avec quelle perspective de long terme, et dans quelles conditions s’agissant de son voisinage immédiat en Europe de l’Est, au Moyen Orient et en Afrique ? Telle est la question.

Dans l’immédiat, les Européens se réjouissent de l’élection d’un président américain à nouveau empathique qui leur fera bon accueil dans le bureau ovale et ailleurs. Ils ne sont pas les seuls à aspirer au répit, à un moment où ils font face à l’ennemi invisible qui les menace comme il menace les Américains. Puisse l’Alliance atlantique à court terme être d’abord l’alliance contre le virus. Pour une fois dans son histoire, n’avons-nous pas l’occasion de réinterpréter l’article 5 du traité et de mobiliser toutes les ressources de l’OTAN pour un combat collectif contre la pandémie ?

Thierry de Montbrial

Fondateur et président de la WPC
Fondateur et président exécutif de l’Ifri

Joseph Nye: Can Joe Biden’s America Be Trusted?

Can Joe Biden’s America Be Trusted?

Project Syndicate – 04.12.2020

By Joseph S. Nye, JR.

America’s friends and allies have come to distrust it in the wake of Donald Trump’s presidency. Joe Biden will do all that he can to repair the damage, but the deeper problem is that many are asking whether Trump was merely a symptom of the decline of American democracy.

CAMBRIDGE – Friends and allies have come to distrust the United States. Trust is closely related to truth, and President Donald Trump is notoriously loose with the truth. All presidents have lied, but never on such a scale that it debases the currency of trust. International polls show that America’s soft power of attraction has declined sharply over Trump’s presidency.

Can President-elect Joe Biden restore that trust? In the short run, yes. A change of style and policy will improve America’s standing in most countries. Trump was an outlier among US presidents. The presidency was his first job in government, after spending his career in the zero-sum world of New York City real estate and reality television, where outrageous statements hold the media’s attention and help you control the agenda.

In contrast, Biden is a well-vetted politician with long experience in foreign policy derived from decades in the Senate and eight years as vice president. Since the election, his initial statements and appointments have had a profoundly reassuring effect on allies.

Trump’s problem with allies was not his slogan “America First.” As I argue in Do Morals Matter? Presidents and Foreign Policy from FDR to Trump, presidents are entrusted with promoting the national interest. The important moral issue is how a president defines the national interest.

Trump chose narrow transactional definitions and, according to his former national security adviser, John Bolton, sometimes confused the national interest with his own personal, political, and financial interests. In contrast, many US presidents since Harry Truman have often taken a broad view of the national interest and did not confuse it with their own. Truman saw that helping others was in America’s national interest, and even forswore putting his name on the Marshall Plan for assistance to post-war reconstruction in Europe.

In contrast, Trump had disdain for alliances and multilateralism, which he readily displayed at meetings of the G7 or NATO. Even when he took useful actions in standing up to abusive Chinese trade practices, he failed to coordinate pressure on China, instead levying tariffs on US allies. Small wonder that many of them wondered if America’s (proper) opposition to the Chinese tech giant Huawei was motivated by commercial rather than security concerns.

And Trump’s withdrawal from the Paris climate agreement and the World Health Organization sowed mistrust about American commitment to dealing with transnational global threats such as global warming and pandemics. Biden’s plan to rejoin both, and his reassurances about NATO, will have an immediate beneficial effect on US soft power.

But Biden will still face a deeper trust problem. Many allies are asking what is happening to American democracy. How can a country that produced as strange a political leader as Trump in 2016 be trusted not to produce another in 2024 or 2028? Is American democracy in decline, making the country untrustworthy?

The declining trust in government and other institutions that fueled Trump’s rise did not start with him. Low trust in government has been a US malady for a half-century. After success in World War II, three-quarters of Americans said they had a high degree of trust in government. This share fell to roughly one-quarter after the Vietnam War and the Watergate scandal of the 1960s and 1970s. Fortunately, citizens’ behavior on issues like tax compliance was often much better than their replies to pollsters might suggest.

Perhaps the best demonstration of the underlying strength and resilience of American democratic culture was the 2020 election. Despite the worst pandemic in a century and dire predictions of chaotic voting conditions, a record number of voters turned out, and the thousands of local officials – Republicans, Democrats, and independents – who administered the election regarded the honest execution of their tasks as a civic duty.

In Georgia, which Trump narrowly lost, the Republican secretary of state, responsible for overseeing the election, defied baseless criticism from Trump and other Republicans, declaring, “I live by the motto that numbers don’t lie.” Trump’s lawsuits alleging massive fraud, lacking any evidence to support them, were thrown out in court after court, including by judges Trump had appointed. And Republicans in Michigan and Pennsylvania resisted his efforts to have state legislators overturn the election results. Contrary to the left’s predictions of doom and the right’s predictions of fraud, American democracy proved its strength and deep local roots.

But Americans, including Biden, will still face allies’ concerns about whether they can be trusted not to elect another Trump in 2024 or 2028. They note the polarization of the political parties, Trump’s refusal to accept his defeat, and the refusal of congressional Republican leaders to condemn his behavior or even explicitly recognize Biden’s victory.

Read the original article published on Project Syndicate.

Sally Eaves WPC – Health

Prof. Sally Eaves is a highly experienced Chief Technology Officer, Professor in Advanced Technologies and Global Strategic Advisor, Author and Speaker on Digital Transformation, Sustainability, HealthTech and Social Impact. She specializes in the application of AI, Cloud, CyberSecurity, Blockchain, IoT & 5G disciplines for both business and societal benefit at scale. Sally is Senior Policy Advisor for the Global Foundation of Cyber Studies & Research and has founded ‘edtech’ enterprise Aspirational Futures to enhance accessibility, inclusion and diversity in education, technology and beyond.

Sophie Turrettini – WPC Health

Sophie Turrettini

General Secretary of the Fondation Dr Henri Dubois-Ferrière Dinu Lipatti and board member of several charity foundations in Geneva. In charge of administration, accounting and human resources for several companies in various industries. Member of the board of the WPC Foundation since 2013.

Karim El Aynaoui WPC – Health

President of the Policy Center for the New South, and Dean of the Faculty of Economics and Social Sciences and Executive Vice-President of the Mohammed VI Polytechnic University. From 2005 to 2012, he worked at the Central Bank of Morocco as the Director of Economics, Statistics and International Relations. Prior to this, he served as an economist at the World Bank. He holds scientific and advisory positions in various institutions, including the Malabo-Montpellier Panel, the Moroccan Capital Market Authority, and the French Institute of International Relations. He is also advisor to the CEO and Chairman of the OCP Group, and serves as a board member of the OCP Foundation and as a global member of the Trilateral Commission. He holds a PhD in Economics from the University of Bordeaux.

Nicolas de Germay WPC – Health

Vice Chairman of the WPC. He manages the organisation of the annual conference since its first edition in 2008. He is also chairman and founder of Alandia, a restructuring advisory firm which helped various States or Sovereign funds to regain control over their industrial investments (Middle East, Africa and West Asia). Former Vice chairman of the Franco Indian chamber of commerce, he was more especially in charge of agricultural investments. He seats, or seated, at several Advisory Boards such as British Telecom or PWC. He published a book on globalization in June 2010: Mondialisation, un autre regard and one on restructuring issues in France (2015).

Dominique David WPC – Health

Advisor to the Executive Chairman, Ifri, Editor of Politique étrangère and co-director of the annual report Ramses. He is also President of the Austro-French Centre for Rapprochement in Europe. Former Executive Vice-President of Ifri. Previously, he was in charge of the Security Studies department at Ifri. Before joining Ifri, he was Deputy Director of the Institut français de polémologie (French Institute of Polemology), and then Secretary General of the FEDN (Fondation pour les études de défense nationale). He also taught at the Military School of Saint-Cyr, at the Paris I University and at the Institut d’études politiques de Paris (IEP). His studies and publications deal with strategic issues, particularly with French strategy and European issues.

Vuk Jeremić WPC – Health

President of the Center for International Relations and Sustainable Development, a global public policy think-tank based in Belgrade, and Editor-in-Chief of the quarterly magazine Horizons – Journal of International Relations and Sustainable Development. He is also the leader of Serbia’s opposition People’s Party. In 2016, he participated in the official election for UN Secretary-General and finished in second place. In 2012, he was elected President of the 67th session of the UN General Assembly. During his term in office he played a leading role in steering the UN towards the establishment of the 2030 Agenda for Sustainable Development. He served as Serbia’s Minister of Foreign Affairs from 2007 to 2012.

François Nordmann WPC – Health

Former Ambassador of Switzerland to France (2002-2007). He joined the Foreign Service in 1971. He held several positions such as Ambassador to Guatemala and to other States of Central America, Head of the Swiss Delegation to UNESCO, Ambassador to the United Kingdom and Permanent Representative of Switzerland to the international organizations in Geneva. He contributes regularly to the Swiss newspaper Le Temps. He studied law and international relations at the University of Fribourg and the Graduate Institute for  International Studies in Geneva.

Gilles Guérin WPC – Health

Managing Director of Banque Bordier & Cie, Geneva. He is also a member of the Board and Treasurer of the WPC Foundation. His area of expertise is private asset management. He was formerly Managing Partner at EFG Bank in Geneva. He previously worked as a money market dealer at the Al Saudi bank in Paris, then as treasurer for Europe at the National Bank of Abu Dhabi in Paris. He received a degree in economics from the University of Neuchâtel and an advanced management degree from the École des Cadres de Lausanne.

Tedros Adhanom Ghebreyesus WPC – Health

Director-General of the World Health Organization since 2017. Prior to his election, he served as Ethiopia’s Minister of Foreign Affairs from 2012 to 2016 and as Minister of Health from 2005 to 2012. He holds a PhD in Community Health from the University of Nottingham and a MSc in Immunology of Infectious Diseases from the University of London. He is globally recognised as a health scholar, researcher, and diplomat with first-hand experience in research, operations, and leadership in emergency responses to epidemics. Throughout his career Dr Tedros has published numerous articles in prominent scientific journals, and received awards and recognition from across the globe.

Jean de Kervasdoué WPC – Health

Professor Emeritus of the Chair of Economics and Management of Health Services at the Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) and Founder of the Pasteur/CNAM School of Public Health. He is a member of the French Academy of Technologies and a member of the executive board of the Médecins du Monde Foundation. Former Consultant to the Organization for Economic Cooperation and Development, he served as Visiting Professor at Yale University, Under Secretary at the French Ministry of Health and Adviser to the Prime Minister. He holds a Master in Agronomy from the Institut national agronomique Paris-Grignon, a MBA and a PhD in Socio Economics from Cornell University.

Michael van den Berg WPC – Health

Michael van den Berg, Health Policy Analyst at the OECD

Michael is a policy analyst at the OECD, and is specialized in health systems performance assessment, quality of care, performance indicators and primary care. His current work is driven by the ambition to move towards a new generation of indicators that will enhance international learning on the value of healthcare as reported by patients themselves. He is passionate about international collaboration and as a member of the OECD Health Division, he helps countries achieve high-performing health systems. Michael studied sociology, wrote a PhD thesis in the area of primary care and has been working on health services research and policy advice more than eighteen years. Michael is managing the development of an international survey of chronic patients within the framework of OECD’s Patient Reported Indicator Surveys initiative.

Elhadj As Sy WPC – Health

Elhadj As Sy

Elhadj As Sy is the Chair of the Kofi Annan Foundation Board, and Co-chair of the WHO/World Bank Global Pandemic Preparedness Monitoring Board (GPMB). In addition, Mr. Sy is also a Commissioner for the Global Commission on Climate Adaptation, Governor at the Wellcome Trust, and a member of the Governing Board of Interpeace as well as numerous other boards and organizations. Mr. Sy has extensive experience in leadership roles in the humanitarian, health, environment, development sectors, and has previously served as the Secretary-General of the International Federation of Red Cross and Red Crescent Societies (IFRC) – the world’s largest humanitarian network. Prior to this appointment, he served at a senior level with UNICEF, UNAIDS, the Global Fund to Fight AIDS, Tuberculosis and Malaria, and other agencies for more than 25 years. For instance, Mr. Sy was UNICEF’s Director of Partnerships and Resource Development in New York, and from 2005 to 2008, he was Director, HIV/AIDS Practice with the United Nations Development Program in New York. Before that, he worked with the Global Fund to Fight AIDS, Tuberculosis and Malaria as Director of Operational Partnerships and Country Support in Geneva. Mr. Sy graduated from the University of Dakar, the University of Graz, the Diplomatic Academy in Vienna and the École normale supérieure in Dakar.

Stanislas Cozon WPC – Health

Stanislas Cozon is Executive Vice President of Capgemini. He was Managing Director in charge of global industry sectors within Capgemini (consumer products, retail, utilities, tax and welfare, public security, telecommunications, financial services and manufacturing). The transformation of corporations and governments is at the heart of this role. He started his career at the French Treasury (Inspection Générale des Finances) and joined Capgemini in 1989. He holds a diploma of the Institut d’Études Politiques de Paris and of the École Nationale d’Administration.

Seán Cleary WPC – Health

Founder and Executive Vice-Chairman of the FutureWorld Foundation and Chairman of Strategic Concepts (Pty) Ltd. Chairman of the Advisory Board of the Global Economic Symposium, Advisory Council member of Climate-KIC and IAS Köszeg; and a Director of companies, Faculty Member of the Parmenides Foundation, and co-author, with Thierry Malleret, of Resilience to Risk, and Global Risks, as well as numerous articles and chapters. He studied social sciences and law and holds a MBA from Henley Management College at Brunel University, United Kingdom.