Thèmes 2014

Session d’ouverture

Thierry de Montbrial, président et fondateur de la WPC
Park Geun-Hye, président de la République de Corée

Session I. Organisation de la sécurité en Asie de l’Est et en Europe

En Asie, le fait majeur est la montée de la Chine, qui conduit tous les acteurs de la région à se repositionner, notamment par rapport aux États-Unis, tandis que les blessures de l’histoire restent à vif. Contrairement à l’Europe, l’Asie de l’Est n’a hérité d’aucune structure de sécurité. Mais en Europe, la crise ukrainienne pourrait entrainer la destruction de cet héritage, près de quarante ans après la Conférence d’Helsinki. Comment peut-on contrecarrer ces tendances potentiellement désastreuses pour le maintien de la paix sur le continent eurasiatique ?

Session II. Perspectives pour la péninsule coréenne et l’Asie du Nord-Est

Cette session prolongera la précédente en se concentrant sur l’Asie du Nord-Est et l’avenir de la péninsule coréenne. Il s’agira en particulier d’examiner les scénarios de réunification et les initiatives diplomatiques, notamment d’origine coréenne, susceptibles de les faciliter.

Session III. Inégalités et mondialisation

La montée générale des inégalités fait débat sur tous les continents et nourrit les sentiments hostiles à la mondialisation et plus généralement au capitalisme. Cette session aura pour objectif de bien poser le problème et d’identifier les mesures de gouvernance souhaitables et réalisables dans ce domaine. Une place importante sera accordée dans cette session à des points de vue institutionnels (OCDE et FMI).

Session IV. Conversation avec le Prince Turki Al Faisal d’Arabie Saoudite

Session V. L’Afrique dans un contexte mondial

L’Afrique est l’un des thèmes récurrents de la WPC. Les perspectives de développement restent considérables, mais il ne faut pas sous-estimer les difficultés comme les épidémies ou, dans certains États, le terrorisme. L’accent sera mis, cette année, sur les relations entre l’Afrique et l’Asie.

Session VI. Géopolitique et géoéconomie de l’Eurasie

Les questions eurasiatiques retiennent beaucoup l’attention depuis un quart de siècle. Mais chacun a son concept en la matière. On peut parler en termes géographiques du continent eurasiatique, qui s’étend d’ouest en est du cap européen aux façades orientales de la Russie ou de la Chine. Mais ce n’est pas ce que les Russes ont en tête quand ils parlent d’une union eurasiatique. Leur point de vue proprement géopolitique s’apparente à la doctrine Monroe. De leur côté, les Coréens ont plutôt un point de vue géoéconomique. Ils pensent surtout à la construction ou la reconstruction de lignes ou d’ensembles voués au commerce. Le but de cette session est de clarifier les différents projets sous-jacents.

Session VII. Commerce et politique

Les affaires commerciales au sens large ont toujours été au centre des relations internationales, et ont toujours interféré avec les questions de sécurité. De nos jours, en raison de la mondialisation, les échanges économiques débordent largement les échanges commerciaux (services, mouvement des capitaux, investissements directs etc.) et forment une trame de plus en plus serrée. L’objet de cette session est d’examiner les implications économiques et politiques de l’affaiblissement du multilatéralisme et de la multiplication d’accords bilatéraux souvent concurrents ; de faire le point des grandes négociations en cours comme le TTIP et le TPP ; mais aussi d’aborder le problème de l’arme économique (sanctions) dans les relations internationales.

Session VIII. Le Moyen-Orient dans un contexte mondial

Depuis la dernière WPC à Monaco, la situation n’a cessé de se dégrader au Moyen-Orient avec l’irruption non anticipée de l’“État islamique“. L’objectif de cette session est d’expliquer cette surprise stratégique ; d’analyser les comportements des principaux acteurs extérieurs à la région (comme les États-Unis, l’Union européenne ou la Russie) et intérieurs (Turquie, Iran, Égypte, Israël) ; de faire le point sur les négociations nucléaires avec l’Iran ; enfin, d’échanger des vues prospectives. Un aspect particulièrement douloureux de ce drame, le sort des minorités chrétiennes, devra être évoqué

Session IX. Conséquences économiques et politiques de la révolution des Big Data

La révolution des Big Data bouleverse tous les business models. Sur le plan de l’organisation industrielle, elle porte en germe le risque que les entreprises industrielles (au sens large, donc aussi les sociétés d’assurance ou plus généralement de services) soient condamnées à dépendre d’un Big Brother comme Google. Sur le plan politique se pose notamment la question des rapports entre ce ou ces Big Brothers et les États, à commencer par les États-Unis. La question des Big data conduit nécessairement à reformuler celle des politiques industrielles des États. En particulier, se dirige-t-on vers un duopole sino-américain dans ces domaines ?

Session X. Conversation sur le rôle de la relation sino-américaine dans l’ordre international

Session XI. Débat général

Comme chaque année, la dernière session plénière sera consacrée à un débat général autour de l’actualité et des thèmes débattus pendant la conférence.

Thèmes 2008

1. Les États-Unis : qu’attend le monde de l’ « indispensable nation » ?

Le « moment unipolaire » de l’après guerre froide est passé, mais les États-Unis demeurent, à l’horizon prévisible, la puissance de référence. A la veille de la présidentielle, et après une forte érosion du « soft power » américain, qu’attend le monde des États-Unis? Ces derniers sont-ils prêts à redéfinir leur rôle constructivement, par rapport aux autres puissances et aux organisations multilatérales dans un monde en voie de multipolarisation ?

2. Russie : développements internes et politiques extérieures

La Russie est « de retour », en particulier parce que la hausse du prix des hydrocarbures stimule sa croissance économique et multiplie ses cartes internationales. Comment consolider cette croissance qui repose à l’excès sur les matières premières ? Les nouvelles cartes de la Russie vont-elles déterminer une nouvelle capacité de proposition, et de « co-gestion » dans les espaces de ses intérêts stratégiques ? Qu’attend le monde de la Russie – et à travers quelles politiques ? Inversement, qu’attend Moscou de ses partenaires ?

3. Chine : développements internes et affirmation de puissance

Quels effets sur l’émergence économique de la Chine, qu’elle se poursuive ou s’interrompe, aura-t-elle sur les économies de la région et sur le monde dans son ensemble ? Plus largement, est-ce à partir de l’affirmation de la puissance globale de la Chine que peuvent se redéfinir les équilibres de puissance à l’échelle régionale, et à l’échelle mondiale ? Comment rendre compatible la stratégie chinoise et celle des autres acteurs, régionaux ou globaux ?

4. Japon : quelle puissance, quelles stratégies ?

Le Japon, du fait de son économie, de sa force militaire et technologique – et en particulier de son statut de pays « du seuil nucléaire » -, est une puissance de premier plan, insuffisamment considérée comme telle. Tokyo redéfinit aujourd’hui sa surface internationale, en raison de l’évolution de sa société, et de la métamorphose des rapports de force régionaux affectés principalement par l’émergence chinoise. Comment appréhender la place du Japon dans une Asie dont l’organisation régionale et le poids mondial sont en pleine mutation ? Au-delà de l’Asie, que souhaite le Japon, et qu’espère le monde pour le Japon ?

5. Inde : puissance régionale et/ou acteur mondial ?

Des ressorts et des modalités de la croissance indienne, et de ses nouvelles ambitions internationales, dépend en large part la forme de la multipolarité de demain. L’Inde voudra-telle et parviendra-t-elle à jouer à la fois les cartes de l’émergence économique et de la puissance politique ? Elle va devoir redéfinir ses relations régionales (Chine, Pakistan…), et plus globalement dire quelle place elle entend jouer dans les affaires du monde et dans l’élaboration des règles communes.

6. L’Afrique sub-saharienne : implosion ou décollage ?

L’Afrique peut être vue à la fois comme le continent de l’espoir (décollage économique dans certains pays, meilleure organisation régionale, progrès de la démocratie), et comme un espace menacé d’implosion (crise des États, fortes inégalités de développement, multiplication des conflits internes, etc.). Quelles méthodes pourraient mieux valoriser les cartes des pays africains ? Et quel est, quel pourrait être le rôle des acteurs extérieurs ?

7. L’Europe à 27 et plus est-elle viable ?

Une Union européenne à près de trente membres est inévitablement hétérogène. L’UE va demeurer, et s’étendre encore, mais autour de quels projets ? Le projet de puissance politique devra-t-il être complètement abandonné ? Veut-on que l’UE devienne un acteur du nouveau monde multipolaire ? En quel sens ? Et sur quels espaces géographiques et politiques extérieurs pourra peser cette Union ?

8. Israël/Palestine, la question internationale la plus urgente : quels engagements des acteurs extérieurs ?

La plupart des acteurs internationaux s’accordent sur la solution au conflit qu’apporterait la coexistence de deux États. L’urgence commande de réduire ou de marginaliser les forces qui s’y opposent. La perpétuation du statu quo n’est-elle pas porteuse de risques extrêmes ? Quelle part concrète, selon des modalités à définir, les grands acteurs mondiaux ou régionaux (au premier chef les États-Unis, mais aussi les États arabes, la Russie, l’Union européenne, l’ONU, l’OTAN…) peuvent-ils prendre dans la résolution de cette question ?

9. Arc de crise : de l’Irak au Pakistan

Le désastre irakien, qui pourrait déboucher sur l’activation d’un « arc chiite » et/ou sur l’explosion du pays, le blocage officiel des relations entre des grandes puissances occidentales et Téhéran, l’instabilité interne du Pakistan, l’absence de perspective d’une sortie de guerre en Afghanistan : ces éléments font de la région un arc de crise particulièrement préoccupant. Quels moyens de stabilisation internes des sociétés politiques, quels moyens régionaux d’équilibrage ? Quels acteurs peuvent aider à négocier les sorties de crise ?

10. Quelle gouvernance pour quelle stabilité ?

Le « multilatéralisme » développé pendant et après la guerre froide a démontré à la fois ses mérites (contrôle des armements et désarmement, TNP, rôle de l’ONU et des institutions de sécurité régionales, TPI…) et ses limites (gestion des crises internationales, prolifération…). Après la période de « démontage » systématique du multilatéralisme de la part de Washington, et alors qu’émergent de nouvelles puissances, comment concilier « multipolarité » et « multilatéralisme » ? Quelles institutions, quelles procédures sont nécessaires pour aller vers un monde multipolaire organisé ?

11. L’économie de la connaissance mérite encore un effort

L’ « économie de la connaissance » constitue un défi majeur pour l’ensemble des économies, émergentes comme développées. Peu nombreux sont les pays qui ont réussi cette transition. Les gouvernements éprouvent beaucoup de difficultés à transformer l’ambition en réalité. En Europe, le processus de Lisbonne est un échec. Comment organiser plus efficacement les efforts en faveur de l’éducation ? Où faire porter l’effort ? Quelles initiatives prendre pour que l’innovation crée de nouvelles opportunités de croissance ? Comment faciliter l’adhésion du corps social à ces mutations ?

12. Crise du crédit, crise financière, crise économique : que faire ?

La crise actuelle semble être plus grave que celles traversées depuis plus de 20 ans. Pourquoi ? Quels enseignements tirer des erreurs commises ? A-t-on fait preuve d’un zèle excessif en matière de déréglementation ? Quelles initiatives prendre pour en éviter la répétition, même si elles se manifestent sous de nouvelles formes ? Quelles nouvelles règles pour la planète financière.

13. La régulation des migrations, enjeu mondial

Les migrations humaines Sud-Nord, Sud-Sud, ou dans les pays développés constituent une face importante de la mondialisation, mal appréhendée et mal régulée. La question est trop complexe (relations avec le développement, question de la stabilité interne des sociétés « exportatrices », « importatrices » ou de transit…) pour qu’elle puisse relever de décisions purement nationales, ou purement internationales. Un mode de gestion combinant politiques domestiques et extérieures, et faisant sa place aux conceptions et aux intérêts de tous les États, du Nord et du Sud, reste à inventer.

14. Énergie et climat : quels défis diplomatiques ?

L’énergie est toujours un enjeu international de premier plan. C’est un dossier qui connaît des dimensions nouvelles principalement du fait de l’explosion des besoins. Si la rareté des ressources provient de l’insuffisance des investissements, comment les stimuler ? Faut-il remettre le nucléaire à l’ordre du jour ? Comment rendre les intérêts nationaux compatibles ? Par ailleurs, le changement climatique est devenu l’objet d’une préoccupation mondiale. Quelles propositions faire pour créer après Bali la « gouvernance carbone » dont la planète a besoin ? L’Europe pourra-t-elle, et à quel prix, exercer le leadership qu’elle croit avoir tiré de l’accord de Kyoto ?

15. Le Golfe est-il en train de devenir un arc d’espoir ?

Prise entre un développement économique spectaculaire, en partie basé sur la montée du prix des hydrocarbures, et la croissance des risques géopolitiques et géo-économiques résultant principalement de sa position géographique, la péninsule arabique est à la croisée des chemins. S’orientera-t-elle vers la géographie de l’espoir de l’Asie, avec le rêve singapourien, ou dérivera-t-elle vers la géographie de la tension du Grand Moyen Orient ?

16. Crise alimentaire mondiale

Thèmes 2009

I. La gouvernance politique

La mondialisation a multiplié les unités politiques ayant prise sur le système international, et pouvant l’affecter plus ou moins gravement. Comment assurer la coexistence entre ces unités politiques, comment rendre leurs conflits gérables de façon pacifique et compatibles avec la stabilité globale du système ? Deux décennies après la fin de la guerre froide, l’émergence progressive d’un nouveau monde multipolaire, hétérogène et global suggère d’abord d’évaluer la pertinence des institutions existantes, aux niveaux mondial et régional. Quel bilan dresser des mutations de l’Onu, et quelles réformes sont nécessaires pour dépasser les actuels blocages – y compris le blocage sur la réforme elle-même ? Quelle est l’efficacité présente des systèmes régionaux de sécurité – dont on attendait tant au début des années 90 -, ou des regroupements régionaux de défense ? Les exemples européens (OSCE, Alliance atlantique, UE…), africains (réforme de l’UA, initiatives des regroupements sous-régionaux), ou asiatiques (Asean, tentatives de mise sur pied de nouveaux forums de sécurité) fournissent à cet égard les premières leçons à tirer.

Parallèlement aux institutions, dans leur triple rôle de forums, de producteurs de normes, et de régulateurs des crises, d’autres processus jouent un rôle important pour la résolution de problèmes aujourd’hui centraux : particulièrement la prolifération des armements, et le désarmement. Les crises coréenne et iranienne – après les exemples irakien ou libyen… – confrontent manifestement les dispositifs anti-prolifération, institutionnels ou non (Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), Initiative de sécurité contre la prolifération (PSI)…), à leurs limites. De même la reprise, après un long gel, des négociations de désarmement entre Washington et Moscou n’épuise pas le problème : quelle place auront demain les armes nucléaires dans les équilibres globaux – sur quelle vision du monde devra donc s’appuyer un TNP rénové ? -, et quels processus doivent être mis en place pour traiter de manière efficace des autres types d’armes (armes conventionnelles en général, ou les si meurtrières armes de petit calibre) ?
Au-delà des institutions et des processus à conforter ou développer, il s’agit aussi d’intégrer, comme éléments déterminants de la gouvernance mondiale, les outils hérités des réflexions et expérimentations des dernières décennies. On pensera ici aux mesures de création de la confiance, désormais présentes universellement : leur enracinement, leur développement sont essentiels, en particulier pour une gestion préventive des conflits. Quant aux méthodes de gestion des crises, avec l’apport des cultures stratégiques et des expériences de tous les acteurs qui ont eu à en connaître depuis vingt ans, elles constituent un champ prometteur d’étude et de coopération entre les États.

L’ensemble de ces moyens, institutionnels, politiques et conceptuels devront se combiner dans une gouvernance globale du système international pour organiser la co-existence à la fois conflictuelle et pacifique à laquelle aspire la société des États.

Le sujet sera traité au cours de deux sessions :

  1. L’architecture de la gouvernance politique
  2. La sécurité

II. La gouvernance économique et financière

La crise économique et financière a mis fin aux espoirs d’une mondialisation tranquille, propageant paisiblement le marché et la démocratie. Face à la crise, par nécessité, les gouvernements sont en première ligne. Les États sont massivement de retour. Dans un monde où plusieurs formes de capitalismes semblent en concurrence, les valeurs, les intérêts occidentaux sont remis en cause. Aujourd’hui, la mondialisation paraît clairement plus fragile qu’on ne le pensait. Et pourtant, il n’y a pas d’alternative envisageable : l’échec de la mondialisation serait le pire des scénarios. Les défis auxquels l’économie mondiale fait face sont immenses : montée du chômage, incertitudes financières, rareté des ressources, tout cela rend l’avenir opaque, place les décisions des entreprises dans un contexte plus incertain et plus risqué et fait obstacle aux projets de développement.

Aujourd’hui, l’économie mondiale a besoin d’une régulation d’ensemble. Face à ces défis, la gouvernance du système international a vieilli. Nous héritons d’institutions qui reflètent les réalités de l’après-guerre, de la décolonisation et de la guerre froide. Elles sont mal adaptées à un monde marqué par l’émergence de puissances nouvelles. La réunion des chefs d’État au format G20 est une initiative porteuse d’avenir. En abordant la régulation de la finance, elle n’a encore fait que le premier pas. Ce sont les suivants qu’il faut maintenant imaginer et mettre en application.

  • • La mondialisation a-t-elle atteint son pic ?
  • • Quelles sont les bonnes politiques budgétaires et monétaires ? Une coopération internationale plus active est-elle nécessaire ?
  • • Quelle « stratégie de sortie » préparer et comment ?
  • • Jusqu’où peut et doit aller la coordination des nouvelles régulations financières ?
  • • Comment assurer un meilleur ajustement entre épargne et financement à l’échelle mondiale ? Comment assurer une évolution harmonieuse des balances de paiements ?
  • • Quelles initiatives prendre pour repousser les tentations protectionnistes et stimuler le commerce mondial ?
  • • Quelles conséquences peut avoir la remise en cause du « capitalisme financier anglo-saxon » ?
  • • Quelles sont les conséquences politiques des incertitudes économiques et sociales ? Comment faire face aux risques de nationalisme économique ?
  • • Prolongeant les initiatives du G20, faut-il de nouvelles formes de gouvernance mondiale dans les domaines économique et financier ?

Le sujet sera traité au cours de trois sessions :

  1. La gouvernance macroéconomique : efficacité des politiques budgétaires, politiques monétaires non conventionnelles ; stratégies de sortie ; commerce mondial, nationalisme économique ; avenir des pays pauvres ; mouvements de capitaux et taux de change ; système monétaire international ; gouvernance (G20, FMI…)
  2. Les régulations économiques et financières : supervision bancaire, infrastructures de la mondialisation (normes comptables, agences de notation…) ; nouveau business model pour les banques ; circulation mondiale de l’épargne ; transfert d’argent (remittances) ; accord sur les investissements ; gouvernance (G20, Financial Stability Board…)
  3. L’avenir du capitalisme : remise en cause du « modèle anglo-saxon » ; diversité des « modèles » ; création et répartition de la richesse ; actionnaires (shareholders) et « parties prenantes » (stakeholders) ; menaces sur les classes moyennes ; aversion au risque et demande de protection ; « esprits animaux » et intervention de l’État ; quelle coopération internationale pour cette nouvelle étape de la mondialisation ?

III. Le droit international

Pour certains, la notion de gouvernance est étrangère au droit international, voire au droit. Elle désigne des processus d’articulation et de décision entre des instances différentes, de statuts variés, qui coopèrent afin de résoudre des problèmes d’intérêt commun. G 7, G 8, G 20, forums empiriquement mais régulièrement constitués, répondent en partie à cette demande. Mais elle demeure davantage un désir et un besoin qu’une réalité. Quel rôle pourrait y jouer le droit international ? Il lui faut pour cela répondre à la double dimension de la gouvernance. Régulatrice, elle pose des normes de comportement durables, afin d’assurer la sécurité des relations entre acteurs, leur confiance mutuelle, la prévisibilité de leurs comportements, l’efficacité des prescriptions arrêtées. Décisionnelle, elle doit permettre de s’adapter rapidement aux changements, de réagir aux situations de crise ou d’urgence en écartant les règles ordinaires, voire en les modifiant en fonction d’un nouveau contexte durable.

Le droit international, instrument de la double dimension de la gouvernance

Le droit international régit une société qui repose sur une pluralité d’acteurs : les États. Chacun conduit sa politique propre mais tous ont des intérêts communs. Leurs relations ne sont pas en théorie fondées sur un principe hiérarchique mais sur une logique horizontale de contrat, et leurs intérêts s’ajustent par la négociation. Leur désir partagé est de conserver leur statut dominant, comme instances légitimes et efficaces de régulation internationale, mais aussi comme acteurs principaux face aux situations de crise qui appellent des décisions rapides et cohérentes. Pour y contribuer, le droit international leur offre des techniques variées.

Le droit international, instrument de régulation

Dans le domaine des relations pacifiques, celui des échanges économiques et commerciaux, l’OMC est la dernière grande organisation internationale constituée, après la fin de l’affrontement Est-Ouest. Organisation aux structures légères, aux pouvoirs faibles mais aux ambitions élevées, elle repose sur deux piliers, l’adaptation et l’ajustement – adaptation par des accords qui ouvrent progressivement les marchés ; ajustement par le règlement des différends commerciaux entre États liés à ces accords. Comment sortir des blocages actuels ? Quelles leçons tirer de la technique originale de règlement des différends pour d’autres domaines des relations internationales ?

Le droit international, instrument de gestion des crises

Le Conseil de sécurité, qui en est l’instrument principal, consacre l’inégalité juridique entre États, repose sur la situation privilégiée des membres permanents, peut prendre des décisions obligatoires pour tous et utiliser la contrainte. Il doit répondre à des situations de crise, dans l’urgence. Il correspond à la dimension décisionnelle de la gouvernance, puisqu’il peut écarter les règles ordinaires pour leur substituer un droit d’exception. Il a montré une grande capacité d’adaptation face à des crises majeures au cours de ces dernières décennies, mais il est souvent critiqué pour l’inégalité qu’il établit entre les États comme pour sa composition jugée archaïque, voire récusé par les États-Unis qui répugnent à se soumettre aux contraintes qu’il implique. L’instrument n’est pas toujours suffisamment utilisé. Comment le renforcer, l’adapter, accroître son efficacité ? Le réformer ne conduirait-il pas à le détruire ?

Techniques juridiques de la gouvernance mondiale

Les principes et techniques du droit international sont indispensables à une gouvernance mondiale équilibrée et efficace.

La primauté absolue des États dans la société internationale, leur souveraineté et leur égalité sont des principes de rationalité, de stabilité et d’équilibre indispensables à une gouvernance efficace. Quelle place pour les acteurs non étatiques ? Le multilatéralisme classique associe participation universelle et répartition des rôles en fonction de la puissance relative des États. En panne de projet organisateur, il est incapable de définir un intérêt commun qui transcenderait les revendications particulières de membres d’une société profondément hétérogène. Comment contribuer à la relance du multilatéralisme, clef d’une gouvernance mondiale ? Quant à l’unilatéralisme institutionnel, il ne se limite pas au Conseil de sécurité. Il peut répondre aux situations d’urgence comme au besoin de normes universelles, dans le domaine de la santé publique notamment. Comment le rendre légitime et efficace ?

Le soft law, ou instruments concertés non conventionnels, non juridiquement obligatoires mais respectés lorsqu’ils sont équilibrés et porteurs de confiance mutuelle, est une technique souple, adaptée à la gouvernance. En revanche, quel rôle peuvent remplir les juridictions internationales, qui se multiplient depuis quelques décennies, dans un processus politique et non judiciaire ? Peuvent-elles répondre efficacement à des situations de crise ou d’urgence ? Peuvent-elles constituer un instrument de régulation autre que marginal ?

IV. Les mouvements migratoires

Les migrations internationales sont un enjeu global auquel tous les États sont confrontés. En quinze ans, les migrations se sont étendues à toutes les régions de la planète. La population mondiale des migrants a fortement augmenté. Le poids des transferts d’argent des migrants est de plus en plus important pour les économies des pays d’origine. Des régions de départ sont aussi devenues des zones importantes de transit et d’arrivée. Les migrations ont transformé les relations internationales. En même temps, le sujet est politiquement très sensible et médiatisé, ce qui conduit à déformer la vision des véritables enjeux.

Aujourd’hui, les États hésitent. Ils considèrent de plus en plus les migrations comme un facteur de croissance économique et de développement mondial, mais ils conduisent encore des politiques restrictives, qui se sont d’ailleurs montrées moins efficaces que prévu. Dans ce contexte, l’idée d’une gouvernance mondiale des migrations s’est progressivement imposée. Il s’agirait de réconcilier les objectifs des politiques migratoires des pays du « Nord », les intérêts des marchés internationaux, le développement des pays du « Sud » et le respect des droits et de la sécurité des migrants. Existe-t-il aujourd’hui un consensus sur le diagnostic des limites des politiques migratoires nationales ? Une gouvernance mondiale des migrations est-elle souhaitable ? Est-elle possible ? Si tel est le cas, quels peuvent être les objectifs et les moyens communs pour y parvenir ? Quel peut être le rôle des acteurs non-étatiques, en particulier des entreprises ?

Ces questions sont porteuses de plusieurs défis : comment adapter la souveraineté nationale des États au phénomène global des migrations internationales ? Une gouvernance mondiale des migrations ne pourra pas se faire sans les États. Quelles peuvent être les moyens institutionnels et politiques appropriées pour encadrer les migrations ? Autre question déterminante : quel est l’impact des migrations sur les rapports Nord / Sud ? Les migrations peuvent-elles faire émerger de nouvelles relations plus équilibrées et symétriques entre les pays de départ, de transit et d’arrivée ? Quels sont les vrais enjeux du lien entre migration et développement ? Comment résoudre le dilemme de la « fuite des cerveaux » ? Comment anticiper l’avenir et notamment l’impact programmé du changement climatique sur les migrations ? Les migrations sont-elles aussi un moyen de régulation des problèmes démographiques au « Nord » comme au « Sud » ? Dernier défi : l’évolution des sociétés nationales dans un monde de migrations. Une mobilité humaine plus forte ne doit pas s’accompagner d’une montée des replis identitaires, xénophobes et racistes. Comment y parvenir ?

V. L’énergie et le climat

La même énergie qui nous chauffe, nous éclaire et cuit nos aliments est au cœur d’un des plus grands défis rencontrés par l’humanité. Personne n’a jamais contesté qu’il y a pour chaque homme, chaque femme, chaque enfant sur terre largement assez d’énergie propre et fiable, mais beaucoup en sont privés. L’usage de l’énergie par l’homme a évolué au cours des millénaires mais c’est seulement pendant les 150 dernières années que les énergies fossiles ont pris une part prépondérante dans nos besoins énergétiques.

Les énergies fossiles sont extraites de la terre, quel que soit le lieu où on les trouve. Leur répartition est inégale dans le monde, créant des nantis et des démunis. Ceci a conduit à de la compétition et des conflits entre nations et à l’intérieur des nations.

Les énergies fossiles sont extraites de la nature souvent sans tenir compte de l’impact sur le bien commun ou les intérêts des populations voisines. Le commerce de ces combustibles enrichit les gouvernements et les pays exportateurs, mais selon la qualité de la gouvernance dans ces pays, la richesse générée par les énergies fossiles peut être source de croissance et d’amélioration du niveau de vie des populations, ou bien elle peut conduire à la corruption, à des régimes autocratiques et à l’exclusion. Beaucoup a été écrit sur la malédiction des ressources et elle a été bien étudiée, mais elle continue de ravager de nombreux pays producteurs.

Pour l’avenir, qui commence maintenant, la combustion de grandes quantités d’énergies fossiles a un impact négatif visible sur le climat mondial et aura des conséquences catastrophiques dans les prochaines décennies si nous continuons dans la même voie.

Quelles sont les énergies du futur et comment allons-nous les déployer suffisamment rapidement pour prévenir des conséquences inéluctables ? Quelles vont être les émissions de CO2 en 2050 dans des pays dont les émissions varient de 44 tonnes à 0.01 tonnes par habitant ? Comment faire en sorte qu’une plus grande partie de la population mondiale dispose d’énergie propre, sûre et à des prix raisonnables ? Comment, enfin, peut-on améliorer la gouvernance mondiale afin de réduire les conflits qui trouvent leur origine dans la distribution inégale des ressources énergétiques ?

Les institutions qui cherchent des réponses à ces défis n’ont pas vraiment évolué depuis les années 60. Elles sont encore essentiellement bimodales, Nord/Sud, G77/pays développés, riches/pauvres. Elles monopolisent encore les débats et cherchent à atteindre des consensus, mais n’importe qui peut tout bloquer ou verrouiller. Ce mode de négociations a démontré son inefficacité depuis presque 20 ans. Quelle a été la dernière négociation commerciale multilatérale couronnée de succès ? La convention sur le droit de la mer qui a nécessité 14 ans de négociations n’est toujours pas ratifiée par tous. La charte de l’énergie attend encore les ratifications des États-Unis et de la Russie. Le protocole de Kyoto est un tabouret à deux pieds.

Le rédacteur en chef de la revue Foreign Policy, Moises Naïm, a suggéré de remplacer multilatéralisme par minilatéralisme. Est-ce que Kyoto peut réussir à Copenhague en décembre prochain avec 180 pays autour de la table ? Ce sont toujours les mêmes débats bimodaux qui dominent bien qu’ils soient souvent bimodaux par commodité et non par conviction. On assiste à du multilatéralisme défensif. Doit-on déplacer ou formuler ces débats dans un forum plus restreint ? Il y a le G8, le G20 et le MEF (Major Economies Forum, qui réunit 16 pays). Mais dans tous, les principaux États européens parlent à plusieurs voix quand la Chine et l’Inde n’expriment qu’une voix chacune. Il est possible que le cœur d’une solution effective au changement climatique soit d’abord trouvé dans une entente bilatérale sur des principes généraux, entre les États-Unis et la Chine, solution qui pourra être étendue à la Conférence des Parties de l’UNFCCC via le MEF ou le G20. L’implication de tous doit-elle être forcément synonyme de paralysie ?

L’Union européenne a une longue pratique de la subsidiarité. Cependant, dans le multilatéralisme actuel, les pays cherchent à définir à la fois les principes et les modalités d’application d’un accord. C’est une surcharge pour les chefs d’État. Une fois les principes établis, la mise en œuvre et les modalités devraient être déléguées à des entités subsidiaires détenant la compétence technique nécessaire. Les postures politiques et les discours moralisateurs peuvent être maintenus hors de ces discussions subsidiaires.

Les discussions sur la régulation du climat ont commencé à prendre forme en 1988. Nous sommes 20 ans plus tard et les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Il ne nous reste plus que 40 ans d’ici 2050, date limite pour stabiliser et diminuer les émissions de CO2. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre davantage de temps.

VI. La santé et l’environnement

Santé et Environnement se sont lentement imposés comme objets des relations internationales depuis le XIXe siècle. Epidémies et pollutions ne connaissent pas de frontières : face à elles, les collectivités humaines sont donc évidemment interdépendantes. L’accélération de la mondialisation ajoute à cette interdépendance objective une interdépendance médiatique, qui mêle et homogénéise les réactions des différents publics touchés par un accident industriel transfrontalier, ou par une épidémie de grippe. Face à cette mondialisation, les réponses politiques aux problèmes sanitaires et environnementaux demeurent partielles. De nouvelles institutions, des normes, des outils de financement innovants ont été créés, mis en œuvre, ou consolidés au niveau global, mais l’ensemble n’évoque qu’un tissu de gouvernance mondiale informe, d’apparence décousue et parcellaire. Comment améliorer et élargir ces formes de gouvernance émergentes pour les rendre plus aptes à répondre aux crises et à prévenir les risques sanitaires et environnementaux ? A-t-on besoin d’un véritable système de gouvernance, centralisé et formel – par exemple autour d’une OMS pour l’heure très décentralisée – ou d’une « Organisation Mondiale de l’Environnement » encore à naître ? Ou peut-on se contenter de renforcer le cadre fluide qui existe aujourd’hui, et qui permet déjà une harmonisation progressive des politiques par la diffusion des idées et des analyses d’une sphère à l’autre ? Existe-t-il d’autres options ?

Ces questions structurelles en appellent d’autres, plus précises et tout aussi essentielles. Comment assurer une meilleure cohérence stratégique entre les multiples acteurs de la gouvernance globale de la Santé et de l’Environnement ? Comment consolider un intérêt, une mobilisation, qui peuvent seuls permettre la réunion de fonds suffisants en période de crise financière et économique ? Comment prendre en charge des enjeux moins visibles, plus délicats, ou plus ambitieux : lutte contre la pollution des Global Commons – océans, espace-, lutte contre les maladies non transmissibles, réformes structurelles des systèmes de santé… ? Comment appréhender le rôle de la science au service de la décision politique, en tenant compte des incertitudes du savoir ? Comment développer des processus équitables autorisant un meilleur accès aux médicaments, à l’innovation technologique (par exemple les transferts technologiques nécessaires à la lutte contre le changement climatique) ? Quel équilibre établir entre la protection des échanges et de la prospérité économique d’une part, et de l’autre la protection de la Santé et de l’Environnement, notamment eu égard aux leçons de la nouvelle grippe A/H1N1 ? Comment s’assurer du respect des engagements pris par les acteurs clefs de la gouvernance internationale, comment pallier leurs éventuelles défaillances ? Faut-il généraliser les procédures d’évaluation, d’audits ? Adopter une « responsabilité de protéger » environnementale et sanitaire ? Toutes ces questions, pour certaines anciennes et pour d’autres émergentes, doivent être prises en compte pour dessiner l’avenir, et le développement d’un nouveau système – ou du meilleur système possible – de gouvernance internationale pour la Santé et l’Environnement.

VII. L’eau, l’agriculture et l’alimentation

L’eau 
D’un côté, l’eau doit être accessible à tous les hommes. Il y a bien aujourd’hui un « quasi-droit » à l’eau pour tous. De l’autre côté, l’eau, ressource fondamentale et longtemps considérée comme illimitée, devient, du fait de l’explosion et de la diversification des demandes, un bien rare ou marchand, soumis aux lois de l’économie. Il faut 1 000 litres d’eau pour produire un kilo de blé, 15 000 litres pour un kilo de viande.

Les problèmes d’eau sont d’abord régionaux : zones industrielles subissant des pollutions massives ; régions désertiques ou semi-désertiques confrontées à une augmentation brutale des consommations (croissance des populations, agriculture, industrialisation, urbanisation…). De plus, dans de nombreuses parties du monde (en particulier, dans le cas où des fleuves traversent plusieurs États), la question de l’eau ne peut être séparée du défi plus général de l’organisation de la région : quelle paix, quelle sécurité, quels liens entre les protagonistes ? Exemples : aménagement du Danube ; disputes autour du Tigre et de l’Euphrate ; Palestine ; Nil partagé entre dix États ; fleuves du Sinkiang (Irtysh, Ili)….

  • • Quels dispositifs régionaux permettraient de mieux gérer l’eau ?
  • • Des règles ou institutions planétaires sont-elles nécessaires dans ce domaine ?

L’agriculture et l’alimentation 
Tout comme l’accès à l’eau, une nourriture suffisante (quantité) et saine (qualité) pour l’ensemble de la population fait partie des besoins fondamentaux de toute société digne de ce nom. Environ un milliard d’hommes (1 dollar ou moins par jour) restent sous-alimentés. Les couches dites moyennes – 2 à 13 dollars par jour (en 1990, 1,4 milliard de personnes ; en 2006, 2,6) – sont très sensibles aux variations de prix (en 2008, la hausse spectaculaire des prix alimentaires a rappelé à ces catégories la précarité de leur condition).

L’alimentation est perçue comme l’un des domaines majeurs de l’inégalité, le pauvre souffrant à la fois de sous-alimentation et de mal alimentation (diffusion de l’obésité). Plus généralement, un nombre croissant d’hommes, de sociétés, profitent ou veulent profiter d’une alimentation équilibrée (l’évolution de l’alimentation comme voie vers une vie meilleure).
Les marchés agricoles sont-ils des marchés comme les autres, ouverts et pris dans la compétition mondiale ? Ou l’agriculture, assurant la nourriture et donc la survie des populations, doit-elle obéir à une logique de sécurité, légitimant l’intervention du politique (réglementations, subventions, protections…) ?
Les sols, à leur tour, sont attirés dans la foire d’empoigne planétaire. La Chine, la Corée du Sud, les Émirats Arabes Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar figurent parmi les premiers acheteurs ou loueurs de terres arables, à grande échelle, dans des pays étrangers.

Idéalement, une bonne gouvernance mondiale dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation devrait se fixer les objectifs suivants :

  • • Garantir qu’aucun homme ne souffre de la faim ou de la sous-alimentation.
  • • Promouvoir une « bonne » alimentation sur toute la planète tenant compte notamment des liens entre alimentation et santé publique.
  • • Veiller à une meilleure exploitation des ressources (sols, animaux…) intégrant la préoccupation du développement durable.
  • • Elaborer un statut pour les terres, tiraillées entre au moins trois forces : demande croissante de sols ; souveraineté des États ; quête par ces États de recettes nouvelles.

Thèmes 2010

Pour sa troisième édition, la World Policy Conference (WPC) se concentrera, dans ses sessions plénières, sur cinq thèmes fondamentaux :

1. Le problème de l’interaction à moyen et long terme entre évolutions démographiques, changement climatique et enjeux de santé publique. Chacun de ces sujets fait indépendamment l’objet de recherches approfondies et certaines institutions internationales spécialisées s’en préoccupent. Mais ces trois sujets forment un tout, rarement traité en tant que tel. L’objet de la session plénière qui lui sera consacrée à Marrakech est de poser correctement le problème et d’identifier les améliorations institutionnelles de nature à renforcer la gouvernance mondiale dans le cadre général de la problématique du développement.

2. La deuxième session plénière sera consacrée à la gouvernance monétaire et financière mondiale. Depuis l’éclatement de la crise financière en 2008, le G20 a été créé et des dispositions ont été prises, d’une part pour éviter une grande dépression et tout au moins limiter les conséquences déflationnistes de la crise, d’autre part pour réduire la probabilité d’un nouveau choc. Ce second aspect est d’autant plus important que les marges de manœuvre des gouvernements comme des banques centrales sont désormais extrêmement réduites. L’objet de cette session est de faire le point des progrès accomplis et d’identifier les lacunes qui demeurent. Une attention particulière pourra être prêtée aux leçons de la crise de l’euro survenue à partir de la Grèce.

3. Nous introduisons cette année le sujet fondamental et encore peu défriché de la gouvernance du numérique ou, selon la terminologie que nous adoptons ici, la gouvernance du cyberespace. Il s’agira dans cette session d’identifier les défis majeurs posés par le monde de l’Internet, tels que la cybercriminalité ou la guerre numérique. Nous tenterons aussi de poser correctement le problème de la gouvernance du Net.

4. L’institutionnalisation en cours du G20 pose un double problème. D’une part, cette nouvelle structure peut paraître trop légère pour ce qu’elle a de lourd, et trop lourde pour ce qu’elle a de léger. Il convient donc de s’interroger sur son avenir du point de vue des critères d’efficacité et de légitimité. D’autre part, l’émergence du G20 oblige à réexaminer l’architecture de la gouvernance mondiale dans son ensemble et notamment à reposer le problème de la réforme du système de l’ONU.

5. La tendance du monde à la multipolarité ne fait que s’accentuer d’année en année. Une session plénière sera donc consacrée à la façon dont des puissances comme la Chine, l’Inde, le Brésil, la Turquie ou l’Afrique du Sud envisagent leurs responsabilités du point de vue de l’articulation entre la gouvernance régionale et la gouvernance mondiale.

6. Une sixième session plénière permettra à d’éminentes personnalités de débattre de l’actualité internationale sous l’angle de l’évolution de la gouvernance mondiale.

Enfin, trois ateliers sont prévus portant chacun sur un aspect fondamental de la gouvernance mondiale :

  • · L’énergie, les matières premières et l’environnement ;
  • · La sécurité alimentaire et la nutrition ;
  • · La gouvernance monétaire et financière mondiale.

Les deux premiers ateliers aborderont des questions littéralement vitales, qui se rattachent à la problématique générale du développement. Le troisième est le prolongement naturel de la deuxième session plénière. Chacune des sessions plénières ainsi que les ateliers seront introduits par des personnalités exerçant de hautes responsabilités ou fortement engagées dans le brain storming international. Les débats interactifs avec les participants seront animés par des journalistes et des commentateurs de notoriété mondiale.

Les travaux de la conférence bénéficieront également d’interventions hors sessions de quelques personnalités de tout premier plan.

Thèmes 2011

La séance d’ouverture de la quatrième édition de la WPC est centrée, après une introduction d’ensemble aux travaux, sur les points de vue, au plus haut niveau, de deux acteurs clefs du monde musulman : la Turquie et le Qatar. Suivront dix sessions plénières et quatre ateliers.

La première session sera organisée autour du nouveau Président de la Banque Centrale Européenne. La BCE, dont les statuts ne laissent qu’une place limitée à l’interprétation, est soumise aux pressions de ceux qui voudraient la voir se substituer au moins partiellement aux obligations des Etats membres de la zone euro. L’Allemagne résiste, tandis que les peuples grondent.

La deuxième session sera consacrée au “printemps arabe“ et à ses suites, du point de vue de la gouvernance mondiale. La parole sera donnée à de hautes personnalités politiques de la région. Les aspects économiques, notamment énergétiques, seront également abordés, ainsi que la comparaison, souvent faite en Europe, avec la chute du mur de Berlin et la fin de l’Union soviétique entre 1989 et 1991.

Un des aspects de l’interdépendance croissante caractéristique de la mondialisation est l’augmentation du risque de catastrophes réellement mondiales. Une dimension souvent citée est la prolifération nucléaire, notamment à propos de la Corée du Nord et de l’Iran. Une autre dimension, moins systématiquement explorée jusqu’ici, est le terrorisme numérique, qui pourrait être le fait d’Etats ou de petites unités non-étatiques. La troisième session traitera de ces deux sujets.

Contrairement à des idées encore répandues, l’Afrique connaît un développement vigoureux et regorge de richesses. Mais, dans l’ensemble, ce continent souffre de mal-gouvernance, ce qui a des lourdes conséquences globales. La quatrième session abordera cette question.

Le G8 et surtout le G20 sont devenus deux piliers de la gouvernance politique et économique mondiale, dont les performances en termes d’efficacité et de légitimité restent cependant controversées. Il est donc naturel que, chaque année, ce sujet soit repris par la WPC, cette année autour des principaux acteurs des présidences coréenne (2010), française (2011) et mexicaine (2012).

L’Union européenne est un véritable laboratoire de gouvernance, à l’échelle d’un continent, mais qui pourrait préfigurer l’évolution de la gouvernance mondiale sur le très long terme. Au-delà de cette crise actuelle, quelles leçons peut-on tirer de son expérience ? Dans la sixième session, la question sera abordée, sous des angles variés, par des acteurs majeurs, intérieurs et extérieurs à l’Union.

La mondialisation profite à toutes les unités actives de la planète, y compris aux terroristes et aux criminels, ce qui ajoute une dimension à la problématique de la gouvernance. Tel sera le sujet de la septième session, à partir de l’expérience indienne et de celle de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.

Bien que les Etats demeurent les principaux acteurs du système international, ils ne sont pas les seuls. Les entreprises mondialisées ont des responsabilités, tant au niveau de chacun des pays où elles sont présentes qu’à celui de la gouvernance globale. Ce sujet majeur sera traité dans la huitième session par deux grandes personnalités issues, l’une de la politique, et l’autre de l’entreprise.

Pour des raisons uniques dans l’histoire, Israël joue un rôle spécifique dont l’enjeu dépasse largement le Proche et le Moyen Orient. En conséquence, l’Etat Hébreu est un acteur mondial dont la vision, en termes de gouvernance globale, est rarement discutée. La neuvième session abordera ce sujet autour d’une très haute personnalité du gouvernement israélien.

La dernière session sera consacrée à un débat d’ensemble, avec plusieurs personnalités ayant exercé, dans un passé récent, des responsabilités éminentes. Elles s’efforceront de tirer quelques enseignements de la conférence mais aussi d’ouvrir de nouvelles avenues.

Les quatre ateliers porteront sur des aspects fondamentaux et donc récurrents de la gouvernance mondiale.

WORKSHOPS

Énergie et environnement

Du point de vue de la gouvernance, le lien entre les deux sujets ne cesse de se renforcer, en raison du changement climatique et de l’impact d’événements comme la catastrophe de la centrale de Fukushima. Les travaux de cet atelier seront introduits par les perspectives d’un grand industriel, d’une ONG et d’une agence de notation spécialisée.

Sécurité alimentaire

Le sujet est motivé par la croissance de la population mondiale, le changement et les aléas climatiques, l’évolution des habitudes alimentaires et la volatilité des marchés. Le débat sur le rôle des Etats et des organisations internationales pour la régulation – au sens large – de ces marchés, fait apparaître de fortes oppositions. Il sera introduit ici par d’éminents spécialistes privés et publics.

Santé

Les problèmes de santé publique font désormais partie intégrante de la problématique de la gouvernance mondiale, en raison de l’intensification des mouvements de personnes er des biens. Le sujet sera introduit cette année par deux grands industriels de la pharmacie et par un généraliste des politiques publiques.

Gouvernance mondiale et état des lieux

Il s’agira dans cet atelier d’échanger des vues synthétiques sur la gouvernance, à partir de l’observatoire créé dans ce domaine par le Council on Foreign Relations de New York et de Washington, des travaux sur le sujet d’un éminent intellectuel singapourien, et de deux grands industriels à vocation mondiale.

Thèmes 2012

Séance plénière 1 : «Gouvernance économique mondiale»

La mondialisation a été initialement perçue comme une transformation irréversible vers un monde uniforme et plat, mais prospère. C’était comme si, du moins d’un point de vue économique, les prétendus « obstacles » des identités nationales ou régionales devaient être abolis. Comme si le monde entier était destiné à devenir un marché unique, régulé par des organisations internationales et dirigé par des technocrates supposés compétents. Depuis la crise financière et économique des cinq dernières années, nous observons des tendances bien différentes : davantage d’agressivité dans l’affirmation des identités collectives, une demande accrue de renationalisation des politiques économiques, des pressions protectionnistes, etc. Cette évolution est perceptible, même dans le cadre très intégré de l’Union européenne. L’idée que la mondialisation est irréversible ne peut plus être considérée comme juste. L’objet de cette session est d’évaluer la stabilité du système économique mondial et de faire des recommandations sur la façon de la renforcer, afin de préserver les bénéfices d’un monde ouvert, tout en répondant aux revendications politiques de préservation des identités collectives et de justice sociale.

Séance plénière 2 : «G2 ?»

Même s’il est probable que les États-Unis vont rester la seule superpuissance dans l’avenir prévisible, la Chine est devenue un challenger crédible. Elle est maintenant la deuxième économie du monde et, sauf accident économique ou politique, elle pourrait passer au premier rang dans les prochaines décennies. Non seulement elle se dote de tous les attributs de la puissance, mais elle se comporte de plus en plus comme une puissance, au sens classique du terme, du moins vis-à-vis de ses voisins. Les deux pays sont assez allergiques au multilatéralisme, mais alors que les États-Unis ont développé un sens du leadership au cours du XXe siècle, la Chine n’a pas eu une telle expérience historique. Ils se font une rude concurrence économique, mais aussi politique, en particulier, mais pas exclusivement, en Asie. Se dirigent-ils vers une confrontation ? Ou, au contraire, pourrait-il y avoir une sorte de « détente, entente, et coopération», pour reprendre l’ancien vocabulaire de la guerre froide – c’est à dire une sorte de G2 ? Comment un tel G2 pourrait-il être acceptable pour le reste du monde ? Quelles forces décideront de l’option qui l’emportera ?

Séance plénière 3

Le président Mario Monti nous présentera sa vision de la gouvernance mondiale.

Session plénière 4 : « l’avenir de l’UE »

L’Union européenne est, au niveau régional, un laboratoire unique pour la gouvernance mondiale. Pourtant, au cours des dernières années, elle a subi deux déconvenues majeures : la crise de la zone euro et une crise d’identité. En dépit d’un certain nombre de mesures importantes, la première crise n’est pas encore terminée. Si elle survit, la zone euro devrait se renforcer et constituer le cœur naturel d’une Union restaurée. Combien de temps doit-on accorder au processus de sauvetage ? Pourrait-il échouer, et l’UE pourrait-elle résister à un tel choc ? La seconde crise est illustrée par la tentation britannique de s’éloigner de l’UE et par des mouvements nationalistes qui se renforcent, en particulier, mais non exclusivement, dans certains pays récemment devenus membres. L’esprit des pères fondateurs a disparu, et l’UE semble bien avoir perdu son sens d’identité. Ses institutions sont largement perçues comme non démocratiques et inefficaces. Pourtant, sa contribution extraordinaire à la paix et à la prospérité est reconnue par beaucoup dans le monde entier. Son attribution du prix Nobel de la paix, cette année, est un symbole significatif à cet égard. Comment les membres de l’UE pourront-ils se mettre d’accord sur une vision commune de leur avenir commun? Un tel accord doit-il constituer un préalable à un élargissement futur ?

Session plénière 5 : « Bonne gouvernance et réussite économique »

Le concept de gouvernance est pertinent à différents niveaux. Il se réfère à l’art et la science de fixer et d’atteindre des objectifs dans des systèmes complexes. Une réussite économique durable suppose une «bonne gouvernance» à au moins trois niveaux : (1) au niveau de l’entreprise, ce qui signifie une bonne gestion ; (2) au niveau national, ce qui signifie de bonnes politiques publiques pour assurer un climat qui favorise la croissance et l’emploi dans le court, moyen et long terme, tout en restant socialement acceptable et en préservant l’environnement ; (3) au niveau international, ce qui signifie optimiser la coordination entre les politiques nationales, gérer les externalités et réduire les risques systémiques. Le troisième niveau est crucial si la mondialisation doit survivre. Le but de cette session est d’explorer les relations entre les trois niveaux, et donc les liens entre les affaires et la politique. Comment devrait-on définir la responsabilité sociale des entreprises dans ce contexte ? La diversité des cultures et des valeurs est-elle un atout ou un obstacle ? Les médias ont-ils un rôle spécifique à jouer ?

Session plénière 6 : «L’avenir du Moyen-Orient»

Quelles qu’en soient les causes immédiates, l’origine fondamentale du «printemps arabe» est la non-viabilité de l’ordre qui a émergé dans la région MOAN (Moyen-Orient – Afrique du Nord) à la suite de la décolonisation et dans le contexte de la guerre froide. Le «printemps arabe» a libéré des forces centrifuges puissantes, qui sont maintenant à l’œuvre entre et dans les pays de la région. L’émergence d’un nouvel ordre nécessitera sans doute au moins une génération. Des puissances extérieures vont sûrement exercer une influence sur le processus, du fait que leurs grands intérêts économiques et sécuritaires sont impliqués. En outre, il existe des signes d’un nouveau type de rivalité Est-Ouest dans la région. Ainsi, les membres permanents du Conseil de sécurité sont-ils ouvertement divisés sur la Syrie. Quoi qu’il en soit, le sort de la région MOAN sera probablement déterminé principalement par des facteurs internes, parmi lesquels la culture et l’idéologie joueront un rôle essentiel. Le but de cette session est d’examiner l’avenir du Moyen-Orient au sens large, essentiellement du point de vue de la région elle-même. Quels seront les risques et les opportunités, dans la région et aussi au-delà, dans l’ère post-printemps arabe ?

Séance plénière 7 : «L’Afrique»

L’Afrique n’est plus perçue comme un continent perdu. Elle bénéficie d’une croissance durable (5% en moyenne sur la dernière décennie), avec des ressources naturelles et humaines importantes (bonus démographique). Une immense classe moyenne (300 millions de personnes) est en train d’émerger, en même temps que l’urbanisation. À long terme, la bonne gouvernance et l’éducation – deux facteurs connexes – seront les principaux déterminants de la réussite économique et sociale. Pour le moment, la gouvernance fait quelques progrès, bien que trop souvent des régimes présidentiels forts continuent de coexister avec des États faibles. Une telle situation alimente à la fois la grande et la petite corruption. La fragilité de nombreux États est également une cause majeure de conflits locaux ou régionaux. Il faut reconnaître, cependant, que le nombre et la létalité des conflits en Afrique sont moindres que durant la guerre froide. Dans le même temps, leurs effets externes sont devenus plus importants dans certains cas (Mali). Le but de cette session est d’examiner l’état de l’Afrique dans le contexte de la mondialisation et de la gouvernance mondiale, tant du point de vue politique qu’économique.

Séance plénière 8 : «Débat général»

Comme dans les éditions précédentes de la WPC, le débat général portera sur les enjeux actuels, en relation avec la gouvernance mondiale. Ce qui revêt une importance particulière cette année, c’est la perspective d’un leadership stable, à moyen terme, dans trois grands pays : les États-Unis, la Chine et la Russie.

WORKSHOPS

Atelier «finance»

L’atelier « finance » examinera l’état des réformes de la réglementation financière lancées par la communauté internationale pour éviter une nouvelle crise financière mondiale.
Les problèmes suivants seront examinés en vue d’apporter des réponses à trois questions :

  • · Quels progrès ont été accomplis à ce jour ?
  • · Quelles sont les principales faiblesses qui subsistent du point de vue de la stabilité financière ?
  • · Quelles sont les voies appropriées pour corriger la situation dans une perspective à moyen terme ?
  1. Construire des banques solides

    Un premier point important est d’évaluer la mise en œuvre actuelle des décisions de Bâle III ; jusqu’à maintenant, seuls 8 des 22 pays membres du Comité de Bâle ont adopté l’ensemble de la réglementation de Bâle III.
    Il est essentiel d’adopter une législation appropriée le plus vite possible dans toutes les juridictions.
    Une autre question majeure est celle des risques systémiques et des risques moraux associés aux institutions financières d’importance systémique (IFIS). Pour mettre fin au concept de « trop gros pour faillir » il faut progresser dans un certain nombre de dimensions : les réformes des régimes nationaux de résolution ; les plans propres à chaque IFIS ; une surveillance plus soutenue et plus efficace ; des exigences de fonds propres au-dessus des normes minimales. Une attention particulière devrait également être accordée aux banques ayant une importance systémique au niveau national (D-SIB).

  2. La question des « shadow banking » et des non banques

    L’objectif de la communauté internationale est de s’assurer que ces formes de finance soient soumises à une surveillance et une régulation appropriées afin de prévenir une crise qui pourrait survenir en dehors du système bancaire réglementé.
    Les points suivants devront être particulièrement examinés : l’atténuation de l’effet d’entraînement entre les non banques et le système bancaire, la réduction de la vulnérabilité des marchés monétaires ; l’harmonisation des mesures d’incitation liées à la titrisation pour éviter des effets de levier excessifs dans le système financier ; la supervision vigilante des nouvelles activités de « shadow banking » issues des mutations du marché.

  3. Faire face à la procyclicité dans de nombreux aspects du fonctionnement des marchés financiers

    Le fonctionnement stable des marchés financiers repose non seulement sur des institutions financières solides, qu’il s’agisse de banques ou non, mais aussi sur une série de facteurs comme, par exemple, les règles comptables, les agences de notation de crédit, l’identification des personnes morales, l’infrastructure des marchés – notamment en ce qui concerne la réforme du marché des dérivés de gré à gré. La communauté internationale doit veiller à ce que nous fassions tout ce qui est possible pour réduire au minimum la tendance du système financier à générer endogènement des alternances d’emballements et d’effondrements et, ce faisant, pour renforcer la stabilité du système financier mondial.

  4. Prévention des risques systémiques et renforcement de la surveillance macroprudentielle

    Toutes les dispositions précédentes sont importantes pour minimiser les risques systémiques au niveau des économies prises individuellement, des régions comme la zone euro et l’Union européenne, et de l’économie mondiale dans son ensemble. Il est également nécessaire de faire le point sur les actions des nouvelles institutions créées spécifiquement pour prévenir des risques systémiques, des deux côtés de l’Atlantique, comme le « Conseil européen du risque systémique » (CERS) et le « Conseil de surveillance de la stabilité financière ».
    Parmi bien d’autres sujets, il est essentiel d’améliorer la gestion macroprudentielle et d’approfondir la compréhension des aspects endogènes de l’instabilité systémique de la finance mondiale ainsi que de la rapidité, devenue extrême, de la transmission des chocs, enfin de l’instabilité financière issue des déséquilibres macroéconomiques.

Atelier «Énergie et environnement»

La quête de l’énergie a toujours été un élément clé des relations internationales, aussi bien en temps de guerre qu’en temps de paix. La pérennité d’un monde ouvert n’est donc pas pensable sans une forme de gouvernance mondiale qui garantisse l’accès de tous les pays à différentes sources d’énergie et à des prix équitables. Avec les préoccupations croissantes concernant le changement climatique, cette nécessité fondamentale a pris une nouvelle dimension. Jusqu’à présent, la «communauté internationale» n’a pas réussi à parvenir à un consensus sur la façon de coopérer à cet égard. Cet atelier sera organisé en trois parties (la majorité du temps sera alloué à la partie III). La partie I donnera un aperçu de l’état actuel de la question de l’énergie, du point de vue politique, économique et environnemental. La partie II portera spécifiquement sur la question essentielle des incohérences dans les politiques énergétiques, au niveau mondial, mais aussi au niveau régional. Par exemple, l’Union européenne s’est révélée incapable jusqu’à présent de définir une politique énergétique commune, même si, historiquement, la communauté du charbon et de l’acier a été au cœur de sa fondation. La partie III se concentrera sur l’offre d’énergie en mettant l’accent sur les nouvelles sources dans le contexte du changement climatique. Cinq thèmes seront abordés : deux techniques (pétrole et gaz non conventionnels, et énergies renouvelables), un social et politique («l’acceptabilité»), un économique (coûts de l’énergie et compétitivité économique), et un international (la géopolitique de l’énergie). Les deux derniers thèmes nous conduiront à nous interroger sur la réalité de l’intégration économique et, plus généralement, sur la mondialisation.

Atelier «risques majeurs»

L’interdépendance croissante s’accompagne de risques croissants, et parfois imprévisibles. En effet, le nombre des relations non linéaires augmente, ce qui signifie une non proportionnalité entre les causes et les conséquences (ce qu’on nomme «l’effet papillon»). Dans un tel contexte, il arrive souvent que l’on ne puisse plus appliquer les méthodes statistiques classiques – plus ou moins basées sur la loi dite normale, ou loi de Gauss (courbe en cloche). Des catastrophes majeures sont susceptibles de se produire, alors que dans un contexte classique leur probabilité serait considérée comme négligeable. Ces phénomènes soulèvent des questions essentielles sur la prévention et le partage des risques, en particulier pour l’économie de l’assurance. L’atelier sera organisé en trois parties. La partie I abordera la question des risques majeurs du point de vue de la recherche. La partie II discutera de la myopie des États. En effet, historiquement parlant, les gouvernements se sont souvent révélés incapables de prévenir les catastrophes, même dans des contextes favorables lorsque les risques pouvaient être clairement identifiés, ce qui est typiquement le cas pour de nombreuses questions liées à la démographie. Comment est-il possible d’améliorer à long terme la prise de décision publique concernant des risques plus ou moins bien identifiés, sans tomber dans le piège de la pusillanimité, comme avec certaines interprétations du principe de précaution ? Y a-t-il une corrélation entre la prise de risque collective et les régimes politiques ? Est-ce que la notion de bien public mondial a encore un sens dans le contexte de risques majeurs ? La partie III traitera de trois exemples très différents : la cybersécurité, qui est maintenant largement reconnue comme un sujet explosif ; le vieillissement, avec ses potentiellement graves conséquences économiques et financières ; et la sécurité alimentaire, qui, au même titre que l’énergie, doit être considérée comme un élément clé de la gouvernance mondiale. Ce ne sont que des exemples. Beaucoup d’autres pourraient être choisis, comme les migrations climatiques, les pandémies ou la sécurité nucléaire. Il convient également de noter que dans les deux autres ateliers de cette édition de la WPC (en particulier l’atelier «Finances») on parlera également des risques majeurs.

Thèmes 2013

Session 1. L’état de l’économie mondiale et la gouvernance

Au cours de cette session, d’éminentes personnalités internationales ayant l’expérience des affaires publiques et privées débattront de l’état de l’économie mondiale à la fin de 2013 et de ses fragilités, des améliorations à apporter aux politiques conjoncturelles et structurelles, ainsi que des grands projets en cours comme le TTIP et le TPP. On leur demandera également de s’exprimer sur l’évolution des institutions de la gouvernance comme le G20.

Session 2 & 3. Le Moyen Orient

Alors que la guerre civile fait rage en Syrie et que les pouvoirs ne sont pas stabilisés dans les pays du “printemps arabe“, l’événement majeur des derniers mois sur la scène du Moyen Orient est l’ouverture manifestée par l’Iran à la suite de l’élection du président Rohani en juin 2013. Ces deux sessions examineront les chances de la réintégration de l’Iran dans la “communauté internationale“ et celles d’une consolidation progressive de la région du point de vue de quelque uns de ses principaux acteurs, sans exclure les regards extérieurs.

Session 4. L’Asie : forces et faiblesses

L’asie continue d’être le moteur économique de la planète, mais ses structures de sécurité sont d’une grande fragilité. De nombreux conflits territoriaux peuvent être à l’origine de graves incidents à n’importe quel moment, avec un risque de dégénérescence d’autant plus grand que survivent inimitiés ancestrales et rancœurs héritées de l’histoire du XXe siècle. La question de la péninsule coréenne reste posée avec de lourdes incertitudes. L’objet de cette session, où se retrouveront des personnalités de nationalités diverses reflétant les différents intérêts en cause, politiques et économiques, est de mieux cerner les défis d’une immense région où se jouera pour une grande part l’histoire du XXIe siècle.

Session 5. Les défis du cyberespace

Cette session envisagera les enjeux du cyberespace de trois points de vue :

  1. Les perspectives technologiques et leurs effets possibles ou probables sur l’économie, la société et la compétition internationale (va-t-on vers un monopole politico-industriel américain ou un duopole américano-chinois, en quel sens et avec quelles conséquences ?)
  2. La stratégie américaine en la matière.
  3. Les intérêts européens.

Un aspect particulièrement important de la révolution en cours retiendra notre attention : l’avenir des médias, vu par le patron d’un grand groupe de presse d’une puissance moyenne (la Corée).

Session 6. Le ‘modèle social européen’ est-il condamné ?

Pour les populations du vieux continent dans leur ensemble, la protection sociale reste perçue comme un élément fondamental de la réalité européenne, même si l’ancien concept d’etat providence [Welfare State] et son contenu ont été mis à mal avec la mondialisation. en fait, il existe plusieurs “modèles sociaux“ en europe, et les etats membres de l’Union européenne (UE) ont manifesté d’inégales capacités à se réformer en la matière. est-il dans ces conditions possible de parler, du point de vue prospectif, d’un modèle social européen qui serait durablement constitutif de l’identité de l’UE, et sans lequel, par conséquent, l’existence même de l’Union serait en question ?

Déjeuner-débat du samedi 14 décembre. Le futur de la diplomatie
Sans naturellement transformer les ressorts fondamentaux de la nature humaine dans le domaine de la négociation, la révolution des technologies de l’information et de la communication – qui se poursuit à un rythme accéléré – bouleverse les conditions d’exercice et donc la pratique de la diplomatie. Deux personnalités très expérimentées en la matière, un ancien sous-secrétaire d’etat américain devenu professeur à Harvard et un ancien ministre français des affaires étrangères, débattront des perspectives qui en résultent.

Session 7. Destruction ou métamorphose de l’ordre juridique ?

La mondialisation entraîne désormais de telles interdépendances qu’elle semble atteindre les systèmes de droit dans leur légitimité comme dans leur efficacité. La légitimité est encadrée par l’universalisme des valeurs qui est inscrit dans les instruments de protection des droits de l’homme et de lutte contre les crimes menaçant l’humanité (crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocides) et sous-tend l’émergence des « biens publics mondiaux ». Quant à l’efficacité, elle est affaiblie par la globalisation des flux (flux économiques et financiers, flux d’informations numérisées), des risques (notamment sanitaires et environnementaux) et des crimes (terrorisme, corruption, trafics divers, y compris d’êtres humains ou d’organes).
En pratique les interactions se multiplient entre systèmes de droit. Qu’elles soient horizontales (circulation des normes, dialogue des juges) ou verticales (internationalisation des normes, apparition de juridictions supranationales), elles perturbent la conception traditionnelle qui identifie l’ordre juridique interne à l’État et l’ordre international à un ordre interétatique. Certes l’etat reste sujet fondamental de l’ordre juridique, mais il semble concurrencé par des acteurs non étatiques, comme les organisations internationales, les entreprises transnationales, les organisations non gouvernementales, parfois les experts scientifiques.
Les effets de la mondialisation seraient destructeurs s’ils devaient entraîner :

  • · une dilution des responsabilités par la multiplication des acteurs et des instances, juridictionnelles ou quasi juridictionnelles, aux compétences concurrentes ;
  • · une remise en cause du principe de territorialité dès lors que les frontières sont tantôt transgressées par l’extension de la compétence nationale (extraterritorialité), tantôt intégrées dans un ensemble complexe par superposition de compétences nationales et internationales (multi territorialité) ; tantôt neutralisées par la dématérialisation de l’information ;
  • · enfin un affaiblissement du principe de souveraineté, menacé dans son indépendance.

A moins d’y voir l’amorce d’une triple métamorphose :

  • · de la responsabilité en une «coresponsabilité» qui marquerait le lien entre la détention d’un pouvoir global, qu’il soit exercé par des acteurs étatiques ou non étatiques, et l’obligation de répondre des effets de ce pouvoir ;
  • · de la territorialité en un espace normatif à géographie variable qui appellerait une coordination et parfois une harmonisation des règles de compétence ;
  • · de la souveraineté absolue en une souveraineté dite « partagée », ou plutôt « solidaire » car elle implique moins l’exclusion des compétences traditionnelles que l’inclusion de nouvelles compétences, tendant précisément à intégrer les solidarités liées à l’accroissement des interdépendances. Le terme « métamorphose » exprimant alors une vision évolutive de l’ordre juridique et l’espoir que cette évolution conduise du chaos vers la paix.

Session 8. Compte-rendu des ateliers en parallèle

Session 9. Vers une union bancaire européenne ?

L’une des conséquences de la crise de la zone euro ouverte en 2010 dans le sillage de la grande débâcle financière déclenchée aux etats-Unis en 2007-2008, a été de lancer le projet d’une Union bancaire. Reconnue par beaucoup comme une nécessité pour assurer l’avenir à long terme de l’euro, certains des acteurs concernés manifestent des réticences qui pourraient en compromettre la réalisation. Ce sujet, abordé de façon approfondie dans l’atelier finance, est également très politique, puisqu’il touche à la viabilité de l’Union européenne elle-même. Ceci justifie qu’il soit aussi abordé en séance plénière.

Session 10. L’Afrique

Cette session désormais traditionnelle au sein de la WPC abordera trois questions majeures : l’évolution de la gouvernance interne des etats africains ; les tendances économiques du continent ; la crise régionale des grands Lacs. Une partie des débats portera également sur la politique africaine de la Chine.

Session 11. Politique et religions

La question des rapports entre politique et religions est au cœur de l’histoire universelle, puisque toute religion est aussi source d’identité collective, de culture et d’idéologie, et donc facteur de pouvoir. avec la transformation ou l’effondrement des systèmes communistes et des idéologies laïques qui ont prévalu dans le “tiers monde“ pendant un tiers de siècle après la fin de la seconde guerre mondiale, l’instrumentalisation des religions a progressivement occupé une place prééminente dans la géopolitique des conflits.
L’objet de cette session est d’aborder la question du point de vue de représentants des trois monothéismes, qui devront notamment se pencher sur la contribution des institutions religieuses en vue d’une meilleure gouvernance mondiale.

Session 12. Débat général

Comme chaque année, cette session terminale rassemblera plusieurs personnalités exerçant ou ayant exercé, dans un passé récent, des responsabilités éminentes. elles s’efforceront de tirer quelques enseignements de la conférence, mais aussi d’ouvrir de nouvelles avenues.