Vingt-cinq ans après la rétrocession, « il n’y a plus de vie politique à Hong Kong »

Le 1er juillet 1997 la Chine reprenait possession de Hong Kong. Vingt-cinq ans plus tard, Hong Kong connaît une reprise en main par Pékin de plus en plus sévère. Mais tout n’est pas joué, selon le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’Université Baptiste de Hong Kong.

Le 30 juin 1997, trois soldats britanniques montent pour la dernière fois l’Union Jack sur le Cénotaphe du district central de Hong Kong.
Le 30 juin 1997, trois soldats britanniques montent pour la dernière fois l’Union Jack sur le Cénotaphe du district central de Hong Kong. | STEPHEN SHAVER, AFP

En seulement vingt-cinq ans, dans un mouvement qui s’est largement accéléré depuis l’arrivée de Xi Jinping à la tête du pouvoir chinois en 2013, Hong Kong a perdu une grande partie des libertés d’expression politique qui la caractérisaient sous le contrôle des Britanniques. Xi Jinping a même tenu à venir, en personne, à l’occasion de cet anniversaire, marquer ce qu’il qualifie de «renaissance» de l’ancienne colonie. Analyse avec Jean-Pierre professeur à l’Université Baptiste de Hong Kong.

Lors de la rétrocession de Hong Kong, le Royaume-Uni et la Chine se sont engagés à respecter le principe : « un pays, deux systèmes ». Que prévoyait ce « deal » ?

La Grande Bretagne exigeait des garanties politiques, institutionnelles et juridiques pour préserver les libertés existantes et la démocratie. La Chine a accepté de préserver l’économie et le mode de vie « capitalistes » de Hong Kong, alors que le reste du pays vivait sous le « socialisme ». Mais c’est la distinction fondamentale faite par le Parti communiste chinois : préserver le « capitalisme », oui, mais il ne parle pas de démocratie.

La promesse a-t-elle été tenue ?

Hong Kong a vécu avec une certaine autonomie politique. La plupart des libertés politiques ont été préservées (presse, association, multipartisme, parole, manifestation) et les élections devaient devenir courantes… Sauf que, dès le départ, le Chef de l’exécutif a été choisi par Pékin, et formellement élu par un comité électoral dominé par ses partisans. On est loin de l’idée de départ qui était d’évoluer progressivement vers une élection du parlement (le Conseil législatif) et du Chef de l’exécutif au suffrage universel direct ; promesse non tenue, d’où la frustration des Hongkongais.

Comment s’est construite la reprise en main chinoise de Hong Kong ?

Elle a pris un virage décisif en août 2014. Pékin annonce une réforme du mode d’élection du chef de l’exécutif, qui peut se résumer ainsi : ok, on introduit le suffrage universel direct mais c’est nous (le PC chinois) qui choisissons les deux ou trois candidats susceptibles de se présenter ». ​Personne d’autre que Pékin ne pouvait proposer des candidats à ce poste, pas même les partis politiques de Hong Kong.

Lire l’entretien dans son intégralité sur le site de Ouest France.