25 juin 2018
Renaud Girard, FigaroVox
Il n’y a pas, en ce début de troisième millénaire, de sujet géopolitique plus important que l’explosion démographique en Afrique.
Au moment des indépendances, dans les années 1960, le continent africain comptait 250 millions d’êtres humains. Aujourd’hui, en 2018, la population africaine a atteint 1,25 milliard d’êtres humains. Et on prévoit qu’elle doublera d’ici 2050. A une ou deux exceptions près, les administrations des pays africains sont submergées par cette croissance exponentielle de leur population. Ni la production agricole, ni les infrastructures, ni l’urbanisation, ni la scolarisation, ni la création d’emplois durables pour la jeunesse, n’arrivent à suivre.
Quand bien même jugerait-on possible pratiquement de relever un tel défi démographique, que manquerait sur place la gouvernance étatique. Soixante ans de coopération technique européenne en territoires africains indépendants n’ont pas réussi à y greffer le concept pourtant élémentaire de planning familial. « Si nous ne réduisons pas la taille de nos familles, notre pays continuera à souffrir de la pauvreté parce que les ressources disponibles ne pourront plus couvrir nos besoins », a reconnu Jonathan Goodluck, ancien président (2010-2015) du Nigéria. C’est de ce pays aux richesses naturelles fabuleuses, mais mal gérées et mal partagées depuis l’indépendance en 1960, que proviennent aujourd’hui le plus grand nombre de ces jeunes immigrants illégaux qui essaient par tous les moyens d’atteindre les rivages du nord de la Méditerranée. Le Nigéria comptait 34 millions d’habitants en 1960. Il en compte aujourd’hui presque 200 millions.
L’Europe se retrouve seule à devoir gérer le problème planétaire qu’est l’explosion démographique du Continent noir. Politiquement, l’Amérique et la Chine s’intéressent peu à l’Afrique, et seulement du point de vue de l’exploitation de ses richesses naturelles. L’Europe se retrouve donc en première ligne. Elle fonctionne comme un aimant à l’égard de la jeunesse africaine. On assiste à un début de déversement de la jeunesse africaine vers un prétendu eldorado européen, et ce pour quatre raisons : la proximité géographique ; l’existence en Afrique du nord de réseaux de trafiquants d’êtres humains bien organisés ; la porosité des frontières physiques européennes ; la générosité des systèmes sociaux des pays membres de l’Union européenne. Par exemple, la France représente 1% de la population mondiale, 4% de la production de richesse mondiale, 15% des dépenses sociales mondiales. Peu de pays comme la France offrent à ses habitants les plus pauvres un revenu minimum garanti, l’instruction secondaire et supérieure gratuite, les colonies de vacances gratuites, les soins médicaux gratuits, ainsi que la prise en charge d’une partie des frais de logement. En Chine, pays qui se dit pourtant toujours communiste, tous ces services sont payants.
Le meilleur moyen de s’installer en Europe pour un immigré illégal est de se faire passer pour un réfugié politique et d’invoquer le droit d’asile. Celui-ci a été forgé par les Français de 1789 pour accueillir les étrangers persécutés dans leurs pays pour avoir défendu les idéaux de la Révolution française. On assiste aujourd’hui à un détournement massif du droit d’asile, car l’écrasante majorité des réfugiés sont des réfugiés économiques. Une fois qu’il a mis le pied sur le sol européen, le migrant sait qu’il pourra y rester à loisir, car les reconduites forcées vers l’Afrique sont statistiquement rares.
Il est évident que les pays européens n’ont plus les moyens économiques, sociaux et politiques d’accueillir toute la misère du monde. Il est tout aussi évident qu’il n’y a aujourd’hui aucune solution miracle, tant sont complexes les problèmes humanitaires et juridiques soulevés par les migrations sauvages. Après l’échec du mini-sommet préparatoire du 24 juin 2018, le sommet européen du 28 juin promet d’être tendu.
Peu familiers de l’Afrique, et n’y ayant jamais eu de colonies, les pays d’Europe de l’est refusent que l’Allemagne et la France leur imposent des quotas de migrants. Ils estiment que les sociétés multiculturelles sont un échec. Ils s’étaient déjà rebellés en 2015, lorsqu’ils n’avaient accepté du Levant que des réfugiés chrétiens, faisant observer que le christianisme disparaissait en Orient, alors que l’islam progressait en Occident.
Cela n’aurait aucun sens, ni juridique, ni politique, d’infliger une punition aux pays du Groupe de Visegrad (Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Hongrie). Quand ils ont rejoint l’UE (Union européenne), ils ne se sont jamais engagés, ni à obéir à Paris et à Berlin, ni à recevoir chez eux sans visas des populations africaines ou moyen-orientales. En revanche, en raison de l’urgence de la question migratoire, il est tout à fait légitime que la France et l’Allemagne, pays contributeurs nets, veuillent y concentrer les moyens financiers du budget européen. Il est clair que financer la construction d’autoroutes en Pologne ne constitue plus une priorité pour l’Europe. L’urgence est désormais d’arrêter l’appel d’air européen vers les populations africaines.
Les nouvelles priorités sont limpides : reconstruire un Etat en Libye et aider ses forces armées à combattre les trafiquants d’êtres humains et à sécuriser ses frontières méridionales dans le Fezzan ; déployer, aux côtés de la marine nationale de Libye, et dans ses eaux territoriales, des navires de surveillance européens capables de ramener les naufragés ou les dinghies surchargés d’êtres humains vers leur rivage d’origine. Le littoral libyen était naguère équipé de radars de surveillance que l’UE avait financés. Ils furent détruits par des frappes franco-britanniques durant la guerre de 2011 contre le régime de Kadhafi. La coopération militaire, policière, humanitaire, avec les autres Etats d’Afrique du nord doit évidemment se poursuivre.
En Afrique noire, il faut en même temps accroître l’aide économique de l’UE et la lier à l’instauration d’un planning familial, ainsi qu’à un développement de projets agricoles et énergétiques concrets, capables de nourrir et retenir chez elles les familles africaines.
L’Italie n’en peut plus, qui a vu plus de 700000 migrants illégaux débarquer sur ses côtes depuis 2013. Sa générosité a des limites. Son nouveau ministre de l’Intérieur a prévenu que l’Europe institutionnelle jouait son existence même sur la question migratoire. Venant de la part d’un pays fondateur du Marché commun, c’est un message qu’il faut prendre au sérieux.
WASHINGTON, DC – A year ago, Emmanuel Macron’s decisive victory in the French presidential election, and his party’s subsequent success in legislative elections, caused many to breathe a sigh of relief. The rising tide of extremist populism in the West, it seemed, had finally turned. That has turned out not to be the case. But the stunning emergence of a populist majority government in Italy, a founding member of the European Union, does not necessarily spell disaster.
True, populists’ growing strength is threatening traditional center-right and center-left parties and making it very difficult for EU-level governance, in its current form, to function. But what if populist movements’ continued electoral success helps to drive forward a broader political restructuring that ultimately strengthens European democracy?
This reading is reinforced by the experience of Macron himself. Having never held elected office, Macron created a new party centered on himself, with support from both center-left and center-right voters. He seems to have restructured French politics in the process.
Next year’s European Parliament election is likely to reveal more about the potential for such political restructuring. The European Parliament has never generated the same level of interest as other European institutions, such as the Commission, the Council, or even the Court of Justice. European parliamentary debates rarely make it far outside Brussels or Strasbourg, and voter turnout to fill the body’s seats has typically been low. Such facts have long been cited as evidence that the EU suffers from a democratic deficit, with citizens inadequately engaged with European-level governance.
But as a series of crises have hit the EU – affecting most acutely Greece, Ireland, Portugal, Spain, and Italy – these dynamics have been changing. Gone are the days when Europeans quietly accepted the EU, despite some complaints. Now, the EU is at the center of domestic political debates, which increasingly include existential questions about the survival of the eurozone and the entire European project.
This means that candidates in next year’s election are unlikely just to focus on domestic issues. While there will be some of that, there is likely also to be, for the first time, extensive discussion about Europe’s future and policies, especially in areas like migration, defense and security, energy and climate, and relations with major powers like the United States and Russia. After all, despite their differences, virtually every country in Europe is currently grappling with the question of how much Europe it wants, how open and optimistic it should be about new forms of technology-enabled globalization, and how much social solidarity is appropriate.
These discussions – and thus the European Parliament that emerges next year – are unlikely to adhere to standard party lines. After all, sticking to traditional political groupings is highly difficult nowadays, as exemplified by Macron’s party – La République En Marche ! – which does not fit neatly into traditional ideological categories. Macron has put out feelers for a pan-European party. Though truly supranational politics in Europe remains uncharted terrain, it makes sense that a strongly pro-EU politician should be one of its pioneers.
Right-wing populists, as nationalist and anti-European as they may be, also seem eager to support one another at the European level, taking advantage of their common platforms on most issues, particularly immigration, cultural identity, and trade. This will be more difficult for the far left, at least in France, which combines traditionally liberal views on immigration with protectionist economic policies that look at lot like those espoused by the populist right.
Of course, the traditional center-right and center-left parties – which have lost a large share of the electorate over the last five years, particularly in Spain, Italy, France, and, to a lesser extent, Germany – will try to regain their own footing. The problem is that these parties seem outdated to many younger voters, regardless of their leaders’ age. If they are to succeed, they will need to provide an inspiring new platform that convincingly addresses the issues of the today – all while contending with new political forces.
It is possible, however, that new political forces will in some cases absorb traditional center-right and center-left parties. In France, for example, Macron’s party could absorb the center-right Les Republicains, or it could shift further to the left, with a social solidarity program to accompany the liberal market measures it has already taken. The question is whether the party’s leaders think they can secure a simultaneous victory against Les Republicainsand the center-left Socialists.
Although the details remain unclear, a thorough restructuring of the European political scene – shaped largely by attitudes toward Europe – seems certain. If the European Parliament election next year helps to advance this restructuring, this may end up constituting a large step forward for democracy in Europe.